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Entrepreneuriat

L’entrepreneuriat[2] recouvre les activités qui concourent à la formation et la croissance d'une entreprise, dont la conséquence première est la création de valeur (richesse, emploi).

Nombre de création de nouvelles entreprises en fonction du régime politique en 2008.

Les formes d’entrepreneuriat varient selon le type d’organisation qui est mis en place. Elles recouvrent des réalités très différentes : dirigeants de PME ou de TPE, administrateur de grandes entreprises, fondateurs de start-ups, artisan, agriculteur, profession libérale[3]... Cela peut aussi concerner des formes d'organisation sans but lucratif, par exemple dans l'entrepreneuriat social.

Enjeux

Beaucoup de créations d’entreprises « à haut potentiel » font appel au capital risque ou à des Business angels pour développer leur activité. De nombreuses structures existent aujourd’hui pour conseiller les entrepreneurs potentiels telles que les cabinets de conseil en création d'entreprise, des agences gouvernementales (comme Bpifrance en France), des incubateurs, des pépinières d'entreprise, des organisations non gouvernementales.

La compréhension que nous avons de l’entrepreneuriat doit beaucoup à l’économiste Joseph Schumpeter ainsi qu’à l’école autrichienne. Pour Schumpeter, un entrepreneur est une personne qui veut et qui est capable de transformer une idée ou une invention en une innovation réussie. L’entrepreneuriat conduit à une « destruction créatrice » dans les marchés et les secteurs de l’économie parce que de nouveaux produits et modèles économiques arrivent et remplacent les anciens. Ainsi, la destruction créatrice est à l’origine du dynamisme industriel et de la croissance à long terme.

Pour Frank Knight (1967) et Peter Drucker (1970), l’entrepreneuriat consiste à prendre des risques. L’entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et sa sécurité financière pour mettre en œuvre une idée, à mettre son temps et son capital dans une entreprise risquée.

Une autre définition de l’entrepreneuriat décrit le processus de découverte, d’évaluation et d’exploitation d’occasions. Ainsi, Jeffry Timmons définit l'entrepreneur comme « quelqu’un qui agit non en fonction des ressources qu’il contrôle actuellement, mais qui poursuit inlassablement une occasion ».

En 1985, Peter Drucker révise sa position, l'entrepreneuriat intelligent consiste à ne pas prendre de risques.

Gifford Pinchot III (en) (1985) introduit le terme d'Intrapreneuring (transposé en « intrapreneuriat » en français) pour décrire les activités entrepreneuriales au sein même d’une grande organisation[4] - [5].

Pour Verstraete et Fayolle (2005), quatre paradigmes permettent de cerner le domaine de recherche en entrepreneuriat : la création d'une organisation (non réduite à la seule création d'entreprise, les expressions « émergence organisationnelle » ou « impulsion d'une organisation » étant plus appropriées), la détection-construction- exploitation d'une occasion d'affaires, la création de valeur, l'innovation. Ces paradigmes peuvent se combiner, plutôt que s'opposer.

Ces deux auteurs proposent les définitions suivantes :

« Entrepreneuriat : Initiative portée par un individu (ou plusieurs individus s’associant pour l’occasion) construisant ou saisissant une occasion d’affaires (du moins ce qui est apprécié ou évalué comme tel), dont le profit n’est pas forcément d’ordre pécuniaire, par l’impulsion d’une organisation pouvant faire naître une ou plusieurs entités, et créant de la valeur nouvelle (plus forte dans le cas d’une innovation) pour des parties prenantes auxquelles le projet s’adresse. » (p.44).

Paturel (2007) propose une définition syncrétique de l’entrepreneuriat :

Celui-ci « est, à partir d’une idée, l’exploitation d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toutes pièces ou reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur existante ».

Dans cette perspective, l’entrepreneuriat est indissociable de l’approche projet.

Caractéristiques

  • Il y a un leader, l’entrepreneur, qui est la force motrice Ă  l’origine des faits Ă©conomiques.
  • Dans l’esprit de cet entrepreneur il y a une vision de l’avenir qui est prĂ©fĂ©rable Ă  celle de l’état prĂ©sent.
  • Tout au long d’un processus partiellement conscientisĂ© d’intuitions et de perspicacitĂ© qui trouvent leurs racines dans l’expĂ©rience, l’entrepreneur dĂ©veloppe une vision ainsi qu’une stratĂ©gie afin de la mettre en pratique
  • Cette vision est mise en Ĺ“uvre rapidement et avec enthousiasme par l’entrepreneur. Le travail rĂ©alisĂ© peut procurer le sentiment de vivre pleinement ou la satisfaction de rendre service Ă  la sociĂ©tĂ©.

Entrepreneuriat social

Classiquement l'entrepreneur s'engage dans des activités lucratives et devient chef d'entreprise.

Depuis quelques décennies une nouvelle catégorie d'entrepreneurs dispose d'une visibilité grandissante, les entrepreneurs sociaux. Les entreprises qu'ils créent n'ont pas une finalité lucrative seulement, mais aussi sociale : il s'agit de répondre à des besoins sociaux peu ou pas couverts par le marché. Citons à titre d'exemple Muhammad Yunus, fondateur du système du micro-crédit et de la banque Grameen, Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes, Maria Montessori qui a créé une école fondée sur une nouvelle approche des besoins pédagogiques.

Cette nouvelle forme d’entrepreneuriat connait un regain d’intérêt dans un contexte de crise tant économique que sociale. En 2012, l’économie dite « sociales et solidaire » représente en France 10,3 % de l’emploi et 14 % de l’emploi privé.

Entrepreneuriat féminin

L'entrepreneuriat féminin s'intéresse à un profil spécifique d'entrepreneurs, celui des femmes. Comme la définit Dina Lavoie (1988), une entrepreneure ou entrepreneuse est celle « qui, seule ou avec un ou des partenaire(s), a fondé, acheté ou accepté en héritage une entreprise, qui assume tous les risques et responsabilités financières, administratives et sociales et qui participe quotidiennement à sa gestion courante »[6]. Le premier article académique sur les entrepreneures était celui de Schwaetz en 1976[7].

Place des femmes dans l'entrepreneuriat

En France, les femmes représentent 32,3% des entrepreneurs en 2021[8]. Cette proportion varie suivant les régions françaises : la Bretagne a la plus forte proportion de femmes entrepreneures (36,3%), suivi de la Normandie et de l'Aquitaine avec un taux supérieur à 35%[8].

En 2010, le pourcentage de femmes créant ou reprenant des entreprises est de 32%, un pourcentage en augmentation de plus de 6 points par rapport à 2002[9]. Depuis 2015, la part des femmes parmi les créateurs d'entreprises reste stable aux alentours de 41%[10].

La proportion de femmes dans l'entrepreneuriat varie suivant les statuts juridiques des entreprises créées. En 2021, la proportion est la plus forte pour les sociétés civiles et les sociétés civiles immobilières, avec un pourcentage supérieur à 40%. Par contre ce taux est inférieurs pour les entreprises individuelles (28%), les SARL (25%) ou les SAS (23%)[8].

Politique d'accompagnement de l'entrepreneuriat féminin

L’État français se mobilise à travers le Plan pour l’entrepreneuriat féminin lancé en août 2013 afin d’encourager et valoriser les actions de développement économique des femmes à travers leur propre entreprise et les inciter à se créer leur emploi générateur d’une autonomie financière.

Il s’agit également d’un enjeu majeur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le plan est né d’une collaboration des ministères des droits des femmes, de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, du Ministère délégué chargé des petites et moyennes entreprises (PME), celui de l'innovation et du Ministère de l'économie numérique.

En 2015, le Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes annonçait l’objectif d’atteindre, en deux ans, une augmentation de 10 % de femmes créatrices d’entreprises.

Trois axes ont été abordés dans le plan :

  • la sensibilisation et l'information : la promotion de l'entrepreneuriat fĂ©minin pourrait commencer dès le plus jeune âge. Ainsi, chaque annĂ©e, une semaine de sensibilisation Ă  l'entrepreneuriat fĂ©minin est organisĂ©e dans les Ă©tablissements scolaires et de l'enseignement supĂ©rieur. En 2014, un site en ligne a Ă©tĂ© ouvert pour diffuser des informations sur l’ensemble des dispositifs accessibles pour aider les crĂ©atrices d’entreprise ;
  • l’accompagnement des crĂ©atrices d’entreprise : des actions sont menĂ©es selon les besoins territoriaux pour accueillir et soutenir les entrepreneures, les former et encourager des crĂ©ations d’entreprises en milieu rural ;
  • l’accès au financement : une meilleure visibilitĂ© et plus de moyens sont donnĂ©s au fonds de garantie Ă  l'initiative des femmes (FGIF) pour aider les entrepreneures Ă  crĂ©er leur sociĂ©tĂ©[11] - [12] - [13].

En 2020, un rapport du Conseil économique, social et environnemental établit que l'objectif fixé en 2013 d'avoir 40% de femmes dans les créations d'entreprise n'est pas atteint[14].

Les réseaux professionnels

En France, plusieurs programmes et réseaux (généraux ou spécifiques) d'aide aux entrepreneures ont été mis en place[15].

Les réseaux d'affaires spécifiques aux femmes se développent, passant en dix ans, de 200 à 500. Ils ont pour objectif de créer un environnement favorable à la création d'entreprises par des femmes[16] :

  • services financiers : Femmes Business Angels crĂ©Ă© en 2003 et France Active crĂ©e en 1998 ;
  • services non financiers: Action'elles (crĂ©e en 1994 Ă  Lyon), Business and Professional Women (1930), Diversitelles (2008), Enovatrices (2012), Association des Femmes Chefs d'Entreprises (1945), FĂ©dĂ©ration Pionnières (2008), Association Femmes Entrepreneurs (2011), Les Femmes de l'Ă©conomie (2010), Femmes Entrepreneurs (2011), Force Femmes (2005), GĂ©nĂ©ration Femmes d'Influence (2010), Mampreneurs (2009), Programmes de l'Essec (2008), Racines- CLEFE (1989), Women Business Mentoring Initiative (2010), etc.

Aides Ă  l'entrepreneuriat en France

Dans le but de favoriser la création d'entreprise en France, plusieurs solutions sont disponibles pour accompagner les jeunes créateurs d'entreprises et stimuler l'économie[17] :

  • CrĂ©ation du statut d'auto-entrepreneur, devenu microentrepreneur depuis le 1er janvier 2016;
  • CrĂ©ation d'un pass entrepreneur numĂ©rique ;
  • CrĂ©ation d'un fonds pour l'innovation sociale ;
  • Mise en place dans le cadre du dispositif Pepite, du statut Ă©tudiant-entrepreneur et du diplĂ´me Ă©tudiant-entrepreneur[18] ;
  • PrĂŞts d'aide Ă  la crĂ©ation d'entreprise (PCE) (Ă  taux zĂ©ro, facilitĂ©s de remboursement).
  • Aide financière de Pole Emploi pour les demandeurs d'emploi crĂ©ateurs d'entreprise[19].

La création des réseaux financiers/non financiers d'aide aux entrepreneurs :

  • RĂ©seaux d'accompagnement financiers : CCI Entreprendre en France, Initiative France, Maisons des Entrepreneurs, Paris Initiative Entreprise (PIE), Association pour le droit Ă  l'initiative Ă©conomique (ADIE), FinancitĂ©s/Planet Finance France ;
  • RĂ©seaux d'accompagnement non financiers : Agence France Entrepreneur, BGE RĂ©seau, CĂ©dants et Repreneurs d'Affaires (CRA), Re-CrĂ©er, RĂ©seau Entreprendre, Union des Couveuses d'Entreprises ;
  • CrĂ©ation du portage entrepreneurial, organisation de travail innovante qui permet Ă  tout professionnel d'obtenir le statut d'indĂ©pendant portĂ© et d’être accompagnĂ©.

Formations

Pour favoriser la mise en emploi des jeunes, de nombreuses Ă©coles de commerce axent leurs formations sur l'entrepreneuriat pour accompagner les Ă©tudiants dans leur projet de crĂ©ation d'entreprise via un cursus spĂ©cialisĂ© ou des incubateurs pour la partie plus pratique Ă  l'exemple de certaines disposant d'un cursus incubateur afin de dĂ©velopper cette idĂ©e entrepreneuriat chez les Ă©lèves, les Ă©coles telles que, l'EDC, première Ă©cole de commerce en entrepreneuriat selon le classement Le Point en 2018, l'EM Lyon, de l'ISC Paris, de l'IFAG, de l'ISCOM avec son parcours crĂ©ateur d'entreprise, de l'EM Strasbourg avec son Bachelor Jeune Entrepreneur et de IAE avec le Master MAE Management Administration des Entreprises ou encore des Ă©coles d'ingĂ©nieurs comme TĂ©lĂ©com ParisTech, Mines ParisTech, Institut d'optique Graduate School Paristech et, plus rĂ©cemment, l'INSEEC Paris qui met en place deux mois d'immersion complète dans un incubateur situĂ© Ă  San Francisco, Californie.

Historiquement, les premiers établissements d'enseignement supérieur à avoir formé des entrepreneurs étaient les écoles d'ingénieurs au dix-neuvième siècle, notamment les instituts polytechniques[20]. Les écoles de commerce françaises n’ont commencé à former des entrepreneurs qu’à partir des années 1970, d’abord avec quelques cours spécialisés avant d’ouvrir des mastères spécialisés en entrepreneuriat dans les années 1990[21]. Certaines écoles de commerce françaises ont même construit une identité organisationnelle entrepreneuriale depuis les années 1990[22].

En France, le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Recherche a créé le Statut national étudiant-entrepreneur en 2014[23].

Notes et références

  1. « entrepreneuriat », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
  2. La forme « entreprenariat » est fautive, le mot racine étant « entrepreneur »[1].
  3. CESE 2020, p. 9
  4. (en) Gifford Pinchot et Elizabeth Pinchot, Intra-Corporate Entrepreneurship « https://web.archive.org/web/20110713050351/http://www.intrapreneur.com/MainPages/History/IntraCorp.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), , Tarrytown School for Entrepreneurs, automne 1978.
  5. (en) Norman Macrae, Intrapreneurial Now « https://web.archive.org/web/20110920045625/http://www.intrapreneur.com/MainPages/History/Economist.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), , The Economist, 17 avril 1982.
  6. Pierre-Marie Chauvin, Michel Grossetti et Pierre-Paul Zalio, Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat, Paris, Presses de Sciences Po, , 640 p. (ISBN 978-2-7246-1640-8), p. 288
  7. (en) Jennifer E. Jennings et Candida G. Brush, « Research on Women Entrepreneurs: Challenges to (and from) the Broader Entrepreneurship Literature? », The Academy of Management Annals, vol. 7, no 1,‎ , p. 663–715 (ISSN 1941-6520 et 1941-6067)
  8. « Baromètre Infogreffe : Les Femmes et l'Entrepreneuriat en 2021 »
  9. Direction générale des entreprises, « L'entrepreneuriat : faits et chiffres », sur entreprises.gouv.fr (consulté le )
  10. « La création d’entreprise en France en 8 chiffres [Édition 2022] », (consulté le )
  11. Étude Infogreffe : les femmes et l'entrepreneuriat en 2019
  12. Entrepreneuriat des femmes.
  13. Sénat.fr — Plan pour l'entreprenariat féminin.
  14. CESE 2020, p.8
  15. Marie Claire Capobianco et Martine Liautaud, Entreprendre au FĂ©minin Mode d'emploi, Paris, Groupe Eyrolles, , 173 p. (ISBN 978-2-212-56128-9, lire en ligne).
  16. Coralie Donas, « Réseaux de femmes : une impulsion pour favoriser la mixité dans l'entrepreneuriat », sur Les Echos Executives, (consulté le )
  17. « Accueil », sur Gouvernement.fr (consulté le ).
  18. Le réseau PEPITE
  19. « Les aides financières à la création d'entreprise », sur Pôle emploi (consulté le ).
  20. « Adrien Jean-Guy Passant: The early emergence of European commercial education in the nineteenth century: Insights from higher engineering schools, Business History, Volume 61, Issue 6, pp.1051-1082, 2019 »
  21. « Adrien Jean-Guy Passant: Making European managers in business schools: A longitudinal case study on evolution, processes, and actors from the late 1960s onward, Enterprise & Society, Volume 23, Issue 2, pp. 478-511, 2022 »
  22. « Adrien Jean-Guy Passant: The organizational identity of business schools: Toward an entrepreneurial redefinition? A longitudinal case study of a European business school, Revue de l’Entrepreneuriat, Volume 21, Issue 1, pp. 22-64, 2022 »
  23. « Statut national étudiant-entrepreneur », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Camille Carrier et Colette Fourcade, Entreprenariat et stratĂ©gie des PME Recueil de cas, Presses de l'universitĂ© du QuĂ©bec, 1998, Sainte-Foi (QuĂ©bec), (ISBN 2-7605-1018-2).
  • Eva Escandon, Femmes et entrepreneuriat, Paris, Conseil Ă©conomique, social et environnemental, (lire en ligne)
  • Louis Jacques Filion, « Le champ de l'entrepreneuriat : historique, Ă©volution, tendances », Revue internationale P.M.E, vol. 10,‎ , p. 33 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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