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Emmanuel Monick

Emmanuel Monick, né au Mans le et mort à Neuilly-sur-Seine le , est un haut fonctionnaire, résistant et banquier français.

Épouse Madeleine Perrusson (1895-1961) le 30 juin 1920 à Paris. De cet union, deux enfants, Jacqueline (1921-2020) et Gisèle (1924-2017).

Biographie

Élevé en province, fils de Melchior Monick, dentiste puis rentier, et de Marie Duval, Emmanuel Monick effectua ses études supérieures à Paris. Licencié en lettres et en droit, il passa avec succès le concours de l'École libre des sciences politiques, dont il sortit diplômé.

En 1914, à vingt et un ans, Emmanuel Monick s'engagea dans l'infanterie. Il connut, pendant quatre années, le dur sort des soldats et les souffrances de la guerre de tranchées. Il affronta courageusement l'épreuve meurtrière des grandes batailles : à Verdun, en cinq jours, son régiment perdit la moitié de son effectif. À la fin de la guerre, Monick était capitaine, officier de la Légion d'honneur et titulaire d'une croix de guerre avec cinq palmes et deux étoiles.

Reçu au concours, il devint Inspecteur des finances en 1923.

Il fut de 1930 à 1934 attaché financier à l'ambassade de France à Washington, où il noua une grande amitié avec l'ambassadeur Paul Claudel et rencontra Roosevelt. Nommé ensuite attaché financier à Londres (1934-1940), il rencontra Winston Churchill.

En , Emmanuel Monick fut nommé secrétaire général du protectorat français du Maroc. Michel Debré fut alors son directeur de cabinet tandis que Robert Marjolin était son chef de cabinet. Ses contacts avec le Consul général des États-Unis Robert Murphy et le chargé d'affaires américain à Tanger J. Rives Childs (en) facilitèrent d'une part la conclusion des accords Murphy Weygand sur l'approvisionnement de l'Afrique du Nord et d'autre part ouvrirent la voie à une intervention américaine, qui sera l'opération Torch (débarquement des troupes américaines en Afrique du Nord). Grâce à sa position, Monick permit aussi le passage vers les États-Unis de plusieurs personnes dont des juifs. Fin 1941, Vichy, réalisant les liens qu'il avait tissés avec les États-Unis, décida, sur l'injonction d'un câble envoyé par Otto Abetz et demandé par Ribbentrop, de son rappel en France.

De retour en France, Emmanuel Monick se cacha dans l'Ain puis à Paris, sous le nom de résistant de "Bruère". Il participa alors à de nombreuses activités résistantes, notamment avec Michel Debré, et à la libération du Ministère des Finances à la demande d'Alexandre Parodi. Il devint Secrétaire Général des Finances et participa le au conseil des Secrétaires Généraux à Matignon.

Il fut ensuite nommé gouverneur de la Banque de France et prit ses fonctions le en remplacement d'Yves Bréart de Boisanger.

Ă€ ce poste, il dut notamment rĂ©gler l'affaire de l'or de la Banque nationale de Belgique. Celle-ci avait confiĂ© en un tiers de ses rĂ©serves d'or Ă  la Banque de France. Cet or avait Ă©tĂ© acheminĂ© au SĂ©nĂ©gal puis, en 1942, livrĂ© aux Allemands sur leur exigence par le gouvernement Laval. Il avait ensuite Ă©tĂ© fondu et revendu en Suisse. Dès , la mĂŞme quantitĂ© de 220 tonnes d'or fut rendue Ă  la Banque nationale de Belgique sur les rĂ©serves propres de la Banque de France. Grâce aux talents de nĂ©gociateur d'Emmanuel Monick, la Banque de France rĂ©cupĂ©ra ensuite 90 tonnes d'or et 250 millions de francs suisses.

Jean Guyot, autre inspecteur des finances, témoigna plus tard : « Nous étions une équipe de hauts fonctionnaires extraordinairement soudés qui avaient vécu les années de guerre, s'étaient engagés dans la Résistance. Nous devions faire face à des crises de trésorerie permanentes. Nous incarnions quelque chose de fort. Je me souviens : en 1948, Emmanuel Monick, ancien résistant, inspecteur des Finances, gouverneur de la Banque de France, avait été voir Henri Queuille, président du Conseil, à l'occasion d'une crise financière. Queuille, vieux briscard de la politique, homme de bon sens, tremblait devant Monick. Il était très impressionné. » [1].

À la suite notamment de divergences avec le gouvernement, Emmanuel Monick quitta son poste de gouverneur en , provoquant une légère inquiétude des marchés financiers. Il devint alors président de la Banque de Paris et des Pays-Bas (future Paribas) jusqu'en 1962, puis président d'honneur.

Il fut également président de la Banque ottomane de 1954 à 1975.

Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle lui demanda d'organiser une rencontre secrète avec le « comte de Paris Â», qui eut lieu le dans la propriĂ©tĂ© de Monick Ă  Saint-LĂ©ger-en-Yvelines. C'Ă©tait la première rencontre entre les deux hommes. Un rĂ©cit en fut donnĂ© notamment par la « comtesse de Paris Â» dans un entretien avec Point de Vue Images du Monde en 1991 et par le « comte de Paris Â» dans son livre Dialogue Sur La France (Fayard, 1994).

Emmanuel Monick organisa de la même manière de nombreux rendez-vous discrets pour le général de Gaulle, avec des chefs d'État étrangers tels que le Roi du Maroc Mohamed V ou des personnalités politiques françaises comme le Président René Coty durant l'été 1956.

Monick était membre du conseil central et vice-président du comité français de la Ligue européenne de coopération économique[2], signataire des appels internationaux de 1954 et 1962 du Mouvement pour une union atlantique de l'Américain Clarence Streit et du Français Pierre Billotte, membre dirigeant de Fraternité mondiale ( World brotherhood ), chairman de son comité financier international et vice-président de sa section parisienne[3].

Jusqu'à la fin de sa vie, Emmanuel Monick fut un homme d'influence respecté et consulté par beaucoup tant dans le monde des affaires que dans l'univers politique.

Ĺ’uvres

  • Demain la paix (en collaboration avec Michel DebrĂ©), Paris, Ă©ditions Plon, 1945
  • Pour mĂ©moire, Paris, Ă©ditions Mesnil, 1970
  • Refaire la France, Ă©crit dans la clandestinitĂ© avec Michel DebrĂ© sous les noms de rĂ©sistants de Jacquier (DebrĂ©) et Bruère (Monick), Paris, Plon 1945 : dans cet ouvrage l'architecture institutionnelle de la Ve RĂ©publique est pour la première fois esquissĂ©e.

Notes et références

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