Fièvre de Lassa
La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique foudroyante provoquée par un arenavirus nommé virus de Lassa, proche de la maladie à virus Ebola, décrite pour la première fois en 1969 dans la ville de Lassa, dans l'État de Borno, Nigeria[1].
Causes | Lassa virus (d) |
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Transmission | Transmission par contact (d) et haemocontact transmission of pathogen (d) |
Incubation min | 3 j |
Incubation max | 17 j |
Symptômes | Fièvre, empoisonnement (d), céphalée, myalgie, fatigue, nausée, vomissement, diarrhée, douleur abdominale, vertige, hyperémie, œdème, conjonctivite, mal de gorge (en), hémorragie interne (en), exanthème, stomatite, toux, douleur thoracique, choc hypovolémique (en), hépatite, encéphalopathie, pneumonie, pleurésie, œdème du poumon, myocardite, coagulation intravasculaire disséminée, insuffisance cardiaque, alopécie, surdité, ascite et hémorragie |
Spécialité | Infectiologie |
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Mise en garde médicale
Cette maladie est un véritable fléau en Afrique de l'Ouest, endroit dans lequel elle est responsable d'épidémies mortelles lorsqu'elle touche des individus fragiles (réfugiés, enfants, personnes âgées). La maladie a été observée dans plusieurs pays incluant le Nigeria, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Mali et elle est apparue au Bénin en . De plus, la fièvre de Lassa est la fièvre hémorragique la plus souvent exportée hors des frontières où elle sévit.
L'infection est propagée par le contact avec des excréments d'un rongeur péridomestique, Mastomys natalensis[2] un animal originaire de l'Afrique subsaharienne[3] - [4]. Un grand nombre de ces rongeurs vivent à proximité, voire à l'intérieur, des habitations dans les zones d'endémie. Le virus se transmet par contact avec des urines ou excréments de cet animal[3].
Étiologie
La maladie est provoquée par le virus de Lassa, un arenavirus de la famille des Arenaviridae. Son génome est sous forme d'ARN simple brin.
La fièvre de Lassa sévit essentiellement en Afrique de l’Ouest. Elle est endémique au Nigeria, en Guinée (Conakry), au Liberia et en Sierra Leone. D’après l’OMS, elle toucherait également d’autres pays d’Afrique de l’ouest.
SymptĂ´mes
L’infection est asymptomatique dans environ 80 % des cas. La maladie incube pendant 6 à 21 jours. Les premiers signes cliniques apparaissent généralement 6 jours après l’infection. Les premiers symptômes qui apparaissent sont peu spécifiques : fortes fièvres, courbatures, pharyngites, vomissements, céphalées.
Dans les cas sévères, les signes cliniques s’aggravent : avec l’apparition d'œdèmes, d’hémorragies dans la cavité buccale, nasale, dans le vagin et dans l'appareil digestif, d'épanchements péricardiques et pleuraux, et parfois d'encéphalites. À un stade tardif, des états de choc, convulsions, tremblements sont diagnostiqués, entrainant généralement la mort deux semaines après l'apparition des premiers symptômes. Les patients qui survivent présentent de graves séquelles dans un tiers des cas — en particulier des myocardites et une surdité uni ou bilatérale[4]. Cette surdité s’estompe en 3 mois dans la moitié des cas.
Diagnostic
Les premiers signes cliniques qui apparaissent sont peu spécifiques et peuvent correspondre à de nombreuses autres maladies sévissant dans la région comme le paludisme, la dysenterie, les fièvres typhoïdes, la fièvre jaune ou d'autres fièvres hémorragiques virales. C’est pourquoi il est très difficile de diagnostiquer la maladie à un stade précoce.
Pour confirmer avec précision le diagnostic, il est nécessaire d’effectuer une sérologie, ce qui est rarement possible dans les zones endémiques.
Prévention
Il n’existe actuellement aucun vaccin pour cette maladie. La prévention de la maladie passe par la promotion d'une bonne hygiène pour éviter que les rongeurs ne pénètrent dans les habitations. Les mesures préconisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont : la conservation des aliments dans des contenants résistant aux rongeurs, l'élimination des ordures loin des habitations, le maintien de la propreté à l'intérieur de celles-ci et la présence de chats[5].
Les conduites à tenir devant un cas de fièvre de Lassa incluent : l'hospitalisation, l'isolement strict du ou des malades, l'information des autorités compétentes, un traitement étiologique et symptomatique vigoureux et l'identification des sujets entrés en contact.
Pour le personnel médical, la conduite à tenir inclut le port de vêtements de protection (masque, gants, tabliers, protections du visage) et stérilisation systématique du matériel contaminé.
Traitement
Le seul traitement efficace actuellement est l’injection en intraveineuse de ribavirine, un antiviral utilisé en particulier pour le traitement de l'hépatite C[4]. Pour être efficace, le traitement doit être administré au stade précoce de la maladie[4]. Prescrit dès les 6 premiers jours, il permet de faire baisser le taux de létalité de 90 %. Ce traitement peut engendrer de nombreux effets indésirables en particulier des anémies sévères. Ces effets indésirables sont heureusement réversibles après l’arrêt du traitement.
La faible spécificité des symptômes précoces rend le diagnostic difficile dans les premiers jours de la maladie. Cela constitue la principale limite de ce traitement puisque l’antiviral n’est efficace qu’au stade précoce de la maladie. La maladie reste donc actuellement difficile à soigner.
Projet en cours
Actuellement de nombreux laboratoires recherchent un vaccin contre la fièvre de Lassa. En particulier, des recherches sont menées par des chercheurs de l'Institut Pasteur et de l'INSERM au sein du laboratoire P4 au Centre de recherche Mérieux-Pasteur à Lyon, en France[4].
Les chercheurs ont isolé des protéines de surface du virus qui permettent d’activer la production d'anticorps. Cependant on observe des variations importantes, à un taux de 20 %, au niveau de ces protéines. En conséquence les réactions immunitaires peuvent être fort différentes. Pour produire un vaccin efficace, il faudrait réussir à trouver le « dénominateur commun » à toutes ces glycoprotéines qui permettent de stimuler la production d'anticorps agissant dans tous les cas[4].
L'espoir est faible, mais ces protéines restent les seules solutions connues actuellement ouvrant une voie vers l'élaboration d'un éventuel vaccin.
Épidémiologie
Dans les zones d’endémie, jusqu’à 50 % de la population serait infecté par la maladie. Les études épidémiologiques ont dénombré entre 300 000 et 500 000 cas par an dans les pays d’Afrique de l’ouest[5]. Sur ces 300 000 à 500 000 cas, 5 000 à 6 000 individus succombent chaque année de la fièvre de Lassa[6]. Le taux de létalité est donc d’environ 1 %, mais il atteint 15 % chez les patients hospitalisés. Chez la femme enceinte, la mortalité atteint 30 % et le fœtus décède dans 85 % des cas[5].
Historique
Les premiers cas ont été rapportés dans les années 1950 mais ce n’est qu’en 1969 que le virus a pu être isolé chez une infirmière dans la ville de Lassa au Nigeria.
Les conflits qui affectent certains des pays de la zone d’endémie provoquent des déplacements de population qui favorisent les épidémies. Ainsi la Sierra Leone a connu une épidémie d’une ampleur exceptionnelle entre 1996 et 1997, due à une guerre civile.
Notes et références
- À ne pas confondre avec Lhassa, au Tibet.
- « Fièvre de Lassa », sur le site Web de la Caisse des Français de l'Étranger (consulté le )
- (en) Werner Dietrich, Biological Resources and Migration, Springer, , 363 p. (ISBN 978-3540214700)
- « La fièvre de Lassa », sur Institut Pasteur (pasteur.fr), (consulté le )
- « Fièvre de Lassa », sur Organisation mondiale de la santé, (consulté le )
- (en) Ogbu O, Ajuluchukwu E, Uneke CJ, Lassa fever in West African sub-region: an overview, vol. 44, , 1–11 p. (PMID 17378212)
Liens externes
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