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Polyperchon

Polyperchon (en grec ancien Î ÎżÎ»Ï…ÏƒÏ€Î­ÏÏ‡Ï‰Îœ / PolyspĂ©rkhĂŽn), nĂ© en 394 av. J.-C. et mort vers 303, est un gĂ©nĂ©ral d'Alexandre le Grand. Il succĂšde Ă  Antipater comme rĂ©gent de MacĂ©doine, de 319 Ă  317, et participe aux guerres des Diadoques contre Antigone et Cassandre avant de se rallier Ă  eux.

Polyperchon
Naissance 394 av. J.-C.
TymphĂ©e (Épire)
DĂ©cĂšs 303
Origine Macédoine
Allégeance Alexandre le Grand
Philippe III
Alexandre IV
Cassandre
Grade Taxiarque
Régent de Macédoine
Conflits Campagnes d'Alexandre le Grand
Guerres des Diadoques

Biographie

Sous les rĂšgnes de Philippe II et d'Alexandre

Fils de Simmias, Polyperchon est nĂ© en Épire dans la rĂ©gion de TymphĂ©e, ralliĂ©e Ă  la MacĂ©doine en 350 av. J.-C., et semble avoir commencĂ© sa carriĂšre militaire au service de Philippe II. Certains auteurs antiques, relativement peu fiables, parlent d'origines « modestes »[1], d'autres encore soulignent son goĂ»t immodĂ©rĂ© pour la boisson[2]. Durant la conquĂȘte de l'empire perse, il se distingue au combat en tant qu'officier supĂ©rieur (ou taxiarque) dans la phalange. À la bataille de GaugamĂšles, il commande selon Arrien un rĂ©giment d'asthĂ©taires, terme dĂ©signant les phalangites regroupĂ©s en formations rĂ©gionales[3]. Il tĂ©moigne aussi d'un respect des traditions macĂ©doniennes et d'une grande franchise en condamnant, avec CallisthĂšne, la pratique de la proskynĂšse comme symbole du « despotisme oriental » ; ce qui lui vaut d'ĂȘtre emprisonnĂ© quelques mois vers 327-326.

En 326, il obtient un commandement lors de la campagne du GandhĂąra et prend la ville d'Ora. Puis lors de la descente de la vallĂ©e de l'Indus, il seconde CratĂšre Ă  la tĂȘte d'un corps d'armĂ©e formĂ© pour l'essentiel de vĂ©tĂ©rans. En 324, il est donc chargĂ© par Alexandre d'une mission de confiance. Lui et CratĂšre doivent ramener en MacĂ©doine 10 000 vĂ©tĂ©rans dont le corps d'Ă©lite des Argyraspides[4] ; il participe de ce fait au banquet d'adieux offert par le roi Ă  ses vĂ©tĂ©rans. Le retour en MacĂ©doine de CratĂšre et Polyperchon sauve Antipater alors assiĂ©gĂ© Ă  Lamia. Polyperchon devient un proche d'Antipater qui le charge notamment de reprendre la Thessalie aux Étoliens.

Régent de Macédoine

À l’étĂ© 319 av. J.-C., le testament d’Antipater dĂ©signe Polyperchon, l’aĂźnĂ© des gĂ©nĂ©raux macĂ©donien, protecteur (Ă©pimĂ©lĂšte) des rois et stratĂšge d'Europe. Il devient donc Ă  la fois rĂ©gent de MacĂ©doine et tuteur des rois Philippe III et Alexandre IV, Ă  charge pour lui de maintenir la MacĂ©doine hors du giron d’Antigone et de PtolĂ©mĂ©e. Cassandre est quant Ă  lui confirmĂ© dans ses fonctions de chiliarque de la cavalerie, alors que Polyperchon aurait prĂ©fĂ©rĂ© voir son fils Alexandre accĂ©der Ă  cette charge[5]. Le choix d’Antipater qui conduit Ă  l’éviction de son propre fils, Cassandre, peut s’expliquer par la crainte qu’inspire dĂ©sormais Antigone. Peut-ĂȘtre dĂ©sire-t-il respecter la tradition macĂ©donienne en confiant la rĂ©gence, charge non hĂ©rĂ©ditaire, Ă  un stratĂšge expĂ©rimentĂ©.

AprĂšs dĂ©libĂ©ration du conseil des Philoi (Amis), et contre les recommandations posthumes d’Antipater, Polyperchon dĂ©cide du retour en MacĂ©doine d’Olympias alors rĂ©fugiĂ©e en Épire avec Alexandre IV. Farouchement hostile Ă  la reine mĂšre, Cassandre choisit le parti d’Antigone et entre en guerre ouverte contre le nouveau rĂ©gent. Polyperchon ordonne alors Ă  EumĂšne de Cardia de diriger la guerre contre Antigone, au titre de stratĂšge autokrator d'Asie. Le rĂ©gent lui confie le corps des Argyraspides alors stationnĂ©s en Cilicie ainsi que la libertĂ© de puiser dans les trĂ©sors royaux d'Asie.

Polyperchon cherche par ailleurs à se concilier des alliés en GrÚce. Pour cela, il proclame en 318 la liberté des cités grecques et se rapproche des démocrates[6]. Son édit proclame le rétablissement des constitutions du temps de Philippe et Alexandre ; il reconnaßt les maux dont les Grecs ont souffert (tout en les blùmant d'avoir résisté aux Macédoniens) et en détourne la responsabilité sur les partisans de l'oligarchie, soutenus par Antipater et Cassandre. L'édit de Polyperchon met en difficulté Phocion, le chef de la faction oligarchique d'AthÚnes. Alexandre, fils de Polyperchon, prend le contrÎle du Pirée. Mais cette victoire de la démocratie est de courte durée. Cassandre reprend le Pirée malgré l'arrivée en renfort de Polyperchon ; celui-ci laisse alors Alexandre devant la ville et tente de prendre Mégalopolis (vers 317) qui refuse d'appliquer son édit. Il compte sur ses éléphants, encore inconnus en GrÚce ; cependant les assiégés parviennent à repousser l'assaut. Son prestige, déjà faible en est trÚs amoindri. Enfin à AthÚnes, Démétrios de PhalÚre impose une oligarchie tout en maintenant AthÚnes dans l'alliance avec Cassandre.

La maĂźtrise des mers est vitale pour Polyperchon afin qu'il puisse joindre ses efforts Ă  ceux d'EumĂšne de Cardia contre Antigone le Borgne. Il avait chargĂ© l'amiral macĂ©donien Cleitos, le vainqueur de la flotte athĂ©nienne lors de la guerre lamiaque, d'empĂȘcher la jonction entre les forces de Lysimaque, le satrape de Thrace, et celle d'Antigone. Vainqueur en mer, la flotte de Cleitos est nĂ©anmoins dĂ©truite en 318 : le soir mĂȘme de la bataille, Antigone parvient avec l'aide des Byzantins Ă  passer ses troupes sur la rive europĂ©enne de l'Hellespont et Ă  dĂ©truire la flotte ennemie au mouillage.

En 317, Cassandre entre en MacĂ©doine et s'entend avec la reine Eurydice, Ă©pouse de Philippe III. Il peut se proclamer rĂ©gent tandis que Polyperchon, qui ne contrĂŽle plus que le PĂ©loponnĂšse, est dĂ©chu de ce titre. Cassandre marche contre Polyperchon et commence le siĂšge de TĂ©gĂ©e. Polyperchon sollicite alors le soutien d'Olympias, alors en Épire, et du roi des Molosses, cousin d'Olympias, qui forment une armĂ©e pour reprendre la MacĂ©doine. Profitant de l'absence de Cassandre, Philippe III et Eurydice sont capturĂ©s sans combat vĂ©ritable, leur armĂ©e les livrant Ă  Olympias. Mais la rĂ©action de Cassandre est rapide ; Polyperchon doit fuir la MacĂ©doine et regagner le PĂ©loponnĂšse.

Durant les guerres des Diadoques

ChassĂ© de MacĂ©doine par Cassandre, Polyperchon se rĂ©fugie en 317 av. J.-C., avec son fils Alexandre, dans le PĂ©loponnĂšse oĂč il contrĂŽle encore quelques places fortes. Dans le mĂȘme temps, il appelle Ă  l’aide Olympias mais celle-ci est exĂ©cutĂ©e en 316.

En 315, il rejoint l'alliance que lui propose Antigone le Borgne et s'entend avec lui contre Cassandre. Ce dernier engage la lutte dans le PĂ©loponnĂšse contre Polyperchon et Alexandre qui est rapidement massacrĂ© par les dĂ©mocrates de Sicyone. Polyperchon, affaibli, choisit alors de se rallier Ă  la cause de Cassandre. Mais aprĂšs le meurtre d'Alexandre IV ordonnĂ© par Cassandre en 310, Polyperchon entre de nouveau en conflit contre lui. Aussi il prend sous sa protection HĂ©raclĂšs, le fils illĂ©gitime d’Alexandre, et le prĂ©sente comme un successeur potentiel. Polyperchon lĂšve par ailleurs une armĂ©e considĂ©rable de 20 000 hommes. Cassandre, plutĂŽt que de s’engager dans un combat difficile, propose Ă  Polyperchon de conserver ses possessions. En 309, le jeune HĂ©raclĂšs et sa mĂšre, Barsine, pĂ©rissent empoisonnĂ©s sur l'ordre de Polyperchon qui entend s'attirer de la sorte les bonnes grĂąces de Cassandre.

Il se place dÚs lors sous l'égide de Cassandre qui le confirme dans ses possessions dont Corinthe et Sicyone. En 307, Cassandre tente en vain de se réapproprier l'ensemble du territoire partagé avec Polyperchon qui parvient à se maintenir dans le PéloponnÚse. Il ne joue plus de rÎle politique majeur jusqu'à sa mort vers 303, à l'ùge canonique de 91 ans.

Notes et références

  1. Élien, XII, 43.
  2. Douris de Samos, Macédoniques.
  3. Arrien, (Anabase, III, 5) évoque « le régiment de Polyperchon de Tymphaia ».
  4. La mort d'Alexandre modifie ce plan ; CratĂšre laisse les Argyraspides en Cilicie.
  5. Diodore, XVIII, 48, 4. Alexandre devient sĂŽmatophylaque de Philippe III.
  6. Diodore, XVIII, 56.

Sources antiques

Bibliographie

  • Paul Goukowsky, Alexandre et la conquĂȘte de l'Orient dans Le monde grec et l'Orient, II, PUF, 1975 ;
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellĂ©nistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X).

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