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Évacuation sanitaire

Une évacuation sanitaire ou médicale, abrégé en evasan ou medevac, est l'extraction par une unité aérienne (hélicoptère, avion), terrestre (ambulance) ou navale d'une personne souffrant d'un problème de santé.

Hélicoptère Bell 47 (H-13G) de l'US Army en Corée du Sud dans les années 1950. Durant la guerre de Corée, on vit la première utilisation intensive de ces ambulances volantes.

Le terme est essentiellement utilisĂ© dans le cadre militaire. Mais on utilise aussi le terme dans le civil, dès que l'Ă©vacuation dĂ©passe les « distance raisonnables Â» des pays industrialisĂ©s. Le terme evasan est notamment utilisĂ© pour l'Ă©vacuation d'un touriste victime d'un accident ou d'une maladie, dans un pays oĂą les conditions de prise en charge ne sont pas optimales, vers son pays d'origine.

Medevac, casevac

Un medevac terrestre Stryker de l’US Army

Le terme medevac est l'abréviation du terme anglais medical evacuation ; ce terme est la traduction anglaise d'evasan. Les anglophones distinguent les notions de medevac et de casevac, abréviation de casualty evacuation (évacuation de victime) : une casevac est une évacuation effectuée avec un moyen non-médicalisé. Dans le cadre d'une zone de combat, les Conventions de Genève imposent que les moyens sanitaires (ambulances) soient identifiés par une Croix-rouge ou équivalent (croissant-rouge, cristal-rouge) et ne soient pas armés, et interdisent de les prendre pour cible, ce qui est le cadre d'une medevac ; à l'inverse, une casevac se fait avec n'importe quel véhicule, celui-ci ne possède pas de marquage et peut être armé, il peut donc être potentiellement pris pour cible.

Le terme medevac est parfois utilisé pour désigner l'unité médicale chargée de l'évacuation, voire le véhicule ; c'est dans ce sens qu'il est utilisé en français. Il peut s'agir d'une unité aérienne (hélicoptère, avion), terrestre (ambulance) ou navale (navire-hôpital) dont l'objectif est d'évacuer les personnes blessées au champ de bataille ou lors d'un accident.

L'US Army a été la pionnière de cette technique de sauvetage durant la campagne de Birmanie lors de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient en effet établi des hôpitaux de campagne semi-permanents immédiatement derrière la ligne de front, ce qui permit aux soldats américains blessés au combat de recevoir un traitement médical complet après seulement un court vol en hélicoptère.

  • Symboles ornant les moyens sanitaires en zone de combat
  • croix-rouge
    croix-rouge
  • croissant-rouge
    croissant-rouge
  • cristal-rouge
    cristal-rouge

Types d'Ă©vacuations et leurs modes

Un Véhicule de l'avant blindé sanitaire de l’armée de terre française.

On distingue les evasan opérationnelles selon la distance à parcourir :

  • evasan tactique : l'Ă©vacuation se fait sur le théâtre des opĂ©rations, par exemple Ă©vacuation vers un hĂ´pital de campagne ;
  • evasan stratĂ©gique : dans le cas d'une opĂ©ration extĂ©rieure (opex), l'Ă©vacuation se fait hors du théâtre des opĂ©rations extĂ©rieures (TOE), typiquement vers le pays d'origine.

Par ailleurs, l'Ă©vacuation peut ĂŞtre :

  • une evasan primaire : transport depuis le lieu de survenue de l'accident/de la maladie vers une structure d'accueil ; degrĂ© d'urgence Ă©levĂ© ;
  • une evasan secondaire : transfert d'une structure d'accueil isolĂ©e vers une structure de technicitĂ© supĂ©rieure ; degrĂ© d'urgence Ă©levĂ© ou modĂ©rĂ© ;
  • une evasan tertiaire : transfert entre deux structures de technicitĂ© Ă©quivalente ; degrĂ© d'urgence faible.

L'evasan primaire est en général une evasan tactique : il s'agit d'évacuer le blessé depuis le nid de blessés vers un hôpital de campagne proche du lieu de combat. Cette évacuation peut se faire par tous moyens, selon l'accessibilité et les vecteurs disponibles, essentiellement :

  • par la route (vĂ©hicule, ambulance) ;
  • par voie navigable (bateau) ;
  • par hĂ©licoptère.

Ă€ l'hĂ´pital de campagne, il reçoit les soins chirurgicaux minimaux : sĂ©curisation des voies aĂ©riennes (notamment drainage des plèvres), arrĂŞt des grandes hĂ©morragies, parage des plaies (nettoyage, enlèvement des tissus nĂ©crosĂ©s), alignement des fractures et mesures gĂ©nĂ©rales de rĂ©animation. Si la gravitĂ© l'impose, il doit ensuite ĂŞtre Ă©vacuĂ© vers une structure en dur ; cette structure est nĂ©cessairement loin du front pour ĂŞtre sure, l’évacuation est donc nĂ©cessairement aĂ©rienne pour des raisons de rapiditĂ© et de confort. Soit il existe une structure « amie Â» proche et de technicitĂ© suffisante, il s'agit alors d'une evasan tactique secondaire ; soit le blessĂ© est Ă©vacuĂ© vers son pays d'origine, il s'agit alors d'une evasan stratĂ©gique.

Une evasan stratégique se fait en général en trois norias[1] :

  • boucle amont : transport entre l'hĂ´pital de campagne et l'aĂ©roport d'embarquement (evasan tactique) ;
  • grande boucle : vol vers le pays d'accueil ;
  • boucle aval : transport entre l'aĂ©roport de dĂ©barquement et l'Ă©tablissement hospitalier (en gĂ©nĂ©ral un hĂ´pital militaire).

Régulation médicale d'une evasan

Une evasan présente de nombreuses contraintes :

  • Ă©tat du patient bien Ă©videmment ;
  • disponibilitĂ© des moyens de transport (en gĂ©nĂ©ral aĂ©rien) ;
  • contexte : accessibilitĂ© et sĂ©curisation du lieu d'embarquement (aĂ©roport), problèmes diplomatiques (survol de territoires), mĂ©tĂ©orologiques, escales techniques nĂ©cessaires.

Rappelons qu'une evasan stratégique comporte une boucle tactique amont (entre l'hôpital de campagne et l'aérodrome), une grande boucle (vol vers le pays d'origine) et une boucle aval (transport vers le centre hospitalier). Il faut donc prévoir les trois moyens de transport, la structure d'arrivée, mettre en mouvement les moyens, en limitant les temps morts entre les norias (ruptures de charge) — le bon patient au bon endroit et au bon moment, disait le Dr Trunkey, auquel il faut ajouter le bon vecteur. La coordination entre les différents acteurs, et donc la régulation, est donc un point capital ; ces acteurs sont :

  • le mĂ©decin rĂ©gulateur, dans la salle de rĂ©gulation ; dans le cas de l'Ă©vacuation d'un civil, il peut s'agir d'un mĂ©decin d'une Compagnie d'assistance, ou bien d'un mĂ©decin du service d'aide mĂ©dicale urgente (samu en France) ;
  • le demandeur : mĂ©decin ou chirurgien de l'hĂ´pital de campagne ;
  • les convoyeurs, et en particulier le moyen aĂ©rien ;
  • le receveur, service concernĂ© de l'hĂ´pital militaire de destination, dont il faut prĂ©venir le chef de service, voire le chef d'Ă©tablissement si le nombre de blessĂ©s admis est important (problème similaire Ă  un plan blanc civil).

Le problème de la régulation médicale est donc double :

  • prendre une dĂ©cision rapide, puisqu'il s'agit d'une urgence ;
  • mais prendre une dĂ©cision adaptĂ©e : une fois l'avion parti, avec le personnel et le matĂ©riel, il est trop tard pour modifier l'Ă©quipe ; par contre le mĂ©decin rĂ©gulateur peut changer la destination si l'Ă©tat du patient l'exige.

Le problème se pose lorsqu'un pays doit faire évacuer un ressortissant patient hospitalisé à l'étranger. Les différents acteurs sont alors :

  • le ministère des Affaires Ă©trangères des pays d'origine et de destination ;
  • Le transporteur privĂ©, en gĂ©nĂ©ral liĂ© Ă  une compagnie d'assurances ;
  • le service de santĂ© des compagnies aĂ©riennes et de l'aĂ©roport destinataire ;
  • Les autoritĂ©s sanitaires des pays concernĂ©s.

Évacuation sanitaire aérienne

Soute d'un McDonnell Douglas C-17 Globemaster III de l'USAF utilisé pour l'évacuation sanitaire durant la guerre d'Irak.
Airbus A310 MRTT d'évacuation sanitaire aérienne de la Deutsche Luftwaffe.

Une évacuation sanitaire aérienne est l'extraction par avion ou hélicoptère d'une personne ayant été accidentée, blessée ou souffrant d'un problème de santé.

Dans l'armée française, les termes Evasan et Rapasan ont longtemps été utilisés pour différencier le degré d'urgence. Depuis le début des années 2000 et conformément au Stanag 3204, le seul terme officiel est Strategic AeroMedical Evacuation ou Strat-AE. Le terme Medevac est fréquemment utilisé comme substitut. Le degré d'urgence de la mission est alors exprimé par la priorité qui lui est donné et au délai de décollage du vecteur devant réaliser la mission (Stanag 3204, 8e édition) :

  • P1 = Urgent : patient dont l’évacuation doit ĂŞtre rĂ©alisĂ©e dans un dĂ©lai de douze heures. Il s’agit de blessĂ©s nĂ©cessitant un traitement non accessible sur place, dont le pronostic vital ou fonctionnel est compromis en l’absence d’évacuation.
  • P2 = Prioritaire : patient dont l’évacuation doit ĂŞtre rĂ©alisĂ©e dans un dĂ©lai de vingt-quatre heures. Il s’agit de blessĂ©s stabilisĂ©s mais dont le traitement n’est pas terminĂ©.
  • P3 = Routine : patient dont l’évacuation n’est pas soumise Ă  un dĂ©lai particulier. Il s’agit de patients dont le traitement dĂ©finitif a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, mais qui ne peuvent poursuivre leur mission sur place ou qui relèvent d’un traitement spĂ©cifique, non urgent, non rĂ©alisable sur place.

Organisation selon les pays

En France

Le service de santé des armées (SSA) a mis en place un dispositif santé de veille opérationnelle (DSVO)[1]. La régulation evasan est réalisée sous commandement du médecin régulateur (MR) et de l'infirmier convoyeur de l'armée de l'air, à l'état-major opérationnel santé à Balard, Paris.

L'autorité médicale du théâtre d'opérations extérieures est le chef de santé, ou ComSanté. Le décideur aéronautique est le Cabinet du ministre de la Défense, État-major des armées.

Les evasans stratégiques se font en 2007 avec les moyens suivants[2] :

Les hôpitaux de destination à Paris sont les hôpitaux d'instruction des armées (HIA). Pour une evasan unique, il s'agit des HIA parisiens : HIA Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne), HIA Percy à Clamart (Hauts-de-Seine). En effet, les Falcon atterrissent à Villacoublay, la boucle aval est alors assurée par le réseau des ambulances médicalisées de la brigade de sapeurs pompiers de Paris (BSPP).

Les civils utilisent le réseau des SAMU et les compagnies d'assistance pour ce qui concerne pour la régulation selon le statut du patient et les compagnies privées d'avionneurs ou publiques dont l'Armée de l'air.

Les contrôleurs aériens français savent si un vol est une évacuation sanitaire et doivent dans la mesure du possible leur donner la priorité par rapport aux autres vols.

Notes et références

  1. B. Pats, B. Debien et M. Borne, « Les evasan stratégiques : Principes d’organisation et de régulation », Réanoxyo, Urgence Pratique Publications, no 21,‎ , p. 8-11 (lire en ligne)
  2. M. Borne et P. Derain, « Avions vecteurs d’évacuations sanitaires aériennes », Réanoxyo, Urgence Pratique Publications, no 21,‎ , p. 20-21. (lire en ligne)
  3. Avion médicalisé Morphée, photothèque du Service de santé des armées
  4. Marion Guérin, « Morphée : comment l’armée française évacue ses blessés de guerre », sur Pourquoi docteur ?,

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