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Ferhat Mehenni

Ferhat Mehenni, dit Ferhat Imazighen Imula, (en kabyle : Feráž„at ImaziÉŁen Imula; en tifinagh: ⎌⎻└┃⎰├ ┎─⎻┏┏┉) nĂ© le Ă  Illoula Oumalou en Kabylie (AlgĂ©rie), est un homme politique, Ă©crivain, chanteur, musicien, auteur-compositeur-interprĂšte algĂ©rien d'expression kabyle. Il est l’un des membres fondateurs du Mouvement pour l'autodĂ©termination de la Kabylie, mouvement qui revendique le droit du peuple kabyle Ă  disposer de lui-mĂȘme[1].

Ferhat Mehenni
Illustration.
Ferhat Mehenni lors du rassemblement du 4 septembre 2011 sur le parvis des droits de l'homme Ă  Paris.
Fonctions
Président de l'ANAVAD (gouvernement provisoire kabyle)
En fonction depuis le
(13 ans et 28 jours)
PrĂ©sident du Mouvement pour l’autodĂ©termination de la Kabylie
–
(10 ans, 3 mois et 15 jours)
Successeur Bouaziz Ait Chebib
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Illoula Oumalou, Kabylie (Algérie)
Parti politique MCB, RCD (1989-1997) puis MAK
DiplÎmé de Université d'Alger
Profession chanteur et homme politique
RĂ©sidence France

Depuis le , le président du gouvernement provisoire kabyle, a su imposer une politique de lutte pacifique pour l'autodétermination du peuple kabyle.

Le 26 aoĂ»t 2021, le rĂ©gime d'Alger a Ă©mis un mandat d'arrĂȘt international Ă  l'encontre de Ferhat Mehenni sans qu'aucune chancellerie n'en tienne compte[2].

Le drapeau kabyle
Le Drapeau Kabyle, choisi lors d'un vote organisé par le MAK et le Gouvernement provisoire kabyle[3].

Le 14 novembre 2022, il est condamnĂ© par contumace Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© par un tribunal d’Alger.

Biographie

Ferhat Mehenni entre Ă  l'Ă©cole primaire en au centre de Chateauneuf, Ă  Alger, qu'il quitte en 1965, pour celui de LarbaĂą Nath Irathen oĂč il reste jusqu'en 1969. Candidat libre au bac en 1972, il entre Ă  l'Institut des sciences politiques de l'universitĂ© d'Alger et dĂ©couvre les diffĂ©rents courants idĂ©ologiques, berbĂ©ristes notamment, qui agitent la capitale. C'est de cette Ă©poque (octobre-novembre 1972) que date sa premiĂšre rencontre avec celui qui deviendra son ami et compagnon de lutte, SaĂŻd Saadi. Ensemble, ils participent Ă  la publication d'une revue intitulĂ©e d'abord Taftilt « lumiĂšre » puis Itri « Ă©toile », dans laquelle sont formulĂ©es des revendications culturelles et linguistiques.

En , il participe au festival de la chanson algĂ©rienne, oĂč il figure parmi les prĂ©sĂ©lectionnĂ©s. Son groupe, inscrit sous le nom de Imazighen en provenance d'Illula Oumalou, deviendra par une faute de frappe Imazighen Imula. Avec d'autres chanteurs, Idir notamment, il contribue Ă  la rĂ©novation de la musique traditionnelle et pose la question de l'identitĂ©. Son rĂ©pertoire est jugĂ© subversif dans une AlgĂ©rie muselĂ©e par le prĂ©sident BoumĂ©diĂšne. Il chante entre autres le dĂ©serteur de Boris Vian, l'Internationale en Kabyle. D'avril Ă  juin 1976, il prend une part active aux dĂ©bats houleux ayant prĂ©cĂ©dĂ© le rĂ©fĂ©rendum sur la Charte nationale en proclamant sa berbĂ©ritĂ© dans tous les meetings. Alors commencent ses dĂ©mĂȘlĂ©s avec la SĂ©curitĂ© militaire. Le 30 novembre, il est arrĂȘtĂ© Ă  la citĂ© universitaire de Kouba, puis relĂąchĂ© aprĂšs une garde Ă  vue de 24 heures.

Le printemps berbĂšre

En avril 1980, il est l'un des artisans du printemps berbĂšre de Tizi Ouzou. ArrĂȘtĂ© le 16[4], il reprend ses activitĂ©s d'animateur culturel avec Kateb Yacine dĂšs qu'il retrouve sa libertĂ© un mois plus tard, le 14 mai. Membre du ComitĂ© des enfants de chouhada, (martyrs de la rĂ©volutions), il est l'objet d'intimidations et d'une surveillance rapprochĂ©e. Son passeport lui est confisquĂ©.

Le , il est parmi les fondateurs de la Ligue algĂ©rienne des droits de l'homme et membre de son comitĂ© directeur. Il est arrĂȘtĂ© le 17 juillet chez lui Ă  Azazga pour son appartenance Ă  la ligue et pour avoir cĂ©lĂ©brĂ© en dehors des cortĂšges officiels l'anniversaire de l'indĂ©pendance. IncarcĂ©rĂ© Ă  la prison de Berrouaghia, il est jugĂ© le et condamnĂ© Ă  trois ans de prison plus une amende de 5 000 dinars. AprĂšs 21 mois d'emprisonnement, il est libĂ©rĂ© le par grĂące prĂ©sidentielle.

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie

En novembre 1988, il lance avec trois de ses camarades, Mustapha Bacha, Mokrane Ait Larbi et Saïd Saadi, un appel à la tenue des assises culturelles amazigh (berbÚres) les 10 - 11 février 1989, à l'issue desquelles est proclamée la formation du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD)[5]. Membre de la direction de ce parti, Ferhat Mehenni devient secrétaire national à la culture et à l'histoire. Il est reconduit dans ses responsabilités lors du congrÚs constitutif du RCD, le . Toutefois des différends vont l'opposer à Saïd Saadi, et il quitte la direction du RCD pour présider la coordination nationale du Mouvement culturel berbÚre (MCB), l'aile proche du RCD et rivale du MCB commissions nationales, proches du FFS.

Il est le principal artisan du boycott scolaire déclenché en par le MCB[6] qui aboutit, une année plus tard, à la mise sur pied par le pouvoir algérien d'un Haut Commissariat à l'Amazighité.

Ferhat Mehenni va se retrouver dans l'Airbus d'Air France dĂ©tournĂ© en dĂ©cembre 1994 par des islamistes du GIA et en sortira traumatisĂ©. Il publie en 2015 aux Ă©ditions Michalon, NoĂ«l en otage[7], oĂč il raconte les 54 heures d'angoisse qu'il a vĂ©cu entre les 24 et 26 dĂ©cembre 1994. Il reprend sa vie de chanteur en signant la mĂȘme annĂ©e Ă  Paris un double album : chansons d'acier, d'amour et de libertĂ© « TuÉŁac n ddkir » pour lequel il sollicita Dino Lumbroso en tant qu'arrangeur, et chansons du Feu et de l'eau « TuÉŁac n tmes d waman ».

Le Mouvement culturel berbĂšre

En 1995, il renoue avec la politique à travers la création du MCB coordination nationale durant le boycott scolaire en Kabylie, en mars 1995, le clan présidentiel contacte Ferhat Mehenni, à la suite de l'enlÚvement de LounÚs Matoub, afin de négocier la reprise des cours : « Le général Betchine tenait à mettre fin au boycottage afin de s'assurer de la participation de la Kabylie aux élections présidentielle de 1995 ». En échange de concessions symboliques (création d'un Haut Conseil à l'amazighité chargé de « réhabiliter la culture berbÚre » et d'introduire la langue berbÚre dans les médias et l'enseignement »), le régime obtient de Ferhat Mehenni qu'il appelle la Kabylie à mettre fin à la « grÚve des cartables ». AprÚs avoir tenté, sans succÚs, de convaincre les animateurs du MCB-commissions nationales (tendance du Mouvement culturel berbÚre proche du FFS de Hocine Aït-Ahmed) de le suivre dans sa démarche, Mehenni annonce au journal télévisé qu'il vient de signer un accord avec le gouvernement et appelle les élÚves de Kabylie à reprendre.

Au mois de , il dĂ©missionne du RCD pour cause de trahison envers les berbĂšres, dit-il, explicitant : « Said Saadi a bien trahi la berbĂ©ritĂ© et la dĂ©mocratie. II forme des gens contre les dĂ©mocrates en gĂ©nĂ©ral et le FFS en particulier ». En 1998, il sort un CD chez Izli intitulĂ© : « Chants du feu et de l'eau ». Et depuis l'assassinat de Matoub LounĂšs, il a choisi d'ĂȘtre hors du jeu partisan mĂȘme s'il continue de s'exprimer sur les grands problĂšmes de la sociĂ©tĂ©. AprĂšs son exil volontaire en France, il revient en pour « redynamiser la mouvance culturelle berbĂšre ».

Le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie

En 2001, Ă  la suite des violentes Ă©meutes qui ont Ă©clatĂ© en Kabylie avril 2001 et avril 2002 (Printemps noir), il prĂŽna comme solution Ă  la sortie de crise dans laquelle se dĂ©bat depuis l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie, l'autonomie rĂ©gionale. À cet effet, il a fondĂ© le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) au terme d'une rĂ©union dans la commune de Makouda en Kabylie le [6]. L'assassinat de son fils aĂźnĂ© Ameziane, le Ă  Paris, qui n'a toujours pas Ă©tĂ© Ă©lucidĂ© est selon lui trĂšs probablement liĂ© Ă  son engagement autonomiste[8].

Dans un communiquĂ© publiĂ© le , Ferhat Mehenni, annonce qu’il est la cible d’un mandat d’amener. Cette dĂ©cision est prise par un juge d’instruction quand celui-ci demande aux forces de l’ordre de lui prĂ©senter une personne mise en examen, y compris par la force. Ferhat Mehenni cite un article d’AlgĂ©rie News du 16 mars. D’aprĂšs ses dires, la justice aurait Ă©tĂ© saisie par les autoritĂ©s locales Ă  Tubirett (Bouira, une ville au sud-ouest de la Kabylie) au sujet d’une marche Ă©tudiante du attribuĂ©e au MAK[9]. L'information n'a d'ailleurs fait l'objet d'aucun dĂ©menti de la part du ministĂšre de la Justice algĂ©rien. « Je me demande pourquoi ce n’est que prĂšs d’un an plus tard que cette instance judiciaire entreprend cette action contre moi, juste Ă  la veille des Ă©lections prĂ©sidentielles qui, au demeurant, ne passionnent personne au pays des Kabyles ? » s’interroge le leader autonomiste. En Kabylie, la totalitĂ© des organisations politiques appellent au boycott des prĂ©sidentielles du 9 avril. Pour la premiĂšre fois, les partis reconnus (FFS et RCD), les Aarchs (mouvement nĂ© durant les Ă©meutes de 2001) et le MAK rejettent tous l’élection, mĂȘme s’ils n’ont pas mis en place de stratĂ©gie commune. Le , le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie avait dĂ©jĂ  fait mention d’intimidations contre trois de ses cadres.

Le 14 novembre 2022, il est condamnĂ© par contumace (il vit alors en France) Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© par un tribunal d’Alger pour « crĂ©ation d’une organisation terroriste et atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© territoriale et Ă  l’unitĂ© nationale »[10].

Le Gouvernement provisoire kabyle

Ferhat Mehenni a formĂ© le Ă  Paris un « Gouvernement provisoire kabyle » (Anavaឍ Aqvayli UΔឍil en Kabyle)[11] . Ce gouvernement, ne se compose que de neuf ministres.

Discographie

Littérature

Autobiographie

Essais

Bibliographie

Notes et références

  1. « Le MAK rĂ©fute tout projet d’attentat », sur https://www.elwatan.com/, (consultĂ© le )
  2. « AlgĂ©rie : Mandat d'arrĂȘt international contre Ferhat Mehenni », sur observalgerie.com (consultĂ© le )
  3. « Les résultats définitifs d'élection du drapeau kabyle », sur amazighworld.org (consulté le )
  4. Didier Le Saout et Marguerite Rollinde, Emeutes et mouvements sociaux au Maghreb, Paris, KARTHALA Editions, 1999 page 138
  5. Ali Guennoun: Chronologie du mouvement berbĂšre, un combat et des hommes”, Ă©ditions Casbah, Alger, 1999.
  6. Maxime AĂŻt Kaki, De la question berbĂšre au dilemme kabyle Ă  l'aube du XXIe siĂšcle, Paris, Editions L'Harmattan, 2004. page 193
  7. « NOEL EN OTAGE, Ferhat Mehenni - livre, ebook, epub », sur www.michalon.fr (consulté le )
  8. Ferhat Mehenni demande Ă  Chirac de relancer l’enquĂȘte sur l’assassinat de son fils
  9. « Ferhat Mehenni recherché par la justice algérienne », sur Le Matin d'Algérie (consulté le )
  10. Alger condamne Ă  la perpĂ©tuitĂ© Ferhat Mehenni, le chef du Mouvement pour l’autodĂ©termination de la Kabylie, site le monde.fr, 14 novembre 2022.
  11. dĂ©pĂȘche AFP

Liens externes

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