Diversité et inclusion
L'expression « diversité et inclusion » (en anglais Diversity & Inclusion[1] - [2], ou « D&I ») est un couple de concepts notamment mobilisé par certaines grandes entreprises du XXIe siècle, qui cherchent à mettre en avant un attachement affiché à « inclure » des collaborateurs de différents horizons, affirmant soutenir ou mettre en place des politiques progressistes (notamment l'égalité homme-femme, les personnes handicapées, la question des minorités ethniques, les droits des LGBT...).
Si, au sein de certaines entreprises, l’engouement dont elles ont bénéficié ont mené à une prolifération de « de certifications, de labels, de chartes[3] », les politiques se prévalant de ces valeurs sont l'objet d'importantes critiques, notamment pour leur caractère hypocrite - jusqu'à être qualifiées d'« arnaque » dans un article de Forbes[4] - leur apparence de déclaration de façade ou encore sur leur inefficacité. Elles sont cependant à l'origine d'un secteur économique à forte croissance, créateur de nombreux emplois[5], eux-mêmes parfois qualifiés de bullshit jobs[6].
Critiques sur la sincérité et l'absence de résultats
Les politiques d'entreprises qui se prévalent de « diversité » sont souvent accusées d'hypocrisie, que ce soit en tant qu'outil des RH[8], ou plus globalement au niveau de l'ensemble de l'organisation[3]. Par exemple, en 2020, France Culture rapporte que sept entreprises sont soupçonnées de discriminations à l'embauche à la suite de testings, alors que chacune vante ses initiatives d'inclusion sur leur site Internet[9].
En 2016, la Harvard Business Review publie une étude prouvant que les initiatives D&I échouent la plupart du temps[10]. Pour Hagel Jamer, professeur à l'EDHEC, « l'argent est très mal dépensé dans des politiques et des gros affichages qui ne tiennent pas leurs promesses[11] » ; pour certaines entreprises, « la politique de diversité consiste en un peu d’affichage et de bla-bla mais sans qu'il se passe pas grand-chose ; d’autres mettent en place des process RH uniquement pour être en conformité avec la loi ; d’autres encore intègrent la diversité mais dans un objectif marketing pour répondre aux attentes du marché[11]. » Un rapport de l'Institut Montaigne de 2014 souligne que les politiques Diversité « parfois uniquement considérées sous l’angle de la communication, [...] peuvent paraître bien peu efficaces au regard de la permanence sur le marché de l’emploi de discriminations fortes[12]. »
Un article de 2020 de The Australian critique la création de postes de Manager Diversité & Inclusion comme des bullshit jobs[6].
De plus, le caractère opportuniste de la démarche a pu être reproché, par exemple, en cas de création de postes de "responsable de Diversité et Inclusion" dans des entreprises soucieuses de redorer leur image, entachée de controverses comme c'est le cas par exemple d'Uber aux Etats-Unis[13], ou à la suite de propos jugés homophobes de la direction de Barilla en Italie[14], ou encore à la suite d'accusations de harcèlement dans l'entreprise française Ubisoft[15].
Enfin, pour Welcome to the Jungle ou encore la Harvard Business Review, toute la communication autour des « valeurs » et pratiques prétendument éthiques et progressistes affichées par certaines entreprises ne fait pas beaucoup illusion, que ce soit pour leurs propres employés ou pour les candidats lors des processus de recrutement[16] - [17].
Ainsi, les politiques de Diversité et Inclusion sont souvent considérées comme une simple stratégie de relations publiques, voire de la « poudre aux yeux »[18].
Voir aussi
Notes et références
- Elaine Farndale, Michal Biron, Dennis R. Briscoe et Sumita Raghuram, « A global perspective on diversity and inclusion in work organisations », The International Journal of Human Resource Management, vol. 26, no 6,‎ , p. 677–687 (ISSN 0958-5192, DOI 10.1080/09585192.2014.991511, lire en ligne, consulté le )
- (en) Quinetta M. Roberson, « Disentangling the Meanings of Diversity and Inclusion in Organizations », Group & Organization Management, vol. 31, no 2,‎ , p. 212–236 (ISSN 1059-6011, DOI 10.1177/1059601104273064, lire en ligne, consulté le )
- Éric Vatteville, « La diversité à l'épreuve : 2001-2009. L'exception française dans l'impasse ? », Management & Avenir 2010/8 (n° 38),‎ , p. 201 - 214 (lire en ligne)
- Maryann Reyd, « What if Diversity and Inclusion is the biggest scam yet », sur Forbes
- Nora Zelevansky, « The Big Business of Unconscious Bias », sur The New York Times,
- Adam Creighton, « Let’s face it, these are nonsense jobs », sur The Australian,
- Sandra Lorenzo, « Faites-vous un "bullshit job"? Voici les cinq grands types de "boulots à la con" », sur L'Huffington Post,
- (en) « HR Magazine - Is HR a hypocrite when it comes to D&I? », sur HR Magazine (consulté le )
- « Diversité et inclusion en entreprise : effet de mode ou réelle amélioration ? », sur France Culture, (consulté le )
- « Why Diversity Programs Fail », Harvard Business Review,‎ (ISSN 0017-8012, lire en ligne, consulté le )
- « "Trop d'affichage et de bla-bla" : pourquoi les programmes de diversité en entreprise ne fonctionnent pas assez ? », sur LCI (consulté le )
- « Dix ans de politiques de diversité : quel bilan ? », sur Institut Montaigne,
- Mathilde Loire, « Uber nomme une cheffe « de la diversité et de l'inclusion » », sur Numerama, (consulté le )
- Paolo Garoscio, « Après le scandale homophobe de son PDG, Barilla veut améliorer sa diversité en entreprise », sur Entreprises & Décideurs (consulté le )
- « Ubisoft nomme une VP chargée de la diversité et de l'inclusion, Raashi Sikka », sur Stratégies, (consulté le )
- Erin Dowell, Marlette Jackson, « “Woke-Washing” Your Company Won’t Cut It », sur Harvard Business Review,
- Laetitia Vitaud, « Valeurs de boîte : et si on arrêtait le bullshit ? », sur Welcome to the Jungle,
- Sabrina Dusi, « The Hypocrisy of Diversity Hiring in Corporate America and Why It Is Not Enough », sur Medium,