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Droite républicaine

L'expression « Droite républicaine Â» désigne, dans le langage politique français, un courant de la droite rallié à la République. C'est le nom du groupe parlementaire formé par les catholiques ralliés au sein de la Chambre des députés de la Troisième République française. Apparu brièvement en 1886-1887, recréé en 1890 sous le nom de « Droite constitutionnelle Â», renommé « Droite républicaine Â» en 1893, il laisse la place en 1898 aux Républicains indépendants, qui formeront l'Action libérale populaire en 1901.

Droite républicaine (1886-87)
Droite constitutionnelle (1890-93)
Droite républicaine (1893-98)
Image illustrative de l’article Droite républicaine
Chambre Chambre des députés
Législature(s) IVe, Ve, VIe
Fondation 1886
Scission de Union des droites
Disparition 1898
Fusionné dans Républicains indépendants
Président Edgar Raoul-Duval (1886-1887)
Joseph Bosquillon de Frescheville (1892)
Paul Le Gavrian (1894)
Positionnement Droite
Idéologie Ralliement, conservatisme, républicanisme

Histoire et utilisation

Troisième République

Jusque sous la Troisième République, le terme de « droite Â» regroupait exclusivement les monarchistes (orléanistes, légitimistes et bonapartistes), par opposition à la « gauche Â» dont se revendiquaient même les républicains modérés comme Jules Ferry (membre du groupe parlementaire de la Gauche républicaine).

Edgar Raoul-Duval, initiateur, en 1886, de la « Droite républicaine Â».
Caricature d'Auguste Lepoutre par Lemot (Le Lillois, 5 septembre 1886).

En , le député de l'Eure Edgar Raoul-Duval, un protestant issu du bonapartisme, s'associa à son collègue Auguste Lepoutre pour tenter de fonder, sous l'étiquette de « Droite républicaine Â», un nouveau groupe parlementaire rassemblant les conservateurs qui, tournant le dos aux projets de restauration dynastique, acceptaient le régime républicain afin de promouvoir une politique libérale de conservation sociale et de pacification religieuse. Il s'agissait ainsi de faire la paix avec la République, désormais enracinée, pour mieux lutter contre l'influence du radicalisme anticlérical et contre la progression du socialisme collectiviste. Ce projet devait permettre une conjonction conservatrice des « centres Â», c'est-à-dire le rassemblement des modérés de gauche et de droite qui avait déjà été esquissé au mois d'avril, pendant les débats sur la grève des mineurs de Decazeville : 159 députés monarchistes avaient alors soutenu le gouvernement opportuniste lors d'une interpellation de l'extrême-gauche contre l'arrestation des journalistes socialistes Roche et Duc-Quercy[1].

Le manifeste et le programme de Raoul-Duval et Lepoutre sont publiés dans Le Temps du et reçoivent le soutien du directeur du Constitutionnel, l'ex-légitimiste catholique Henri des Houx[2]. Un journal éponyme fut même fondé par Charles Jumel (d) et parut du au [3]. Il y a cependant peu d'adhérents (dont Albert Deberly et, peut-être, Jacques Piou, Antonin Lefèvre-Pontalis ainsi que Louis Briet de Rainvilliers[4]) et, après la mort de Raoul-Duval en 1887, c'est en vain que Lepoutre essaya de constituer le groupe.

L'initiative de Raoul-Duval n'eut donc pas de conséquence immédiate, même si plusieurs députés conservateurs soutinrent le gouvernement Rouvier du . Cette expérience éphémère annonce cependant les phénomènes politiques plus durables du Ralliement (avec, en 1890, la fondation par Piou du groupe de la « Droite constitutionnelle Â»[5], rebaptisé « Droite républicaine Â» entre 1893 et 1898[6]) et de « l'Esprit nouveau Â» qui, dans la dernière décennie du XIXe siècle, amènent une partie de la droite à constituer un courant conservateur républicain[7], ancêtre de la droite et du centre droit contemporains.

De grands partis républicains de droite se forment ainsi à partir du début du XXe siècle (Action libérale populaire en 1902, Fédération républicaine en 1903, Parti républicain de la liberté en 1945...) mais ils n'assument presque jamais le terme « Droite Â», qui est très rarement revendiqué jusqu'à la fin du siècle[8].

Cinquième République

Sous la Cinquième République française, l'expression « Droite républicaine Â» est parfois employée pour qualifier les mouvements politique de droite libérale et néo-gaulliste, par opposition aux mouvements d'extrême droite et principalement au Front national, considéré comme un parti d'opposition au régime républicain en raison de sa filiation (partielle) avec la « droite contre-révolutionnaire Â» théorisée par René Rémond[9]. Le même terme est utilisé avec le même sens dans l'expression plus ancienne de « Front républicain Â».

Selon Michel Winock, Nicolas Sarkozy, président de 2007 à 2012, est le premier président de la Ve République à se réclamer de la « droite républicaine Â», sans toutefois définir ce terme, alors que les partis issus du gaullisme avaient traditionnellement revendiqué le « rassemblement Â» plutôt que l'appartenance à la droite[10]. En , Guillaume Peltier fonde La Droite forte, un courant de l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Il dépose en même temps une marque « La Droite républicaine » auprès de l'Institut national de la propriété industrielle[11], alors que plusieurs leaders de l'UMP font usage de l'expression dans la perspective d'un congrès du parti[11].

Références

  1. Cf. André Daniel (L'Année politique 1886), p. 96.
  2. « La Politique de la droite républicaine Â», Le Temps, 20 décembre 1886, p. 2.
  3. Cf. Jean El Gammal, p. 613-616.
  4. Cf. Jean El Gammal, p. 608 et 618.
  5. Cf. Jean-Marie Mayeur, p. 148.
  6. Cf. Jean-Marie Mayeur, p. 152.
  7. Jean Garrigues, Le Boulangisme, Paris, PUF, 1992, p. 25.
  8. Laurent de Boissieu, « La droite décomplexée, de Nicolas Sarkozy à Jean-François Copé Â», La Croix, 27 août 2012.
  9. Michel Winock, La Droite, Paris, Plon, 2008, p. 50.
  10. Gérard Courtois, « La droite répète : Nos valeurs, nos valeurs. Mais lesquelles ? », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  11. François Krug, « À l’UMP, Guillaume Peltier s’offre le monopole de la droite républicaine », Rue89,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

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