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Flotte de Beiyang

La flotte de Beiyang (chinois traditionnel : ćŒ—æŽ‹è‰ŠéšŠ; chinois simplifiĂ© : ćŒ—æŽ‹èˆ°é˜Ÿ; pinyin: BěiyĂĄng JiĂ nduĂŹ) Ă©tait l'une des quatre flottes rĂ©gionales modernisĂ©es de la Marine impĂ©riale chinoise, Ă  la fin de la dynastie des Qing. Ces flottes furent subventionnĂ©es de façon trĂšs importante par Li Hongzhang, alors vice-roi du Zhili. La flotte de Beiyang devint rapidement la flotte dominante en ExtrĂȘme-Orient avant que n'Ă©clate la premiĂšre guerre sino-japonaise de 1894-1895. Vers la fin des annĂ©es 1880, on disait de la flotte de Beiyang qu'elle Ă©tait « la meilleure d'Asie ».

Cuirassé Dingyuan, construit par AG Vulcan Stettin en 1881 pour la flotte de Beiyang de la marine impériale chinoise.
Flotte de Beiyang
Image illustrative de l’article Flotte de Beiyang
Drapeau de la dynastie Qing en 1889

Création 1871
Dissolution 1909
Pays Dynastie Qing
Allégeance Dynastie Qing
Branche Marine impériale chinoise
Type Flotte
Garnison Port de Weihai
Guerres Guerre sino-japonaise (1894-1895)
Commandant historique Ding Ruchang

Création

La création de la flotte de Beiyang remonte à l'année 1871, lorsque quatre navires des provinces du sud furent transférés vers le nord pour patrouiller les mers bordant les régions septentrionales de la Chine. Stationnée dans le port de Weihai, la flotte de Beiyang fut initialement considérée comme étant la plus faible des quatre marines régionales chinoises. Ceci changea rapidement quand Li Hongzhang lui alloua la majorité des fonds destinés à la marine. En 1884, à la veille de la guerre franco-chinoise, la flotte de Beiyang était la deuxiÚme flotte régionale la plus importante. En 1890, elle était devenue la plus importante.

À la diffĂ©rence des autres flottes chinoises, la flotte de Beiyang Ă©tait essentiellement composĂ©e de navires de guerre importĂ©s de l'Empire allemand et du Royaume-Uni. Lorsque les vaisseaux-amiraux Dingyuan et Zhenyuan furent achetĂ©s en Allemagne, la supĂ©rioritĂ© de la flotte de Beiyang devint Ă©vidente, car l'Allemagne Ă©tait alors la puissance mondiale Ă©mergente, rivalisant avec l'Empire britannique (qui dominait les mers) par la production de ses arsenaux maritimes.

Guerre franco-chinoise

L'amiral Ding Ruchang (1836-95), l'amiral de la flotte de Beiyang. Il Ă©tait issu de la cavalerie.

La flotte de Beiyang prit grand soin de rester hors de portĂ©e de l'Escadre d'ExtrĂȘme-Orient de l'amiral Courbet pendant la guerre franco-chinoise. Cependant, elle pesa lourd dans les calculs du gouvernement français entre 1883 et 1884. La flotte de Beiyang devait alors prendre livraison dĂ©but 1884 du Dingyuan, du Jiyuan, et du Zhenyuan, trois navires de guerre modernes en construction dans les chantiers navals allemands.

À la fin de 1884, lors qu'Ă©clata la nouvelle de l'embuscade de Bac Le, l'amiral français SĂ©bastien LespĂšs, commandant la division navale d'ExtrĂȘme-Orient, croisait au large de Che Fu dans le golfe de Petchili avec les navires de guerre français La GalissonniĂšre, La Triomphante (en), Le Volta (en) et Le Lutin, cependant que la flotte de Beiyang Ă©tait Ă  l'ancre dans le port de Che Fu. Bien que la guerre fut clairement imminente, la France et la Chine demeurĂšrent techniquement en paix, et il fut interdit Ă  l'amiral LespĂšs d'attaquer la flotte de Beiyang pendant toute la durĂ©e des efforts diplomatiques qui avaient lieu pour tenter de maintenir la paix.

En fĂ©vrier 1885, la flotte de Beiyang dĂ©tacha avec rĂ©ticence deux de ses navires, le Chaoyong (en) et le Yangwei (en), pour se joindre Ă  une sortie lancĂ©e par un certain nombre de vaisseaux de la flotte de Nanyang (en), pour briser le blocus français de Formose. Les deux navires se dirigĂšrent vers Shanghai pour se joindre Ă  la flotte de Nanyang, mais furent presque immĂ©diatement rappelĂ©s par Li Hongzhang sous le prĂ©texte qu'ils Ă©taient nĂ©cessaires pour surveiller les Japonais en CorĂ©e. Le rĂ©sultat fut la perte de deux navires de guerre chinois de la flotte de Nanyang au combat de Shipu, le 14 fĂ©vrier 1885. L'attitude trop prudente de Li Hongzhang ne sera ni oubliĂ©e, ni pardonnĂ©e pendant la premiĂšre guerre sino-japonaise, oĂč la flotte de Nanyang ne fera guĂšre d'efforts pour venir Ă  l'aide de la flotte de Beiyang[1].

ProblĂšmes

En 1888-89, la flotte de Beiyang bĂ©nĂ©ficia d’un revenu annuel d’1,3 million de taels, soit juste assez pour maintenir l’escadre existante, ses installations et ses effectifs.

La flotte a souffert du manque de formation de son personnel. L’acadĂ©mie navale de Tianjin pour s’approvisionner en officiers de rang infĂ©rieur. Li rĂ©organisa l’acadĂ©mie en 1888, avec la volontĂ© de s’aligner sur les standards occidentaux mais les principes ne rĂ©sistĂšrent pas Ă  la corruption et aux ennemis de Li qui sabotĂšrent le programme. La mĂ©fiance envers les formateurs Ă©trangers, souvent exclus, le manque d’argent pour maintenir et amĂ©liorer la formation, empĂȘchĂšrent l’émergence d’une gĂ©nĂ©ration d’officiers et de sous-officiers qualifiĂ©s.

La flotte souffrait par ailleurs d’une pĂ©nurie de munitions. À tel point qu’elle se trouvait dans l’incapacitĂ© d’organiser des entraĂźnements Ă  feu rĂ©el. Selon Philo McGiffin (en), conseiller naval amĂ©ricain du Zhenyuan, l’un des navires de la flotte, un grand nombre de munitions Ă©taient « vieilles de treize ans et hors d’usage ».

Elle dut subir les manquements moraux endĂ©miques au sein-mĂȘme de son commandement. Li Hongzhang avait choisi ses subordonnĂ©s pour leur loyautĂ© plus que pour leur rectitude morale. Nombre d’officiers dĂ©tournĂšrent l’argent public pour s’acheter les faveurs du chef des eunuques, Li Lianying[2].

Composition en 1894

Le cuirassé Zhenyuan fut capturé par le Japon le 17 février 1894 puis servit dans la marine impériale japonaise comme prise de guerre jusqu'en 1911.

En 1894, Ă  la veille de la guerre avec le Japon, la flotte de Beiyang Ă©tait la flotte la plus puissante d'Asie. Ce n'Ă©tait pourtant en thĂ©orie que l'une des quatre flottes rĂ©gionales chinoises, mais en nombre, elle Ă©galait la totalitĂ© de la marine impĂ©riale japonaise. Elle se composait Ă  son maximum de 78 navires d'un tonnage total de 83 900 tonnes.

La fierté de la flotte de Beiyang était ses deux cuirassés, le Gindyuan et le Zhenyuan, construits en acier par les chantiers allemands.

Ente 1881 et 1889, la flotte de Beiyang acquit un escadron de huit croiseurs cuirassĂ©s ou renforcĂ©s, dont la plupart Ă©taient construits soit en Grande-Bretagne, soit en Allemagne. Les croiseurs Chaoyong et Yangwei, qui rejoignirent la flotte en 1881 et qui furent prudemment Ă©loignĂ©s de la scĂšne des combats pendant la guerre franco-chinoise par Li Hongzhang, avaient Ă©tĂ© fabriquĂ©s dans les chantiers de Laird, Ă  Birkenhead. Trois croiseurs fabriquĂ©s en Allemagne, le Jiyuan, le Jingyuan, et le Laiyuan, furent achevĂ©s en 1887 dans les chantiers Vulcan de Stettin. Une autre paire de croiseurs, le Chingyuan et le Zhiyuan, avaient Ă©tĂ© construits par Armstrong en 1887 dans son nouveau chantier naval d'Elswick. À ces navires construits Ă  l'Ă©tranger vint s'ajouter en 1889 le croiseur cuirassĂ© Pingyuan, construit par le chantier naval Fuchu, appelĂ© initialement Lonwei (éŸćš).

La flotte de Beiyang comptait Ă©galement six canonniĂšres non blindĂ©es, construites en Grande-Bretagne et livrĂ©es en 1879. Ces canonniĂšres, qui avaient les mĂȘmes spĂ©cifications, s'appelaient respectivement le Zhenbei, (« garde le nord »), le Zhendong (« garde l'est »), le Zhennan (« garde le sud »), le Zhenxi (« garde l'ouest »), le Zhenbian (« garde la frontiĂšre »), et le Zhenzhong (« garde l'intĂ©rieur »)

Les quatre premiers navires devaient initialement ĂȘtre allouĂ©s Ă  la flotte de Nanyang, mais Li Hongzhang fut si impressionnĂ© par leur qualitĂ© qu'il les prit pour la flotte de Beiyang, donnant en compensation Ă  la flotte de Nanyang quatre vieilles canonniĂšres en service dans la flotte de Beiyang depuis 1876.

La flotte de Beiyang comprenait aussi toute une sĂ©rie de bateaux lance-torpille. Leur nombre est incertain, car ces navires n'Ă©taient pas systĂ©matiquement rĂ©pertoriĂ©s, mais on en connait cependant quelques dĂ©tails. Ainsi, quatre bateaux lance-torpille de 16 tonnes avaient Ă©tĂ© construits en 1883 au chantier Vulcan de Stettin. À partir de 1888, la construction de navires neufs fut arrĂȘtĂ©e pour causes d'autre prioritĂ©s budgĂ©taires.

En 1890, l’infrastructure de la base navale de Port-Arthur destinĂ©e Ă  la flotte de Beiyang fut construite et terminĂ©e par une firme française pour un coĂ»t total de 3 millions de taels.[2]

Guerre sino-japonaise de 1894-1895

Invoquant sa responsabilitĂ© dans les affaires de Choson, en 1894, la Marine impĂ©riale japonaise dĂ©clencha la premiĂšre guerre sino-japonaise. Du fait de manque de ressources financiĂšres du gouvernement chinois et du programme naval intensif qu'avaient menĂ© les Japonais, les forces naguĂšre supĂ©rieures de la flotte de Beiyang commençaient dĂ©jĂ  Ă  accuser un certain retard. Lors de la bataille du fleuve Yalu, en 1894, la flotte de Beiyang souffrit des pertes lourdes dues Ă  l'attaque-surprise des Japonais et Ă  l'infĂ©rioritĂ© de son propre Ă©quipement, pour ĂȘtre finalement anĂ©antie Ă  la bataille de Weihaiwei.

L’amiral Ding se vit proposer l’asile politique au Japon par son homologue japonais Itƍ Sukeyuki. Mais Ding Ruchang refusa et prĂ©fĂ©ra se suicider par overdose d’opium dans son quartier-gĂ©nĂ©ral de l’üle Liugong. Son second, l’amiral Liu Buchan, ordonna le sabordage de son navire avec des explosifs, avant de se tuer Ă  son tour. Les restes de la flotte de Beiyang se rendirent aux Japonais. AprĂšs sa mort, Ding fut blĂąmĂ© pour la dĂ©faite par le gouvernement Qing, et tous ses rangs et positions lui furent retirĂ©s Ă  titre posthume jusqu’à sa rĂ©habilitation en 1911[2].

Quelques tentatives de reconstruction de la flotte eurent lieu aprÚs la guerre, mais la flotte de Beiyang ne devait plus jamais retrouver son lustre d'antan et fut réorganisée en 1909 sous le nom de Flotte de mer tandis que la flotte de Nanyang devient la Flotte de riviÚre.

Notes et références

  1. Lung Chang, Yueh-nan yu Chung-fa chan-cheng, p. 327–328
  2. Joris Zylberman, « La Chine maritime et navale (3/7) : la défaite fondatrice contre le Japon en 1895 », sur https://asialyst.com/, (consulté le ).

Articles connexes

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