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Expérience d'Aspect

En mécanique quantique, l'expérience d'Aspect est la premiÚre expérience montrant la violation des inégalités de Bell, établissant un résultat irréfutable en vue de la validation du phénomÚne d'intrication quantique et des hypothÚses de non-localité. Elle apporte ainsi une réponse expérimentale au paradoxe EPR proposé une cinquantaine d'années plus tÎt par Albert Einstein, Boris Podolsky et Nathan Rosen.

Cette expĂ©rience a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par le physicien français Alain Aspect Ă  l'Institut d'Optique Ă  Orsay entre 1980 et 1982. Il a reçu pour cela le prix Nobel de physique en 2022. Son importance a Ă©tĂ© immĂ©diatement reconnue par la communautĂ© scientifique, valant mĂȘme Ă  cette expĂ©rience la couverture du magazine de vulgarisation Scientific American. Bien que la mĂ©thodologie mise en Ɠuvre prĂ©sente une faille potentielle, l'Ă©chappatoire de dĂ©tection, le rĂ©sultat est jugĂ© dĂ©cisif et donne lieu par la suite Ă  de nombreuses autres expĂ©riences confirmant l'expĂ©rience originelle[1].

Contexte scientifique et historique

Avant de parler de l'expĂ©rience en elle-mĂȘme, et afin de bien la comprendre, il est nĂ©cessaire de la replacer dans le contexte historique et scientifique qui a amenĂ© Ă  sa rĂ©alisation.

Intrication quantique

L'intrication quantique est un phénomÚne qui a été pour la premiÚre fois théorisé par Erwin Schrödinger en 1935[2].

La mĂ©canique quantique stipule que deux systĂšmes quantiques diffĂ©rents (deux particules par exemple) ayant interagi, ou ayant une origine commune, ne peuvent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme deux systĂšmes indĂ©pendants. Dans le formalisme quantique, si le premier systĂšme possĂšde un Ă©tat et le second un Ă©tat , alors le systĂšme intriquĂ© rĂ©sultant est reprĂ©sentĂ© par une superposition quantique du produit tensoriel de ces deux Ă©tats : . Dans cette notation, il apparaĂźt nettement que l'Ă©loignement physique des deux systĂšmes ne joue aucun rĂŽle dans l'Ă©tat d'intrication (car il n'apparaĂźt aucune variable de position). L'Ă©tat quantique intriquĂ© reste identique — toutes choses Ă©tant Ă©gales par ailleurs — quel que soit l'Ă©loignement des deux systĂšmes.

Par conséquent, si une opération de mesure est effectuée sur ce systÚme quantique intriqué, alors cette opération est valable pour les deux systÚmes composant l'intricat : les résultats des mesures des deux systÚmes sont corrélés.

Paradoxe EPR

Ce résultat a profondément choqué Albert Einstein qui avait une vision réaliste locale de la physique. Cette vision mÚne à la conclusion que si l'acte de mesure influe sur les deux systÚmes, il existerait alors une influence se propageant d'un systÚme à l'autre, à une vitesse non limitée par celle de la lumiÚre. Le formalisme quantique prévoit que l'influence de l'acte de mesure sur les deux composantes d'un systÚme intriqué a un effet instantané sur ses deux composantes, quel que soit leur éloignement.

Toujours en 1935, Albert Einstein, Boris Podolsky, et Nathan Rosen (E.P.R.) ont alors imaginĂ© une expĂ©rience de pensĂ©e qui, si on estimait que les Ă©tats intriquĂ©s existent rĂ©ellement, mĂšne Ă  un paradoxe : soit une influence se dĂ©place plus vite que la lumiĂšre (non-causalitĂ©), soit la physique quantique est incomplĂšte. Aucun des deux termes de l'alternative n'Ă©tait acceptable Ă  l'Ă©poque, d'oĂč le paradoxe.

Ce paradoxe était d'une grande importance historique, mais n'a pas eu de retentissement immédiat. Seul Niels Bohr a pris au sérieux l'objection apportée par ce paradoxe, et a tenté d'y répondre. Mais cette réponse était d'ordre qualitatif, et rien ne permettait de trancher de maniÚre indubitable entre les deux points de vue. Ainsi, la réalité de l'intrication restait alors une question de point de vue sans support expérimental direct, l'expérience EPR n'étant pas réalisable (à cette époque) en pratique.

En effet, deux obstacles majeurs s'opposaient à la réalisation de cette expérience : d'une part les moyens techniques de l'époque étaient insuffisants, mais aussi (et surtout) il n'y avait apparemment aucun moyen de mesurer directement (par des critÚres quantitatifs) les effets EPR.

Remarquons que cette simultanĂ©itĂ©, quel que soit le sens qu'on lui donne[3], ne pourra ĂȘtre constatĂ©e que par la comparaison des deux mesures distantes, elle-mĂȘme limitĂ©e par la vitesse de la lumiĂšre. Elle ne peut avoir une influence causale, ou - ce qui revient au mĂȘme - transmettre une information, rendant cette propriĂ©tĂ© compatible avec la thĂ©orie de la relativitĂ© selon laquelle aucune information ne peut se propager Ă  une vitesse superluminique.

Inégalités de Bell

Les choses sont restées à peu prÚs en l'état jusqu'en 1964. Le physicien irlandais John Stewart Bell publia alors un article dans lequel il mit en évidence des effets quantitatifs et mesurables des expériences de type EPR. Ce sont les fameuses inégalités de Bell. Ces inégalités sont des relations quantitatives que doivent vérifier les corrélations de mesures entre systÚmes qui respectent totalement la causalité relativiste. Si ces inégalités sont violées, alors il faut admettre des influences instantanées à distance.

Ces inégalités permettaient de lever un des deux obstacles à la réalisation d'expériences EPR. Mais en 1964, les moyens techniques étaient toujours insuffisants pour mettre en place concrÚtement ce type d'expérience.

PremiÚres expériences de test des inégalités de Bell

La rĂ©alisation d'expĂ©riences EPR a commencĂ© Ă  ĂȘtre techniquement envisageable Ă  partir de 1969, un article ayant Ă©tĂ© publiĂ© montrant la faisabilitĂ© d'une expĂ©rience[4].

Deux universitĂ©s, Harvard et Berkeley, ont commencĂ© Ă  mettre en Ɠuvre un protocole expĂ©rimental sur ces bases, et les expĂ©riences ont eu lieu en 1972. Les rĂ©sultats furent contradictoires : Harvard constata une vĂ©rification des inĂ©galitĂ©s de Bell, et par consĂ©quent une contradiction avec les prĂ©dictions de la physique quantique. Berkeley trouva au contraire une violation des inĂ©galitĂ©s de Bell, et une vĂ©rification de la physique quantique.

Le problÚme avec ces expériences était notamment une source de particules intriquées peu fiable et à faible débit, ce qui nécessitait des temps d'expériences s'étendant sur plusieurs jours en continu. Or, il est excessivement difficile de maintenir des conditions expérimentales constantes et maßtrisées sur un temps aussi long, surtout avec des expériences aussi délicates. Les résultats des deux expériences étaient donc sujets à caution.

En 1976, la mĂȘme expĂ©rience fut rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  Houston avec une meilleure source de photons intriquĂ©s, de dĂ©bit plus Ă©levĂ©. Cela permettait de descendre le temps de l'expĂ©rience Ă  80 minutes. Mais en contrepartie, les photons n'Ă©taient pas polarisĂ©s de maniĂšre optimale pour faire apparaĂźtre clairement les violations des inĂ©galitĂ©s de Bell. NĂ©anmoins, cette expĂ©rience montra une violation des inĂ©galitĂ©s de Bell. Mais celle-ci Ă©tait faible, et le doute Ă©tait encore permis.

Mais aussi — et surtout en fait — ces expĂ©riences n'Ă©taient pas assez Ă©laborĂ©es pour Ă©vacuer la possibilitĂ© de corrĂ©lations (qui entraĂźnent une violation des inĂ©galitĂ©s de Bell) qui serait dues Ă  une influence ou Ă  un signal quelconque, classique, de vitesse infra-luminique se propageant entre les deux particules.

Enfin, le schéma expérimental utilisé par toutes ces expériences était trÚs éloigné du schéma « idéal » utilisé par John Bell pour démontrer ses inégalités : on n'était donc pas certain que les inégalités de Bell puissent s'appliquer telles quelles à ces expériences.

Les expériences d'Aspect (1980-1982)

Il manquait alors une expĂ©rience dĂ©cisive vĂ©rifiant la rĂ©alitĂ© de l'Ă©tat d'intrication quantique, sur la base de la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell. Alain Aspect propose en 1975 une expĂ©rience suffisamment rigoureuse pour ĂȘtre irrĂ©futable, qu'il dĂ©crit dans son article : Proposed experiment to test the nonseparability of quantum mechanics[5] - [6].

Alain Aspect a spĂ©cifiĂ© son expĂ©rience pour qu'elle puisse ĂȘtre la plus dĂ©cisive possible, c'est-Ă -dire :

  • Elle doit avoir une excellente source de particules intriquĂ©es, afin d'avoir un temps d'expĂ©rience court, et une violation la plus nette possible des inĂ©galitĂ©s de Bell.
  • Elle doit mettre en Ă©vidence non seulement qu'il existe des corrĂ©lations de mesure, mais aussi que ces corrĂ©lations sont bien dues Ă  un effet quantique (et par consĂ©quent Ă  une sorte d'influence instantanĂ©e), et non Ă  un effet classique qui se propagerait Ă  une vitesse infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  celle de la lumiĂšre entre les deux particules.
  • Le schĂ©ma expĂ©rimental doit ĂȘtre le plus proche possible du schĂ©ma utilisĂ© par John Bell pour dĂ©montrer ses inĂ©galitĂ©s, afin que l'accord entre les rĂ©sultats mesurĂ©s et prĂ©dits soit le plus significatif possible.

Rappel du schéma « idéal » de John Bell

Expérience « idéale » EPR
Expérience « idéale » EPR

Le schéma ci-dessus représente le schéma de principe à partir duquel John Bell a démontré ses inégalités : une source de photons intriqués S émet simultanément deux photons et dont la polarisation est préparée de telle maniÚre que le vecteur d'état de l'ensemble des deux photons soit :

Cette formule signifie tout simplement que les photons sont en état superposé : tous les deux en polarité verticale, ou tous deux en polarité horizontale, perpendiculaire, avec une probabilité égale.

Ces deux photons sont ensuite mesurĂ©s par deux polariseurs P1 et P2, chacun ayant un angle de mesure paramĂ©trable α et ÎČ. Le rĂ©sultat de la mesure de chaque polariseur est (+) ou (–) selon que la polarisation mesurĂ©e est respectivement parallĂšle ou perpendiculaire Ă  l'angle de mesure du polariseur.

Il y a un point important Ă  souligner ici : les polariseurs imaginĂ©s dans cette expĂ©rience idĂ©ale donnent un rĂ©sultat mesurable dans le cas (+) ET dans le cas (–). Ce n'est pas le cas de tous les polariseurs rĂ©els : certains dĂ©tectent le cas (+) par exemple, et ne dĂ©tectent rien (le photon ne ressort pas du polariseur) pour le cas (–). Les premiĂšres expĂ©riences, relatĂ©es ci-dessus, utilisaient ce genre de polariseur. Les polariseurs utilisĂ©s par Alain Aspect dĂ©tectent bien les deux cas (+) et (–), se rapprochant ainsi de l'expĂ©rience idĂ©ale.

Étant donnĂ© le dispositif et l'Ă©tat de polarisation initial donnĂ© aux photons, la mĂ©canique quantique permet de prĂ©dire les probabilitĂ©s de mesurer (+,+), (–,–), (+,–) et (–,+) sur les polariseurs (P1,P2), orientĂ©s sur les angles ; pour rappel :

On peut démontrer (voir article Inégalités de Bell) que la violation maximale des inégalités est prévue pour °.

Description du dispositif expérimental

Alain Aspect (avec la collaboration des physiciens Philippe Grangier, Gérard Roger et Jean Dalibard[7]) a réalisé un certain nombre d'expériences, de plus en plus complexes, entre 1980 et 1982.

Seule l'expérience la plus complÚte, réalisée en 1982, et s'approchant le plus des spécifications initiales sera décrite ici.

Source de photons

Les premiÚres expériences réalisées testant les inégalités de Bell, possédaient des sources de photons de faible intensité, nécessitant des temps d'expérience en continu de l'ordre de la semaine. Une des premiÚres améliorations apportée par Alain Aspect est d'utiliser une source de photons de plusieurs ordres de grandeur plus efficace. Cette source permet un taux de détection de 100 photons par seconde, aboutissant à un temps d'expérience maximal de 100 secondes.

La source utilisée est une cascade atomique d'atomes de calcium, excitée à l'aide d'un laser à krypton.

Polariseurs à orientation variable et en position éloignée

Un point trĂšs important qui devait ĂȘtre testĂ© par cette expĂ©rience est qu'il fallait s'assurer que les corrĂ©lations entre les mesures faites par P1 et P2 ne soient pas induites par des effets d'origine « classique », et notamment par des artefacts expĂ©rimentaux.

Par exemple, si l'on prĂ©pare les polariseurs P1 et P2 avec des angles fixes donnĂ©s α et ÎČ, on peut toujours imaginer que cet Ă©tat fixe gĂ©nĂšre des corrĂ©lations parasites via des boucles de courant, de masse, ou autres effets. Car les deux polariseurs font partie d'une mĂȘme installation et peuvent trĂšs bien ĂȘtre influencĂ©s l'un l'autre via les divers circuits du dispositif expĂ©rimental, et gĂ©nĂ©rer des corrĂ©lations lors de la mesure.

On peut Ă©galement imaginer que l'orientation fixe des polariseurs influe, d'une maniĂšre ou d'une autre, sur l'Ă©tat avec lequel le couple de photons est Ă©mis. Dans ce cas, les corrĂ©lations de mesure pourraient s'expliquer par des variables cachĂ©es au niveau des photons, dĂšs l'Ă©mission. (Ces observations avaient Ă©tĂ© faites Ă  Alain Aspect par John Bell lui-mĂȘme).

Une maniĂšre incontestable de mettre hors de cause ce genre d'effets — quels qu'ils soient — est que l'orientation (α,ÎČ) des polariseurs soit dĂ©terminĂ©e au dernier moment (aprĂšs l'Ă©mission des photons, et avant la dĂ©tection) et qu'ils soient suffisamment Ă©loignĂ©s l'un de l'autre pour qu'aucun signal n'aie le temps d'aller de l'un Ă  l'autre.

De cette maniÚre, on ne peut invoquer ni une influence de l'orientation des polariseurs au niveau de l'émission des photons (car lors de l'émission, l'orientation est encore indéterminée), ni une influence d'un polariseur sur l'autre (car les polariseurs sont trop éloignés l'un de l'autre pour pouvoir s'influencer).

En consĂ©quence, dans le dispositif expĂ©rimental d'Aspect, les polariseurs P1 et P2 Ă©taient sĂ©parĂ©s de m de part et d'autre de la source, et de 12 m l'un de l'autre. Cela donnait un temps de 20 ns entre l'Ă©mission des photons et la dĂ©tection : c'est le laps de temps extrĂȘmement court pendant lequel il fallait dĂ©cider de l'orientation et orienter les polariseurs.

Comme il est physiquement impossible de changer matériellement l'orientation d'un polariseur dans ce laps de temps, deux polariseurs par cÎté ont été utilisés, pré-orientés différemment. Un « aiguillage » à trÚs haute fréquence de basculement orientait aléatoirement le photon vers l'un ou l'autre de ces polariseurs. L'ensemble de ce dispositif était équivalent à un seul polariseur dont l'angle de polarisation bascule aléatoirement.

Comme il n'Ă©tait pas possible non plus de provoquer le basculement des aiguillages par l'Ă©mission du couple de photons, chaque aiguillage basculait en fait pĂ©riodiquement avec une pĂ©riode de 10 ns, de maniĂšre asynchrone avec l'Ă©mission des photons. Mais Ă©tant donnĂ© la pĂ©riode, on Ă©tait assurĂ© que l'aiguillage bascule au moins une fois entre l'Ă©mission d'un photon et sa dĂ©tection.

Polariseurs Ă  deux canaux

Une derniĂšre caractĂ©ristique importante de l'expĂ©rience de 1982 est l'utilisation de polariseurs Ă  deux canaux, permettant d'avoir un rĂ©sultat mesurable dans le cas (+) comme dans le cas (−). Les polariseurs utilisĂ©s jusqu'Ă  l'expĂ©rience d'Aspect donnaient une dĂ©tection dans le cas (+), et on n'obtenait aucune dĂ©tection dans le cas (−). Ces polariseurs mono-canal avaient deux inconvĂ©nients majeurs :

  • On ne pouvait facilement discerner le cas (−) d'une erreur d'expĂ©rimentation ;
  • Ils devaient ĂȘtre soigneusement calibrĂ©s.

Les polariseurs à deux canaux utilisés par Aspect dans son expérience évitent ces deux inconvénients et permettent d'utiliser directement les formules de Bell pour calculer les inégalités.

Techniquement, les polariseurs utilisés étaient des cubes polarisants, transmettant une polarité et réfléchissant l'autre, émulant un dispositif de Stern-Gerlach.

Résultats de l'expérience

Les inĂ©galitĂ©s de Bell permettent d'Ă©tablir une courbe thĂ©orique du nombre de corrĂ©lations (+ + ou – –) entre les deux dĂ©tecteurs par rapport Ă  l'angle relatif des dĂ©tecteurs . La forme de cette courbe est caractĂ©ristique de la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell. L'adĂ©quation des mesures Ă  la forme de la courbe permet donc d'Ă©tablir, quantitativement et qualitativement, cette violation.

Les expĂ©riences d'Aspect ont confirmĂ© sans ambiguĂŻtĂ© la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell comme le prĂ©voyait l'interprĂ©tation de Copenhague de la mĂ©canique quantique, infirmant par lĂ  mĂȘme la vision rĂ©aliste locale d'Einstein de la mĂ©canique quantique et les scĂ©narios Ă  variables cachĂ©es locales. Non seulement la violation Ă©tait confirmĂ©e mais de plus, elle Ă©tait confirmĂ©e exactement de la maniĂšre prĂ©dite par la mĂ©canique quantique, avec un accord statistique jusqu'Ă  40 Ă©carts types.

Étant donnĂ© la qualitĂ© technique de l'expĂ©rience, le soin apportĂ© pour Ă©viter les artefacts expĂ©rimentaux et l'accord statistique quasiment parfait, cette expĂ©rience a largement convaincu la communautĂ© scientifique de la rĂ©alitĂ© de la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell par la physique quantique et par consĂ©quent, de la rĂ©alitĂ© de la non-localitĂ© quantique.

Limites de l'expérience

AprĂšs ces rĂ©sultats, certains physiciens ont lĂ©gitimement continuĂ© Ă  rechercher les failles de l'expĂ©rience d'Aspect et comment elle pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ©e pour ne prĂȘter le flanc Ă  aucune critique.

Il s'avĂšre que des objections thĂ©oriques peuvent ĂȘtre opposĂ©es Ă  ce dispositif :

  • l'aspect quasi pĂ©riodique des oscillations de l'aiguillage est gĂȘnant car cela peut induire des corrĂ©lations par une quasi-synchronisation rĂ©sultante des deux aiguillages ;
  • les corrĂ©lations (+,+), (–,–) etc. Ă©taient comptĂ©es en temps rĂ©el, au moment de la dĂ©tection. Cela implique que les deux canaux (+) et (–) de chaque polariseur Ă©taient reliĂ©s entre eux, par des circuits physiques. LĂ  encore on peut imaginer que cela induise des corrĂ©lations.

Une expérience « idéale », évacuant toute possibilité imaginable de corrélations induites, devrait donc :

  • avoir un aiguillage purement alĂ©atoire et non quasi pĂ©riodique ;
  • enregistrer les rĂ©sultats (+) ou (–) de chaque cĂŽtĂ© du dispositif, sans lien physique entre les deux cĂŽtĂ©s. Les corrĂ©lations seraient calculĂ©es aprĂšs l'expĂ©rience, en comparant les rĂ©sultats enregistrĂ©s des deux cĂŽtĂ©s.

Les conditions de l'expérience présentaient en outre une faille de détection[1].

Expériences récentes

Les derniĂšres failles mentionnĂ©es ci-dessus n'ont pu ĂȘtre rĂ©ellement comblĂ©es qu'Ă  partir de 1998. Entre-temps, l'expĂ©rience d'Aspect a Ă©tĂ© reproduite et la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell a systĂ©matiquement Ă©tĂ© confirmĂ©e, avec une certitude statistique allant jusqu'Ă  100 Ă©carts types.

D'autres expĂ©riences ont Ă©tĂ© menĂ©es pour tester les violations des inĂ©galitĂ©s de Bell avec d'autres observables que la polarisation, afin d'ĂȘtre encore plus proche de l'esprit original du paradoxe EPR, oĂč Einstein imaginait de mesurer sur une paire EPR deux variables conjuguĂ©es (comme la position et la quantitĂ© de mouvement) : une expĂ©rience a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e mettant en jeu les variables conjuguĂ©es (temps, Ă©nergie), avec lĂ  encore confirmation de la mĂ©canique quantique[8].

En 1998, l'expérience de GenÚve[9] a testé les corrélations entre deux détecteurs distants de 30 kilomÚtres, en utilisant le réseau suisse de télécommunication par fibre optique. Cette distance laisse beaucoup plus de temps pour commuter les angles des polariseurs et il a donc été possible de mettre en place un aiguillage purement aléatoire. D'autre part, les deux polariseurs éloignés étaient complÚtement indépendants et les mesures ont été enregistrées de chaque cÎté, puis comparées aprÚs l'expérience, en datant chaque mesure à l'aide d'une horloge atomique. La violation des inégalités de Bell a une nouvelle fois été vérifiée dans ces conditions strictes et presque idéales. Si l'expérience d'Aspect impliquait qu'un hypothétique signal de coordination se déplace deux fois plus vite que c, celle de GenÚve arrivait à 10 millions de fois c.

À cette date, il ne restait qu'une seule faille imaginable recensĂ©e : les dĂ©tecteurs n'ayant pas une sensibilitĂ© parfaite (100 %), il existe toujours des cas oĂč les corrĂ©lations ne sont pas dĂ©tectĂ©es, alors qu'elles auraient dĂ» l'ĂȘtre dans l'idĂ©al. Il restait donc l'ultime possibilitĂ© que les corrĂ©lations non dĂ©tectĂ©es vĂ©rifient toujours les inĂ©galitĂ©s de Bell, faisant en sorte que le total vĂ©rifie globalement les inĂ©galitĂ©s de Bell (aprĂšs tout, on ne peut pas, en toute rigueur, l'exclure).

En 2000, une expĂ©rience a eu lieu Ă  Boulder sur les intrications d'ions piĂ©gĂ©s, avec une mĂ©thode de dĂ©tection des corrĂ©lations trĂšs efficace[10]. La fiabilitĂ© de dĂ©tection a Ă©tĂ© prouvĂ©e suffisante pour que l'expĂ©rience viole tout de mĂȘme globalement les inĂ©galitĂ©s de Bell, mĂȘme si toutes les corrĂ©lations non dĂ©tectĂ©es ne les violaient pas.

En 2001, l'Ă©quipe d'Antoine Suarez, comprenant Nicolas Gisin, qui avait participĂ© Ă  l'expĂ©rience de GenĂšve, reproduit l'expĂ©rience avec cette fois des miroirs ou des dĂ©tecteurs en mouvement, permettant d'inverser l'ordre des Ă©vĂ©nements d'un rĂ©fĂ©rentiel Ă  l'autre, conformĂ©ment Ă  la relativitĂ© restreinte (rappelons que cette inversion n'est justement possible que pour les Ă©vĂ©nements dont l'un n'est pas la cause de l'autre). Les vitesses sont choisies telles que quand chaque photon se rĂ©flĂ©chit ou traverse le miroir semi-transparent, dans le rĂ©fĂ©rentiel attachĂ© Ă  ce miroir, l'autre photon s'est dĂ©jĂ  rĂ©flĂ©chi ou a traversĂ© l'autre miroir (configuration « aprĂšs-aprĂšs » — en fait pour cette configuration, des ondes acoustiques jouaient le rĂŽle de miroirs semi-transparents). Respectivement, une autre configuration testĂ©e permet que chaque photon soit reçu par un dĂ©tecteur animĂ© d'un mouvement tel que, dans le rĂ©fĂ©rentiel de ce dĂ©tecteur, l'autre photon n'ait pas encore Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©, qu'il ait traversĂ© ou se soit rĂ©flĂ©chi (configuration « avant-avant »). Dans cette expĂ©rience Ă©galement, les inĂ©galitĂ©s de Bell sont violĂ©es[11].

Conclusion

Aujourd'hui, en 2023, la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell par la physique quantique est clairement Ă©tablie. On utilise d'ailleurs concrĂštement la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell dans certains protocoles de cryptographie quantique, oĂč la prĂ©sence d'un espion est dĂ©tectĂ©e par le fait que les inĂ©galitĂ©s de Bell ne sont plus violĂ©es.

On doit donc admettre la non-localité de la physique quantique et la réalité de l'état d'intrication.

La causalité relativiste est-elle remise en question par l'expérience d'Aspect ?

Cette question se pose du fait d'une prĂ©sentation des faits courante, selon laquelle « un objet quantique prĂ©sente un Ă©tat qui dĂ©pend instantanĂ©ment de l'Ă©tat d'un autre objet avec lequel il a Ă©tĂ© intriquĂ© ». Cette prĂ©sentation en terme « d'influence non locale », est souvent utilisĂ©e dans les articles de vulgarisation, mais aussi (et volontairement) par certains scientifiques qui se rĂ©clament rĂ©alistes comme Alain Aspect lui-mĂȘme, ou Bernard d'Espagnat[12].

Il y a alors au moins trois possibilités :

  • La premiĂšre est que l'on doit se contenter d'appliquer des calculs qui donnent des rĂ©sultats en accord avec l'expĂ©rience, sans se rĂ©fĂ©rer Ă  une explication tirĂ©e de notre logique, « macroscopique » ou autre. Cette approche, dĂ©rivĂ©e de l'interprĂ©tation de Copenhague, est la plus communĂ©ment admise parmi les physiciens. Elle est fondĂ©e sur le fait qu'aucune explication des phĂ©nomĂšnes EPR ne donne lieu Ă  des vĂ©rifications ou des prĂ©dictions mesurables. En consĂ©quence, la majoritĂ© des physiciens considĂšre que les explications de cette expĂ©rience tombent en dehors du champ de la science (voir le critĂšre de rĂ©futabilitĂ© de Karl Popper). En effet, la majoritĂ© des explications manquent de formalisation thĂ©orique, et pour celles qui en possĂšdent, ne proposent pas de vĂ©rifications mesurables. Il s'agit donc ici d'une approche empirique, visant Ă  Ă©viter toute dĂ©rive en dehors du champ de la science. Les physiciens David Bohm et Basil Hiley, dans leur ouvrage : The Undivided Universe: An Ontological Interpretation of Quantum Theory [« L'Univers indivis : une interprĂ©tation ontologique de la thĂ©orie quantique. »], estiment qu'il n'existe aucun bien-fondĂ© aux objections au concept de non-localitĂ©[13]. RĂ©pondant Ă  ceux qui jugent que l'acceptation de la non-localitĂ© minerait la possibilitĂ© d'isoler et d'observer scientifiquement quelque objet que ce soit, Bohm et Hiley opposent le fait que, dans le monde macroscopique, cette science est possible, puisque les effets de non-localitĂ©, montrent-ils, ne sont pas significatifs : l'interprĂ©tation permet exactement le mĂȘme degrĂ© de sĂ©parabilitĂ© des systĂšmes que ce qui est requis par le « type de travail scientifique qui est effectuĂ© dans les faits ». Accorder la thĂ©orie de la relativitĂ© restreinte avec la non-localitĂ© (voir Paradoxe EPR) est une autre question plus complexe, mais Bohm, comme John Stewart Bell[14], soulignera que ce n'est pas une transmission de signaux qui est en jeu dans la notion de non-localitĂ©.

Bohm et Hiley, comme Bell, voient dans le rejet de la non localité des facteurs autres que scientifiques :

John Bell : Présentation au CERN (1990).Hiley et Bohm : Sur les objections au concept de non-localité. (1993)
[L]'idĂ©e mĂȘme d'action Ă  distance est trĂšs rĂ©pugnante pour les physiciens. Si j'avais une heure pour le faire, je vous bombarderais de citations de Newton, d'Einstein, de Bohr et de tous les autres grands hommes, vous disant combien il est impensable que, en faisant quelque chose ici, nous pouvons changer une situation lointaine. Je pense que les pĂšres fondateurs de la mĂ©canique quantique n'avaient pas tellement besoin des arguments d'Einstein sur la nĂ©cessitĂ© qu'il n'y ait pas d'action Ă  distance, parce qu'ils regardaient ailleurs. L'idĂ©e qu'il y ait soit dĂ©terminisme, soit action Ă  distance, leur Ă©tait si rĂ©pugnante qu'ils dĂ©tournĂšrent le regard. Eh bien, c'est la tradition, et nous devons apprendre, dans la vie, parfois, Ă  apprendre de nouvelles traditions. Et il se pourrait bien que nous devions apprendre non pas tant Ă  accepter l'action Ă  distance, mais Ă  accepter l'insuffisance de « pas d'action Ă  distance »[14]. [Les objections Ă  la non-localitĂ©] semblent ĂȘtre plus ou moins de l'ordre d'un prĂ©jugĂ© qui s'est dĂ©veloppĂ© avec la science moderne. [...] Au dĂ©but du dĂ©veloppement de la science, il y eut un long combat pour se libĂ©rer de ce qui pourrait bien avoir Ă©tĂ© perçu comme des superstitions primitives et des notions magiques, oĂč la non-localitĂ© Ă©tait clairement une notion-clĂ©. Peut-ĂȘtre reste-t-il une peur profondĂ©ment enracinĂ©e que le simple fait de considĂ©rer l'idĂ©e de non-localitĂ© pourrait rouvrir les vannes qui nous protĂšgent de ce qui est perçu comme des pensĂ©es irrationnelles tapies sous la surface de la culture moderne. MĂȘme si c'Ă©tait le cas, ce ne serait pas un argument valable contre la non-localitĂ©[13].
  • La deuxiĂšme est que l'intrication a « unifiĂ© » les deux objets qui ont Ă©tĂ© soumis Ă  une interaction : ces deux objets restent « un » malgrĂ© leur Ă©loignement spatial (« non-localitĂ© de Bernard d'Espagnat »). Cet Ă©loignement peut, en fait, mĂȘme ĂȘtre temporel : il est fondamentalement spatio-temporel. Aucune explication n'est, pour le moment, donnĂ©e Ă  ce qui est considĂ©rĂ© comme un rĂ©sultat d'expĂ©rience et non pas une explication ou une interprĂ©tation de ce rĂ©sultat. Cette approche qui veut en final expliquer les faits d'expĂ©rience est celle des rationalistes.
  • La troisiĂšme consiste Ă  changer notre conception de la causalitĂ© et Ă  accepter le principe d'une causalitĂ© rĂ©trograde (un flux causal venant du futur et allant vers le passĂ©), qu'on ne peut toutefois assimiler Ă  la « cause finale », « tĂ©lĂ©ologique », des philosophes classiques. Il n'y a personne pour orienter les Ă©vĂ©nements en fonction d'un objectif : la backward causation est de nature identique Ă  la causalitĂ© telle que nous la concevons (« causalitĂ© efficiente » des classiques), Ă  ceci prĂšs qu'elle s'exerce Ă  contre-courant par rapport Ă  l'Ă©coulement du temps, et qu'elle « s'additionne » Ă©ventuellement Ă  la causalitĂ© « classique ». Cette interprĂ©tation exige d'admettre que l'irrĂ©versibilitĂ© du temps n'est vraie qu'Ă  l'Ă©chelle macroscopique (seconde loi de la thermodynamique), ce que refusent d'admettre de nombreux physiciens tel le physicien et philosophe Étienne Klein qui souligne que la flĂšche du temps est, selon lui, inscrite dans les symĂ©tries de la physique des particules. Cette interprĂ©tation a un succĂšs certain auprĂšs de ceux qui dĂ©veloppent des interprĂ©tations Ă©sotĂ©riques de l'expĂ©rience, l'employant pour rendre « acceptables » des phĂ©nomĂšnes parapsychologiques pour le moins controversĂ©s dans la communautĂ© scientifique (notamment la prĂ©cognition. Olivier Costa de Beauregard s'est illustrĂ© dans la dĂ©fense de telles thĂšses[15].) Mais cette interprĂ©tation est surtout en contradiction flagrante avec les rĂ©sultats mĂȘme des expĂ©riences telles que celles-ci ont le plus souvent Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es : la ligne d'univers qui relie les Ă©vĂ©nements « mesure P1 » et « mesure P2 » de l'espace-temps est une courbe de genre espace. Car, pour infirmer une interprĂ©tation alternative possible des corrĂ©lations observĂ©es au cours de ces expĂ©riences, les expĂ©rimentateurs se devaient absolument de montrer que la « causalitĂ© » relativiste ne pouvait pas expliquer, au moins en partie, ces mĂȘmes rĂ©sultats, y compris par des scĂ©narios du genre : « photon informant, par quelque processus relativiste que ce soit, le photon de son Ă©tat quantique aprĂšs la premiĂšre mesure... ». Mais il est parfaitement clair que les prĂ©cautions prises par les auteurs de ces expĂ©riences pour Ă©liminer toutes les explications de type « causale » relativiste Ă©liminent en mĂȘme temps, selon la conception majoritaire, toute explication de type « rĂ©tro-causale ». Finalement, pour les tenants de la conception majoritaire, ce type de conception relĂšve de l'interprĂ©tation conjecturale et ne se rĂ©fĂšre pas vraiment aux expĂ©riences ayant rĂ©ellement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. Selon eux, il amĂšne Ă  des interprĂ©tations Ă  la limite de la science, ressortit mĂȘme dans certains cas Ă  la pseudo-science, mĂȘlant la physique quantique Ă  un dĂ©bat qui n'est pas le sien.

Quoi qu'il en soit, aucun physicien ne pense que les rĂ©sultats des expĂ©riences EPR en gĂ©nĂ©ral, et de l'expĂ©rience d'Aspect en particulier, qui sont en parfait accord avec l'interprĂ©tation de Copenhague de la mĂ©canique quantique, remettent en cause, de quelque façon que ce soit, le principe de relativitĂ© selon lequel nulle forme d'Ă©nergie (matiĂšre ou force), et par consĂ©quent, nulle information utilisable, ne peut se dĂ©placer Ă  une vitesse supĂ©rieure Ă  celle de la lumiĂšre, ni, en consĂ©quence, le principe de causalitĂ© relativiste qui en dĂ©rive. Il est en effet facile de montrer que l'intrication quantique ne peut ĂȘtre utilisĂ©e pour transmettre de façon instantanĂ©e quelque information que ce soit d'un point de l'espace-temps Ă  un autre. Les rĂ©sultats de mesure relatifs Ă  la premiĂšre particule sont de type alĂ©atoire ; les modifications de l'Ă©tat de l'autre particule induites par ces mesures, pour instantanĂ©es qu'elles soient selon l'interprĂ©tation de Copenhague de la mĂ©canique quantique et les rĂ©sultats de l'expĂ©rience d'Aspect, conduisent Ă  des rĂ©sultats de mesure relatifs Ă  la seconde particule qui sont, en apparence, tout aussi alĂ©atoires : aucune information utilisable ne peut ĂȘtre sĂ©parĂ©ment tirĂ©e de ces mesures sur le moment, et les corrĂ©lations resteront indĂ©tectables tant que les rĂ©sultats de ces deux sĂ©ries de mesures ne seront pas comparĂ©s. C'est donc la nĂ©cessitĂ© incontournable, parfaitement mise en Ă©vidence par ce type d'expĂ©riences, de disposer d'un signal « classique » au sens de la relativitĂ© pour transmettre l'information nĂ©cessaire Ă  la dĂ©tection de ces corrĂ©lations, signal sans lequel on ne peut rien transmettre et qui dĂ©termine la cĂ©lĂ©ritĂ© de la transmission d'information, qui vient rĂ©affirmer le principe fondamental de la relativitĂ©. Par suite, le principe de causalitĂ© relativiste est, lui aussi, parfaitement compatible avec les rĂ©sultats des expĂ©riences EPR.

Notes et références

  1. Bailly 2015.
  2. (en) Erwin Schrödinger, « Probability relations between separated systems », Proc. Camb. Phil. Soc., vol. 31,‎ , p. 555-563
  3. Par exemple si un homme marié se trouvant à plusieurs années-lumiÚre meurt, alors sa femme se retrouve ipso facto veuve aussi, indépendamment du fait que la constatation en demandera plusieurs années
  4. (en) Clauser, Horne, Shimony, « Proposed experiment to test local hidden-variable theories », Phys. Rev. Lett., vol. 23,‎
  5. Nikseresht 2005, p. 235.
  6. (en) Alain Aspect, « Proposed experiment to test the nonseparability of quantum mechanics », Physical Review D, vol. 14, no 8,‎ (DOI 10.1103/PhysRevD.14.1944)
  7. « Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022 », sur CNRS Le journal (consulté le )
  8. (en) Brendel, Mohler, Martienssen, « Experimental test of Bell's inequality for Energy and Time », Europhys. Lett., vol. 20,‎ , p. 575
  9. (en) Weihs, Jennewein, Simon, Weinfurter, Anton Zeilinger, « Violation of Bell's inequality under strict Einstein locality condition », Phys. Rev. Lett., vol. 81,‎ , p. 5039 (rĂ©sumĂ©)
  10. (en) Rowe,Keilpinsky,Meyer,Sackett,Itano,Wineland, « Experimental violation of a Bell's inequality with efficient detection », Nature, vol. 409,‎ , p. 791 (rĂ©sumĂ©)
  11. (en) Antoine Suarez, Is there a real time ordering behind the nonlocal correlations?, 2001.
  12. Voir par exemple Corrélations, Causalité, Réalité
  13. (en) Hiley, B. J.; Bohm, David (trad. de l'allemand), The Undivided Universe : An Ontological Interpretation of Quantum Theory, New York, Routledge, , 397 p. (ISBN 978-0-415-06588-7, LCCN 91021387) p. 157-158.
  14. John Bell Inequality Video. 22 janvier 1990.
  15. D'Einstein à la télépathie

Bibliographie

  • Sean Bailly, « L’intrication quantique confirmĂ©e par une expĂ©rience de Bell sans faille », sur Pour la science, (consultĂ© le ).
  • Iraj Nikseresht, La physique quantique : origines, interprĂ©tations et critiques, Paris, Ellipses, , 270 p. (ISBN 2-7298-2366-2)
  • Bernard d'Espagnat, TraitĂ© de physique et de philosophie, Fayard (ISBN 2-213-61190-4) Voir le chapitre 3. Non-sĂ©parabilitĂ© et thĂ©orĂšme de Bell
  • Bernard d'Espagnat, A la recherche du rĂ©el, Bordas (ISBN 2-266-04529-6)
  • Bernard d'Espagnat, Étienne Klein, Regards sur la matiĂšre (ISBN 2-213-03039-1) Voir le chapitre VIII. La non-sĂ©parabilitĂ© des couples qui se corrĂšlent

Voir aussi

Articles connexes

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