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El Kowm

El Kowm est une oasis situĂ©e dans le dĂ©sert syrien, au nord-est de Palmyre, non loin d'Al-Soukhna. On trouve dans un rayon de 10 Ă  20 km autour de l'oasis une sĂ©rie de sites prĂ©historiques couvrant une très large pĂ©riode, allant du PalĂ©olithique infĂ©rieur, il y a 1,8 million d'annĂ©es, jusqu'au NĂ©olithique[1] - [2] - [3].

Des sources naturelles arrosent quelques points sur les bords sud-ouest et nord du plateau d'El Kowm. La végétation ne pouvait se développer réellement dans la région que durant de courtes périodes plus humides du Pléistocène. Les habitants chassaient probablement les gazelles, les équidés et les camélidés. De nombreux outils et armes de pierre, tels que des bifaces et des pointes de flèches, ont été trouvées sur les différents sites de la région[4].

Historique

Un premier sondage du site fut rĂ©alisĂ© en 1967 par M. N. van Loon et Rudolf Dornemann, avec une tranchĂ©e de 3,5 mètres, Ă  El Kowm I, un grand tell nĂ©olithique d'environ 3 ha. Les auteurs ont classĂ© leurs rĂ©sultats en 5 pĂ©riodes : dĂ©but du NĂ©olithique (A), NĂ©olithique moyen (B–C), NĂ©olithique tardif (D) et post-NĂ©olithique (E)[5].

D'autres fouilles ont été faites sur un petit tell périphérique appelé El Kowm II, entre 1978 et 1987, par Danielle Stordeur et la mission permanente du ministère français des Affaires étrangères, à El Kowm-Mureybet. Les niveaux néolithiques à El Kowm II ont montré l'un des premiers sites où des réseaux d'irrigation et des réseaux d'eaux usées ont été créés[6] - [7].

Des recherches ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă  partir de 1980 par Jacques Cauvin (en) et M.-C. Cauvin, Lorraine Copeland, François Heures, Jean-Marie Le Tensorer et Sultan Muhesen. Depuis 1989, d'autres recherches ont Ă©tĂ© menĂ©es par l'Institut de prĂ©histoire et des sciences archĂ©ologiques de l'universitĂ© de Bâle et le dĂ©partement d'histoire de l'universitĂ© de Damas. Ceux-ci se sont concentrĂ©s sur les sites palĂ©olithiques appelĂ©s Nadaouiyeh AĂŻn Askar, montrant une pĂ©riode d'occupation allant de 500 000 Ă  100 000 ans avant le prĂ©sent (AP), et Hummal, montrant des traces d'occupation humaine de plus d'1 million d'annĂ©es. Une autre pĂ©riode a Ă©tĂ© identifiĂ©e sous les niveaux du Yabroudien, qui a Ă©tĂ© provisoirement rattachĂ©e au Tayacien.

Paléolithique inférieur

Oldowayen

Le Levant montre une présence humaine depuis au moins 1,8 Ma. En Syrie centrale, le site d'Aïn al Fil, dans la région d’El Kowm, a été fouillé en 2008 et 2010. L’industrie lithique mise au jour dans les niveaux les plus anciens comporte un grand nombre d’éclats non retouchés, de galets aménagés et d’autres artéfacts nucléiformes. Il s’agit d’un assemblage de mode I, c'est-à-dire de type oldowayen, très proche des assemblages de la même époque connus en Afrique[1].

Le niveau le plus ancien de la stratigraphie se situe avant trois évènements positifs au sein de la période paléomagnétique de Matuyama. L’ensemble des données permet de dater cette couche vers 1,8 Ma AP, c'est-à-dire au sein de la phase d’Olduvai, voire juste avant la limite de l’inversion Olduvai/Matuyama. Avec ceux du gisement voisin de Hummal, ces niveaux correspondent aux plus anciennes traces de présence humaine jamais trouvées en Syrie[1].

Ainsi, les premiers hommes n’occupèrent pas seulement au Levant les zones les plus favorables, mais investirent aussi des territoires dont l’environnement était moins accueillant, démontrant une capacité d'adaptation précoce[1].

Acheuléen

En 1996, une Ă©quipe comprenant Jean-Marie Le Tensorer dĂ©couvrit un fragment de crâne humain datĂ© de 450 000 ans dans un niveau acheulĂ©en, Ă  Nadaouiyeh AĂŻn Askar, dans la rĂ©gion d'El Kowm. Cet os pariĂ©tal est l'un des rares fossiles humains anciens trouvĂ©s Ă  ce jour au Moyen-Orient. Il montre une morphologie archaĂŻque, avec un allongement antĂ©ro-postĂ©rieur et une Ă©paisseur de 12 mmm, le double d'un os pariĂ©tal humain moderne[8].

Paléolithique moyen

En 2005, l'Ă©quipe de l'universitĂ© de Bâle a trouvĂ© plus de quarante fragments d'os fossiles de chameau gĂ©ant, datant de 150 000 ans, une nouvelle espèce de camĂ©lidĂ©s, dĂ©nommĂ©e Camelus moreli. Ce chameau faisait deux fois la taille d'un chameau moderne. Il se trouvait Ă  cĂ´tĂ© de restes humains[9].

NĂ©olithique

Le site a Ă©tĂ© abandonnĂ© avant , puis de nouveau occupĂ© durant le NĂ©olithique Ă  partir de 7 000 Ă  6 500 av. J.-C., avec un grand Ă©tablissement sĂ©dentaire[10]. Les maisons Ă©taient bien construites et compartimentĂ©es. Beaucoup d'entre elles incluaient des caniveaux entre les chambres, avec des trous pour Ă©vacuer les eaux usĂ©es hors du bâtiment.

On a trouvé une fresque peinte avec des équidés sur un plat de plâtre. Des comparaisons culturelles ont été faites avec les sites de Tell Abu Hureyra et de Bouqras.

Des échantillons paléobotaniques ont été analysés par Willem van Zeist, qui a conclu que l'amidonnier et le blé dur ont été cultivés depuis le plus ancien étage néolithique à El Kowm I, soit environ [11]. Danielle Stordeur a fouillé El Kowm II plus récemment, et l'a daté vers

Willem van Zeist a suggéré qu'une certaine forme d'irrigation a été employée à El Kowm II, et les fouilleurs à El Kowm II sont provisoirement d'accord avec l'hypothèse. Danielle Stordeur a suggéré que, pendant que la colonie voisine de Qdeir montrait des caractères plus nomades, El Kowm I et El Kowm II ne montraient aucun signe de campement provisoire. Les habitants ont creusé des canaux simples, alimentant les champs en eau depuis les sources locales à l'aide d'un simple système à gravité. Ce type d'irrigation ressemble à celui que l'on a mis au jour à Jéricho (Israël)[12]. Jacques Cauvin a également suggéré El Kowm comme un des lieux possibles de l'invention de l'irrigation[10].

Références

  1. (en) Jean-Marie Le Tensorer et al., « The Oldowan site Aïn al Fil (El Kowm, Syria) and the first humans of the Syrian Desert », L'Anthropologie, vol. 119, no 5,‎ (DOI 10.1016/j.anthro.2015.10.009)
  2. Th. Hauck, R. Jagher, H. Le Tensorer, D. Richter, D. Wojtczak, 2006, Research on the Paleolithic of the El Kowm area (Syria)
  3. Jean-Marie Le Tensorer, Inge Diethelm, Swiss National Fund for Scientific Research, The University of Basel - Departement of Prehistory Archaeological Mission, Damascus University - Département of Prehistory Archaeological Mission, Le paléolithique d'El Kowm (Syrie) : rapport 1995, 130 pages, 1995, résumé en ligne
  4. Sultan Muhesen, 2002, The Earliest Paleolithic Occupation in Syria, in Akazawa, Takeru; Aoki, Kenichi; Bar-Yosef, Ofer (dir.)
  5. Rudolf Henry Dornemann, A Neolithic village at Tell el Kowm in the Syrian Desert, Oriental Institute of the University of Chicago, 89 pages, 1986
  6. Danielle Stordeur (dir.), 2000, El Kowm 2 : une ile dans le désert - La fin du néolithique précéramique dans la steppe syrienne
  7. Viollet P.-L., 2000, L'Hydraulique dans les civilisations anciennes - 5000 ans d'histoire
  8. Schmid, P.; Rentzel, Ph.; Renault-Miskovsky, J.; Muhesen, Sultan; Morel, Ph.; Le Tensorer, Jean Marie; Jagher, R., 1997, Découvertes de restes humains dans les niveaux acheuléens de Nadaouiyeh Aïn Askar (El Kowm, Syrie centrale)
  9. BBC NEWS - Giant camel fossil found in Syria, 10 octobre 2006
  10. Jacques Cauvin, Naissance des divinités, naissance de l'agriculture - La révolution des symboles au Néolithique, éd. Flammarion, collection Champs, 1998
  11. (en) Waterbolk H.T., « R.H. Dornemann. — A Neolithic village at Tell el-Kowm in the Syrian Desert (Compte-rendu) », Paléorient, vol. 13, no 2,‎ , p. 150 (lire en ligne)
  12. (en) Betts Alison, « Danielle Stordeur (sous la dir.) 2000. El Kowm 2. Une île dans le désert. La fin du Néolithique précéramique dans la steppe syrienne (Compte-rendu) », Paléorient, vol. 27, no 1,‎ , p. 185 (lire en ligne)

Voir aussi

Article connexe

Lien externe

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