Accueil🇫🇷Chercher

Ererouk

Ererouyk, Yererouk ou Ererouïk (en arménien Երերույք (Yererouyk)) est un site archéologique situé en périphérie du village d'Anipemza en Arménie, dans le marz de Shirak, près de la rivière Akhourian, frontière avec la Turquie, et à km de l'ancienne capitale de l'Arménie bagratide Ani[1]. Le site est principalement connu en raison des restes d'une basilique à trois nefs datable hypothétiquement du VIe siècle.

Ererouk
Site d'Ererouk.
Site d'Ererouk.
Présentation
Nom local (hy) ÔµÖ€ŐĄÖ€Ő¸Ö‚ŐµÖ„
Culte Abandon
Type Basilique, Ensemble de divers vestiges et bâtiments en ruines
Début de la construction N’est pas connue avec précision. Probablement VIe siècle
Style dominant Arménien
GĂ©ographie
Pays Arménie
RĂ©gion Chirak
Province historique Ayrarat
Ville Anipemza
CoordonnĂ©es 40° 26′ 23″ nord, 43° 36′ 33″ est
Géolocalisation sur la carte : Arménie
(Voir situation sur carte : Arménie)
Ererouk

L'ensemble du site figure depuis le sur la liste indicative arménienne du patrimoine mondial de l'UNESCO[2].

Basilique

La basilique oblongue Ă  trois nefs[3] en ruine, n'est mentionnĂ©e dans aucune source; elle ne peut donc ĂŞtre datĂ©e qu’approximativement de l’époque « palĂ©ochrĂ©tienne Â» (IVe – VIe siècles).

Mais des études récentes[4] à la fois sur l’architecture, le décor sculpté et l’épigraphie du monument, ainsi que des comparaisons avec les églises analogues de Syrie, autorisent une hypothèse de datation du VIe siècle.

C'est une des plus grandes églises arméniennes bâties à cette époque[5]. Dotée de galeries sur ses côtés nord, ouest et sud, de deux pastophoria, ailes barlongues flanquant l'abside, et de niches absidioles extérieures, à l’extrémité est des galeries latérales[6], elle était probablement couverte, à l'origine, d'une charpente en bois. Le pastophorion nord-est, à deux niveaux, présente cet intérêt tout particulier de conserver une partie de ses deux voûtes superposées, dont la supérieure, trait exceptionnel, est inclinée, c’est-à-dire plus haute du côté de la nef et plus basse vers l’extérieur[7]. Il en était de même sur le pastophorion sud-est.

La basilique d’Ererouyk se rapproche des basiliques syriennes tant dans sa conception (hautes pièces angulaires saillantes à l’ouest) que dans son décor (bandes décoratives des fenêtres)[8].

Elle possède en outre, Ă  l’extrĂ©mitĂ© est de la façade sud, une inscription grecque proche de celle d’une Ă©glise syrienne de Deir Sem’an, de la fin du Ve siècle[9]. Avec Tekor (fin Ve siècle) et Zvartnots (VIIe siècle), elle est une des rares Ă©glises armĂ©niennes Ă  ĂŞtre entièrement placĂ©e sur un socle Ă  gradins; telle est du moins l’illusion que crĂ©ent les rangs de cinq ou six marches qui entourent la basilique ; en rĂ©alitĂ©, les fouilles entreprises dans la nef ont rĂ©vĂ©lĂ© l’absence de toute plateforme continue sous l’édifice, dont les fondations sont posĂ©es directement sur la roche. La basilique constituait un Ă©minent sanctuaire martyrial, car elle est appelĂ©e par une inscription gravĂ©e sur le pilier engagĂ© Ă  l’angle nord-est de l’abside « martyrium […] du PrĂ©curseur et du Protomartyr Â», c’est-Ă -dire des saint Jean-Baptiste et Etienne[10]. Les portails du bâtiment sont Ă  gable[11], ornĂ©s de denticules et comprenant un arc[12] vigoureusement moulurĂ©, supportĂ© par des piĂ©droits Ă  colonne unique[13]. Les façades (Ă  l'exception de l'orientale) sont dĂ©corĂ©es de pilastres peu saillants[14].

Outre les moulures marquant les corniches et les bandes surmontant les fenĂŞtres, le dĂ©cor sculptĂ© en bas-relief mĂ©plat intĂ©resse principalement les portails avec leurs linteaux et les chapiteaux de leurs piĂ©droits, les bases et impostes de pilastres (piliers engagĂ©s) et l’abside principale et les absidioles avec les impostes au bas de leurs culs-de-four[15]. Ce dĂ©cor sculptĂ© fait une large place au motif emblĂ©matique et apotropaĂŻque de la croix « de Malte Â» (Ă  quatre bras Ă©gaux) inscrite dans un mĂ©daillon, parfois accostĂ© d’animaux et/ou flanquĂ© d’arbres. Le mĂ©daillon central Ă  croix est souvent complĂ©tĂ© par deux mĂ©daillons latĂ©raux Ă  rosace ou marguerite. Les demi-colonnes des piĂ©droits sont surmontĂ©es de demi-chapiteaux Ă  stylisation assĂ©chĂ©e d’acanthes, caractĂ©ristique de la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de cette forme romaine antique dans les cultures palĂ©ochrĂ©tiennes[16].

La basilique devait être dotée d'un décor peint ; il n'en reste aujourd'hui que quelques traces, notamment dans la fenêtre absidale et sur une composition en partie effacée au-dessus du linteau du portail ouest de la façade sud du bâtiment, seuls exemples subsistant antérieurs au VIIe siècle dans l'architecture arménienne religieuse[17].

Elle a, semble-t-il, subi des restaurations au XIe siècle[5]. Elle a été fouillée au début du XXe siècle par l'archéologue Nicolas Marr[18], puis en 1984 et 1987-88 lors de deux campagnes très peu documentées. Des consolidations d’urgence ont été entreprises après le séisme de , notamment par le World Monuments Fund et l’Institut Polytechnique de Milan. Depuis 2009, le site d’Ererouyk est soumis à une série d’investigations pluridisciplinaires par le Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (LA3M, UMR 7298, Université d’Aix-Marseille et CNRS, France) en coopération avec le Musée régional du Chirak (Gyumri, Arménie)[19].

Autres vestiges

Le vaste ensemble archĂ©ologique d’Ererouyk comprend aussi, outre de nombreux fragments sculptĂ©s, notamment de stèles, dispersĂ©s autour de la basilique, outre une cinquantaine de pierres tombales en forme de bâtière sur plinthe, les vestiges de diverses constructions : a) une enceinte Ă  contreforts et « exèdres Â», au nord et Ă  l’est de la basilique ; b) en contrebas, au nord-est, dans le vallon, les restes d'un Ă©difice soigneusement voĂ»tĂ©, un temps considĂ©rĂ© comme une citerne, mais correspondant plus vraisemblablement Ă  un mausolĂ©e, mentionnĂ© semble-t-il par N. Marr sous le vocable de saint ThĂ©odore[8] ; c) au sud de la basilique, un nombre inhabituellement Ă©levĂ© (entre six et huit) de piĂ©destaux Ă  degrĂ©s ayant portĂ© des monuments commĂ©moratifs Ă  stèle crucifère, autour desquels un cimetière s’est Ă©tabli, qui a fonctionnĂ© durant une très longue pĂ©riode, de l’AntiquitĂ© tardive presque jusqu’à nos jours ; d) plus largement Ă  l’ouest et au sud de la basilique, les ruines d’habitations et de bergeries probablement modernes, mais sans doute implantĂ©es Ă  l’emplacement d'un village mĂ©diĂ©val[5] ; e) en contrebas au sud-est de la basilique, les vestiges de trois ou quatre murs ayant un temps barrĂ© le vallon, sans doute pour servir de retenue d’eau, mais ayant aussi rempli probablement une fonction de viaduc ; f) deux salles rupestres sous la paroi rocheuse, au nord de la basilique.

De nombreux fragments de ont été retrouvés autour de la basilique. En outre, au nord-est se situent les restes d'un de saint Théodore. Le site comprend également les ruines de bâtiments monastiques et d'un village médiéval.

Galerie

Notes et références

  1. (en) (hy) G. Beglaryan, Atlas of Armenia and adjacent countries, Noyan Tapan, Erevan, 2007, (ISBN 978-99941-44-556) p. 7.
  2. (en) « The basilica and archeological site of Yererouk », sur UNESCO (consulté le ).
  3. Patrick Donabédian, L'âge d'or de l'architecture arménienne, Parenthèses, Marseille, 2008 (ISBN 978-2-86364-172-9), p. 41.
  4. Patrick Donabédian, Ereruyk: nouvelles données sur l'histoire du site et de la basilique, Mélanges Jean-Pierre Mahé, Travaux et Mémoires 18, Paris, 2014 (ISBN 978-2-916716-51-0), p. 241-284.
  5. (en) « Index of Armenian Art: Armenian Architecture – Ererouk », sur California State University, Fresno (consulté le )
  6. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 43.
  7. Tentative de restitution en 3D de la basilique dans: Patrick Donabédian, Ereruyk: nouvelles données sur l’histoire du site et de la basilique, Mélanges Jean-Pierre Mahé, Travaux et Mémoires 18, Paris, 2014 (ISBN 978-2-916716-51-0), p. 247, fig.5.
  8. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 49.
  9. Patrick Donabédian, Ereruyk: nouvelles données sur l’histoire du site et de la basilique, Mélanges Jean-Pierre Mahé, Travaux et Mémoires 18, Paris, 2014 (ISBN 978-2-916716-51-0), p. 262-267.
  10. Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), Armenia sacra — MĂ©moire chrĂ©tienne des ArmĂ©niens (IVe – XVIIIe siècle), Somogy / MusĂ©e du Louvre, Paris, 2007 (ISBN 978-2-7572-0066-7), p. 56; Ă  complĂ©ter et actualiser par: Patrick DonabĂ©dian, Ereruyk : nouvelles donnĂ©es sur l’histoire du site et de la basilique, MĂ©langes Jean-Pierre MahĂ©, Travaux et MĂ©moires 18, Paris, 2014 (ISBN 978-2-916716-51-0), p. 269-270 et 274-275.
  11. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 230.
  12. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 233.
  13. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 232.
  14. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 238.
  15. Illustrations dans: Ererouk. Documenti di architettura armena 9, Edizioni Ares, Milan, 1977
  16. Patrick Donabédian, Les métamorphoses de l’acanthe sur les chapiteaux arméniens du ve au viie siècle, L’acanthe dans la sculpture monumentale de l’Antiquité à la Renaissance, CTHS (Sorbonne), Paris, 1993 (ISBN 2-7355-0280-5 et 2-85944-240-5), p. 147-173, en particulier p. 150, 152.
  17. Patrick Donabédian, L'âge d'or…,, p. 61.
  18. (en) « Yererouk », sur Gateway to Armenian cultural heritage (consulté le ).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Ererouk, sur Wikimedia Commons

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.