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Exposition (ethnologie)

L’exposition est l'abandon d'un nouveau-né, dans un endroit où il pourra être recueilli ou à la merci des forces naturelles : froid ou soleil, cours d'eau, animaux sauvages.

Abandon de MoĂŻse, partit sur le Nil dans un panier de roseaux. Gravure de Bernhard Rode, ca. 1775.

Dans le second cas et selon les cultures, il arrive que le nouveau-né soit récupéré s’il survit un certain temps. Le sacrifice évolue dans ce cas vers une ordalie, la survie étant le signe d’une pureté, alors que la mort est la confirmation d’une faute (le plus souvent de la mère).

Dans l'Antiquité, sont exposés les enfants qui apparaissent les plus fragiles, ce qui est une forme d'eugénisme, ou bien les enfants non désirés ou les enfants d'esclaves, ce qui constitue une forme archaïque de contrôle des naissances. C'est notamment le cas dans la société grecque antique, ce qui participe dans certaines cités, notamment Athènes ou Milet, à la création d'un déficit démographique de femmes. Toutefois, ces disparités démographiques restent difficiles à observer, faute de sources suffisantes dans l’ensemble de l’espace grec[1].

Il arrive également que le nouveau-né soit récupéré par un individu charitable de la communauté ou une institution charitable prévue ou non à cet effet. Mais le plus souvent les enfants exposés survivants sont réduits en esclavage[1].

Le passage heureux par un risque d'exposition est un signe de bon augure. De nombreux héros sont issus d’une exposition, les plus célèbres étant Moïse, Romulus et Rémus, Œdipe, Pâris ou encore Daphnis et Chloé, héros du roman de Longus.

La pratique de l'exposition des enfants handicapés

Dans la Grèce antique le handicap repose sur des particularitĂ©s physiques ou mentales. Les Grecs perçoivent le handicap d'un nouveau-nĂ© relevant d’une punition Ă©lective divine, une malĂ©diction qui peut toucher l’ensemble des acteurs et l’organisation de la citĂ©. Ainsi, les enfants porteurs de handicap sont eux aussi exposĂ©s et soumis Ă  ce processus d’exclusion de la vie civile, politique et religieuse de la citĂ©. Ces derniers sont laissĂ©s seuls et meurent dans l’indiffĂ©rence. Principalement, c’est le père, qui prend la dĂ©cision d'exposer le nouveau-nĂ©. NĂ©anmoins, cette posture du père ne s’applique pas Ă  toutes les citĂ©s du monde grec. Ă€ titre d’exemple, l’exposition Ă  Sparte est dĂ©cidĂ©e par le conseil des Anciens. Ces derniers statuent sur le sort de l’enfant auprès des sages femmes. Le nouveau-nĂ© en situation de handicap est vu comme un fardeau Ă©conomique par sa famille. Du point de vue de la citĂ© celui-ci de par sa condition n’est pas en mesure de contribuer positivement Ă  la vie sociale dans la citĂ©.  

Des exemples d'exceptions

Dans le cours de l’histoire du monde grec certaines trajectoires de personnages en situation de handicap échappent à cette invisibilité via cette pratique de l’exposition. Par exemple, Agésilas II, roi de Sparte entre – 398 et - 360 souffre de claudication sans doute depuis sa naissance. Celui-ci a été intégré socialement au processus éducatif et civique spartiate. Il participe aux combats militaires. De fait, son courage et sa bravoure viennent prendre le pas sur son handicap dans l’esprit des habitants de Sparte. Son handicap est toléré puisqu’Agésilas II a prouvé sa valeur aux yeux de la cité. Son accession au pouvoir en –398 démontre que des exceptions existent dans le monde grec.

Philippe ArrhidĂ©e, est lui aussi un exemple d’individu en situation de handicap non soumis Ă  la pratique de l’exposition. Celui-ci sans doute Ă©pileptique et jugĂ© inapte Ă  gouverner va pourtant connaitre une tout autre trajectoire. Effectivement, Ă  la mort d’Alexandre le Grand en –323 Philippe ArrhidĂ©e soutenu par l’armĂ©e macĂ©donienne est reconnu comme successeur lĂ©gitime d’Alexandre le Grand. Il prit alors le titre de Philippe III lors des accords de Babylone. Dans cet exemple, son handicap est supplantĂ© Ă  sa lĂ©gitimitĂ© politique en raison de sa filiation dynastique avec son père Philippe II de MacĂ©doine aux yeux de l’assemblĂ©e des MacĂ©doniens.  

Références

  1. Pierre Brûlé, « L’exposition des enfants en Grèce antique : une forme d’infanticide », Enfances & Psy,‎ , p. 19 - 28 (lire en ligne)

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • Jeannine BoĂ«ldieu-Trevet, « Des nouveau-nĂ©s malformĂ©s et un roi boiteux : histoires Spartiates », Pallas, 106 | 2018, 213-228.
  • Jean-Baptiste Bonnard, « L’exposition des nouveau-nĂ©s handicapĂ©s dans le monde grec, entre rĂ©alitĂ©s et mythes : un point sur la question », Pallas, 106 | 2018, 229-240.
  • Pierre BrĂ»lĂ©, « L’exposition des enfants en Grèce antique : une forme d’infanticide », Enfances & Psy,‎ , p. 19 - 28 (lire en ligne)
  • Pierre BrulĂ©, « Infanticide et abandon d'enfants. Pratiques grecques et comparaisons anthropologiques », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 18, no 2,‎ , p. 53–90 (ISSN 0755-7256, DOI 10.3406/dha.1992.2016, lire en ligne, consultĂ© le )
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