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FĂ©lix-Joseph Barrias

Félix-Joseph Barrias, né le à Paris où il est mort dans le 9e arrondissement le [1], est un peintre et illustrateur français.

FĂ©lix-Joseph Barrias
Portrait de FĂ©lix-Joseph Barrias, Smithsonian Institution, Washington.
Autres informations
Maître
Genre artistique
Distinctions
Ĺ’uvres principales
Chimère (d), Grotesque (d), Grotesque (d)
Tombe de F.-J. Barrias au cimetière de Passy (Paris).

Biographie

Félix-Joseph Barrias est le fils du peintre homonyme Félix-Joseph Barrias (mort à Paris en 1875), peintre sur porcelaine, et le frère du sculpteur Louis-Ernest Barrias. Il étudie à l'École des beaux-arts de Paris où il suit l'enseignement de Léon Cogniet. Il présente plusieurs portraits au Salon de 1840, mais la critique l'ignore. Il s'oriente alors vers la peinture d'histoire et les sujets religieux.

Il fraternise avec le peintre Eugène-Ernest Hillemacher qu'il rencontre dans l'atelier de Léon Coignet. Ils postulent ensemble plusieurs fois pour le Prix de Rome. Barrias est reçu en 1844 et Hillemacher moins chanceux l'accompagne sur ses propres deniers. En 1846, Barrias peint le portrait de son ami, la tradition de le Villa Médicis voulant que les élèves se portraiturent entre eux[2].

En 1844, il est enfin reconnu et remporte le prix de Rome pour son Cincinnatus recevant les ambassadeurs au sénat. Il est pensionné par la villa Médicis et séjourne à Rome de 1845 à 1849.

Il remporte une médaille de 3e classe au Salon de 1845 pour Sappho et une médaille de 1re classe au Salon de 1851 pour Les Exilés de Tibère[3]. Il remporte une médaille de 2e classe à l'occasion de l'Exposition universelle de 1855 pour Le Jubilé de 1300, et obtient une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris de 1889. Il est promu au grade d'officier de la Légion d'honneur en 1897.

On peut remarquer ses peintures pour le salon ouest du foyer de l'opéra de Paris au palais Garnier. Dans les lunettes latérales y sont représentées La Musique champêtre et La Musique amoureuse, et dans la lunette centrale et la voûte, La Musique dramatique et La Glorification de l’Harmonie, elles sont réalisées entre 1866 et 1874. L'église de la Trinité de Paris conserve deux toiles marouflées, de grand format, dans la chapelle de sainte Geneviève: La Foule priant sainte Geneviève et Sainte Geneviève distribuant des vivres aux habitants de Paris pendant le siège de Paris (1875-1877).

Élèves

Barrias forme de nombreux élèves dans son atelier privé, parmi lesquels on compte :

Ĺ’uvres dans les collections publiques

Peinture

Peinture décorative dans les églises

  • La chapelle de la Vierge de l'Ă©glise Notre-Dame de Clignancourt Ă  Paris est ornĂ©e de peintures de FĂ©lix-Joseph Barrias, reprĂ©sentant cinq scènes de la vie de la vierge: L'annonciation, La visitation, La glorification de Marie, Le calvaire et L'assomption[9]
  • Sainte Geneviève distribuant des vivres, Ă©glise de la Sainte-TrinitĂ©, Paris[10]
  • La Foule priant devant le tombeau de sainte Geneviève, Ă©glise de la Sainte-TrinitĂ©, Paris[10]

Monuments publics

Illustrations

La Mort d'Ophélie, illustration d'après Barrias pour les Œuvres complètes de Shakespeare, Librairie de la Sorbonne, 1856.

Barrias réalise conjointement avec A. Belin un ensemble de gravures sur bois[14] pour cette édition en quatre volumes publiée par la Librairie théâtrale. Ces compositions seront gravées par Léopold-Joseph Deghouy. Les illustrations de cette œuvre complète ont pour originalité de figurer sur le centre de la page, et sont encadrées de tous côtés par le texte. Ces illustrations ont en effet été réalisées selon la technique de la gravure sur bois de bout, procédé introduit en France au début du XIXe siècle, parallèlement à l’essor de l’édition romantique. Cette innovation présentait l’avantage d’imprimer l’image en même temps que les caractères typographiques, permettant un gain de temps et d’argent considérable.

Barrias reprend ainsi les codes de la vignette romantique dans ses illustrations : le texte et l’image se partagent l’espace de la page, et les dĂ©limitations de ses vignettes adoptent un aspect Ă©vanescent et instable, les contours Ă©mergeant tels un songe ou une apparition sur le papier[15]. L’artiste se dĂ©marque par une ligne Ă©purĂ©e et des traits simplifiĂ©s, un dessin stylisĂ© rappelant les gravures de Tony Johannot.

  • Ĺ’uvres complètes d'Horace (Quinti Horati Flacci Opera), 1855[16].

Cette édition parue chez Ambroise-Firmin Didot est illustrée d'un titre gravé, d'un frontispice et de onze bandeaux gravés par Étienne Huyot d'après les dessins de Félix-Joseph Barrias.

  • Ĺ’uvres complètes de Shakespeare, 1856[17].

L'édition, publiée par la Librairie de la Sorbonne, parait en deux volumes, et sera rééditée en 1875. Les dessins de Barrias seront de nouveau gravés sur bois de bout par Léopold-Joseph Deghouy. Cette œuvre complète est ornée de 218 images. Le grand nombre d’illustrations figurant dans cette édition témoigne ainsi de la prolifération de l’image dans le livre à l’issue du XIXe siècle. Il s’agit de la première œuvre complète de Shakespeare intégralement illustrée d’après un artiste français.

Afin de rĂ©aliser ces illustrations, Barrias s’est nourri de l’iconographie shakespearienne qui s’est construite en France comme en Angleterre dès la fin du XVIIIe siècle. Certaines gravures puisent par exemple leur inspiration dans les Ĺ“uvres de la Boydell Shakespeare Gallery, projet du graveur et illustrateur John Boydell, qui entreprit Ă  la fin du XVIIIe siècle d'ouvrir une galerie d’exposition regroupant des Ĺ“uvres d’artistes britanniques illustrant le théâtre de Shakespeare. La plupart de ces Ĺ“uvres furent gravĂ©es pour une grande Ă©dition illustrĂ©e lancĂ©e encore une fois sous l’initiative de Boydell. C’est ainsi que les illustrations de Barrias ont Ă©tĂ© marquĂ©es par le modèle anglais, et notamment par celui, Ă©minemment fameux, de la Boydell Shakespeare Gallery. La gravure de Barrias reprĂ©sentant la mort de RomĂ©o et Juliette dans le caveau des Capulet, est par exemple très largement inspirĂ©e du tableau de James Northcote, A monument belonging to the Capulets en 1789 (notice de l'Ĺ“uvre). On y retrouve le mĂŞme cadre ovale dĂ©limitĂ© par la voĂ»te de la crypte. Dans les deux cas, les corps inanimĂ©s de RomĂ©o et du comte Pâris reposent sur le premier plan, tandis le gisant surmontant le tombeau de Tybalt domine l’ensemble de la scène. Mais au lieu de mettre en scène, Ă  l’instar de Northcote, l’arrivĂ©e de frère Laurent, Barrias prend le parti de focaliser son attention sur le dernier moment d’intimitĂ© du couple, Juliette Ă©changeant un ultime baiser avec RomĂ©o. Il se rapproche en cela de la version picturale d’un artiste français, Louis-Charles-Auguste Couder, qui en 1822 prĂ©sente au Salon le mĂŞme sujet, centrĂ© sur RomĂ©o expirant dans les bras de Juliette. De la mĂŞme manière, l’illustration de Barrias pour Le roi Lear, doit beaucoup Ă  l’œuvre de Benjamin West, King Lear in the storm, rĂ©alisĂ©e en 1793 (notice de l'Ĺ“uvre). Si l’environnement n’est absolument pas similaire, FĂ©lix-Joseph Barrias conserve la mĂŞme position très théâtrale pour reprĂ©senter le roi Lear : le bras droit levĂ© vers le ciel, et le bras gauche repliĂ© sur le cĹ“ur. Le personnage du bouffon, quant Ă  lui, conserve la mĂŞme attitude de repli sur soi que dans la version de West, les jambes ployĂ©es et les sourcils froncĂ©s. Un autre exemple de l’influence des artistes de la Boydell Shakespeare Gallery sur l’édition illustrĂ©e par Barrias, figure dans l’illustration de la pièce Richard III. Barrias prend en effet le parti de reprĂ©senter le meurtre des enfants d’Edouard IV, prenant ainsi vraisemblablement pour modèle une Ĺ“uvre de James Northcote, The murder of the princes in the tower rĂ©alisĂ©e en 1805(notice de l'Ĺ“uvre). On y retrouve en effet la mĂŞme posture enlacĂ©e des deux princes assoupis, alors que les deux autres figures prĂ©sentes sur scène, celles des bourreaux, se penchent au-dessus du lit et font peser leur ombre menaçante sur leurs innocentes victimes vouĂ©es Ă  la mort. Enfin, la composition de Barrias pour illustrer la pièce Jules CĂ©sar Ă©voque sans conteste l’œuvre de Richard Westall, Brutus and the ghost of Cesar , rĂ©alisĂ©e en 1802 (notice de l'Ĺ“uvre). Dans les deux cas, le fantĂ´me de CĂ©sar apparaĂ®t dans la tente de Brutus, en pointant un doigt accusateur sur son meurtrier. Assis sur la droite, Brutus se retourne pour contempler cette vision spectrale. Mais lĂ  oĂą Richard Westall traduit avec force le sentiment de surprise et de terreur de Brutus en le reprĂ©sentant les cheveux dressĂ©s sur la tĂŞte, les doigts crispĂ©s, les bras tendus, la version de FĂ©lix Barrias retranscrit avec moins d’intensitĂ© la violente Ă©motion dont Brutus est l’objet Ă  ce stade de l’intrigue : les sourcils sont froncĂ©s, mais le corps est dĂ©tendu, et les traits du visages ne traduisent aucunement la surprise. 

Barrias s’inspire Ă©galement d’artistes français, puisque l’on trouve dans ses illustrations d’Hamlet un grand nombre de points communs avec une sĂ©rie de treize lithographies rĂ©alisĂ©es en 1843 par Eugène Delacroix[18]. La mort d’OphĂ©lie, ou encore la scène au cimetière avec Hamlet et Horacio illustrĂ©es par Delacroix, prĂ©sentent par exemple d’évidentes similitudes avec les compositions de Barrias, qu’il s’agisse de la gestuelle des personnages, de leurs costumes, ou de leur emplacement dans l’image. 

Félix-Joseph Barrias réalise pour cet ouvrage publié chez Alfred Mame et fils un ensemble de vingt-trois sujets et un portraits, qui seront gravés à l'eau-forte par Valentin Foulquier.

  • Illustrations d'après Barrias pour les Ĺ’uvres complètes de Shakespeare, Librairie de la Sorbonne, 1856
  • RomĂ©o expirant dans les bras de Juliette.
    Roméo expirant dans les bras de Juliette.
  • Le roi Lear dans la tempĂŞte.
    Le roi Lear dans la tempĂŞte.
  • Le meurtre des jeunes princes.
    Le meurtre des jeunes princes.
  • Le spectre de Jules CĂ©sar apparaissant Ă  Brutus.
    Le spectre de Jules CĂ©sar apparaissant Ă  Brutus.
  • Hamlet et Horacio au cimetière.
    Hamlet et Horacio au cimetière.

Notes et références

  1. Archives de Paris, acte de décès n°96 dressé le 25/01/1907, vue 13 / 31
  2. Notice sur le portrait de Hillemacher par Barrias sur le site Lanouvelleathenes.fr.
  3. Notice de l'œuvre sur le site du musée d'Orsay.
  4. Notice sur la base Cat'Zarts
  5. Notice sur la base Cat'Zarts
  6. Notice sur la base Cat'Zarts
  7. (en)Notice sur bridgemanart.com
  8. (pl)Notice sur kalejdoskop-chopin.pl
  9. patrimoine-histoire.fr
  10. patrimoine-histoire.fr
  11. Insecula
  12. Insecula
  13. Notice sur le catalogue Gallica
  14. Sur les vignettes sur bois, voir Champfleury, Les vignettes romantiques, 1825-1840, Histoire de la littérature et de l’art, suivi d'un catalogue complet des romans, drames, poésies ornés de vignettes, de 1825 à 1840, Paris, E. Dentu, 1883.
  15. Sur la forme de la vignette romantique, voir Henri Zerner et Charles Rosen : Romantism and realism. The Mythology of the Nineteenth-Century Art, p. 81. Cette étude est un essai revu et corrigé, publié à l’origine dans la New-York Review of books en 1976.
  16. Notice sur le catalogue de la BNF
  17. Notice sur le catalogue de la BNF
  18. Les lithographies sont répertoriées sur le site Shakespeare illustrated
  19. Notice sur le catalogue Gallica

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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