FĂȘte des allumoirs
La fĂȘte des allumoirs est une fĂȘte cĂ©lĂ©brĂ©e dans les villes textiles du Nord de la France. HĂ©ritiĂšre des fĂȘtes liĂ©es aux Ă©quinoxes, elle marque le retour des soirĂ©es oĂč, au XIXe siĂšcle, le travail des tisserands s'effectuait Ă la lumiĂšre de la lampe.
Histoire
Au XIXe siĂšcle, dans les villes du Nord de la France oĂč s'exerçait l'industrie textile, la fĂȘte des allumoirs marquait le dĂ©but de l'automne et le retour des soirĂ©es oĂč le travail des tisserands s'effectue Ă la lumiĂšre de la lampe. En Ă©tĂ©, l'activitĂ© s'arrĂȘtait Ă la tombĂ©e de la nuit[1].
Alexandre Desrousseaux, dans son ouvrage MĆurs populaires de la Flandre française fait une des toutes premiĂšres descriptions des fĂȘtes des allumoirs : « Autrefois, la fĂȘte des allumoirs durait trois ou quatre jours et donnait lieu Ă des rĂ©jouissances publiques et privĂ©es. Aujourd'hui la plupart des Ă©tablissements industriels chĂŽment Ă partir de midi, les ouvriers se divertissent, suivant un vieil usage, se rĂ©galant dans les cabarets de portions de saucisses accommodĂ©es aux pommes de terre ou aux haricots et qu'on appelle pirreux en patois, pierrots en francisant[2]. »
Le dernier lundi de septembre, en clĂŽture des journĂ©es de rĂ©jouissance, les enfants parcouraient les rues portant un allumoir, une lanterne fabriquĂ© Ă l'aide d'un pot en terre cuite ou creusĂ©e dans une betterave ou citrouille dans laquelle Ă©taient dĂ©posĂ©es des braises[3] saupoudrĂ©es de grains dâencens. Pendant le cortĂšge, animĂ© par un groupe musical composĂ© de fifres et de tambours, les enfants balançaient leur lanterne Ă la maniĂšre dâun encensoir[4] Ă la fois pour entretenir le feu et pour parfumer leur passage.
Dans la plupart des cortÚges, on entend la chanson : « Viv' les allumoirs, ma mÚre, viv' les allumoirs. On les allume quand il fait noir, viv' les allumoirs ! », composée par le poÚte patoissant roubaisien Charles Bodart-Timal[4].
Cette fĂȘte populaire est une hĂ©ritiĂšre des festivitĂ©s des lumiĂšres, ces rites paĂŻens liĂ©s au Ă©quinoxes observĂ©s dans toute lâEurope bien avant le Moyen Ăge[2]. Des dĂ©filĂ©s existaient peut-ĂȘtre avant lâessor de lâindustrie textile Ă Roubaix et Tourcoing, mĂȘme si on nâen trouve nulle trace[4].
La fĂȘte est toujours bien vivante dans les villes de Roubaix, Tourcoing, Wattrelos, mais Ă©galement Ă Lys-lez-Lannoy, Halluin, Neuville en Ferrain et Ă Mouscron[5], en Belgique. Les lanternes vĂ©nitiennes ont remplacĂ© betteraves et citrouilles et les enfants, influencĂ©s par la fĂȘte d'Halloween, se promĂšnent dĂ©guisĂ©s et accompagnĂ©s par des adultes[6].
Notes et références
- Isabelle Conynck, « L'industrie textile a disparu, mais la flamme des allumoirs ne s'Ă©teint pas », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- DorothĂ©e Ris, « Les allumoirs, une vieille histoire », l'Avenir - Le Courrier de Mouscron,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « De la fĂȘte des Allumoirs Ă Halloween, la tradition au centre des festivitĂ©s », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Youenn Martin et AngĂ©lique Da Silva-Dubuis, « Allumoirs : une tradition perdue dans la nuit des temps », Nord-Ăclair,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- AndrĂ© Losfeld, « Mouscron : le fĂȘte des Hurlus », Hainaut tourisme, no 190,â , p. 153.
- « Les allumoirs une tradition nordiste liĂ©e Ă notre-passĂ© textile », La Voix du Nord,â (lire en ligne, consultĂ© le )
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Bernard Coussée (photogr. Jean-Pierre Filatriau), Halloween : Saint-Martin, guénels et allumoirs, La Voix Du Nord, , 80 p. (ISBN 978-2-84393-069-0)
- Alexandre Desrousseaux, MĆurs populaires de la Flandre française, La DĂ©couverte, coll. « l'Amateur averti », (1re Ă©d. 1889) (ISBN 978-2-84265-088-9)