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Dolmen de la Siureda

Le dolmen de la Siureda est un dolmen de forme rectangulaire, en plan simple (c'est-à-dire sans couloir) situé à Maureillas-las-Illas, dans le département français des Pyrénées-Orientales, à l'extrémité orientale des Pyrénées. Son nom provient du mot catalan signifiant « bois de chênes-lièges ».

Dolmen de la Siureda
Image illustrative de l’article Dolmen de la Siureda
Le dolmen de la Siureda vu depuis le sud-est
Présentation
Type Dolmen
PĂ©riode NĂ©olithique (2000 av. J. C.)
Fouille Juin 1986 à 1988, Françoise Claustre
Visite Accès libre, au bord d'une route
Caractéristiques
Matériaux Gneiss
DĂ©cor Non
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 42° 27′ 47″ nord, 2° 47′ 29″ est
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
Département Pyrénées-Orientales
Commune Maureillas-las-Illas
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Orientales
(Voir situation sur carte : Pyrénées-Orientales)
Dolmen de la Siureda
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Dolmen de la Siureda

Bâti à la fin du IIIe millénaire av. J.-C. pour servir de sépulture collective, il est muni d'un système original qui permettait de l'ouvrir pour y déposer les corps de personnes décédées. Son plan et son orientation vers le sud-est sont habituels pour les dolmens de ce département. Réutilisé plusieurs fois au cours des âges, il a été redécouvert en 1985 puis a fait l'objet de fouilles archéologiques. Si le dolmen et son tumulus sont bien conservés, les fouilles n'ont permis de découvrir que des petits tessons de poterie et quelques petits objets, dont une perle, une fusaïole (partie de fuseau à filer du textile), un fragment d'anneau en bronze ainsi que des fragments d'os humains dont la datation n'est pas certaine. Facile d'accès, près d'une route et d'un sentier balisé, il est indiqué comme but de randonnée par plusieurs guides spécialisés.

Situation

Le dolmen dans la suberaie.

Le dolmen de la Siureda fait partie des cent quarante-huit dolmens recensés dans les Pyrénées-Orientales, en comptant ceux qui sont attestés par des sources anciennes mais n'ont pas été retrouvés[1]. Ils sont tous situés dans les zones accidentées ou montagneuses du département, généralement sur un col, une ligne de crête ou une hauteur[2].

Le dolmen est situĂ© sur la commune de Maureillas-las-Illas, Ă  trois kilomètres des villages de Maureillas et CĂ©ret, sur un replat d'une ligne de crĂŞte de collines, Ă  440 m d'altitude. Ces collines, composĂ©es de roches mĂ©tamorphiques et cristallines, font partie de la partie la plus orientale des PyrĂ©nĂ©es. Elles dominent la plaine du Roussillon et la vallĂ©e du Tech. La vue porte jusqu'Ă  la mer MĂ©diterranĂ©e.

La colline oĂą se trouve le dolmen de la Siureda est couverte de bois de chĂŞnes-lièges. Le mot catalan siureda (ou sureda) dĂ©signe une suberaie, ou plantation de chĂŞnes-lièges[3], ce toponyme est partagĂ© avec le Còrrec de la Siureda, un torrent courant Ă  flanc de cette mĂŞme colline[4]. Aucun autre dolmen n'est attestĂ© Ă  Maureillas-las-Illas, mais six toponymes de la commune, dont un situĂ© Ă  seulement 900 m de ce dolmen, peuvent indiquer des emplacements mĂ©galithiques[5].

Le dolmen est indiquĂ© sous son nom et marquĂ© d'une Ă©toile sur la carte IGN no 2449 OT « CĂ©ret - AmĂ©lie-les-Bains-Palalda - VallĂ©e du Tech » au 1/25000e, ce qui indique une « curiositĂ© »[4]. Il est accessible par une route goudronnĂ©e. Un sentier balisĂ© suivant en partie cette route permet par ailleurs de rallier le dolmen depuis le village de Maureillas, par une randonnĂ©e pĂ©destre de faible difficultĂ© passant Ă©galement par la tour de Bel Ĺ’il, une tour en ruine. Ce sentier de randonnĂ©e forme une boucle de 8,5 km de long[6].


  • Le dolmen dans son environnement (dĂ©cembre 2011).
    Le dolmen dans son environnement (décembre 2011).
  • Environnement du dolmen.
    Environnement du dolmen.

Historique

Le dolmen de la Siureda est érigé dans la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J.-C.[7]. Les plus anciens objets révélés par les fouilles sont datés de 2200 à 2000 av. J.-C. Le dolmen a été réutilisé à la fin de l'âge du bronze, autour de 1100 à 700 av. J.-C., comme abri ou comme sépulture, puis à l'époque historique. Il a également été vidé ou pillé à une époque inconnue[8].

Le dolmen est redécouvert en 1985, dans un bois de chênes-lièges. Il a été fouillé par le Groupe de Préhistoire du Vallespir et des Aspres, sous la direction de Françoise Claustre, de juin 1986 à 1988, puis a fait l'objet de deux publications, en 1988 (Claustre et Pons 1988) et 1990 (Claustre et al. 1990)[8]. Sa découverte est publiée pour la première fois le 6 octobre 1986 dans le journal local L'Indépendant. Il est alors nommé « dolmen de Maureillas »[9].

Une maquette du dolmen et de son tumulus est exposée à la Maison de l'archéologie de Céret (rebaptisée depuis maison du Patrimoine Françoise-Claustre), qui présente des collections archéologiques locales, depuis l'inauguration de ce musée en juillet 1995[10] - [11].

Dolmen et tumulus

Relativement bien conservĂ©, le dolmen de la Siureda est, comme la plupart des dolmens du dĂ©partement[12], de plan simple, c'est-Ă -dire sans couloir[13], ce qui le rattache Ă  d'autres dolmens de la pĂ©riode du Chalcolithique et dĂ©but de l'âge du bronze, durant la seconde moitiĂ© du IIIe millĂ©naire av. J.-C.[7]. Son orientation suit un axe nord-ouest/sud-est, avec ouverture vers le sud-est[13], ce qui est Ă©galement frĂ©quent pour les dolmens de ce dĂ©partement[14]. Il est constituĂ© de trois dalles verticales surmontĂ©es d'une dalle de couverture de 2,35 m de long pour 1,35 m de large. La chambre possĂ©dait une ouverture amovible qui a pu permettre des inhumations espacĂ©es dans le temps[13]. Toutes les dalles sont en gneiss recueilli sur place[15].

  • Vues des quatre faces du dolmen (dĂ©cembre 2011)
  • Vue depuis le sud-ouest
    Vue depuis le sud-ouest
  • Vue depuis le sud-est (entrĂ©e)
    Vue depuis le sud-est (entrée)
  • Vue depuis le nord-est
    Vue depuis le nord-est
  • Vue depuis le nord-ouest (dalle de chevet)
    Vue depuis le nord-ouest (dalle de chevet)

La chambre intĂ©rieure forme un rectangle de 1,60 m sur 1,70 m[16]. La plus grande des dalles verticales est celle qui est situĂ©e au sud-ouest. La plus petite, affaissĂ©e et sans doute abĂ®mĂ©e[16], est la dalle de chevet[17]. Les dimensions des dalles verticales sont donnĂ©es dans le tableau suivant.

Plan type d'une chambre pyrénéenne.
Les dalles de seuil.
Dimensions des dalles[17]
Dalle Longueur (en m) Hauteur (en m) Épaisseur (en cm)
Dalle sud-ouest2,151,4545
Dalle nord-ouest (dalle de chevet)1,551,1020
Dalle nord-est21,1530

La face sud-est du dolmen est munie d'un système d'ouverture original : trois dalles verticales de petites dimensions fichĂ©es dans le sol et une quatrième, plus grande, qui pouvait ĂŞtre dĂ©placĂ©e sur les autres Ă  la manière d'une porte. Ce système devait permettre de dĂ©poser de nouveaux cadavres dans la sĂ©pulture. La dalle amovible a pour longueur 1,35 m, pour largeur 0,85 m et 0,25 m d'Ă©paisseur[18]. Les dolmens retrouvĂ©s avec leur dalle de fermeture sont très rares. Un dolmen muni d'un système comme celui-ci (une dalle amovible et un accès Ă  mi-hauteur) est appelĂ© « dolmen Ă  porte-fenĂŞtre »[19] ou « chambre pyrĂ©nĂ©enne »[20]. Les dimensions des dalles verticales sont donnĂ©es dans le tableau ci-dessous.

Dimensions des dalles de seuil
Dalle Largeur (en m) Hauteur (en m)
Dalle de gauche0,751,05
Dalle centrale1,050,50
Dalle de droite0,650,60

Le dolmen est situĂ© au centre d'un tumulus d'environ dix mètres de diamètre constituĂ© de rochers et de terre apportĂ©s. Ce tumulus est probablement en partie naturel et fut pavĂ© par des dalles de gneiss, mais est très abĂ®mĂ©, surtout dans sa partie orientale, qui ne comporte pas ou plus de pierres. Il mesure, au plus haut, un mètre. Il Ă©tait sans doute plus Ă©levĂ© lors de sa construction[21]. La plupart des pierres constituant le tumulus mesurent entre 20 et 30 cm, quelques-unes entre 40 et 80 cm, voire davantage sur le bord extĂ©rieur cĂ´tĂ©s sud et ouest[22].


  • Vues du tumulus

Fouilles et inventaire du mobilier

  • Vues de l'intĂ©rieur du dolmen (dĂ©cembre 2011)
  • Dalle sud-ouest
    Dalle sud-ouest
  • Dalle de chevet
    Dalle de chevet
  • Dalle nord-est
    Dalle nord-est

La fouille a commencé par la coupe des arbres des alentours, le dolmen étant situé dans un bois, puis par le décapage du tumulus[21] et ensuite celui du terrain devant le dolmen[22]. Ces décapages n'ont révélé aucun vestige archéologique mais ont montré un tumulus en bon état de conservation, qui n'a semble-t-il pas été perturbé[22].

La chambre dolmĂ©nique Ă©tait Ă©galement occupĂ©e par un arbre, qu'il a fallu dĂ©raciner. Cette chambre Ă©tait comblĂ©e par quatre couches de terre mĂŞlĂ©es de pierres de 80 cm d'Ă©paisseur totale. La couche superficielle (couche no 1), d'environ 30 cm d'Ă©paisseur, Ă©tait constituĂ©e de terre de couleur brune mĂŞlĂ©e de quelques pierres. En dessous, la couche no 2, d'un brun plus foncĂ© et contenant davantage de pierres, dont du quartz, faisait entre 40 et 45 cm d'Ă©paisseur. Puis venaient deux couches plus fines (environ cm) : l'une, la no 3, brun clair, ne contenant pas de pierres, et la dernière, la no 4, Ă©tant constituĂ©e d'un sĂ©diment rougeâtre avec peu de cailloux[23]. Cette dernière n'a donnĂ© aucun vestige[24].

Les trois couches supérieures contenaient de nombreux fragments de poterie de diverses époques. La couche no 1 a donné des tessons de céramique élaborée par tournage, ce qui révèle une datation de l'époque historique. D'autres tessons, plus anciens (âge du bronze final, vers 1100 à 700 av. J.-C.), se trouvaient dans les trois couches. Très fragmentés, tous ces tessons permettent cependant de reconnaître des urnes, des assiettes, des coupes, des tasses. Les assiettes sont munies de marlis (rebords). Les objets sont souvent décorés, de cupules, de cannelures, d'impressions de doigts, de figures géométriques, de cordons. Les fouilles ont également livré une fusaïole (poids attaché à un fuseau destiné à filer de la laine ou tout autre textile) en terre cuite et un fragment d'anneau en bronze, tous deux de la fin de l'âge du bronze, ainsi qu'un fragment de meule[8] - [23].

Fragment de variscite.

Les objets datant de l'érection du dolmen vers 2000 av. J.-C., sont peu nombreux : quelques tessons de poterie et une perle en variscite de couleur turquoise. La variscite est un minéral d'origine étrangère qui était très prisé à cette époque pour confectionner des parures[8] - [24].

La strate no 3 a également livré de petits fragments d'os humains, qui sont peut-être issus des premières sépultures installées dans le dolmen[24] mais cette datation n'est pas certaine[8].

Notes et références

  1. Abélanet 2011, p. 21 en recense 147, auxquels il faut ajouter le dolmen de Castelló découvert en 2011. Voir Oriol Lluis Gual, « Le dolmen de Castelló », Association de Sauvegarde du Patrimoine de Prats de Mollo Velles Pedres i Arrels pour ce dernier.
  2. Abélanet 2011, p. 35.
  3. Claustre et Pons 1988, p. 18.
  4. « Situation du dolmen de la Siureda » sur Géoportail (consulté le 29 décembre 2011).
  5. Abélanet 2011, p. 214.
  6. « Topoguide », communauté de communes du Vallespir (consulté le ), p. 14-15.
  7. Valérie Porra-Kuteni, « Françoise Claustre : 30 ans d’Archéologie préhistorique en Roussillon », ARCHÉO 66, Bulletin de l’Association archéologique des Pyrénées-Orientales, no 24,‎ , p. 129-130 (lire en ligne)
  8. Abélanet 2011, p. 189.
  9. Carreras et TarrĂşs 2013, p. 107.
  10. « La Maison de l'archéologie de Céret », Bulletin de l'association archéologique des Pyrénées-Orientales,‎ , p. 71 (lire en ligne)
  11. « Présentation du musée », Maison du Patrimoine Françoise Claustre (consulté le )
  12. Abélanet 2011, p. 38
  13. Abélanet 2011, p. 188
  14. Abélanet 2011, p. 39
  15. Claustre et Pons 1988, p. 23.
  16. Claustre et Pons 1988, p. 20.
  17. Claustre et Pons 1988, p. 22.
  18. Claustre et Pons 1988, p. 22-23.
  19. Jean-Philippe Bocquenet, Monuments et nécropoles mégalithiques dans les Corbières méridionales (Aude : Pyrénées-Orientales), Mémoire de Diplôme d'Etudes Approfondies de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Toulouse, , 190 p., p. 116-117.
  20. Georges Castellvi et Sabine Got Castellvi, « Françoise Claustre en Vallespir et dans la vallée de la Roma (1) », Association Archéologique des Pyrénées-Orientales,‎ , p. 32 (lire en ligne, consulté le )
  21. Claustre et Pons 1988, p. 25.
  22. Claustre et Pons 1988, p. 26.
  23. Claustre et Pons 1988, p. 28
  24. Claustre et Pons 1988, p. 29

Bibliographie

  • Jean AbĂ©lanet, ItinĂ©raires mĂ©galithiques : dolmens et rites funĂ©raires en Roussillon et PyrĂ©nĂ©es nord-catalanes, Canet, Trabucaire, , 350 p. (ISBN 9782849741245)
    Recensement complet de tous les sites mégalithiques des Pyrénées-Orientales connus en 2011, avec fiche de présentation de chacun d'eux et présentation générale du phénomène mégalithique dans ce département.
  • (ca) Enric Carreras VigorĂłs et Josep TarrĂşs Galter, « 181 anys de recerca megalĂ­tica a la Catalunya Nord (1832-2012) », Annals de l'Institut d'Estudis Gironins, no 54,‎ , p. 31-184 (lire en ligne)
  • Françoise Claustre et Patricia Pons, Le dolmen de La Siureda (Maureillas) et les mĂ©galithes du Roussillon, Millas, Groupe de prĂ©histoire du Vallespir et des Aspres, , 32 p.
    Publication des résultats des fouilles archéologiques.
  • Françoise Claustre, Patricia Pons, C. Delcos et J. Guisset, « MĂ©galithisme en Vallespir : un dolmen dĂ©couvert Ă  Maureillas (PyrĂ©nĂ©es-Orientales) », Travaux de prĂ©histoire catalane 1989-1990, Perpignan, Centre d’études prĂ©historiques catalanes, no 6,‎ , p. 129-141
  • (ca) Josep Tarrus i Galter, Poblats, dòlmens i menhirs : Els grups megalitics de l'Albera, serra de Rodes i cap de Creus, DiputaciĂł de Girona, , 950 p. (ISBN 84-95187-34-5), p. 93-97

Voir aussi

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