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Fieseler Fi 156

Le Fieseler Fi 156 est un avion militaire de reconnaissance allemand de la Seconde Guerre mondiale, fabriqué par la Firme Fieseler et conçu en 1935. Il est surnommé Storch (cigogne en allemand) à cause de son train d'atterrissage haut sur pattes.

Fieseler Fi 156 Storch
Vue de l'avion.
Vue de l'avion.

Constructeur Fieseler, Morane-Saulnier (sous licence)
RĂ´le Avion de liaison et d'observation
Premier vol
Mise en service
Nombre construits 2 900
Équipage
1 pilote, 1 observateur / mitrailleur
Motorisation
Moteur Argus As 10C-3
Nombre 1
Type Moteur 8 cylindres en V refroidi par air
Puissance unitaire 240 ch
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 14,25 m
Longueur 9,90 m
Hauteur 3,05 m
Surface alaire 26 m2
Masses
Ă€ vide 930 kg
Maximale 1 320 kg
Performances
Vitesse maximale 175 km/h
Vitesse de dĂ©crochage 46 km/h
Rayon d'action 385 km
Armement
Interne 1 mitrailleuse MG 15 de 7,92 mm


Équivalent du Piper L-4 Grasshopper ou du Stinson L-5 Sentinel amĂ©ricains, il excella dans ses missions d'observation, de transport de personnalitĂ©s ou de matĂ©riel, d'Ă©vacuation sanitaire. De 1935 Ă  1945, la Luftwaffe a utilisĂ© environ 2 900 Fieseler Fi 156, sur tous les fronts et pendant toute la durĂ©e de la guerre.

Conception

Un Storch utilisé par les forces françaises en Allemagne en 1950.

Le Fieseler 156 Ă©tait un avion Ă  dĂ©collage et atterrissage court (ADAC), ou "STOL" en anglais. Le projet dĂ©marra en 1935. Il se prĂ©sentait sous la forme d’un monoplan Ă  ailes hautes pourvu d’une structure mixte : tubes d’acier pour le fuselage, bois pour les plans de sustentation et les ailes. Le fuselage et les ailes avaient un revĂŞtement en toile, les plans de sustentation un revĂŞtement en bois. Le train principal se composait de deux longues jambes munies d’une suspension Ă©levĂ©e, articulĂ©es de façon Ă  absorber au maximum les impacts lorsque l’avion roulait Ă  grande vitesse sur la terre ferme. Les ingĂ©nieurs avaient apportĂ© un soin particulier Ă  l’aĂ©rodynamisme des ailes, Ă  la base de ses caractĂ©ristiques de vol exceptionnelles. Tout le bord de fuite des ailes Ă©tait Ă©quipĂ© d'ailerons de grande surface. Des volets Ă  fentes (volets hypersustentateurs) se trouvaient aussi installĂ©s sur le bord d’attaque sur toute sa longueur. Cela permettait de le faire dĂ©coller et de le poser presque n'importe oĂą. En effet, il n'avait besoin que de 65 m pour dĂ©coller et moins de 20 m lui suffisaient pour atterrir. La vitesse de dĂ©crochage Ă©tait très basse, moins de 50 km/h, et la vitesse maximale de 170 km/h. Par vent contraire et en adoptant une assiette particulière, il pouvait rester pratiquement immobile dans les airs[1] - [2]. Grâce Ă  ces caractĂ©ristiques exceptionnelles, qui en firent l’archĂ©type de tous les avions Ă  dĂ©collage et atterrissage court modernes, le Fieseler 156 constitua une machine de première importance pour l’aviation allemande[3].

Sa large surface vitrĂ©e en faisait un excellent avion de reconnaissance. Une mitrailleuse MG 15 de 7,92 mm Ă©tait parfois installĂ©e Ă  l'arrière.

Variantes

Durant l'occupation de la France, la société Morane-Saulnier construisit le Storch sous licence à partir de 1942 en trois versions, qui différaient surtout par les moteurs :

  • MS.500 surnommĂ© « Criquet Â», Ă  moteur Argus As 10 C-3 produit en France sous le nom de Argus 410 C ;
  • MS.501 Ă  moteur Renault 6Q ;
  • MS.502 Ă  moteur Salmson 9ABb de 240 ch[4].

Après la guerre, Morane-Saulnier a développé une version spécifique pour la Marine nationale française, le MS.505 à moteur en étoile Jacobs R-755 (en) de 305 ch[5].

Engagements

Usages notables du Fieseler Fi 156 lors de la Seconde Guerre mondiale

  • Le , cent Fieseler Storch furent utilisĂ©s comme moyen de transport de combattants pour dĂ©poser des troupes dans les Ardennes, Ă  raison de deux soldats par avion, suivant un plan dĂ©nommĂ© NiWi, des noms des localitĂ©s de Nime et de Witry choisies par l'Ă©tat-major allemand pour y semer le trouble Ă  l'arrière du front belge. Mais les escadrilles durent se dĂ©router pour Ă©viter des tirs belges venus du sol, ce qui amena des atterrissages improvisĂ©s en dehors des zones repĂ©rĂ©es. Certains avions mĂŞme capotèrent et prirent feu en se posant sur un terrain inappropriĂ©. Les rescapĂ©s de cette première vague entreprirent nĂ©anmoins d'exĂ©cuter leur mission en coupant des lignes tĂ©lĂ©phoniques avant d'ĂŞtre mis en fuite par des chars belges disposĂ©s en deuxième Ă©chelon derrière le front de haute Ardennes. Finalement, le regroupement allemand eut lieu, mais l'effet de surprise Ă©tait perdu et les chasseurs ardennais qui rĂ©sistaient Ă  Bodange, Martelange et Chabrehez purent retraiter vers la Meuse en suivant le mouvement gĂ©nĂ©ral des troupes franco belges.
  • C'est avec un appareil de ce type (l'avion personnel du gĂ©nĂ©ral de parachutiste Kurt Student, qui dirigeait l'opĂ©ration) qu'Otto Skorzeny fit Ă©vader l'ex-dictateur italien Mussolini d'un minuscule plateau situĂ© Ă  2 116 mètres d'altitude dans le massif du Gran Sasso en 1943, lors de l'opĂ©ration Eiche. En la circonstance, les capacitĂ©s de dĂ©collage court du Storch furent testĂ©es au-delĂ  de la limite raisonnable : le terrain devant l'hĂ´tel Campo Imperatore (une piste de ski) Ă©tait très court, pentu et pierreux (une corvĂ©e de soldats allemands et italiens le dĂ©blaya sommairement) et dĂ©bouchait sur un prĂ©cipice. Qui plus est, Otto Skorzeny, taillĂ© en colosse, qui disait rĂ©pondre sur sa vie du sort de Mussolini, tint absolument Ă  embarquer en 3e passager dans cet appareil biplace, au grand dam du pilote, le lieutenant Gerlach. Le dĂ©collage faillit tourner Ă  la catastrophe quand l'appareil, d'abord retenu au point fixe par une escouade de soldats, s'Ă©lança et plongea dans le prĂ©cipice, non sans avoir arrachĂ© une roue du train d'atterrissage sur un rocher. Après un piquĂ© vertigineux, Gerlach parvint Ă  effectuer une ressource Ă  quelques mètres du fond de la vallĂ©e, puis Ă  atterrir Ă  Avezzano malgrĂ© l'avarie du train. Otto Skorzeny ne manqua pas de s'attribuer le mĂ©rite de l'opĂ©ration et fut dĂ©corĂ© par Hitler[2].
Soldats allemands blessés évacués par un Fi 156 dans la zone sud des marais du Pripiat en 1944.
  • Winston Churchill survole les plages du dĂ©barquement en Normandie dans un Fi-156 Storch pilotĂ© par Harry Broadhurst le au dĂ©part du terrain alg B3. Broadhurst a ramenĂ© le Storch de sa campagne d'Afrique du Nord. Dirigeant la 2d TAF, il utilise cet avion pour rendre visite aux unitĂ©s sous son commandement. Il aura un accident avec un Storch en 1945 Ă  Evere-Bruxelles, un problème de moteur l'obligeant Ă  se poser sur le toit d'un hangar prĂ©cĂ©demment incendiĂ©. Le toit ne rĂ©sistera pas mais Broadhurst s'en tirera sans aucune blessure.
  • Le Generaloberst Robert Ritter von Greim, blessĂ© aux commandes d'un Storch le par la DCA soviĂ©tique, dut son salut Ă  sa passagère, le pilote d'essai Hanna Reitsch. Celle-ci prit les commandes par-dessus les Ă©paules du blessĂ© et posa l'appareil près de la porte de Brandebourg Ă  Berlin[6].

Perception au sein de la Wehrmacht

Une plaisanterie courante Ă  l'Ă©poque disait de cet avion, parfois appelĂ© « mouchard » ou « machine Ă  coudre » par les troupes et les maquisards au sol, qu'il Ă©tait un appareil très sĂ»r pour son Ă©quipage tout en Ă©tant « l'avion qui avait le plus de morts sur la conscience », en raison de son rĂ´le très efficace d'avion d'observation.

Guerre d'Indochine (1945-1954)

  • Pendant la guerre d'Indochine, au sein des Escadrilles de Liaison AĂ©rienne, le MS.500 surnommĂ© « Criquet » est utilisĂ© pour la reconnaissance aĂ©rienne et les liaisons air-terre. Le service de santĂ©, de 1948 Ă  1950, emploie 36 Morane 500 pour ses Ă©vacuations sanitaires (44 % des Ă©vacuations).

Notes et références

  1. Jacques Desmarets, « Le Storch », Aéro Jack, no 59,‎ , p. 21 (lire en ligne [archive du ] [PDF], consulté le ).
  2. Alain Maire, « Fieseler Fi 156 Storch : conte pour une cigogne », Aviasport,‎ (lire en ligne)
  3. Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Multiguide aviation – Les avions : 3/ la Seconde Guerre mondiale – France, Allemagne, Angleterre, etc., Elsevier Sequoia, , 320 p. (ISBN 978-2-8003-0245-4), p. 113.
  4. Philippe Gras, L'Armée de l'air en Indochine, 1945-1954 : l'impossible mission, L'Harmattan, , 612 p. (ISBN 978-2-7475-0305-1), p. 139.
  5. E. Janssonne, « Un criquet est redevenu cigogne en Allemagne », Le Fana de l'aviation, no 464,‎ , p. 8.
  6. Antony Beevor, La chute de Berlin p. 449.

Bibliographie

  • (en) Tony Wood et Bill Gunston, Hitler's Luftwaffe : a pictorial history and technical encyclopedia of Hitler's air power in World War II, Londres, Salamander Books Ltd., , 247 p. (ISBN 978-0-86101-005-9 et 978-0-517-22477-9).
  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Multiguide aviation – Les avions : 3/ la Seconde Guerre mondiale – France, Allemagne, Angleterre, etc., Elsevier Sequoia, , 320 p. (ISBN 978-2-8003-0245-4), p. 112-113.
  • Philippe Gras, L'ArmĂ©e de l'air en Indochine 1945-1954 : l'impossible mission, L'Harmattan, , 612 p. (ISBN 978-2-7475-0305-1), p. 142.
  • Karl Kössler, « L'histoire cachĂ©e du "Storch" », Le Fana de l'aviation, no 281,‎ , p. 22-30.
  • La guerre d'Indochine. Dictionnaire, (ISBN 978-2-262-08700-5).

Voir aussi

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