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Philippe III (roi de MacĂ©doine)

Philippe III ArrhidĂ©e (en grec ancien : ΊίλÎčÏ€Ï€ÎżÏ‚ ገρρÎčÎŽÎ±áż–ÎżÏ‚ / Philippos Arrhidaios), nĂ© entre 359 et 352 avant J.-C., mort assassinĂ© le , est un roi MacĂ©doine de la dynastie des ArgĂ©ades qui rĂšgne de 323 Ă  317.

Philippe III
Illustration.
StatĂšre de Philippe III
Titre
Roi de Macédoine
–
Prédécesseur Alexandre III
Successeur Alexandre IV
Pharaon d'Égypte
–
Prédécesseur Alexandre III
Successeur Alexandre IV
Roi de Perse
–
Prédécesseur Alexandre le Grand
Successeur Alexandre IV
Roi d'Asie
–
Prédécesseur Alexandre le Grand
Successeur Alexandre IV
Biographie
Dynastie Argéades
Nom de naissance Arrhidée
Date de naissance 359 / 352 avant notre Ăšre
Date de décÚs
Lieu de décÚs Macédoine
Nature du décÚs Assassiné
PĂšre Philippe II
MĂšre Philinna
Fratrie Caranos
Cynané
Alexandre
Cléopùtre
Thessaloniké
Europa
Conjoint Eurydice
Religion Religion grecque antique
RĂ©sidence Pella

RĂ©putĂ© dĂ©ficient mental, il est le demi-frĂšre d'Alexandre le Grand, et rĂšgne conjointement sur la MacĂ©doine avec Alexandre IV, de juin 323 jusqu'Ă  son exĂ©cution sur ordre d'Olympias. Il est pharaon d'Égypte, roi de Perse et roi d'Asie.

Biographie

Sous Philippe et Alexandre

PrĂ©nommĂ© ArrhidĂ©e, il est le fils de Philippe II et de la thessalienne Philinna, une des ses Ă©pouses les moins connues. Il est frappĂ© d'une dĂ©ficience mentale qui l'Ă©carte trĂšs tĂŽt de la succession royale. Pour certaines sources, c'est un poison donnĂ© par Olympias qui serait responsable de cet Ă©tat. Il est peut-ĂȘtre simplement Ă©pileptique. Il a approximativement le mĂȘme Ăąge que son demi-frĂšre Alexandre le Grand. Le fait qu’il soit plus jeune ou plus ĂągĂ© que ce dernier est incertain aujourd'hui.

AprÚs l'assassinat de Philippe II, en 336, il est épargné par Alexandre. Il accompagne celui-ci en Asie et le seconde dans certaines circonstances, illustrant son statut de membre à part entiÚre de la famille royale.

ProblĂšme de succession

Peu aprĂšs que Philippe II ait atteint la domination de la pĂ©ninsule grecque en 338 avant J.-C., un incident est survenu indiquant que la position d'Alexandre en tant qu'hĂ©ritier n’était plus assurĂ©e. Attale, le tuteur de la derniĂšre Ă©pouse de Philippe II, rejette la lĂ©gitimitĂ© d'Alexandre en tant qu'hĂ©ritier, sans que Philippe ne rĂ©agisse publiquement. AprĂšs cette querelle publique Alexandre et sa mĂšre se sont exilĂ©s en Épire.

Une autre querelle relative Ă  un projet d’alliance s'ensuit[1]. Plutarque rapporte en effet qu'Alexandre est inquiet que Philippe prĂ©voit de marier ArrhidĂ©e Ă  la fille de Pixodaros, le satrape de Carie, qu'il aurait dĂ©cidĂ© de se substituer en tant que futur mariĂ©[2]. L'intervention d’Alexandre dans l'alliance matrimoniale est un Ă©chec un dĂ©sastre : Pixodaros ne choisit aucun gendre royal macĂ©donien et Philippe dĂ©cide d'envoyer en exil plusieurs fidĂšles d'Alexandre, dont PtolĂ©mĂ©e. Selon Plutarque, la rĂ©ponse d'Alexandre au mariage projetĂ© signifie qu'il considĂšre son frĂšre comme une menace possible pour sa propre accession[2].

Roi de Macédoine

À la mort d'Alexandre en juin 323, ArrhidĂ©e est proclamĂ© roi, avec le fils in utero de Roxane (le futur Alexandre IV) par la phalange macĂ©donienne rĂ©unie sous l'impulsion de MĂ©lĂ©agre en AssemblĂ©e[3]. Il prend le nom de Philippe en hommage Ă  son pĂšre. Le conseil de succession est contraint d'accepter cette dĂ©cision tout en le plaçant sous la tutelle (prostasie) de CratĂšre, l'un des fidĂšles d'Alexandre. Il accompagne Perdiccas dans une sĂ©rie de campagnes en 322, dont celles contre Ariarathe de Cappadoce et PtolĂ©mĂ©e.

En 321, il Ă©pouse une petite-fille de Philippe II, Eurydice, de son nom originel Adea, la fille de CynanĂ© et d'Amyntas IV le fils de Perdiccas III, nĂ©e vers 336 et donc ĂągĂ©e seulement de quinze ans, malgrĂ© l'opposition de Perdiccas qui ordonne Ă  son frĂšre Alcetas de tuer CynanĂ©, en route pour le mariage de sa fille[4]. L'armĂ©e macĂ©donienne, scandalisĂ©e par l'assassinat de la fille de Philippe II, se mutine et fait accepter le mariage voulu par CynanĂ©. C'est probablement cette mĂȘme assemblĂ©e qui renomme AdĂ©a du nom de la mĂšre de Philippe II, Eurydice.

Fin de Philippe III

Eurydice semble avoir demandĂ© Ă  l'AssemblĂ©e des MacĂ©doniens d'ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la porte-parole de son Ă©poux, et donc la reprĂ©sentante du roi, en lieu et place des Diadoques. Elle joue dĂšs lors, malgrĂ© sa jeunesse, un rĂŽle important dans la guerre civile qui secoue la MacĂ©doine.

En 317, Eurydice profite de l'absence de Polyperchon en lutte avec Cassandre, pour s'entendre avec le parti de ce dernier, et prendre le pouvoir en MacĂ©doine. Au nom de Philippe III, elle ordonne Ă  Polyperchon et Antigone le Borgne, de placer leurs armĂ©es sous le commandement de Cassandre, auquel est confiĂ© l'administration du royaume. Apprenant la supercherie, Olympias marche sur la MacĂ©doine. Son armĂ©e rencontre celle de Philippe III et d'Eurydice Ă  Euia, sur la frontiĂšre entre la MacĂ©doine et la Thessalie. Le prestige de la reine-mĂšre et le souvenir d'Alexandre l'emportent : les soldats de Philippe III se mutinent, le faisant prisonnier. Eurydice est elle aussi arrĂȘtĂ©e alors qu'elle fuit vers Amphipolis. En septembre 317, Olympias fait assassiner Philippe III et contraint Eurydice au suicide. Celle-ci fait alors exĂ©cuter 100 de leurs partisans, dont Nicanor, le frĂšre de Cassandre[5].

Un handicap remis en cause selon les sources

Les prĂ©jugĂ©s anciens et modernes sur la dĂ©ficience mentale de Philippe III conduisent Ă  une interprĂ©tation simpliste de son rĂŽle dans l’histoire politique de la fin du IVe siĂšcle av. J.-C.[1]. Il semble clair que les capacitĂ©s mentales de Philippe III ne sont pas optimales. Il est cependant capable d’accomplir des rituels avec prĂ©cision et avait une certaine capacitĂ© Ă  mĂ©moriser les dĂ©tails. Quinte-Curce pense qu'il est mĂȘme capable de parler en public bien que Plutarque semble nier cette hypothĂšse. Personnage assez passif, il laisse gĂ©nĂ©ralement son Ă©pouse ou ses gĂ©nĂ©raux agir et parler en son nom[1]. Le traitement par Quinte-Curce du rĂŽle de Philippe III diffĂšre de celui d’autres sources existantes : il ne mentionne Ă  aucun moment son handicap mental et alors que les autres sources le dĂ©crivent comme un pantin entre les mains de MĂ©lĂ©agre, et plus tard de Perdiccas. Le rĂ©cit de Quinte-Curce dĂ©peint Philippe III comme un acteur occasionnel dans les Ă©vĂ©nements, comme une sorte de figurant diplomatique[1]. Selon Quinte-Curce, Philippe III a revĂȘtu les vĂȘtements royaux de son frĂšre et tentĂ© d'effectuer une rĂ©conciliation entre l'infanterie et la cavalerie peu avant les accords de Babylone. Il semble dĂ©terminĂ© Ă  maintenir la paix au sein de son armĂ©e. Quinte-Curce raconte Ă©galement que Philippe III a participĂ© Ă  un rituel de purification impliquant l'armĂ©e, dĂ©montrant ainsi une compĂ©tence de base en matiĂšre d’auto-prĂ©servation. Il aurait tentĂ© d'Ă©viter la complicitĂ© dans la tentative de meurtre de Perdiccas par MĂ©lĂ©agre et d’autre part dans l'Ă©limination de MĂ©lĂ©agre et ses partisans par Perdicca . L’image vĂ©hiculĂ©e de Philippe III est alors celle d’un homme faible et effrayĂ© qui se dĂ©mĂšne pour survivre. Il Ă©merge du rĂ©cit de Quinte-Curce comme quelqu'un de passif, ne voulant pas se risquer pour l'un ou pour l’autre de ses protecteurs, mais tout de mĂȘme comme un homme avec une comprĂ©hension de base de la rĂ©alitĂ©. Un homme assez sensĂ© pour douter de la fiabilitĂ© de MĂ©lĂ©agre et Ă  en juger par sa prudence Ă  approuver les actions de Perdiccas. Les cours de Philippe II et d'Alexandre ne sont pas des lieux sĂ»rs, et mĂȘme un homme d'intelligence limitĂ©e grandissant dans un environnement aussi violent pourrait bien avoir dĂ©veloppĂ© certaines compĂ©tences de survie[1].

Historiographie

Bien que dans son intĂ©gralitĂ© le rĂ©cit de Quinte-Curce ait autrefois Ă©tĂ© perçu dĂ©favorablement par les savants, les Ă©tudes les plus rĂ©centes tendent Ă  conclure que, bien qu'indĂ©niablement influencĂ© par l'expĂ©rience romaine, il reflĂšte Ă©galement sa comprĂ©hension des Ă©vĂ©nements liĂ©s Ă  la succession d'Alexandre le Grand, montrant une certaine prĂ©cision dans ses propos. En 1999, Paul McKechnie conteste les qualitĂ©s de Quinte-Curce en tant qu’historien, en remettant en cause le passage relatant les Ă©vĂ©nements aprĂšs la mort d'Alexandre[1]. Il fait valoir que le rĂ©cit des accords de Babylone n'est pas exact, car ce rĂ©cit est façonnĂ© par son parallĂšle implicite entre l’empire d’Alexandre et l'Empire romain. Étant donnĂ© que l'importance du rĂ©cit de Quinte-Curce dĂ©coule de la raretĂ© et de la briĂšvetĂ© des autres sources existantes, ses explications seraient loin d’ĂȘtre convaincantes, mais restent l’une des rares sources[1]. Paul Mckechnie suggĂšre qu’il faudrait considĂ©rer avec suspicion les incidents mentionnĂ©s par Quinte-Curce, bien que ses Ă©crits sur les actions de Philippe III semblent assez crĂ©dibles. En effet, mis Ă  part l'Ă©vitement par Quinte-Curce d'une rĂ©fĂ©rence directe au handicap mental de Philippe III, son rĂ©cit semble gĂ©nĂ©ralement comparable Ă  d'autres sources[1].

Controverse au sujet du tombeau de Philippe III

En 1977, des fouilles menĂ©es prĂšs de Vergina, dans le nord de la GrĂšce, ont permis de mettre au jour trois tombes macĂ©doniennes[6]. La tombe n°2 est une tombe royale, Ă  deux chambres richement dĂ©corĂ©es d'objets funĂ©raires, tels que des rĂ©cipients en argent, des armes en bronze et des Ă©quipements de bain, ainsi qu'un bouclier en or et en ivoire[7]. La chambre extĂ©rieure de la tombe contenait une boĂźte en or avec les os d'une femme, dans la vingtaine. La chambre intĂ©rieure contenait une boĂźte en or avec une couronne en or et les os d'un homme dans la quarantaine. Le professeur Manolis Andronikos, l'archĂ©ologue en chef du site, ainsi qu'un certain nombre d'autres archĂ©ologues, ont supposĂ© que la tombe n°2 contenait les restes de Philippe II et de sa derniĂšre Ă©pouse, ClĂ©opĂątre, en raison de la riche dĂ©coration de la tombe, de l'Ăąge des restes squelettiques, mais aussi par les dommages sur l'orbite droite du squelette masculin et son os de la cuisse, qui avait subi un traumatisme. En effet, Philippe II aurait perdu son Ɠil droit dans une bataille et aurait Ă©tĂ© blessĂ© Ă  une de ses jambes. Cependant, comme l'orbite de l'Ɠil droit manquait, quasiment en totalitĂ©, et que la blessure, n'Ă©tait pas, d'aprĂšs les sources, pas sur la bonne jambe, la supposition n’a ainsi pas pu ĂȘtre totalement validĂ©e. La poterie athĂ©nienne trouvĂ©e dans la tombe date du dernier quart du IVe siĂšcle au dĂ©but du IIIe siĂšcle av. J.-C., tandis que Philippe II est mort en 336. Les preuves architecturales concernant le toit voĂ»tĂ© et sa similitude avec les tombes lyciennes indiquent une date ultĂ©rieure, aprĂšs la conquĂȘte de l'Asie par Alexandre le Grand.

Des chercheurs estiment d'aprĂšs des Ă©tudes mĂ©dico-lĂ©gales menĂ©es en 2015 que Philippe II a Ă©tĂ© enterrĂ© dans la tombe n°1. Il a donc Ă©tĂ© ont proposĂ© que la tombe n°2 contient les restes de Philippe III et de sa Ă©pouse Eurydice, en raison de l'Ă©poque de leur mort, en 317, et notamment du fait que Philippe III est connu pour avoir reçu des honneurs lors de son enterrement. Dans la tombe n°2, les jambiĂšres qui, selon de nombreux archĂ©ologues, appartiennent Ă  Philippe II, pourraient Ă©galement appartenir Ă  Eurydice ou Ă  Alexandre, selon notamment Antonios Bartsiokas, l'un des principaux auteurs de l'Ă©tude de 2015[7]. Celui-ci identifie Philippe III comme l'occupant de la tombe n°1. Il explique qu'Eurydice est une guerriĂšre qui a combattu dans de nombreuses batailles et aurait pu avoir besoin de jambiĂšres. Il est Ă©galement possible qu'une partie de l'armure d'Alexandre ait pu ĂȘtre enterrĂ©e dans la tombe, car Philippe III porte les vĂȘtements de son frĂšre au moment d'accĂ©der au trĂŽne, bien qu'il n'ait pas combattu lui-mĂȘme dans des batailles. Un casque en fer martelĂ© Ă  la main trouvĂ© dans la tombe n°2 correspond Ă  la description par Plutarque du casque d'Alexandre.

Quoi qu'il en soit, les études actuelles ne peuvent pas déterminer clairement à qui de Philippe II ou de Philippe III les tombes appartiennent[7].

Titulature en tant que Pharaon d'Égypte

Représentations

  • TĂ©tradrachme de Philippe III Ă  l'effigie d'HĂ©raclĂšs.
    TĂ©tradrachme de Philippe III Ă  l'effigie d'HĂ©raclĂšs.
  • RĂ©lief de Karnak reprĂ©sentant Philippe III en pharaon.
    Rélief de Karnak représentant Philippe III en pharaon.

Notes et références

  1. Carney 2001, p. 63-89.
  2. Plutarque, 13.
  3. Will 2003, p. 22-23.
  4. Will 2003, p. 38.
  5. Will 2003, p. 51.
  6. A-t-on retrouvé les restes de Philippe II, le pÚre d'Alexandre le Grand ? « Copie archivée » (version du 8 septembre 2016 sur Internet Archive), sciencesetavenir.fr, 21 juillet 2015. Voir aussi un article similaire dans « Pour la Science » du 23/07/2015.
  7. (en) « Was This Really the Tomb of Alexander the Great's Father? », sur National Geographic, .

Bibliographie

  • Olivier Battistini (dir.) et Pascal Charvet (dir.), Alexandre le Grand, Histoire et dictionnaire, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 222109784X)
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellĂ©nistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) N. G. L. Hammond et F. Walbank, A History of Macedonia, vol. 3 : 336-167 B.C., Oxford, Clarendon Press, (ISBN 0198148151)
  • (en) Elizabeth Carney, « The trouble with Philip Arrhidaeus », The Ancient History Bullletin, vol. 15,‎ .
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