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Debora Vogel

Debora Vogel (Dvoyre Fogel), née le [1] - [2] à Bourchtyn en Galicie, alors en Autriche-Hongrie et maintenant en Ukraine, et morte assassinée dans le ghetto de Lwów en , est une poétesse et philosophe polonaise bilingue.

Biographie

Debora Vogel naît à Bourchtyn dans une famille juive parlant polonais, fille de Anzelm Vogel, un hébraïste et directeur de l'orphelinat de Lwów et de sa femme, Leonia (Lea) Vogel née Ehrenpreis[3], directrice de l'école professionnelle juive de la ville[4]. Sa sœur meurt durant l'enfance[5].

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, sa famille fuit à Vienne. Elle y fréquente un gymnasium polonais, puis un gymnasium allemand où elle obtient son diplôme du secondaire en juillet 1918. A Vienne et puis à Lwów elle est active dans le mouvement de jeunesse sioniste Hachomer Hatzaïr[1]. En 1919, Debora Vogel entre à la Faculté de philosophie de l'Université Jan Kazimierz à Lwów[1] - [2]. Le 7 juillet 1926, elle obtient son Ph.D en littérature polonaise à l'Université Jagellon à Cracovie[1]. Sa thèse de doctorat porte sur l'influence d'Hegel sur le philosophe polonais Józef Kremer[1] - [4]. Après son diplôme, elle voyage en Europe, rend visite à son oncle, Marcus Ehrenpreis (de), le grand-rabbin de Stockholm puis part à Berlin et à Paris où elle rencontre Marc Chagall[5]. De retour à Lwów, elle enseigne la psychologie et la littérature polonaise à l'université de formation des professeurs d'hébreu de la ville[1] - [2].

Bien que ça ne soit pas une langue apprise dans son enfance, Debora Vogel devient active dans les cercles littéraires yiddish en écrivant des poèmes dans cette langue[4]. Elle écrit aussi en polonais, hébreu et allemand[2]. En 1929, elle monte le groupe littéraire-artistique צושטײַער (Tsushtayer, yid. contribution) avec Ber Horowitz, Rachel Korn, Hersch Weber et Mendl Neugroeschel[3]. Elle intègre aussi le groupe Artes (pl) dont sont membres des peintres d'avant-garde comme Aleksander Krzywobłocki (pl), Jerzy Janisch (pl) ou Henryk Streng (pl) (Marek Włodarski) qui ont été influencés, parmi les autres, par Fernand Léger[6].

Elle publie également des textes dans des journaux yiddish et polonais dont Sygnały et Wiadomości Literackie[4]. Certains de ses poèmes sont aussi publiés dans le magazine mensuel Inzikh publié à New York en 1939, juste avant la déclaration de guerre[2]. Dans les revues polonaises, Debora Vogel écrit des articles sur, entre autres, le photomontage, la haine des Juifs, et l'interrelation entre l'intelligence et le prolétariat[2].

Aujourd'hui, elle est connue essentiellement pour avoir été la muse de Bruno Schulz qu'elle a rencontré en 1930 et avec qui elle entretient une longue correspondance jusqu'à son décès en 1942[7]. Dedans, ils y parlent de leurs lectures, de la vie quotidienne, de leurs voyages et de leur affinités littéraires[2]. C'est dans les lettres envoyées à Vogel que Schulz écrit les premiers jets de son recueil de nouvelles Les Boutiques de cannelle[8] - [9]. En 1931, Schulz lui propose de l'épouser mais la mère de Debora Vogel s'y oppose[1] - [5].

Peu après, elle épouse l'ingénieur civil Szulim Barenblüth et donne naissance à son fils unique le 3 mai 1936[1]. En 1941, elle est envoyée dans le ghetto de Lwów avec sa mère, son mari et son fils. Son mari travaille pour le Judenrat[5]. Debora Vogel meurt durant la liquidation du ghetto entre le 10 et le 22 août 1942[3]. Selon Rachel Auerbach, membre de Oyneg Shabbos, raconte que Henryk Streng, qui illustré tous ses ouvrages, a reconnu les corps de la famille rue Bernsteina lors du nettoyage du ghetto après sa liquidation[10] - [1] - [5] - [11].

Œuvres

Elle a écrit, entre autres:

  • (yi) טאָג־פֿיגורן (Tog-figurn), poèmes (1930)
  • (yi) מאַנעקינען (Manekinen), poèmes (1934)
  • (yi) אַקאַציעס בליִען (Akatsyes blien), montages (1935)
  • (pl) Akacje kwitną, montages (1936)


La bibliographie la plus complète de l'œuvre de Vogel est celle parue dans la première monographie consacrée à l'écrivain publiée par Karolina Szymaniak (pl)[1]


Traductions en polonais

  • dans l'annexe de Karolina Szymaniak, Być agentem wiecznej idei. Przemiany poglądów poglądów estetycznych Debory Vogel (2006)[1], poèmes et essais sur l'art et littérature
  • dans l'annexe de Montaże. Debora Vogel i nowa legenda miasta (2017)[12], essais sur l'art
  • dans Moja dzika koza. Antologia poetek jidysz (2018)[13], poèmes


Traductions en allemand

  • Debora Vogel, Die Geometrie des Verzichts. Gedichten, Montagen, Essays, Briefe (2016)[14]


Traductions en anglais

  • dans l'annexe de Montages. Debora Vogel and the New Legend of the City (2017)[15], essais sur l'art
  • Debora Vogel, Bloom Spaces Debora Vogel's Poetry, Prose, Essays, Letters, and Reviews (2020)[16]


Traductions en suédois

  • Debora Fogel, Tomma gator och gula lyktor (2020)[17], poèmes

Hommages

Une exposition lui est dédié dans le Musée de l'art de Łódź (en) en 2017[12]. En 2019, un symposium sur son œuvre est tenue au Centre d'études juives de l'université de Chicago[18].

Références

  1. Karolina Szymaniak, Być agentem wiecznej idei : przemiany poglądów estetycznych Debory Vogel, Universitas, (ISBN 978-83-242-0658-2 et 83-242-0658-2, OCLC 234352719, lire en ligne)
  2. (de) Von Anna Maja Misiak, « Im Schatten von Bruno Schulz », sur Neue Zürcher Zeitung (consulté le )
  3. (de) Anna Maja Misiak, « Deutschsprachige Edition der Texte von Debora Vogel (1900-1942) », Medaon, (lire en ligne)
  4. (en) « Dvoyre Fogel | Jewish Women's Archive » (consulté le )
  5. (en) « Anthology of Yiddish Poetry of Poland between the two World Wars (1918 - 1939) » (consulté le )
  6. (en) Magdalena Wróblewska, « Artes », sur culture.pl, (consulté le )
  7. (de) Annette Werberger, « Nur eine Muse? Die jiddische Schriftstellerin Debora Vogel und Bruno Schulz », dans Ingrid Hotz-Davies, Schamma Schahadat (éd.), Ins Wort gesetzt, ins Bild gesetzt. Gender in Wissenschaft, Kunst und Literatur, , p. 257-286
  8. Jerzy Jarzębski et Małgorzata Kitowska-Łysiak, Bruno Schulz, 1892-1942 : dessinateur, peintre, graveur et écrivain, Muzeum Literatury im. Adama Mickiewicza, (ISBN 83-910982-6-5 et 978-83-910982-6-4, OCLC 52823214, lire en ligne)
  9. Włodzimierz Bolecki, « Représentation – expérience historique – littérature moderne », Revue des études slaves, vol. 85, no 4, , p. 681–689 (ISSN 0080-2557 et 2117-718X, DOI 10.4000/res.285, lire en ligne, consulté le )
  10. (yi) Rachel Auerbach, « נישט אויסגעשפּונענע פֿעדעם », די גאָלדענע קייט, 1964, no 50, p. 131-143
  11. (en) Anna Kaszuba-Debska, « Debora Vogel », sur project stilettos (consulté le )
  12. (pl) Andrij Bojarov, Paweł Polit et Karolina Szymaniak, Montaże : Debora Vogel i nowa legenda miasta, Łódź, Muzeum Sztuki, (ISBN 978-83-63820-63-3 et 83-63820-63-6, OCLC 1032656575, lire en ligne)
  13. (pl) Karolina Szymaniak, Joanna Lisek et Bella Szwarcman-Czarnota, Moja dzika koza. Antologia poetek jidysz, Kraków-Budapeszt-Syrakuzy, Austeria, (ISBN 978-83-7866-209-9 et 83-7866-209-8, OCLC 1108620263, lire en ligne)
  14. (de) Debora Vogel et Anna Maja Misiak, Die Geometrie des Verzichts Gedichte, Montagen, Essays, Briefe, Wuppertal, Arco, (ISBN 978-3-938375-61-7 et 3-938375-61-2, OCLC 885038718, lire en ligne)
  15. (en) Andrij Bojarov, Paweł Polit et Karolina Szymaniak, Montages : Debora Vogel and the new legend of the city, Łódź, Muzeum Sztuki, (ISBN 978-83-63820-64-0 et 83-63820-64-4, OCLC 1026368936, lire en ligne)
  16. (en) Debora Vogel et Anastasiya Lyubas, Blooming spaces : the collected poetry, prose, critical writing, and letters of Debora Vogel, Brighton, Academic Studies Press, (ISBN 978-1-64469-392-6, 1-64469-392-5 et 978-1-64469-393-3, OCLC 1157473650, lire en ligne)
  17. (se) Debora Vogel, Beila Engelhardt Titelman et Sara Mannheimer, Tomma gator och gula lyktor., Lund, Ellerströms förlag AB, (ISBN 978-91-7247-579-3 et 91-7247-579-X, OCLC 1124572525, lire en ligne)
  18. (en) Jonah Lubin, « “Circular Landscapes: A Symposium on Debora Vogel": A Student's Perspective », sur In geveb (consulté le )

Liens externes

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