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Discrimination Ă  l'embauche

Une discrimination à l'embauche est une discrimination évoquée lorsque des chercheurs d'emploi sont traités de maniÚre différenciée sur une base de critÚres sélectifs qui manquent de justification objective et raisonnable à l'égard du poste de travail à pourvoir (tels que le sexe, l'origine ethnique, l'ùge, la religion...), selon le législateur.

Affiche du MRAP contre les discriminations Ă  l'embauche, dessin de Charb, 2000.

Des faits de discriminations ont été identifiés, analysés, démontrés et dénoncés par des associations, des équipes universitaires comme l'Observatoire des discriminations, ou encore des institutions.

De nombreux pays ont édicté des rÚgles interdisant les discriminations à l'embauche et tentent de mettre en place divers mécanismes de contrÎle.

Cadre juridique

Europe

Corpus légal :

L'Union Européenne a par ailleurs mis en place le programme Equal qui a pour but de revaloriser la gestion des ressources humaines pour mieux lutter contre les inégalités et les discriminations sur le marché du travail[1].

Directive 2000/43/C

Directive du Conseil europĂ©en du 29 juin 2000 relative Ă  la mise en Ɠuvre du principe de l'Ă©galitĂ© de traitement entre les personnes sans prescription d'origine ethnique[2]. Elle prohibe la discrimination raciale ou ethnique au travail ; Elle s'applique aussi Ă  toutes les personnes, tant pour le secteur public que pour le secteur privĂ©, en ce qui concerne l'accĂšs Ă  l’éducation, la protection sociale, y compris la sĂ©curitĂ© sociale et les soins de santĂ© et l'accĂšs aux biens et services et Ă  la fourniture de biens et services.

Directive 2000/78/CE

ProtĂšge toute personne des discriminations basĂ©es sur l’ñge, le handicap, l’orientation sexuelle, et la religion ou les convictions, en matiĂšre d'emploi et de travail[3].

France

En France, l'article L1132-1 du code du travail rend la discrimination à l'embauche illégale.

En 2016, d’aprĂšs le 9e baromĂštre du dĂ©fenseur des droits[4], pour 82 % des personnes dĂ©clarant des discriminations liĂ©es Ă  l’apparence physique, celles-ci se sont produites lors d’entretiens d’embauche. la DARES confirme ces inĂ©quitĂ©s dans un rapport de cette mĂȘme annĂ©e "Discrimination Ă  l’embauche selon « l’origine » : que nous apprend le testing auprĂšs de grandes entreprises ?"[5].

Voir discrimination sur l'apparence physique.

Certaines entreprises pratiquent et/ou revendiquent certaines formes de "discrimination positive", ce qui consiste à favoriser des candidats dont il est allégué qu'ils appartiennent à des catégories fréquemment victimes de discriminations (femmes, handicapés, personnes d'origine étrangÚre, etc.).

Les initiatives gouvernementales et associatives se multiplient pour favoriser l'embauche de travailleurs appartenant Ă  diffĂ©rentes catĂ©gories susceptibles d'ĂȘtre victimes de discrimination.

Le code pĂ©nal punit de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 â‚Ź d'amende le fait de pratiquer la discrimination Ă  l’embauche. Le rĂ©gime de la preuve est simplifiĂ©, car il n'est pas exigĂ© du candidat Ă  l’embauche qu’il prouve la discrimination. Le candidat ou le salariĂ© doit avancer les faits qui font prĂ©sumer la discrimination. Puis c’est Ă  l’employeur qu’il incombe de prouver que sa dĂ©cision est justifiĂ©e par des Ă©lĂ©ments objectifs, Ă©trangers Ă  toute discrimination.

Les Ă©tudes montrent que, contrairement Ă  ce qui Ă©tait supputĂ©, l'utilisation des CV anonymes pĂ©nalise les candidats issus de l’immigration ou rĂ©sidant en Zone Urbaine Sensible. Une piste d'explication est que l’anonymisation du CV, en ĂŽtant des informations sur les candidats, empĂȘche les employeurs de faire une « discrimination positive » Ă  l’avantage des candidats potentiellement discriminĂ©s[6] - [7].

Québec (Canada)

En droit québécois, la discrimination à l'embauche est interdite par les articles 16 et 10 de la Charte des droits et libertés de la personne[8].

Néanmoins, selon certaines études, la discrimination à l'embauche serait une pratique répandue à l'égard des candidats ayant des noms à consonance africaine ou maghrébine[9] - [10].

À titre d'exemple prouvant l'existence du phĂ©nomĂšne au QuĂ©bec, un article du Journal de MontrĂ©al fait Ă©tat du rĂ©cit personnel d'un recruteur qui se serait vu donner des consignes par son agence de placement de n'engager aucun candidat noir parce que l'employeur ayant contractĂ© avec l'agence n'en voulait absolument pas[11].

En 2001, le Québec était l'une des pires régions en Amérique du Nord pour trouver un emploi en tant que personne noire : 53e position sur 56. Le Québec devançait seulement la Virginie-Occidentale, l'Oregon et le Wisconsin[12] - [13].

Suisse

La protection contre la discrimination à l'embauche est relativement peu développée en Suisse. Dans le domaine du droit privé, la droite majoritaire s'oppose à une protection accrue en vertu du principe de la liberté contractuelle.

Cela étant, l'article 8 de la Constitution fédérale, qui consacre le principe général d'égalité et d'interdiction des discriminations, interdit la discrimination à l'embauche dans tout le secteur public.

Dans le secteur privĂ©, l'article 328 du Code des obligations[14] dispose que l'employeur protĂšge et respecte, dans les rapports de travail, la personnalitĂ© du travailleur. Dans un arrĂȘt de 2005 qui est entrĂ© en force faute de recours, le Tribunal des Prud'hommes de Lausanne, faisant application de cette disposition, a condamnĂ© un Ă©tablissement mĂ©dico-social (EMS) privĂ© Ă  verser une indemnitĂ© de 5 000 francs suisses Ă  une femme qui n'avait pas Ă©tĂ© engagĂ©e en raison de sa couleur de peau. Selon le Tribunal, « l’employeur doit s’abstenir d’opĂ©rer des discriminations non objectives entre les candidats, fondĂ©es notamment sur le sexe, l’orientation sexuelle ou l’existence d’une maladie telle que la sĂ©ropositivitĂ©. » Cela vaut mutatis mutandis Ă©galement pour une discrimination Ă  l'embauche fondĂ©e sur le handicap[15].

Dans les secteurs public et privĂ©, la loi fĂ©dĂ©rale sur l’égalitĂ© entre femmes et hommes[16] interdit en outre toute discrimination, y compris Ă  l'embauche, fondĂ©e sur le sexe, soit directement, soit indirectement, notamment en se fondant sur l'Ă©tat civil ou la situation familiale ou, s’agissant de femmes, leur grossesse.

États-Unis

Les lois américaines relatives à l'interdiction de discrimination interdisent non seulement la discrimination intentionnelle, mais également des pratiques a priori neutres qui produisent des résultats différents. Par exemple, selon l'appartenance à une minorité ou selon le sexe. Parmi ces derniÚres discriminations, on range les tests standards (qui peuvent discriminer les membres de minorités) ou les exigences physiques (qui peuvent discriminer les femmes), à moins que l'objet du test ou les exigences physiques soient directement liées au poste à pourvoir.

Diverses lois fĂ©dĂ©rales protĂšgent contre la discrimination selon divers critĂšres et il en est de mĂȘme pour certaines lois prises par des Ă©tats.

Enjeux sociaux

Québec (Canada)

Les recherches de Pierre Eid dĂ©montrent que les immigrants connaissent d’importantes difficultĂ©s d’accĂšs Ă  l’emploi. L’étude dĂ©montrent que le QuĂ©bec Ă  un taux de chĂŽmage le plus Ă©levĂ© chez les immigrants en comparaison des natifs[17]. Les rĂ©sultats d’une expĂ©rience menĂ©e Ă  MontrĂ©al par l’institut de recherche CIRANO souligne qu'au moment de la sĂ©lection pour l'entrevue d'embauche, les candidats ayant un nom Ă  consonance magrĂ©bine, afro-amĂ©ricaine ou latino-amĂ©ricaine ont 39% moins de chance d’ĂȘtre retenus en comparaison d’un candidat Francophone QuĂ©bĂ©cois. Ce rapport dĂ©montre que cette discrimination repose uniquement sur l’analyse du curriculum vitae, soit le degrĂ© de scolaritĂ©, l'expĂ©rience, mais surtout en premier lieu sur la consonance du nom de celui-ci qui permettrait de connaitre l’origine du candidat[18].

Les expĂ©riences professionnelles des immigrants ne sont pas toujours reconnues par les employeurs au QuĂ©bec, ainsi Ă  moins d’entreprendre des requalifications par une formation, ils auront l’obligation de travailler dans des conditions de travail offertes aux personnes non-qualifiĂ© ou peu qualifiĂ©[19]. La prise de dĂ©cisions des gestionnaires lors des embauches semble serait influencĂ©e, entre autrse, par le sexe, l’origine sociale, l’expĂ©rience professionnelle, les valeurs culturelles et le prestige de l’école frĂ©quentĂ©e. Cette situation peut crĂ©er des discriminations importantes dans le processus d’embauche des travailleurs immigrants[19].

Le marketing, les communications et les ressources humaines sont trois professions oĂč les minoritĂ©s racisĂ©es sont sous-reprĂ©sentĂ©es en comparaison Ă  leur poids dans la population montrĂ©alaise. Dans la mĂ©tropole quĂ©bĂ©coise, la proportion de minoritĂ©s racisĂ©es chez les personnes actives est de 14,4 %, elle est de 5 % chez les spĂ©cialistes des ressources humaines, de 6,3 % chez les professionnels des relations publiques et des communications, et de 12,8 % chez les agents de dĂ©veloppement Ă©conomique et les recherchistes et les experts-conseils en marketing. On peut conclure qu’une proportion faible de personnes racisĂ©es sont reprĂ©sentĂ©es dans ces types de mĂ©tiers, qui reprĂ©sentent un large Ă©ventail d’emplois liĂ© au marketing, aux communications et aux ressources humaines[17].

Une Ă©tude de l’ORIQ rĂ©vĂšle que parmi les populations immigrantes, 63% ont atteint le deuxiĂšme ou le troisiĂšme cycle, 30% ont atteint le niveau baccalaurĂ©at et 3% le CĂ©gep. La situation varie selon le statut migratoire du rĂ©pondant. Le premier constat que l’ORIQ a relevĂ© est qu’une pluralitĂ© de 72% des rĂ©pondants occupent un emploi Ă  temps plein alors que 90% de la catĂ©gorie des rĂ©pondants racisĂ©s et canadiens ont un emploi Ă  temps plein. MalgrĂ© leurs niveaux d’étude et le fait qu’il soit racisĂ©s, le statut migratoire Ă  un effet plus important que le niveau d’étude sur la situation d’emploi d’une personne, ce qui contribue en discrimination Ă  l’embauche[20].

L’ORIQ souligne que l’enquĂȘte TrajIPaQ de 2020 par le gouvernement du QuĂ©bec montre Ă©galement que la discrimination raciale subie par les minoritĂ©s visibles varie en fonction de l’origine et de la provenance des personnes: 83% des noir.es des CaraĂŻbes estiment avoir subi de la discrimination raciale dans la recherche d’emploi au QuĂ©bec, suivi des Sud-Asiatiques et Japonais.es (50%); des Latino-amĂ©ricain.es et arabes (respectivement 43% et 38%). 25% des noir.es africains, et chinois affirment avoir subi des discriminations dans le processus d’embauche[20].

D’autres travaux relĂšvent le fait que les chercheur.es d’emploi appartenant Ă  une minoritĂ© visible sont parfois discriminĂ©.es sur la base d’un nom Ă  consonance Ă©trangĂšre ou lors de l’entrevue lorsque l’on constate qu’ils appartiennent Ă  une minoritĂ©Ì visible. Parmi les femmes africaines ayant dĂ©clarĂ©Ì avoir subi des discriminations raciales en situation d'emploi, 85% sont magrĂ©bines et portent le voile [21]. Les femmes nĂ©es au Canada peuvent atteindre un niveau d'emploi professionnel avec moins de diplomation que celles nĂ©es ailleurs. 16% de celles nĂ©es au Canada ont un baccalaurĂ©at alors que 30 % des immigrantes ont un baccalaurĂ©at. Parmi les superviseures, 13% de celles nĂ©es au Canada ont un baccalaurĂ©at, alors que 24% des immigrantes ont u diplĂŽme Ă©quivalent[22]. L’enjeu de la surqualification est aussi un phĂ©nomĂšne Ă©tudiĂ©e et documentĂ© : la proportion de ceux qui sont en situation de surqualification est de 63 % chez les noirs et de 40 % chez les asiatiques, alors qu’elle est de 37 % chez les personnes caucasienne[19].

Notes et références

  1. Article sur Equal
  2. « Texte de la Directive 2000/43/CE »
  3. (en) « Tackling discrimination », sur European Commission - European Commission (consulté le ).
  4. 9e Ă©dition du BaromĂštre DDD/OIT sur la perception des discriminations dans l’emploi, fĂ©vrier 2016
  5. ÉduquĂ©s, formĂ©s et
 discriminĂ©s: les injustices au travail des Français d’origine maghrĂ©bine, mediapart.fr avec lebondyblog.fr, 21 octobre 2018, par Nesrine Slaoui
  6. Patrick Simon et Mohamed Madoui, « Le marchĂ© du travail Ă  l'Ă©preuve des discriminations », Sociologies pratiques, vol. 23, no 2,‎ , p. 1 (ISSN 1295-9278 et 2104-3787, DOI 10.3917/sopr.023.0001, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Behaghel, Luc, Bruno CrĂ©pon, and Thomas Le Barbanchon, Évaluation de l’impact du CV anonyme - Rapport final, (lire en ligne)
  8. RLRQ, c. C-12, art. 16
  9. Le Devoir. « Le nom, un facteur de discrimination Ă  l’embauche ». En ligne. ConsultĂ© le 23 aoĂ»t 2019
  10. Radio-Canada. « Discrimination à l'emploi pour les Maghrébins à Québec, selon une étude ». En ligne. Consulté le 23 août 2019
  11. Le Journal de Montréal 13 avril 2018 « Une histoire de recrutement et de racisme : «Ils n'engagent pas de Noirs» ». En ligne. Consulté le 2020-12-08
  12. « Le QuĂ©bec embauche peu de Noirs ou de Latino-AmĂ©ricains : L'un des pires endroits en AmĂ©rique du Nord », Le Soleil,‎ , A 12 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. Karim Benessaieh, « Pas facile pour un Noir de trouver un emploi au QuĂ©bec », La Presse, vol. 119, no 186,‎ , A7 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. RS 220
  15. Olga Manfredi et Cyril Mizrahi, « Justice vaudoise : une victoire dans la lutte contre les discriminations dans le monde du travail », site agile.ch et site egalite-handicap.ch consultés le 14 septembre 2007, également paru dans Pages de gauche, Pour un cas similaire: cf.
  16. Article 3, alinéas 1 et 2 LEg, RS 151.1
  17. Paul Eid, « Les inĂ©galitĂ©s « ethnoraciales » dans l’accĂšs Ă  l’emploi Ă  MontrĂ©al : le poids de la discrimination », Recherches sociographiques, vol. 53, no 2,‎ , p. 415–450 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI 10.7202/1012407ar, lire en ligne, consultĂ© le )
  18. « CIRANO /Summary / Y a-t-il discrimination Ă  l’embauche des jeunes MaghrĂ©bins au QuĂ©bec ? RĂ©sultats d’une expĂ©rience contrĂŽlĂ©e Ă  MontrĂ©al - CIRANO », sur cirano.qc.ca (consultĂ© le )
  19. Pierre Kamanzi, « L’emprise des titres scolaires sur l’emploi chez les membres de minoritĂ©s visibles : comparaison entre le QuĂ©bec et l’Ontario », Recherches sociographiques, vol. 53, no 2,‎ , p. 315–336 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI 10.7202/1012403ar, lire en ligne, consultĂ© le )
  20. « Bulletin N° 2 – Étude empirique sur les expĂ©riences et les perceptions en matiĂšre de discrimination raciale dans l’emploi – OIRQ » (consultĂ© le )
  21. « Bulletin N° 1 – État de la recherche sur les disparitĂ©s socio-Ă©conomiques et les discriminations raciales Ă  l’emploi au QuĂ©bec – OIRQ » (consultĂ© le )
  22. Ginette Imboua, « Discrimination raciale au sein des femmes immigrantes sur le marchĂ© du travail: le cas des minoritĂ©s visibles et des minoritĂ©s non-visibles de MontrĂ©al », UniversitĂ© d'Ottawa (mĂ©moire),‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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