Eritherium
Eritherium azzouzorum
Eritherium est un genre éteint de proboscidiens primitifs. Son espèce type, trouvée dans le bassin d'Ouled Abdoun au Maroc, est Eritherium azzouzorum. Elle vivait il y a environ 60 millions d'années, durant le Thanétien, à la fin du Paléocène.
Ce genre a été nommé et décrit par Emmanuel Gheerbrant (d) en 2009. En 2018, il s'agissait du genre le plus ancien, le plus petit et le plus primitif des différents représentants connus de l'ordre des éléphants Proboscidea.
Description
Il mesurait environ 20 centimètres au garrot et pesait environ 5 à 6 kg[1].
L'holotype (n° MNHN PM69) est conservé dans le musée d'histoire naturelle - Guimet à Lyon et comprend une mâchoire supérieure, avec les marques de départ de l'os zygomatique et des deux nerfs maxillaires, chacune des deux prémolaires postérieures (P3 et 4), et trois molaires (M1-3). Le fragment mesure environ 15 centimètres de long, 12,5 cm de large et 8 cm de haut. Outre ce fragment principal, les fossiles comprennent quinze autres pièces, dont le crâne (os frontal et l'os nasal), des fragments de la mâchoire inférieure et des dents des mâchoires supérieure et inférieure[2].
Eritherium présente des similitudes dans la structure dentaire avec d'autres Paenungulata, comme les embrithopodes ou les lamantins primitifs, mais leurs dents sont plus spécialisées. La dentition de la mandibule, reconstituée à partir de deux fragments, montre la séquence complète de la dentition originelle des mammifères : trois incisives, une canine, quatre prémolaires et trois molaires. La rangée dentaire était fermée et ne présentait pas de diastème entre la canine et les dents situées à l'arrière. Cette répartition primitive de la dentition est unique parmi les proboscidiens.
Les molaires sont des bunodontes, c'est-à-dire dont la surface occlusale porte des bosses d'émail arrondies. Des stries perpendiculaires à la mâchoire se trouvent entre ces bosses sur les deux premières molaires et sur la dernière, ce qui est typique des dents lophodontes. Les prémolaires de la mâchoire inférieure ont une seule cuspide, contre deux pour celles du maxillaire. La première incisive est relativement large et asymétrique et montre déjà des signes de réduction. Une autre caractéristique archaïque est une symphyse courte de la mâchoire inférieure. Tous ces faits relient Eritherium avec les autres proboscidiens primitifs.
La reconstruction de la partie supérieure du crâne montre que l'orbite de l'œil est relativement en avant du crâne, à la différence des autres Paenungulata primitifs.
Systématique
Eritherium est le plus ancien représentant connu des proboscidiens, même s'il n'est rattaché à aucune famille de cet ordre[2]. En accord avec son ancienneté, Eritherium est à la base de tous les autres proboscidiens — dont Phosphatherium, Numidotherium, Moeritherium et Daouitherium — qui forment ensemble l'une des séquences évolutives les plus complètes de diversification des mammifères primitifs suivant l'extinction Crétacé-Tertiaire[2]. Les analyses cladistiques suggèrent que les plus proches parents de la lignée des proboscidiens sont les lamantins (siréniens) et les desmostyliens. Avec les embrithopodes et les damans (Hyracoïdes), ils forment le groupe des Paenungulata. La datation et le lieu de découverte d'Eritherium soutiennent la thèse de l'origine africaine des Paenungulata et leur diversification rapide durant le Paléocène[2].
Découverte
Eritherium a été découvert à Sidi Chennane, une carrière du bassin de phosphate d'Ouled Abdoun au Maroc[2]. Ces carrières sont entre 10 et 20 kilomètres au sud de Grand Daoui, le lieu où furent trouvés Phosphatherium en 1996 et Daouitherium en 2002, deux Proboscidiens primitifs. Les fossiles d'Eritherium ont été trouvés dans le « lit d'os inférieur » de la couche de phosphate. D'autres fossiles de cette couche montrent les premiers signes de la présence des Hyaenodontidae carnivores, et divers spécimens d'élasmobranches (requins et raies). Cela place les découvertes dans une période géologique allant de 61,1 à 57,8 millions d'années.
Étymologie
Le nom Eritherium vient des mots grecs "eρυ" (eri : ancien) et "θηρίον" (therion : animal), tandis que le nom d'espèce azzouzorum a été donné en l'honneur des habitants du village d'Ouled Azzouz, près du lieu de découverte de la plupart des fossiles[2].
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
Notes et références
Références taxonomiques
- (en) Référence Paleobiology Database : Eritherium Gheerbrant, 2009 † (consulté le )
Références
- (en) A. Larramendi, « Shoulder height, body mass and shape of proboscideans », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 61, (DOI 10.4202/app.00136.2014, lire en ligne)
- (en) Emmanuel Gheerbrant, « Paleocene emergence of elephant relatives and the rapid radiation of African ungulates », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 106, no 26, , p. 10717–10721 (PMID 19549873, PMCID 2705600, DOI 10.1073/pnas.0900251106, lire en ligne)