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Exploitation de pétrole de Pechelbronn

L'exploitation de pétrole de Pechelbronn se fait de façon artisanale depuis la Renaissance et de façon industrielle entre 1740 et 1970, principalement sur la commune de Merkwiller-Pechelbronn et aux alentours dans le département du Bas-Rhin, au sein de la collectivité européenne d'Alsace

GĂ©ographie

Carte des départements français.
Localisation du gisement sur la carte de France.
Étendue de bassin dans le département du Bas-Rhin.

Le champ pĂ©trolifère s'Ă©tend sur une longueur de 26 km et sur une largeur de 2 Ă  km entre les localitĂ©s de Lobsann et Wittersheim[1]. Il court le long de la faille rhĂ©nane (Ă  l'est de la faille), de Wittersheim Ă  Wissembourg, en passant par WĹ“rth et Cleebourg[2].

Merkwiller-Pechelbronn est située à une quarantaine de kilomètres au nord de Strasbourg, une dizaine de kilomètres au sud de la frontière franco-allemande qui sépare l'Alsace du land de Rhénanie-Palatinat, et une vingtaine de kilomètres à l'ouest du Rhin qui forme la frontière franco-allemande entre l'Alsace et le pays de Bade. Administrativement, le champ fait partie du département du Bas-Rhin et se répartit sur l'arrondissement de Haguenau-Wissembourg.

La rĂ©gion ainsi circonscrite forme un paysage de collines de 200 Ă  275 m d'altitude moyenne doucement modelĂ©es par l'Ă©rosion rĂ©cente. Exception est faite du petit massif montagneux du Hochwald, surplombant le paysage d'environ 300 m, Ă©peron avancĂ© des Vosges du Nord (connues pour les grès du Buntstandstein), qui limite morphologiquement et gĂ©ologiquement le champ pĂ©trolifère au nord-ouest.

Le réseau hydrographique, fort simple, est constitué de cinq rivières ou ruisseaux principaux qui coulent vers le Rhin selon une direction ouest-est. Ils portent le nom, du nord au sud, de Lauter, Seltzbach, Sauer, Moder (avec la Zinsel du Nord comme affluent), sans oublier la Zorn.

Le sol, principalement argilo-marneux, comme dérivant de lœss et de marnes ou argiles oligocènes, est couvert de riches cultures agricoles. Seule une partie correspondant à des terrains sablonneux ou argilo-sableux, impropres à la culture, est occupée par la vaste forêt de Haguenau[1].

La zone est classée en zone de sismicité 3, correspondant à une sismicité modérée[3].

Histoire

Publicité (La Vie en Alsace, 1933).
La cité Boussingault et la raffinerie.
Du pétrole brut de Pechelbronn.
Produits Antar.

Des affleurements sont exploités de façon artisanale depuis la Renaissance[4], Jacques Wimpfeling en fait mention dès 1498[5].

En 1627, une lettre patente autorisa son exploitation commerciale à Pechelbronn, en Alsace, d'une source qui produisait une « huile de pierre » réputée pour ses propriétés thérapeutiques.

Louis Pierre Ancillon de La Sablonnière Jean d’AmascĂ©ne EyrĂ©nis, le fils du physicien/savant Eirini d'Eirinis[6], il obtient un permis de prospecter près de la source Baechel-Brunn (qui donnera Pechelbronn) au sud de Lampertsloch. En 1740, par l'offre de 40 actions en bourse, il crĂ©e la première compagnie pĂ©trolière par actions en France[7] - [8] - [9] - [10]. Le premier puits est creusĂ© en 1745. Des sondages Ă  tarière sont utilisĂ©s Ă  partir de 1813 pour dĂ©terminer l’orientation des galeries. En 1879, l’extraction du pĂ©trole se fait par injection d'eau, suivant le principe de Fauvelle. Les pompes sont utilisĂ©es dès 1885. En 1916, l'exploitation minière avec galerie est relancĂ©e[5].

La SociĂ©tĂ© anonyme d'exploitation minières Pechelbronn fonde en 1922 la SociĂ©tĂ© alsacienne des carburants. Celle-ci commercialise en 1926 un lubrifiant, une huile industrielle, sous le nom d'Antar. La SociĂ©tĂ© des huiles Antar (SHA) est constituĂ©e l'annĂ©e suivante afin de distribuer des lubrifiants fabriquĂ©s par Pechelbronn. Le , les frères Schlumberger rĂ©alisent une prospection Ă©lectrique sur le site de Pechelbronn, ce qui constitue une première mondiale[11]. L'activitĂ© est Ă  son apogĂ©e en 1937 et l'on compte 2 770 employĂ©s Ă  la Pechelbronn-SAEM[12].

En 1924, la société exploite des gisements situés à Gabian. L'exploitation industrielle du gisement cesse en 1935 du fait de l'épuisement du gisement, néanmoins l'exploitation se poursuit jusqu'en 1950[13]. En juillet 1936 la compagnie rachète les installations de l'exploitation de schiste de Creveney en Haute-Saône, puis les démantèle rapidement avant d'abandonner le site[14] - [15]. En 1957, la compagnie récupère une unité de craquage Dubbs sur le site de la mine des Télots en Saône-et-Loire qui vient alors de fermer[16].

Le site est bombardé par l'United States Army Air Forces (USAAF) en 1944[5].

Le , l'exploitation ferme définitivement[17]. Le pays était alors connu sous le nom de Karichschmiermann land (pays du marchand ambulant de graisse minérale qui, avec sa brouette, vendait ce produit servant à graisser les essieux)[18]. La raffinerie de pétrole de Merkwiller-Pechelbronn ferme définitivement en 1970.

Reconversion

Depuis 1970, c'est l'État français qui a la responsabilité de sécuriser les friches industrielles (terrils, galeries et puits) héritées de l'exploitation minière.

Des vestiges divers subsistent au début du XXIe siècle (ruines, matériel, terrils) et un musée du pétrole retrace l’histoire de l'activité.

  • Le musĂ©e.
    Le musée.
  • Un terril.
    Un terril.
  • Une pompe.
    Une pompe.

DĂ©charge souterraine

Entre 1962 et 1975, près de 80 000 m3 de dĂ©chets sous forme avant tout liquide, mais parfois pâteuse, avec des inclusions de bois, chiffons et boĂ®tes mĂ©talliques, sont dĂ©versĂ©s dans les Ă©vents des anciens puits de pĂ©trole. Ces dĂ©chets proviennent des industries chimiques du Bas-Rhin, parmi lesquelles on trouve les anciennes raffineries de Reichstett et Herrlisheim. Les matières dĂ©versĂ©es recèlent des composĂ©s organo-chlorĂ©s, des phĂ©nols, des acides, des bases, des sels et des mĂ©taux lourds. Elles font l'objet d'une surveillance de la part du Bureau de recherches gĂ©ologiques et minières[2].

Notes et références

  1. René Schnaebele, J.-O. Haas et C.R. Hoffmann (préf. Georges Dubois), Mémoires du service de la carte géologique d'Alsace-Lorraine, t. 7 : Monographie géologique du champ pétrolifère de Pechelbronn, Strasbourg, Service de la carte géologique d'Alsace-Lorraine, , 254 p. (BNF 32615070), « Aperçu géographique ».
  2. L'invention du pétrole à Pechelbronn de Frank Schwarz, mars 2021, (ISBN 9782362191916). Editions Lieux Dits avec l'aide de la région Grand Est.
  3. « Plan de prévention du risque sismique » (consulté le )
  4. « Ensemble Industriel », notice no IA00118944, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. « Historique », sur Musée du pétrole.
  6. Né vers 1630 en Bessarabie et décédé vers 1730, il a découvert en 1711 la Presta, une mine d'asphalte dans le district du Val-de-Travers, Neuchâtel.
  7. Marie-Pascale Rauzier, Lieux mystérieux et insolites en Alsace, Rennes, Éditions Ouest France, , 144 p. (ISBN 978-2-7373-5812-8), p. 130.
  8. « Louis Pierre Ancillon de La Sablonnière » [archive du ] [PDF], sur Musee du Petrole (consulté le ).
  9. « Les Perses l'appelaient le "rhadinacé" ».
  10. « de la Presta mines d'asphalt ».
  11. « Les frères Schlumberger et leur invention », sur Le Musée du pétrole (consulté le ).
  12. « Tradition industrielle », sur parc-vosges-nord.fr.
  13. Site gabian.info : Gabian en terra d'Oc : l'aventure du pétrole « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive) (consulté le 4 mai 2014).
  14. « Exploitation de schiste de Creveney », notice no IA70000177, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  15. Christian Rénet, Aventure pétrolière en Haute-Saône : Les schistes bitumeux de Creveney, C. Rénet, (ISBN 2-9510839-0-X (édité erroné), BNF 37004781), p. 15.
  16. [PDF] Jean-Philippe Passaqui et Sylvain Bellenfant, Les Télots : une usine devenue friche industrielle aux portes d’Autun, Bourgogne-Nature, (lire en ligne), p. 5.
  17. Source : DRIRE Alsace.
  18. Encyclopédie de l'Alsace, Volume 10, Éditions Publitotal, 1985, p. 5951.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • GĂ©o Marchal, « Pechelbronn, la mine française de pĂ©trole », in La Vie en Alsace, dĂ©cembre 1933, no 12, p. 283-286
  • RenĂ© Walther, Pechelbronn, l'histoire du plus ancien site pĂ©trolier français, Ronald HirlĂ©
  • Jean-Claude Streicher, Les pionniers de l'or noir, Strasbourg, Ronald HirlĂ©, 2011
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