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Droite radicale

En science politique, le terme de droite radicale est utilisĂ© pour dĂ©signer les groupes populistes d'extrĂȘme droite partageant un certain nombre de points communs, qui comprennent gĂ©nĂ©ralement l'opposition Ă  la mondialisation et Ă  l'immigration, la critique du multiculturalisme et l'opposition Ă  l'Union europĂ©enne[1].

Manifestation du mouvement allemand de droite radicale PEGIDA Ă  Dresde

Le spectre idéologique de la droite radicale s'étend du populisme de droite au nationalisme blanc et au néofascisme.

Terminologie

Perspectives historiques

D'aprĂšs la chercheuse Caterina Froio, l'un des articles les plus influents sur l'extrĂ©misme de droite aprĂšs la seconde guerre mondiale a Ă©tĂ© Ă©crit par Klaus von Beyme en 1998. Ce dernier ayant proposĂ© d'identifier « trois vagues » de recherches sur ce sujet, un autre politologue, Cas Mudde, suggĂšre alors de systĂ©matiser la recherche en fonction de ces « trois vagues » : la premiĂšre va de 1945 Ă  1980, pĂ©riode pendant laquelle la littĂ©rature Ă©tudie la droite radicale d'aprĂšs guerre en adoptant les labels « extrĂȘme droite » et « nĂ©ofascisme », qui indiquent des mouvements dĂ©sireux de sortir de la dĂ©mocratie et d'Ă©tablir un ordre politique totalitaire. La seconde vague se situe entre 1980 et le dĂ©but des annĂ©es 2000, avec l'apparition d'une distinction entre « extrĂȘme droite » et « droite radicale », cette derniĂšre acceptant le principe dĂ©mocratique, mais refusant des droits de minoritĂ©s dĂ©finies Ă  partir de critĂšres ethniques/culturels, religieux, ou d’orientation sexuelle. La troisiĂšme vague est marquĂ©e par la publication de The Populist Radical Right in Europe de Cas Mudde (2007), qui pour la premiĂšre fois associe « droites radicales » et « populisme ». AprĂšs cette publication, les chercheurs se concentrent sur la comparaison entre le populisme de droite radicale et de gauche radicale, et moins sur les comparaisons qui portent spĂ©cifiquement sur les droites radicales[2].

Selon une Ă©tude de 1996 du politologue Cas Mudde, « droite radicale » est le terme prĂ©dĂ©cesseur de « extrĂȘme droite » ; les deux termes sont donc le plus souvent interchangeables ; et la plupart des auteurs faisant une diffĂ©rence entre les deux termes suivent soit la tradition allemande soit la tradition amĂ©ricaine. La tradition allemande est fortement basĂ©e sur la dĂ©finition officielle de l'État allemand, telle que publiĂ©e dans le Verfassungsschutzbericht (de), un rapport annuel du Bureau fĂ©dĂ©ral pour la Protection de la Constitution, qui Ă©tablit une distinction entre le radicalisme et l'extrĂ©misme : le radicalisme est ce qui vise Ă  des solutions unilatĂ©rales allant « Ă  la racine » de certains problĂšmes mais « sans viser Ă  l'Ă©limination totale ou partielle de l'ordre dĂ©mocratique libre ». Ainsi, le radicalisme n'est pas anti-constitutionnel, contrairement Ă  l'extrĂ©misme. Dans la tradition amĂ©ricaine, les auteurs utilisent le terme « droite radicale » dans un sens diffĂ©rent par rapport Ă  l'Europe, dĂ©signant toute une variĂ©tĂ© de mouvances ravivant des traditions spĂ©cifiques de la droite radicale amĂ©ricaine, comme le nativisme, le populisme, l'hostilitĂ© au gouvernement central, et dont il est dit qu'elles ont aprĂšs la Seconde Guerre mondiale dĂ©veloppĂ© des combinaisons d'ultranationalisme, d'anti-communisme, de fondamentalisme chrĂ©tien, d'orientation militaire et de sentiment anti-Ă©tranger[3].

En 2015, l'universitaire Kai Arzheimer indique qu'un nouveau groupe de partis de droite a Ă©mergĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1980 en Europe occidentale et que ces partis, diffĂ©rant systĂ©matiquement et considĂ©rablement des partis traditionnels de droite, ont Ă©tĂ© dĂ©crits comme une nouvelle famille de partis dans la littĂ©rature scientifique. Une double question sur ces partis Ă©tait de dĂ©terminer ce qui les distingue de la droite dominante et quels adjectifs — « radical », « populistes », « extrĂ©mistes », « anti-immigrĂ©s »... — pourraient le mieux rendre compte de ces diffĂ©rences. Selon Kai Arzheimer, Cas Mudde a proposĂ© dans des travaux de 2007 une nouveau schĂ©ma de classification de ces partis qui a gagnĂ© une renommĂ©e internationale, car s'adaptant Ă  un large Ă©ventail de partis tout en identifiant des diffĂ©rences entre eux. Le plus petit dĂ©nominateur commun de cette famille de partis est le nativisme, mais ce dernier se retrouve Ă  l'Ă©tat de traces dans les partis de droite traditionnels, ainsi, d'aprĂšs Muddle, pour ĂȘtre qualifiĂ© de droite radicale, un parti doit Ă©galement afficher des tendances Ă  l'autoritarisme. En outre, Kai Arzheimer indique qu'un « petit sous-groupe » de la droite radicale est antidĂ©mocratique, et que Cas Muddle, s'inspirant de la tradition de longue date en Allemagne, qualifie ces partis d'« extrĂȘme droite ». Kai Arzheimer affirme que le systĂšme de dĂ©finition de Cas Muddle, bien qu'il soit un outil utile, n'a pas clos le dĂ©bat sur la terminologie dans ce domaine[4].

Pour Gilles Ivaldi, en 2021, la droite radicale europĂ©enne s'est imposĂ©e « bien au-delĂ  des frontiĂšres de l’extrĂȘme-droite stricto sensu » et nombre de recompositions ont eu lieu au sein de l’espace politique radical europĂ©en. Selon lui, le Front national français, le Vlaams Blok en Belgique ou le FPÖ autrichien ont tout d'abord Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s sous le prisme des mouvements fasciste de l'entre-deux guerre, puis nombre d’observateurs ont pris en compte une nĂ©cessitĂ© d'examiner leurs Ă©volutions et ont importĂ© la notion de « droite radicale » prĂ©sente dans la sociologie amĂ©ricaine et plus apte Ă  saisir la diversitĂ© de l'extrĂ©misme. Gilles Ivaldi estime que le populisme distingue les droites radicales contemporaines d’une extrĂȘme-droite plus traditionnellement dĂ©finie par ses penchants anti-dĂ©mocratiques. Selon lui, le concept plus « inclusif » de « droite radicale » permet de saisir les trajectoires d'acteurs venus d'horizons trĂšs divers et ayant convergĂ© vers la matrice idĂ©ologique nativisme-autoritarisme-populisme. Ainsi, la droite radicale europĂ©enne est relativement hĂ©tĂ©rogĂšne, avec notamment des partis conservateurs traditionnels s'Ă©tant appropriĂ© les thĂšmes du nativisme et du populisme : c'est le cas selon lui de l'UDC/SVP en Suisse Ă  partir des annĂ©es 1990, le Fidesz de Viktor OrbĂĄn depuis 2010, Droit et Justice en Pologne ou l’EKRE en Estonie. Il existe Ă©galement au sein de cette droite radicale, une extrĂȘme droite de type nĂ©onazie et de groupes ultranationalistes violents comme le NPD allemand, Aube dorĂ©e en GrĂšce, le Parti populaire Notre Slovaquie, le Parti croate du droit, ou les activistes anti-Islam de Ligne dure au Danemark[5].

DĂ©finitions

Pour Pierre-AndrĂ© Taguieff l'expression « droite radicale » est un synonyme approximatif d'« extrĂȘme droite ». Il estime que « droite radicale » est une expression « plus rĂ©cente et plus Ă©lĂ©gante, sinon plus conceptualisante ». Les principales valeurs et causes dĂ©fendues par ces groupes sont essentiellement le rejet de la mondialisation, l'immigration, le chĂŽmage ainsi qu'une prĂ©tendue islamisation des sociĂ©tĂ©s occidentales. L'agrĂ©gation de ces causes politiques a donnĂ© naissance Ă  un « nouveau nationalisme », qui est accompagnĂ© d'une dĂ©fiance vis-Ă -vis du systĂšme mĂ©diatique et du personnel politique classique[6].

Selon Taguieff, la signification de « droite radicale » est tout aussi floue que celle d'« extrĂȘme droite », constituant Ă©galement plutĂŽt une Ă©tiquette polĂ©mique qu'une « catĂ©gorie conceptuellement Ă©laborĂ©e ou un modĂšle d’intelligibilitĂ© utilisable dans les travaux savants, relevant de l’historiographie ou de la science politique ». Le politologue affirme que les utilisateurs de l'expression « droite radicale » sont incapables de dire clairement en quoi cette droite est « radicale ». Taguieff dĂ©nombre quatre significations que les utilisateurs de l'expression peuvent revendiquer, sans ĂȘtre forcĂ©ment attachĂ©s Ă  une seule : 1/ la « droite radicale » serait radicalement de droite, et serait donc la vraie droite. Elle serait donc, du point de vue de ses ennemis : raciste, antisĂ©mite, passĂ©iste, rĂ©actionnaire, etc. 2/ la « droite radicale » serait non libĂ©rale, sectaire, hostile Ă  la discussion et aux compromis. 3/ elle serait autoritaire et violente, donc Ă©ventuellement non respectueuse des procĂ©dures de l'Ă©lection dĂ©mocratique. 4/ elle serait une droite populiste, donc dĂ©magogique, promettant ce qui ne peut ĂȘtre tenu ou rĂ©alisĂ©[7].

L'universitaire Britta Schellenberg prend pour dĂ©finition de la « droite radicale » ce qui, au niveau idĂ©ologique, englobe l'extrĂȘme droite, la droite xĂ©nophobe, la droite populiste, et la droite des fondamentalismes religieux. Un autre universitaire, Michael Minkenberg, dĂ©finit le radicalisme de droite comme « une idĂ©ologie ou une tendance politique basĂ©e sur des idĂ©es ultra-nationalistes qui tend Ă  ĂȘtre dirigĂ©e contre la dĂ©mocratie libĂ©rale - mĂȘme si ce n'est pas nĂ©cessairement de maniĂšre directe ou explicite ». Pour lui, le radicalisme de droite inclut notamment le fascisme, mais pas le populisme de droite, qui est l'expression d'un style politique qui transcende les frontiĂšres des partis, voire des camps politiques, et ne permet donc pas d'analyser des groupes spĂ©cifiques. Et Michael Minkenberg distingue les termes « extrĂ©misme de droite » et « radicalisme de droite », l'extrĂ©misme incluant, au moins en Allemagne, souvent un Ă©lĂ©ment anticonstitutionnel : les extrĂ©mistes se positionnent eux-mĂȘmes contre l'ordre constitutionnel dĂ©mocratique, en dehors du consensus dĂ©mocratique[8].

Selon la RTBF, l'expression « droite radicale » — de mĂȘme que les expressions « droite populiste », « droite identitaire », « droite extrĂȘme », « droite dure » — fait partie de ce que les chercheurs appellent une « zone grise », et la RTBF rapporte les propos de JĂ©rĂŽme Jamin, spĂ©cialiste de l'extrĂȘme droite, qui dĂ©clare : « Ces nouveaux mots permettent de montrer qu’il y a danger et qu’il y a de la haine, mais que l’on n’est pas forcĂ©ment face Ă  un mouvement ou parti d’extrĂȘme droite ». Le politologue Jean-Yves Camus ajoute : « Ce sont des conservateurs de droite qui empruntent un certain nombre de schĂšmes idĂ©ologiques plus Ă  droite qu’eux ». Le politologue prĂ©cise qu'il peut s'agir Ă©galement de personnes venant de l'extrĂȘme droite et pratiquant une « stratĂ©gie d’entrisme », autrement dit une stratĂ©gie de dissimulation visant Ă  paraĂźtre acceptables[9]. Pour l'universitaire Michael Minkenberg, l'extrĂȘme droite est une « variante de la droite radicale », et la droite radicale n'est pas forcĂ©ment anticonstitutionnelle ou violente, tandis que l'extrĂȘme droite l'est « nĂ©cessairement »[10].

Histoire du radicalisme

Les universitaires Florent Gougou, Simon Labouret estiment que le dĂ©veloppement des partis Ă©cologistes et des partis de droite radicale anti-immigrĂ©s Ă  partir de la fin des annĂ©es 1960 a induit une profonde restructuration des systĂšmes de partis politiques en Europe de l’Ouest, l'opposition gauche/droite se reconfigurant suivant l'apparition « d’une nouvelle ligne de fracture entre une gauche culturellement libĂ©rale et une droite autoritaire et ethnocentriste ». Les deux auteurs indiquent que l'UMP avec Nicolas Sarkozy a axĂ© sa communication sur l'immigration et l'identitĂ© nationale pendant les campagnes prĂ©sidentielles de 2007 et 2012, provoquant un effondrement du vote FN en 2007. Les deux auteurs posent l'idĂ©e d'une « radicalisation idĂ©ologique de l’UMP » et affirment que la campagne de 2012 a continuĂ© Ă  rapprocher les Ă©lecteurs du FN et de l'UMP[11].

En 2021, le politologue Gilles Ivaldi estime que les acteurs de la droite radicale se sont multipliĂ©s et ont prospĂ©rĂ© en Europe et dans un grand nombre de nations, notamment aux États-Unis mais Ă©galement dans des dĂ©mocraties « plus jeunes » comme le BrĂ©sil, l’Inde, l’IndonĂ©sie ou la Turquie[5].

Idéologie

Dans un article de 2005, Michael Minkenberg et Pascal Perrineau dĂ©finissent la droite radicale comme un « ensemble de partis nationalistes, autoritaires, xĂ©nophobes et extrĂ©mistes qui ont en commun de partager un ultranationalisme de type populiste ». Le radicalisme de cette droite peut ĂȘtre vu comme une lutte contre la diffĂ©renciation, la proposition concurrente Ă  une diffĂ©renciation sociale Ă©tant une homogĂ©nĂ©itĂ© sociale dans un cadre national, ce qui caractĂ©rise selon les auteurs « si souvent la pensĂ©e de la droite extrĂȘme ». La nation Ă©tant supĂ©rieure Ă  l'individu et ses droits civiques, la droite radicale s'oppose frontalement Ă  la conception d'une dĂ©mocratie libĂ©rale, pluraliste, et ses valeurs de libertĂ©, Ă©galitĂ©, individualisme et universalisme. Selon les auteurs, cela ne signifie pas que le modĂšle d'Ă©tat prĂŽnĂ© par la droite radicale soit forcĂ©ment fasciste, et la notion d'ultranationalisme, substituĂ©e aux notions de fascisme et racisme, est prĂ©sentĂ©e par les deux auteurs comme permettant de prendre en compte « une plus grande variĂ©tĂ© de radicalismes de droite et Ă  les distinguer en fonction de la maniĂšre dont les critĂšres d’exclusion ethniques, religieux, culturels ou autres, sont utilisĂ©s ». Cela permet de distinguer au moins deux types d'idĂ©ologies : le type autocratique-fasciste ou d’extrĂȘme droite (qui remet en cause directement les principes dĂ©mocratiques) et le type nationaliste-populiste moins intĂ©griste quant Ă  la conception de la nation et aux critĂšres d’exclusion Ă  mettre en Ɠuvre[12].

Selon Gilles Ivaldi, la droite radicale « contemporaine » (en 2021) est idĂ©ologiquement structurĂ©e autour de trois composantes principales : le nativisme, l’autoritarisme et le populisme. Et le nativisme est le noyau idĂ©ologique central de la droite radicale, qui prĂŽne l'homogĂ©nĂ©itĂ© culturelle, qu'il faudrait notamment protĂ©ger de l'immigration et de l'Islam[5].

Kai Arzheimer identifie le nativisme comme Ă©tant « un mĂ©lange de nationalisme et de xĂ©nophobie », et le propose comme critĂšre de sĂ©paration entre la droite radicale et les autres partis de droite[4]. Gilles Ivaldi et Andrej Zaslove rapportent que « l'abondante littĂ©rature consacrĂ©e Ă  la droite radicale populiste » a mis en Ă©vidence que ces mouvements politique mettent le nativisme en position centrale dans leur offre politique, et s'opposent au multi-culturalisme et Ă  l'Islam. Selon les deux auteurs, quatre Ă©tudes rĂ©alisĂ©es entre 2008 et 2014 le confirment en analysant les attitudes des Ă©lecteurs de cette mouvance : l’opposition Ă  l’immigration — alimentĂ©e par la crainte d'une menace culturelle et d’une compĂ©tition Ă©conomique immigrĂ©e — est sans doute possible l’enjeu dĂ©terminant du vote de droite radicale populiste[13].

Selon Michael Minkenberg, le nativisme est un cas particulier de la xĂ©nophobie : le nativisme correspond au rejet des influences Ă©trangĂšres « quelques que soient les spĂ©cifitĂ©s ethniques »[10]. Citant une demi-douzaine d'auteurs, Michael Minkenberg indique que pour eux le nativisme, ou le racisme, et/ou l’opposition Ă  l’immigration en gĂ©nĂ©ral sont des « noyaux dĂ©finitionnels » de la droite radicale. Pour sa part, Michael Minkenberg dĂ©finit la droite radicale comme l'effort radical d'opposition Ă  certains changements sociaux et aux porteurs de ces changements, un effort qui se base sur la radicalisation des critĂšres d'inclusion ou d'exclusion. Pour dĂ©finir les changements sociaux en question, Minkenberg s'appuie sur la thĂ©orie de la modernisation qui identifie des processus de diffĂ©renciation au niveau sociĂ©tal et d'accroissement de l’autonomie au niveau individuel. Pour Michael Minkenberg, c’est « l’accent excessif mis sur les images d’homogĂ©nĂ©itĂ© sociale dans le contexte de l’accĂ©lĂ©ration des processus de modernisation » qui caractĂ©rise l’idĂ©ologie de la droite radicale. De façon centrale, la droite radicale met en avant le « mythe d’une nation homogĂšne » et un « ultranationalisme romantique et populiste »[14].

Pour Gilles Ivaldi, l'autoritarisme se dĂ©compose en trois Ă©lĂ©ments : premiĂšrement l’obĂ©issance aux autoritĂ©s — et au respect de l’ordre public qui peut se traduire par des politiques de rĂ©pression — ; deuxiĂšmement l’agression autoritaire visant des groupes minoritaires jugĂ©s « dĂ©viants » ; troisiĂšmement le conventionnalisme, c'est-Ă -dire l'exigence d’adhĂ©sion aux traditions, aux normes et hiĂ©rarchies sociales. Ainsi, la droite radicale conduit Ă  une sociĂ©tĂ© « illibĂ©rale », oĂč les pratiques dĂ©mocratiques sont amoindries : mĂȘme si la droite radicale prĂ©tend respecter les institutions dĂ©mocratiques, l'autoritarisme conduit Ă  un « affaiblissement des normes et des pratiques dĂ©mocratiques, et de l’ensemble des contre-pouvoirs judiciaires, mĂ©diatiques et constitutionnels ». Selon Gilles Ivaldi, cet illibĂ©ralisme est « particuliĂšrement net » en Hongrie et en Pologne[5]. Kai Arzheimer indique que les penchants autoritaires se caractĂ©risent par une position agressive envers les adversaires politique, des sanctions sĂ©vĂšres pour les dĂ©linquants, et, comme Gilles Ivaldi, identifie une tendance, qui n'est « pas nĂ©cessairement antidĂ©mocratique en soi, mais qui va Ă  l'encontre de certaines valeurs et principes fondamentaux de la dĂ©mocratie libĂ©rale tels que la tolĂ©rance, le pluralisme et la protection des minoritĂ©s et de leurs droits »[4].

Concernant le populisme, Gilles Ivaldi se rapporte Ă  la dĂ©finition de Cas Mudde : la sociĂ©tĂ© est vue comme duale, avec d'un cĂŽtĂ© un peuple « vertueux » et de l'autre des Ă©lites qui ne le seraient pas ; et le populisme induit la primautĂ© d'une souverainetĂ© populaire absolue, via notamment la dĂ©mocratie directe. Gilles Ivaldi juge que le « populisme » joue un rĂŽle important, favorisant par sa critique des Ă©lites un afflux d'Ă©lecteurs vers la droite radicale, et opĂ©rant par un projet de « revitalisation » dĂ©mocratique une distinction avec une extrĂȘme-droite plus traditionnellement dĂ©finie par ses tendances anti-dĂ©mocratiques[5].

Liste des partis de droite radicale


Une Ă©tude universitaire de 2015, qui traite du populisme et notamment de la « droite radicale populiste »— tout en excluant les formations « plus clairement situĂ©es Ă  l’extrĂȘme-droite traditionnelle »[note 1] — liste cinq partis : le Front national (France), l'AfD (Allemagne), la Lega Nord (Italie), le FPÖ (Autriche), et le LAOS (GrĂšce)[13].

Notes

  1. notamment on Ă©tĂ© exclus l’Aube dorĂ©e grecque et Fratelli d’Italia

Références

  1. Pascal Perrineau, Luc Rouban, La politique en France et en Europe, Presses de Sciences Po, (lire en ligne).
  2. Caterina Froio, « Comparer les droites extrĂȘmes », sur Revue internationale de politique comparĂ©e 2017/4 (Vol. 24), p. 373-399,
  3. (en) Cas Mudde, « The war of words defining the extreme right party family », West European Politics,‎ , p. 230 (lire en ligne).
  4. Kai Arzheimer, « The AfD: Finally a Successful Right-Wing Populist Eurosceptic Party for Germany? », West European Politics, vol. 38, no 3,‎ , p. 535–556 (DOI 10.1080/01402382.2015.1004230, S2CID 14613344, lire en ligne)
  5. Gilles Ivaldi, « La droite radicale en Europe : acteurs, transformations et dynamiques Ă©lectorales », sur MatĂ©riaux pour l’histoire de notre temps 2021/1-4 (N° 139-142), pages 16 Ă  22,
  6. Pierre-André Taguieff, La revanche du nationalisme. Néopopulistes et xénophobes à l'assaut de l'Europe, Presses Universitaires de France, (lire en ligne).
  7. Pierre-AndrĂ© Taguieff, « « ExtrĂȘme droite » et « populisme » : idĂ©es reçues et fausses Ă©vidences », sur Le nouveau national-populisme (2012), pages 15 Ă  21,
  8. (en) Nora Langenbacher, Britta Schellenberg, Is Europe on the "right" path ? Right-wing extremism and right-wing populism in Europe, , 38-40, 57 (lire en ligne).
  9. Odile Leherte, « 'Ultra-droite', 'ExtrĂȘme droite', 'Droite radicale'
 Quels mots pour quelle rĂ©alitĂ©? », sur RTBF, (consultĂ© le )
  10. Michael Minkenberg, « Chapitre 9 : Mobiliser contre l'autre - La nouvelle droite radicale et son rĂŽle dans le processus politique ( Les codes de la diffĂ©rence (2005), pages 263 Ă  296) », Cairn.info,‎ (lire en ligne)
  11. Florent Gougou, Simon Labouret, « La fin de la tripartition ? Les recompositions de la droite et la transformation du systĂšme partisan », Revue française de science politique,‎ (lire en ligne).
  12. Michael Minkenberg, Pascal Perrineau, « Chapitre 3 : La droite radicale divisions et contrastes », sur Le vote européen 2004-2005 (2005), pages 77 à 103,
  13. Gilles Ivaldi et Andrej Zaslove, « L’Europe des populismes : confluences et diversitĂ© », Revue europĂ©enne des sciences sociales. European Journal of Social Sciences, nos 53-1,‎ , p. 121–155 (ISSN 0048-8046, DOI 10.4000/ress.2996, lire en ligne, consultĂ© le )
  14. Michael Minkenberg, « Le retour du nationalisme religieux ? L’évolution de l’agenda de la droite radicale dans les dĂ©mocraties occidentales », sur La vie politique (2021), pages 267 Ă  281,
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Voir aussi

Bibliographie

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  • RenĂ© RĂ©mond, Les Droites en France, Paris, Aubier, .

Articles connexes

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