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Dioscorea communis

Tamier commun

Le Tamier commun (Dioscorea communis) est une espÚce de plantes grimpantes monocotylédones de la famille des ignames (Dioscoreaceae).

Elle est originaire d’une grande partie de l’Europe dont la France mĂ©tropolitaine, d’Afrique du Nord et du Proche Orient, rĂ©gions oĂč elle est commune.

Elle est parfois appelée haut liseron, racine-vierge, vigne noire, herbe aux femmes battues, raisin du Diable ou sceau de Notre-Dame. Dans le Sud de la France, elle est surtout désignée par son nom occitan reponchon[2] (qui se prononce répountsou ou répountchou) ou respountchou.

Toute la plante sauf les jeunes pousses est Ăącre et irritante. Les baies rouges trĂšs toxiques, causent des vomissements, coliques, et des troubles cardiaques, nerveux et respiratoires.

Plante mĂ©dicinale connue depuis l’AntiquitĂ© grĂ©co-romaine, sa racine fut utilisĂ©es en mĂ©decine populaire, pour ses propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales jusqu’à au moins la fin du XXe siĂšcle (en dĂ©pit d’effets indĂ©sirables)[3]. Les jeunes pousses sont consommĂ©es comme des asperges dans le Sud-Ouest de la France.

Nomenclature et Ă©tymologie

En 1753, l’espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©crite et nommĂ©e Tamus communis par LinnĂ© dans Species Plantarum 2: 1028, en empruntant le nom de genre Tamus Ă  une plante citĂ©e par Pline l'Ancien sous le nom de taminia.

Des analyses morphologiques et molĂ©culaires[4] effectuĂ©es par Lizabeth Caddick et Paul Wilkin en 2002, ont indiquĂ© que la famille des Dioscoreaceae devait ĂȘtre reclassĂ©e en quatre genres distincts : Dioscorea, Stenomeris, Tacca et Trichopus. Dans ce remaniement, le genre Tamus se retrouva inclus dans le genre Dioscorea (lui aussi dĂ©fini par LinnĂ© dans Species Plantarum 2 :1032 en 1753).

Le nom de genre Dioscorea a Ă©tĂ© choisi en hommage au grand botaniste et pharmacologue grec ΔÎčÎżÏƒÎșÎżÏ…ÏÎŻÎŽÎ·Ï‚ Dioscoride, du Ier siĂšcle, dont l’Ɠuvre connue sous le nom latin de Materia medica, a Ă©tĂ© la source principale de connaissance des plantes mĂ©dicinales en Europe et au Proche Orient durant un millĂ©naire et demi.

L’épithĂšte spĂ©cifique communis est un mot latin signifiant « commun ».

Synonymes

Selon POWO[5], les synonymes de Dioscorea communis (L.) Caddick & Wilkin, tous non valides, sont

  • Dioscorea canariensis Webb & Berthel.
  • Tamus baccifera St.-Lag.
  • Tamus canariensis Willd. ex Kunth
  • Tamus cirrhosa Hausskn. ex Bornm.
  • Tamus communis L. (basionyme)
  • Tamus communis subsp. cretica (L.) Nyman
  • Tamus communis f. subtriloba (Guss.) O.BolĂČs & Vigo
  • Tamus cordifolia Stokes
  • Tamus cretica L.
  • Tamus edulis Lowe
  • Tamus norsa Lowe
  • Tamus parviflora Kunth
  • Tamus racemosa Gouan
  • Smilax rubra Willd.

Description

C'est une espĂšce[6] de plante Ă  tige grĂȘle, volubile, pouvant atteindre m de long. Elle est vivace grĂące Ă  une grosse racine, noirĂątre, tubĂ©risĂ©e, en forme de navet et qui Ă©met chaque annĂ©e de nouveaux bourgeons[n 1].

Les feuilles alternes, Ă  pĂ©tiole muni de deux glandes, sont cordĂ©es (en forme de cƓur), Ă  sinus trĂšs ouvert, acuminĂ©es, minces, luisantes. Fait exceptionnel pour une monocotylĂ©done, le limbe est constituĂ© d'un rĂ©seau de nervures non parallĂšles.

Les fleurs jaune-verdĂątre sont petites (3–6 mm de diamĂštre) et rĂ©unies en grappes. Les sexes sont sĂ©parĂ©s (plante dioĂŻque). Les fleurs mĂąles[n 2] sont disposĂ©es le long de racĂšmes grĂȘles de 5–10 cm de long, les femelles en groupes serrĂ©s. La floraison a lieu en avril-mai-juin, suivant le climat.

Les fruits sont de petites baies rouges, brillantes, juteuses, de 12 mm de diamĂštre, persistantes l'hiver aprĂšs la sĂ©nescence des feuilles.

  • Port de la plante
    Port de la plante
  • Racine
    Racine
  • Tamier commun (fleurs mĂąles)
    Tamier commun (fleurs mĂąles)
  • Tamier commun (fleurs femelles)
    Tamier commun (fleurs femelles)
  • extrĂ©mitĂ© des jeunes pousses
    extrémité des jeunes pousses
  • Fruits
    Fruits
  • Fruits et graines - MHNT
    Fruits et graines - MHNT

Distribution et habitat

Le tamier commun est originaire de toute la France mĂ©tropolitaine, et d’une grande partie de l’Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, GrĂšce, Hongrie, Italie, Portugal, Roumanie, Sardaigne, Sicile, Espagne, Suisse, Yougoslavie, Roumanie, Sardaigne, Sicile), ainsi que de l’Afrique du Nord (Maroc, AlgĂ©rie, Tunisie, Libye) et en Asie tempĂ©rĂ©e (Turquie, Liban, Syrie, Iraq, Iran, Palestine, Transcaucasie)[5].

Il a été introduit en Irlande et Nouvelle-Zélande.

Il croĂźt sur les sols riches et frais, dans les bois et les buissons.

Confusions

Attention Ă  ne pas faire de confusion avec la Bryone dioĂŻque d'aspect approchant mais entiĂšrement toxique, ou avec la Salsepareille Ă  la tige Ă©pineuse.

Il ne faut pas confondre l'Asperge des bois, l'Asperge Sauvage et le Tamier commun. Ce sont bien des espĂšces diffĂ©rentes bien que les noms vernaculaires sont souvent mal utilisĂ©s. Ainsi on retrouve rĂ©guliĂšrement sur les Ă©tals commerciaux des Asperges des bois et du Tamier commun sous le nom d’Asperge Sauvage.

Dans le sud de la France, elle est désignée par son nom occitan reponchon (qui se prononce répountsou ou répountchou) ou respountchou. Attention cependant reponchon peut également faire référence à une espÚce différente : Campanule raiponce.

Composition et propriétés

Le tamier contient des glycosides de spirostanes et de furostanes (des saponosides à génine stéroïdique), des stérols, histamines et phénanthrÚnes (dotés d'activités cytotoxiques)[7]. La batatasine I, un dérivé de phénanthrÚne, est un inhibiteur de croissance des plantes[8].

Les stĂ©rols dĂ©tectĂ©s dans les feuilles et les tiges du tamier commun, comme des autres Dioscorea, sont principalement le ÎČ-sitostĂ©rol, le stigmastĂ©rol et le cholestĂ©rol[9]. Ils contiennent aussi de la diosgĂ©nine et de l'yamogĂ©nine, dans des proportions variables suivant le moment de l'annĂ©e ou l'Ăąge de la plante. La consommation des fruits, ou du tubercule, peut provoquer de graves troubles digestifs. Elle est Ă  considĂ©rer comme toxique.

Le contact des fruits mûrs ou des rhizomes peut provoquer des dermatites[10] en raison de la pénétration dans la peau de cristaux d'oxalate de calcium en forme de fines aiguilles.

Toxicité

Toute la plante sauf les jeunes pousses est Ăącre et irritante. La racine renferme quantitĂ© de cristaux d’oxalate de calcium, capables de produire sur la peau une rĂ©vulsion d’origine mĂ©canique[11]. Elle contient aussi des saponines et de la diosgĂ©nine.

L’ingestion des baies rouges cause des inflammations des voies digestives et urinaires, des vomissements, des coliques avec diarrhĂ©e, des troubles nerveux, cardiaques et respiratoires. Il y aurait des accidents mortels chez les enfants.

L’emploi ancien du tamier par voie interne, comme vomitif, purgatif, diurĂ©tique, expectorant est donc Ă  proscrire.

Utilisation

Pharmacopée traditionnelle gréco-romaine

La pharmacopée gréco-romaine connait le tamier sous divers noms : Dioscoride la nomme ampelos malaina alors que Pline utilise plusieurs termes, ampelos agria, apronia, tamnus etc.[12].

Pour le médecin pharmacologue grec du Ier siÚcle Dioscoride (MM, IV, 183)

« ÎŹÎŒÏ€Î”Î»ÎżÏ‚ ΌέλαÎčΜα Ampelos melaina. Ses jeunes pousses sont utilisĂ©es comme lĂ©gume. Elles sont diurĂ©tiques, dĂ©clenchent les rĂšgles, rĂ©duisent la rate et conviennent bien aux Ă©pileptiques, aux paralytiques et aux personnes souffrant de vertiges.
La racine possĂšde les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s que la bryone et elle est appropriĂ©e pour les mĂȘmes buts, bien qu'elle soit moins efficace.
Les feuilles sont placĂ©es avec du vin sous forme de cataplasme sur le cou des animaux de trait lorsqu'il est ulcĂ©rĂ© ; elles sont Ă©galement utilisĂ©es de la mĂȘme maniĂšre pour les entorses. »
[13].

À la mĂȘme Ă©poque, l’encyclopĂ©diste romain Pline l’Ancien indique HN, XXVII, 44

« Sa racine...relĂąche lĂ©gĂšrement le ventre. Les petites grappes corrigent les dĂ©fectuositĂ©s de la peau sur le visage des femmes. Il est bon Ă©galement d’employer cette herbe pour la sciatique, pilĂ©e avec ses feuilles et appliquĂ©e en liniment avec son suc. »[14].

L’ouvrage de Dioscoride, connu sous son nom latin de Materia medica, fut un manuel de rĂ©fĂ©rence dans le domaine de la pharmacopĂ©e europĂ©enne et musulmane jusqu’à l’époque moderne. Avec le dĂ©veloppement des sciences biologiques et chimiques, s’ouvrit un nouveau paradigme de l'Ă©valuation des remĂšdes, l'objet de la recherche passa de la matiĂšre mĂ©dicale aux principes actifs, de l'Ă©corce de quinquina Ă  la quinine.

MĂ©decine populaire

De trĂšs longue date, la racine du tamier est un remĂšde populaire[3]. MalgrĂ© ses propriĂ©tĂ©s rubĂ©fiante et vĂ©sicante (provoquant des ampoules sur la peau), la racine Ă©tait employĂ©e en mĂ©decine populaire pour soigner les contusions et les meurtrissures, d'oĂč son nom d’herbe aux femmes battues. La pulpe rĂąpĂ©e Ă©tait appliquĂ©e localement. La racine bouillie 2 Ă  3 heures, Ă©crasĂ©e avec du saindoux, servait d'onguent pour les rhumatismes en Haute Provence[3]. Cuite et appliquĂ©e en cataplasme, la racine est un antiecchymotique efficace, rĂ©solvant rapidement les contusions, les meurtrissures sans plaies.

Le tamier commun est classé sur la liste B des plantes médicinales utilisées traditionnellement en l'état ou sous forme de préparation dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu (liste publiée au chapitre IV.7.B de la Pharmacopée française mentionnée à l'article D.4211-12 du code de la santé publique).

Selon Lieutaghi, des herboristes forains vendaient encore des tubercules de tamier, sur le marché de Forcalquier (Alpes-de-Haute Provence) au début des années 1990[3].

Les jeunes pousses, cuites et mangĂ©es Ă  la façon des asperges, Ă©taient conseillĂ©es dans l’hypertrophie de la rate par les guĂ©risseurs du Nord de la France[11].

Usage culinaire

TĂȘtes de reponchons, seule partie non toxique de la plante.

Les jeunes pousses sont parfois consommĂ©es comme des asperges (et parfois confondues avec les asperges sauvages). En France, notamment, elles sont couramment consommĂ©es au printemps dans les dĂ©partements de l'Aveyron, du Lot, du Tarn-et-Garonne et du Tarn oĂč elles portent le nom occitan « reponchon »[2] (qui se prononce rĂ©pountsou) ou « rĂ©(s)pountchou ». Selon Pierre Lieutaghi « Ses jeunes pousses sont comestibles en façon d’asperges mais toute la plante adulte est toxique, en particulier les baies vermillon »[3].

Crues, la saveur des jeunes pousses est assez amÚre. Toutefois si on sait les faire cuire, l'amertume disparaßt presque : il faut les jeter dans l'eau bouillante salée, et une fois le premier bouillon obtenu (moins de 5 minutes), les jeter dans une passoire et les passer sous l'eau froide pour en stopper la cuisson. On peut ensuite les consommer soit en vinaigrette soit en omelette. Dans la région Aveyron, Lot, Tarn-et-Garonne, Tarn, c'est un mets trÚs apprécié et trÚs recherché.

Références

Bibliographie

Notes

  1. c'est une géophyte
  2. fleur unisexuée, trimÚre, actinomorphe, 3+3 T; fleur mùle 3+3 étamines; fleur femelle ovaire infÚre, 3 styles, 3 carpelles

Références

  1. Gérard Briane, Philippe Durand, « Le reponchon (Tamus communis), La vraie raiponce (Campanula rapunculus), La vraie asperge sauvage (Asparagus acutifolius) et autres salades », sur Revue Patrimoni, (consulté le ), p. 4
  2. dictionnaire Occitan Français
  3. Pierre Lieutaghi, Badasson & Cie : Tradition médicinale et autres usages des plantes en haute Provence, Actes Sud, , 715 p. (ISBN 978-2-7427-8192-8)
  4. (en) Caddick L.R., Wilkin P., Rudall P.J., Hedderson T.A.J., Chase M.W., « Yams reclassified: a recircumscription of Dioscoreaceae and Dioscoreales », Taxon, vol. 51, no 1,‎
  5. « Dioscorea communis (L.) Caddick & Wilkin », sur Kew (consulté le )
  6. (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Tamus communis
  7. (en) Adriana Kovacs, Peter Forgo, Istvan Zupko, Borbala RĂ©thy, Gyorgy Falkay,Pal Szabo, Judit Hohmann, « Phenanthrenes and a dihydrophenanthrene from Tamus communis and their cytotoxic activity », Phytochemistry, vol. 68,‎ , p. 687-691
  8. (en) R. Aquino, I. Behar, F. de Simone, C. Pizza, F Senatore, « Phenantrene Derivatives from Tamus communis », Biochemical Systematics and Ecology, vol. 13, no 3,‎
  9. (en) Gerald Blunden, Colin J. Briggs, Roland Hardman, « Steroidal constituents of the aerial parts of Dioscorea and Tamus species », Phytochemistry, vol. 7,‎ , p. 453-458
  10. (en) Schidt R J, Moult S P, « The dermatitic properties of black bryony (Tamus communis L.) », Contact Dermatitis, vol. 9, no 5,‎ , p. 390-6
  11. Pierre Lieutaghi, « Tamier ou Herbe aux femmes battues », dans coll., EncyclopÊdia Universalis [en ligne], (lire en ligne)
  12. Jacques André, Les noms des plantes dans la Rome antique, Les Belles Lettres, , 336 p.
  13. (en) Pedanius Dioscorides of Anazarbus, De materia medica (translated by Lily Y. Beck), Olms - Weidmann, , 630 p.
  14. Pline l'Ancien, Histoire naturelle (traduit, présenté et annoté par Stéphane Schmitt), BibliothÚque de la Pléiade, nrf, Gallimard, , 2131 p.

Liens externes

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