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Mouvement culturel berbĂšre

Le Mouvement culturel berbÚre, MCB en abrégé, est une organisation de masse née en Kabylie et qui a milité dÚs 1980 pour la reconnaissance officielle de l'identité amazigh (berbÚre) avec toutes ses dimensions en Algérie.

Histoire du mouvement

Émergence

Le MCB naßt au tournant des années 1970 et 1980, dans un contexte de revendication de l'identité amazighe. Le mouvement se forme notamment en réaction à la décision du gouvernement de renforcer l'enseignement en arabe à l'école à partir de décembre 1979[1].

Le Ă©clatent les manifestations du Printemps berbĂšre. L'universitĂ© Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est Ă©branlĂ©e par des Ă©vĂ©nements graves. Les Ă©tudiants qui protestaient contre l'annulation par le wali de Tizi Ouzou d'une confĂ©rence sur la poĂ©sie kabyle ancienne[1], que devait donner Mouloud Mammeri, sont dĂ©logĂ©s avec violence par les forces militaires combinĂ©es[2]. Plusieurs Ă©tudiants sont blessĂ©s et d'autres arrĂȘtĂ©s. Vingt-quatre personnes sont dĂ©fĂ©rĂ©es devant le tribunal militaire et sont incarcĂ©rĂ©es dans les prisons de Berouaguia prĂšs de MĂ©dĂ©a et LambĂšze (Tazoult) dans l’AurĂšs mais ils sont libĂ©rĂ©s au mois de juin grĂące Ă  la pression populaire.

Proclamation du Mouvement Culturel BerbĂšre

À la suite de la nouvelle dynamique crĂ©Ă©e aprĂšs l'interdiction de la confĂ©rence de Mouloud Mammeri le 10 mars 1980 et l'excellente mobilisation autour des revendications de l'universitĂ©, un nouveau sigle apparait sur l'Ă©chiquier politique, Ă  savoir le Mouvement Culturel BerbĂšre (MCB)[3]. Un mouvement qui se veut fĂ©dĂ©rateur de toutes les Ă©nergies de militance pour la promotion de la langue et de la culture Amazigh, de l'Arabe populaire darja et du respect des libertĂ©s dĂ©mocratiques[4]. À cette Ă©poque-lĂ , on ne peut parler d'un mouvement structurĂ©, mais d'une « mouvance ». La clandestinitĂ© oblige et les divergences politiques au sein de cette mouvance ont empĂȘchĂ© toute tentative de structuration, malgrĂ© l'Ă©largissement de son influence dans la sociĂ©tĂ©, notamment chez les jeunes. Les clivages politiques entre les acteurs du mouvement se sont accentuĂ©s lors du premier sĂ©minaire du MCB dans le village de Yakouren dans la wilaya de Tizi-Ouzou, du 1er au 30 aoĂ»t 1980. Une situation qui demeure ainsi jusqu'Ă  l'avĂšnement du pluralisme politique aprĂšs les Ă©vĂ©nements d'octobre 1988[5].

Tentative d'Ă©touffement du mouvement

Les gouvernants algĂ©riens ont essayĂ© de rĂ©duire le mouvement et de le discrĂ©diter, en affirmant que « le berbĂšre est une crĂ©ation coloniale » ou que « le berbĂšre n’est pas une langue parce qu’il n’a pas de grammaire, parce qu’il n’a pas d’écriture »[3]. Toutefois, le mouvement s'est maintenu en Kabylie[3].

RĂ©sistance Ă  l'arabisation

Le FLN, parti au pouvoir, dĂ©cide d'intensifier les efforts en matiĂšre d'arabisation dans les annĂ©es 1980 ; selon le chercheur ChĂ©rif Sini, le MCB « devient en quelques annĂ©es le symbole mobilisateur opposĂ© Ă  l’arabisation⁣ »[3]. Chaque annĂ©e, la Kabylie commĂ©more « la violation des franchises universitaires par les forces de l’ordre le 20 avril 1980 », et suit une grĂšve Ă  l'appel du MCB ; des manifestations sont organisĂ©es au cours desquelles des Kabyles revendiquent le droit de dĂ©fendre la dimension berbĂšre de l'AlgĂ©rie et clament leur attachement Ă  la libertĂ© d'expression[3].

Adhérents

RĂ©sultats

En 1996, le terme "amazigh" a été mentionné pour la premiÚre fois depuis l'indépendance dans la Constitution algérienne, dans le contexte de la définition de l'identité algérienne.

« Le 1er Novembre 1954 aura Ă©tĂ© un des sommets de son destin. Aboutissement d'une longue rĂ©sistance aux agressions menĂ©es contre sa culture, ses valeurs et les composantes fondamentales de son identitĂ© que sont l'Islam, l'ArabitĂ© et l'AmazighitĂ©, dont l'Etat Ɠuvre constamment Ă  la promotion et au dĂ©veloppement de chacune d'entre elles, le 1er Novembre aura solidement ancrĂ© les luttes prĂ©sentes dans le passĂ© glorieux de la Nation. »JORADP N°76 du 8 dĂ©cembre 1996

La crĂ©ation du Haut commissariat chargĂ© de la rĂ©habilitation de l’amazighitĂ© (HCA) et de la promotion de la langue amazigh, par le DĂ©cret 147-95 du 27 mai 1995[7], pendant la pĂ©riode du prĂ©sident Liamine Zeroual.

Signalisation trilingue à la faculté de Tizi-Ouzou (Algérie) transcrit en arabe, en berbÚre (tifinagh), et en français.

Le tamazight est enseignĂ©e dans les Ă©tablissements scolaires, primaires, collĂšges et lycĂ©es de la rĂ©gion de Kabylie, et mĂȘme Ă©valuĂ©e lors de l'Ă©preuve dĂ©diĂ©e du baccalaurĂ©at.

Lorsqu'Abdelaziz Bouteflika est arrivĂ© au pouvoir en 1999, il a introduit des rĂ©formes qui n'avaient jamais Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es auparavant. En 2002, la langue tamazight a Ă©tĂ© reconnue en tant que langue nationale suite Ă  l'amendement de la Constitution, puis elle est devenue une langue officielle Ă  la suite d'une autre rĂ©vision constitutionnelle en 2016. En 1999, le Festival du film Amazigh a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour promouvoir le cinĂ©ma algĂ©rien en langue amazigh et encourager la crĂ©ation artistique dans cette mĂȘme langue[8].

La création de la chaine étatique TV4 (Amazigh) en 2009[9].

En 2017, Bouteflika a annoncĂ© sa dĂ©cision de faire de Yennayer une journĂ©e chĂŽmĂ©e et payĂ©e Ă  partir du 12 janvier de chaque annĂ©e[10] - [11]. La mĂȘme annĂ©e, un Centre de recherche en langue et culture amazighe est crĂ©Ă©[12].

La plupart des panneaux de signalisation sont désormais rédigés en trois langues principales (arabe, tamazight et français) et parfois en anglais.

Références

  1. Marnia Lazreg, « The Reproduction of Colonial Ideology: The Case of the Kabyle Berbers », Arab Studies Quarterly, vol. 5, no 4,‎ , p. 380–395 (ISSN 0271-3519, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. « Début du «printemps berbÚre» en Algérie | Evenements | Perspective Monde », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le )
  3. ChĂ©rif Sini, « La promotion du berbĂšre en AlgĂ©rie », Cahiers d’études africaines [En ligne], 219 | 2015, mis en ligne le 01 janvier 2015, consultĂ© le 19 avril 2023. URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/18183 ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.18183
  4. MahĂ©, Alain. « IX. - Le mouvement culturel berbĂšre du « printemps berbĂšre » d’avril 1980 aux Ă©meutes d’octobre 1988 », , Histoire de la Grande Kabylie XIXe-XXe siĂšcles. Anthropologie historique du lien social dans les communautĂ©s villageoises, sous la direction de MahĂ© Alain. Éditions BouchĂšne, 2001, pp. 463-493.
  5. Samir Larabi, « De la portée Historique du Mouvement culturel BerbÚre (MCB) », sur Parti socialiste des travailleurs, (consulté le )
  6. « BERDOUS MAAMER le REBELLE », 20/04/2015,‎
  7. Journal officiel N°29 du 28 mai 1995
  8. « Evénements récurrents | Africultures : Festival du film amazigh (Algérie, Tizi-Ouzou) », sur Africultures (consulté le )
  9. « Chaßne 4 de l'EPTV: produire des films mettant en valeur la diversité linguistique amazighe », sur Algérie Presse Service
  10. « AlgĂ©rie : le Nouvel An amazigh « fĂ©riĂ©risĂ© » par Bouteflika ne fait pas l’unanimitĂ© – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consultĂ© le )
  11. « L'AlgĂ©rie reconnaĂźt le Nouvel An berbĂšre comme une fĂȘte nationale », sur France 24, (consultĂ© le )
  12. « Présentation CRLA », sur CRLCA (consulté le )

Bibliographie

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