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Famille Marquet

La famille Marquet est à l'origine une famille de hobereaux devenus financiers français actifs au XVIIIe siècle, originaire de Labastide en Armagnac. Elle possédait la terre de Bourgade, également en Armagnac, d'où plusieurs de ses membres prirent le surnom de Marquet de Bourgade.

  • Maurice Marquet, sieur de Bourgade (1683-1743)[1] fut d'abord banquier Ă  Bordeaux. ProtĂ©gĂ© par le cardinal de Tencin, archevĂŞque de Lyon, il fut introduit par celui-ci dans l'entourage du cardinal de Fleury[2]. Il rĂ©alisa d'importantes opĂ©rations commerciales et financières[3] et obtint pour ses enfants des fonctions Ă©levĂ©es et lucratives. Il Ă©pousa le Anne-Marie Mercier (†1763) dont il eut sept enfants :
    • Jacques Marquet de Bourgade ( - ), occupa les fonctions très importantes de directeur gĂ©nĂ©ral des vivres. Le lieutenant gĂ©nĂ©ral de police, Feydeau de Marville, note le : « M. d'Argenson a nommĂ© gĂ©nĂ©ral des vivres pour l'armĂ©e du Rhin, Ă  la place de M. Belombre, M. Bourgade, fils de M. Marquet, qui est un jeune homme d'environ vingt-deux ans. L'on ne doute pas de sa capacitĂ© et de son intelligence dans les affaires : il y est Ă©levĂ© ; mais on trouve extraordinaire que l'on confie Ă  un homme si jeune un poste qui demande tant d'expĂ©rience et une discrĂ©tion Ă  l'Ă©preuve, puisque le commandant de l'armĂ©e ne peut, comme l'on sait, se dispenser de donner Ă  connaĂ®tre ses projets au gĂ©nĂ©ral des vivres, afin que les troupes n'arrivent point au dĂ©pourvu dans les diffĂ©rents endroits oĂą l'on juge Ă  propos d'envoyer des dĂ©tachements. Â»[4] Marquet de Bourgade s'acquitta de ses fonctions de manière Ă  mĂ©riter en 1758 les Ă©loges du marĂ©chal de Belle-Isle, rapportĂ©s par le duc de Luynes[5]. Il Ă©tait suffisamment cĂ©lèbre en 1764 pour ĂŞtre chansonnĂ© en mĂŞme temps que Paris-Duverney[6] et resta bien en cours jusqu'Ă  la mort de Louis XV[7]. Sous le règne de Louis XVI, il joua un rĂ´le important, quoique effacĂ©, dans l'administration gĂ©nĂ©rale des finances, d'abord comme adjoint de Taboureau des RĂ©aux, contrĂ´leur gĂ©nĂ©ral des finances en titre en 1776-1777 tandis que Necker Ă©tait directeur gĂ©nĂ©ral du TrĂ©sor royal. Il resta en poste auprès de ce dernier, puis de Joly de Fleury[8] puis enfin, pendant sept mois, de d'Ormesson. Officieusement chargĂ© de la direction gĂ©nĂ©rale des finances, il donna sa dĂ©mission Ă  la suite d'une mesure qu'il n'approuva pas regardant la Caisse d'escompte[9]. Mort sans alliance. Il a laissĂ© de nombreux manuscrits regardant l'administration des subsistances et des finances[10]. Il habita successivement no 8 (actuel n° 2) place VendĂ´me, puis (1763) no 8 rue d'Anjou et enfin, Ă  la fin de sa vie, chez son neveu Marquet de Grèves, no 332 rue Saint-HonorĂ©[11].
    • Louis Marquet de Mont-Saint-Peyre (†1775), receveur gĂ©nĂ©ral des finances Ă  Lyon[12]. Il Ă©pousa le Louise-Michelle Paris-Duverney, fille du cĂ©lèbre financier Joseph Paris Duverney, dont il eut deux fils, morts sans postĂ©ritĂ©, et deux filles :
    • Pierre-Isaac Marquet de La Peyre (1721-1798), fermier gĂ©nĂ©ral de 1762 Ă  1780. il Ă©pousa d'abord Marguerite-Suzanne Randeau de La Mairie puis, le , Catherine-Charlotte Gaulard, divorcĂ©e ou sĂ©parĂ©e de Claude Jean-Baptiste PrĂ©audeau puis veuve d'Augustin Bouret de Villaumont. Il mourut sans postĂ©ritĂ©.
    • Jean-Daniel Marquet de Montbreton ( - ), receveur gĂ©nĂ©ral des finances Ă  Grenoble (1760) puis Ă  Rouen (1781), maĂ®tre d'hĂ´tel du Roi. Il habitait Ă  Paris no 14 (aujourd'hui no 24) place VendĂ´me. Il Ă©migra sous la RĂ©volution française. Il Ă©pousa en 1761 Marie-Élisabeth Dumas dont il eut un fils, Louis, qui ne vĂ©cut que trois mois. En 1763, il se remaria avec Étienne-Esther Soubeyran (†), dont il eut cinq autres enfants parmi lesquels :
    • Henriette Marquet de Bourgade, mariĂ©e Ă  Philippe-le-Long dit le comte de Drenoux.
    • Marguerite Marquet de Bourgade, mariĂ©e Ă  Louis Durand de Saint-Eugène, dit le marquis de Montigny.
    • Anne-Élisabeth Marquet de Bourgade, mariĂ©e vers 1748 Ă  Anne-Marie Vatbois, seigneur de Metz, colonel de cavalerie.

Notes et références

  1. Blason : « d'argent Ă  la fasce d'azur, accompagnĂ© en chef d'un croissant versĂ© de gueules, et, en pointe, d'un lion du mĂŞme Â» (Nobiliaire universel, tome V, 1815).
  2. Dans le Journal de Barbier, on lit qu'en janvier 1743 : « Le cardinal de Fleury est malade […] Tous les ministres vont le voir quand ils peuvent et y envoient tous les jours. Le cardinal de Tencin y passe ses soirĂ©es. Il y joue, dit-on, au piquet avec le nommĂ© Marquet, que le cardinal aprotĂ©gĂ© et fait entrer dans les sous-fermes, et cela dans la chambre du cardinal pour l'amuser. Â» (tome II, p. 347)
  3. En octobre 1742, il achète plusieurs lots dans les ventes de blé du roi (Lettres de M. de Marville, lieutenant général de police, tome I, p. 83)
  4. Lettres de M. de Marville, tome II, p. 278
  5. « En avril 1758, on fait tous les prĂ©paratifs possibles pour rĂ©parer promptement l'armĂ©e, M. le marĂ©chal de Belle-Isle s'y emploie […] L'entrepreneur des vivres est toujours M. de Bourgade (Marquet, dont la sĹ“ur a Ă©pousĂ© M. de Montigny). M. le marĂ©chal de Belle-Isle me disait il y a quelques jours que malgrĂ© les marches continuelles qu'a faites notre armĂ©e pendant cette dernière campagne, marches souvent promptes et imprĂ©vues, le pain de munition n'a jamais manquĂ© et a toujours Ă©tĂ© excellent. Ce mĂŞme M. de Bourgade a eu l'entreprise des subsistances de l'armĂ©e que M. le marĂ©chal de Belle-Isle commandait en Provence. Il suivait M. de Belle-Isle Ă  une promenade sur les confis de la Savoie ; M. de Belle-Isle qui avait alors quelques projets d'opĂ©rations du cĂ´tĂ© de Mont-Dauphin, place sur la Durance, fortifiĂ©e par Louis XIV en 1694, demanda Ă  M. de Bourgade s'il avait Ă©tabli quelques magasins dans cette place ; il lui dit qu'il n'en avait point. Il se passa plusieurs mois sans qu'il fĂ»t question de rien. M. de Belle-Isle Ă©tant revenu Ă  la fin de fĂ©vrier, on dĂ©termina les opĂ©rations de la campagne ; en consĂ©quence il dit Ă  M. de Bourgade qu'il lui faudrait 20 000 sacs de farine Ă  Mont-Dauphin pour le 1er juin ; M. de Bourgade lui rĂ©pondit que s'il n'y avait que cet obstacle Ă  ses opĂ©rations, qu'il pouvait les commencer quand il voudrait et qu'il trouverait tout ce qu'il dĂ©sirait. M. de Belle-Isle lui demanda comment cela Ă©tait possible d'autant plus qu'il n'y avait pas assez grand nombre de mulets dans ce pays-lĂ  pour faire transporter promptement un si grand nombre de sacs, et que d'ailleurs ces mulets Ă©taient trop petits pour pouvoir porter plus d'un sac. M. de Bourgade convint de tous ces faits et ajouta qu'il avait pris ses prĂ©cautions ; qu'il avait dĂ©jĂ  envoyĂ© Ă  Mont-Dauphin 12 000 sacs. "Et si le roi n'en avait pas eu besoin, lui dit M. de Belle-Isle, comment auriez-vous fait ? – J'aurais perdu 50 000 Ă©cus, lui dit M. de Bourgade, et il valait mieux que je les perdisse que de laisser manquer l'armĂ©e du roi de ce qu'elle pouvait avoir besoin." On ne saurait trop louer de pareils sentiments. Â» (MĂ©moires du duc de Luynes, tome XVI, p. 406-407)
  6. « Le Duverney s'avance : / Pour tout ce monde-lĂ  / S'il faut la subsistance / Bourgade y pourvoira. Â» (Chansonnier historique du XVIIIe siècle, Recueil de Clairambault-Maurepas, tome IV du règne de Louis XV, p. 17 : Les NoĂ«ls)
  7. En 1767, le roi, dĂ©sireux de favoriser le mariage de son protĂ©gĂ©, le baron de Talleyrand, avec Mlle de Montigny, nièce de Marquet de Bourgade, fit Ă©crire Ă  ce dernier par Choiseul que puisqu'il Ă©tait disposĂ© Ă  donner 100 000 livres Ă  sa nièce et Ă  lui assurer en plus 10 000 livres de rente, le roi acceptait de doter le baron de Talleyrand, qui Ă©tait sans fortune, de 100 000 livres ; Choiseul ajoutait : « Vous devez en ĂŞtre d'autant plus flattĂ© que n'ayant pas perdu de vue les bons services que vous lui avez rendus dans l'administration des vivres des armĂ©es, Sa MajestĂ© a profitĂ© de cette circonstance pour vous renouveler les assurances de sa protection particulière. Â» Comme Marquet avait demandĂ© au Roi d'ĂŞtre nommĂ© fermier des postes, Louis XV ajouta de sa main au bas de la lettre : « Je donnerai mes ordres afin que la place de fermier des postes soit assurĂ©e Ă  M. de Bourgade que j'honore de ma protection. Â» (BN, Manuscrits, Fonds français, no 8019) Le mariage eut lieu en avril 1769 mais Louis XV mourut sans avoir honorĂ© sa promesse.
  8. On lit dans les MĂ©moires secrets de Bachaumont Ă  la date du 7 juin 1781 : « Ce qui surprend un peu les regrets des Parisiens, c'est l'idĂ©e oĂą ils sont que ne pouvant se passer de Necker, il est toujours derrière le rideau et que M. de Fleury a la complaisance d'ĂŞtre son agent […] Comme M. de Fleury, Ă  ce qu'on assure, a demandĂ© pour adjoint le sieur Marquet de Bourgade, grand trĂ©sorier, estimĂ© du directeur gĂ©nĂ©ral des finances (Necker), on se confirme dans cette opinion […] Ceux qui connaissent le caractère du conseiller d'État (Joly de Fleury) et celui du Genevois (Necker), n'en croient rien : mais en mĂŞme temps ils regardent le premier comme assez fin pour accrĂ©diter cette opinion et l'avoir rĂ©pandue. Â» (tome XVII, p. 238) Le lendemain : « Ce n'est pas comme adjoint que M. de Fleury a demandĂ© M. de Bourgade, mais pour en faire un directeur du TrĂ©sor royal, Ă  l'instar de M. Necker du temps de M. Taboureau, avec la diffĂ©rence que M. de Bourgade sera totalement sous les ordres du nouveau ministre des finances et ne travaillera qu'avec lui. – On croit que l'objet de M. de Fleury est de confier Ă  ce collaborateur la suite des opĂ©rations des finances entreprises par le directeur gĂ©nĂ©ral. Â» (tome XVII, p. 241)
  9. Le contrĂ´leur gĂ©nĂ©ral obligea la Caisse d'escompte Ă  verser 6 millions au TrĂ©sor tout en l'autorisant Ă  suspendre le paiement en argent des billets au-dessus de 300 livres. On lit Ă  ce propos dans les MĂ©moires secrets : « Dans Les idĂ©es d'un Suisse, on donne Ă  entendre que le discrĂ©dit de la Caisse d'escompte est le rĂ©sultat d'une intrigue de Cour pour supplanter M. le contrĂ´leur gĂ©nĂ©ral (d'Ormesson) et mĂŞme M. de Vergennes, comme prĂ©sident du Conseil des finances. On insinue qu'elle a Ă©tĂ© accordĂ©e par le marquis de Castries, ministre de la marine, pour se dĂ©barrasser des poursuites de M. d'Ormesson qui le presse sur le compte Ă  rendre, au ComitĂ© des finances, de sa gestion. On y croit que le ministre de la guerre s'est rĂ©uni Ă  celui-lĂ  et que tous deux avaient Ă©tĂ© poussĂ©s par M. Necker qui enrage de sa nullitĂ© […] Les manĹ“uvres de cette cabale sont dĂ©veloppĂ©es d'une façon assez vraisemblable ; et la retraite de M. de Bourgade qui vient d'arriver, et aussi prĂ©vue dans la brochure, pourrait donner quelque confiance en l'auteur. Â» (MĂ©moires secrets, tome XXIII, p. 273)
  10. Une quinzaine de forts volumes in-quarto au Fonds français de la Bibliothèque nationale de France cotes n°s 8007 à 8017 (V. le détail sous Georges Hartmann, Op. cit., p. 18 note 1)
  11. Almanach de Paris, 1782
  12. Le marquis d'Argenson note dans ses MĂ©moires Ă  la date du 20 octobre 1749 : « Le roi a promis la première place de receveur gĂ©nĂ©ral au petit Marquet pour consoler Duvernay. La marquise de Pompadour s'y donne de grands mouvements et le roi s'en occupe fort. Â» (tome VI, p. 34)
  13. nomination en date du .

Sources

  • Georges Hartmann, L'HĂ´tel, rue d'Anjou, oĂą mourut La Fayette, Extrait du Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique des VIIIe et XVIIe arrondissements, Paris, Librairie ancienne Édouard Champion, 1921
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