David Lefèvre (tueur)
David Lefèvre, né le à Reims, est un tueur en série et criminel multirécidiviste français, surnommé Le Tueur des Marais[1].
David Lefèvre | |
Tueur en série | |
---|---|
Information | |
Naissance | Reims (Marne) |
Surnom | Le Tueur des Marais |
Condamnation | , |
Sentence | Réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans |
Actions criminelles | Assassinats, Vol ayant entraîné la mort |
Victimes | 3 |
PĂ©riode | - |
Pays | France |
RĂ©gions | Hauts-de-France |
Ville | Laon, Camon |
Arrestation | , |
Le , Lefèvre a tué un SDF lors d'un vol à main armée. Il a passé plus de trois ans en prison avant d'être libéré en . Depuis ce premier crime, Lefèvre a multiplié les séjours en prison ; entre et pour vol de véhicule, puis de 2004 à 2008 pour trafic de stupéfiants[1].
Libéré en 2008, Lefèvre s'est installé à Amiens, puis s'est fait de nombreux amis, dont deux jeunes hommes qu'il a tué en janvier et . Inculpé en septembre, Lefèvre a été placé en détention préventive en [1].
Lefèvre a été condamné le , à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans[2].
Biographie
Jeunesse
David Lefèvre naît le à Reims (Marne). Il est issu d'une fratrie de six enfants et grandit dans un milieu social bancal, avec des parents mal-aimants qui lui font subir des violences physiques et sexuelles ; il les décrira par la suite comme étant des « Cas-sociaux »[1].
En 1988, âgé de 8 ans, David Lefèvre est placé en famille d'accueil avec ses frères et sœurs[2]. Lefèvre est un enfant réservé et fuyard sur certains points, notamment lorsque l'on mentionne ses parents et de ses premières années passées avec eux[1].
Les années 1980-années 1990, sont une période d'absentéisme pour David Lefèvre. Bien qu'il n'ait plus revu ses parents, Lefèvre se construit toute une personnalité persécutée et malsaine, sans remarquer de différence avec la réalité. Dans le cas contraire, Lefèvre décide de construire une balançoire pour ses frères et sœurs afin d'apporter du réconfort à une fratrie également marquée par le désamour (l'une de ses sœurs témoignera de cela par la suite)[1].
La période 1998-1999 est une ascendance dans le crime pour David Lefèvre qui, ayant atteint sa majorité, bascule dans la délinquance, à l'aide d'un complice mineur. C'est dans ce contexte que Lefèvre et son complice achètent un révolver afin de commettre plusieurs vols qualifiés et de récolter de l'argent volé[1].
Parcours criminel
Les faits
Le à Laon, David Lefèvre, 19 ans, et son complice, mineur, commettent leur premier vol à main armée. Ce dernier se solde par une réussite et une récolte de magot. Cependant, les deux jeunes hommes, pensant récidiver en toute impunité, envisagent de commettre une longue série de vols à main armée[1].
Le , David Lefèvre et son complice s'apprêtent à renouveler leur vol à main armée dans cette même ville. Cependant, les deux jeunes hommes sont surpris par un SDF et prévoient de lui voler son Revenu minimum d'insertion en guise de butin. Mais, ce dernier se débattant, David Lefèvre tue le SDF d'une balle dans la tête à l'aide de son pistolet. Lefèvre abat également le rat de sa victime et s'enfuit avec son complice. Cependant, quelques passants parviennent à voir les fuyards et les identifier[1].
Entre temps, David Lefèvre et son complice, pensant avoir réussi leur second méfait, élaborent un plan, afin de rapporter davantage de butin lors de leurs prochains méfait. N'ayant aucun passé judiciaire, les deux jeunes hommes sont recherchés en vain, jusqu'à ce que les policiers découvrent leurs résidences quelques jours plus tard, avec l'aide d'un nouveau témoignage[1].
La détention
Le , David Lefèvre et son complice sont arrêtés et incarcérés à la prison de Laon pour deux vols à main armée, dont l'un étant précédé d'un homicide volontaire. A ce stade de l'enquête, les policiers tentent de vérifier si le meurtre du SDF était prémédité. Ces derniers essayent alors de découvrir la personnalité de Lefèvre et son complice, afin de voir s'ils sont responsables de leurs actes et de trouver le mobile des deux méfaits, du fait de leurs jeunes âges[1].
En , David Léfèvre et son complice sont examinés par des experts psychiatres, en vue d'une évaluation de leurs états mentaux. La défense des inculpés avance le fait d'avoir tué le SDF dans un " état de démence " car, bien qu'ayant utilisés un pistolet, les avocats démontrent que Lefèvre est son complice ne s'en étaient servi seulement pour assurer leur second vol à main armée. À la suite de la requête de la défense, les experts psychiatres ne découvrent aucun dysfonctionnement mental de David Lefèvre et son complice, en raison de l'utilisation de leurs armes, leur servant à assurer leur fuite. Lefèvre et son complice sont finalement renvoyés devant la Cour d'assises des mineurs de Douai, pour le second vol à main armée, ayant entraîné la mort sans intention de la donner[1] - [3].
Le , David Lefèvre et son complice sont jugés par la Cour d'assises des mineurs de Douai pour les deux vols à mains armée, dont l'un ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Âgé de 22 ans, Lefèvre reconnaît les faits, mais sans pour autant avouer de mobile valable pour le meurtre du SDF qui, selon lui, se trouvait « au mauvais endroit et au mauvais moment »[1].
Le , Lefèvre est condamné à 5 ans de prison dont six mois avec sursis assorti d'une mise à l'épreuve pendant trois ans ; ce qui le condamne à une peine de 4 ans et demi de prison ferme. Le meurtre du SDF a permis aux accusés de démontrer qu'il n'y avait pas eu préméditation au moment du second vol à main armée, et que ce dernier avait mal tourné[1] - [2] - [4].
Lefèvre est libéré le , après trois ans et trois mois de prison[1].
Vol de véhicule
A la suite de sa libération, David Lefèvre retourne habiter chez sa famille d'accueil et retrouve ses frères et sœurs.
Au printemps , Lefèvre est arrêté après avoir dérobé une voiture. Mis en examen pour vol de véhicule, Lefèvre est laissé en liberté sous contrôle judiciaire, en l'attente d'être jugé pour ce délit[1].
Le , Lefèvre est jugé devant le tribunal correctionnel de Douai pour le vol de véhicule. Il est condamné à une amende mais, ses six mois de sursis s'ajoutant à sa peine (qui avaient été prononcé un an plus tôt), il écope d'une peine de six mois de prison ferme[1].
Lefèvre est libéré en , après quatre mois et demi de détention. À la suite de libération, Lefèvre devient dealer et se met à vendre de la Cocaïne[1].
Trafic de stupéfiants
En 2004, Lefèvre est de nouveau arrêté par la police pour possession illégale de cocaïne. Lefèvre est mis en examen pour trafic de stupéfiants et placé en détention provisoire en l'attente de son jugement[5].
Lefèvre est jugé en 2006 devant le Tribunal correctionnel de Péronne pour ses délits ; vol de véhicule et trafic de stupéfiants. Au terme de son jugement correctionnel, Lefèvre est condamné à 5 ans de prison ferme. À la suite de sa condamnation, Lefèvre passe ainsi quatre ans supplémentaires en prison, avant de bénéficier d'une libération conditionnelle. Après près de huit ans de prison cumulés, Lefèvre est libéré en 2008[1] - [5].
Durant la période 2008-2009, Lefèvre arrive à Amiens et rencontre Julien Guérin, 20 ans, un ancien enfant de la DDASS, contraint de suivre un traitement médicamenteux pour guérir de l’alcoolisme. Le deux jeunes hommes sont connus pour assister à de nombreuses fêtes. Lefèvre fait par la suite la connaissance de Sylvie, une jeune femme décrite également comme "fragile". Avec Julien, tout trois forment une grande amitié qui se solde par davantage de fêtes et de soirées en Boîtes de nuit[1].
En 2010, cependant, David Lefèvre semble affecté de voir Julien Guérin se mettre en couple avec Alice Caron, 17 ans, puis de fonder une famille en l’espace de quelques mois[1].
Affaire Julien Guérin
Le , après un aller-retour en Belgique dans le but d'y acheter des cigarettes, David Lefèvre emmène Julien Guérin dans sa voiture et le conduit à un marais de Camon[6]. Enervé de le voir jouer avec sa batte de baseball, Lefèvre frappe Guérin à coup de pied de biche, et ce dernier tombe dans le marais, avant de mourir noyé moins d'une minute plus tard. À la suite de son crime, David Lefèvre quitte les lieux pour retourner chez lui, en pensant, à ce moment-là , que Julien est vivant. Lefèvre se débarrasse de sa batte de baseball et du pied de biche, afin de n'éveiller aucun soupçon vis-à -vis du crime[1].
Le , David Lefèvre se rend chez Alice, la compagne de Julien, afin de lui dire que l'attitude de Julien, la veille au soir, était "disproportionnée", selon lui et qu'il méritait d'être en compagnie de la jeune femme pour la soirée. Une plainte est déposée le lendemain, mais Lefèvre, connaissant les interrogatoires, affirme que sa venue n'est qu'une "annonce" à Alice, vis-à -vis du comportement de Julien à l'écart de sa compagne. David Lefèvre est donc relâché[1].
Le , Alice Caron se rend au commissariat d'Amiens, afin d’annoncer la disparition de Julien Guérin mais, le disparu étant âgé de 22 ans, la police n'ouvre pas d'enquête, à l’inquiétude des proches du disparu. David Lefèvre, lui, continue néanmoins d'être en contact avec eux, sans que ces derniers ne se doutent de sa culpabilité[1].
Le , le corps sans vie de Julien Guérin est retrouvé dans l'Avre, au milieu d’un long étang[6]. Lors de la découverte du corps, les policiers n'ont pas encore l'idée que le cadavre de Julien ait été dévié depuis sa mort, un mois plus tôt. Une enquête est alors ouverte, en vue d'une autopsie. Cependant, le corps du jeune homme de 22 ans a séjourné durant un mois, que l'autopsie s'avère plus longue[1].
En , la mort de Julien Guérin est conclue comme étant une mort accidentelle, après avoir bu une forte dose de Vodka ; Julien étant addict aux tranquillisants en raison de son addiction vis-à -vis de l'alcool dont il avait sombré durant sa jeunesse[1].
Entre temps, David Lefèvre s'achète un étui à révolver[1].
En , David Lefèvre apprend que Sylvie s'est mise en couple avec Alexandre Michaud ; un jeune homme de 24 ans. Là encore, Lefèvre semble être affecté par, ce qu'il perçoit être, un « abandon » de ses amis ; ces derniers se mettant en couple à quelques mois d'intervalle et laissant indirectement David Lefèvre seul et à l’écart[1].
Affaire Alexandre Michaud
Le au soir, à la suite d'une dispute avec Sylvie, Alexandre frappe violemment le mur et se blesse le poignet. Sylvie, n'ayant pas de moyen de locomotion, fait appel à David Lefèvre. Arrivé chez le couple, Lefèvre emmène Alexandre dans sa voiture, afin d'aller à l'hôpital. Cependant, arrivé à destination, David Lefèvre parvient à prendre rendez-vous à l'hôpital, mais, une fois que ce dernier se termine, Lefèvre emmène le jeune homme au marais de Camon, puis lui tire dessus à l'aide de son révolver. Alexandre tombe dans le marais, puis se prend les pieds dans une chaîne à barques et meurt quelques minutes plus tard. Lefèvre prend la fuite et retourne chez lui.
Le , Sylvie se rend au commissariat, afin de signaler la disparition d'Alexandre. Elle raconte sa dispute de l'avant-veille et le fait qu'il ait disparu après que David Lefèvre l'avait emmené à l'hôpital. À la suite du témoignage de Sylvie, une enquête est alors ouverte pour enlèvement et un ratissage débute, afin de retrouver le jeune disparu de 24 ans[1].
Le , le cadavre d'Alexandre Michaud est découvert dans le marais de Camon ; les pieds pris dans une chaîne pour barques. Les gendarmes, rapprochant le crime avec la mort de Julien Guérin, ont la conviction d'avoir affaire à un même tueur. De plus, le témoignage de l'entourage, comme pour la mort de Julien, s'oriente sur David Lefèvre, car ce dernier a été en contact avec les deux jeunes hommes au moment de leurs disparitions[1] - [7].
Le , David Lefèvre est placé en garde à vue. Lors de son audition, l’homme de 31 ans résiste aux gendarmes qui l’interrogent. Lefèvre donne ses explications, mais les gendarmes, ayant découvert le passé du criminel, prolongent sa garde à vue. Cependant, David Lefèvre est mis en examen pour le meurtre d'Alexandre Michaud, mais repart libre du commissariat ; faute de preuves et d’éléments à charges. Bien que Lefèvre soit reparti libre, les enquêteurs décident de le placer sur écoute téléphonique afin de le surveiller et de récolter davantage de preuves[1].
En , lors d’un appel téléphonique destiné à Sylvie, David Lefèvre fanfaronne, lui disant qu’il a déjà tué trois fois. L’appel est intercepté par les enquêteurs qui, à la suite de cela, sont désormais convincus de la culpabilité de Lefèvre. Ils décident néanmoins de préparer la future garde à vue du suspect, afin de trouver des éléments pour que ce dernier avoue les crimes qui lui sont imputés[1].
Arrestation et aveux lors de sa détention préventive
Le , David Lefèvre est de nouveau placé en garde à vue[7]. Longuement interrogé, Lefèvre nie les faits et décide de ne plus répondre aux questions des gendarmes. Il est cependant emmené dans le Camon, afin de répondre du meurtre d’Alexandre Michaud, mais, ne sachant pas que le corps de Julien avait été dévié par le courant du marais, Lefèvre livre que Julien Guérin était décédé au même endroit, en se dénonçant indirectement aux policiers. À la suite de ses « aveux accidentels », David Lefèvre est mis de nouveau en examen pour l'assassinat d’Alexandre Michaud et également mis en examen pour l'assassinat de Julien Guérin. Lefèvre est placé en détention provisoire et est ainsi surnommé Le Tueur des Marais[8].
Le , après avoir nié les faits, David Lefèvre écrit, de sa cellule de prison, une lettre au procureur, en avouant les deux meurtres avec des détails. Lefèvre rédige ses aveux avec des excuses et des remords vis-à -vis de l’entourage de ses victimes. À la suite du reçu de lettre, quelques jours plus tard, la juge d’instruction ordonne une reconstitution des deux crimes de Lefèvre[9].
Le , la reconstitution a lieu et montre que David Lefèvre n’avait laissé aucune chance à ses victimes. Les parents des victimes sont également présents, afin de voir l'assassin de leurs enfants, qu'ils n'avaient jamais vu auparavant. A la fin de la reconstitution, Lefèvre retourne en prison, sans avoir avoué le mobile de ses crimes[9].
Début 2013, David Lefèvre est renvoyé devant la Cour d’assises de la Somme pour l’assassinat d’Alexandre Michaud[7] et le meurtre de Julien Guérin (la préméditation n’étant pas retenu pour ce crime). Il encourt alors la réclusion criminelle à perpétuité[6] - [9].
Procès et condamnation
Le , David Lefèvre comparaît devant la Cour d’assises de la Somme[6]. Âgé de 33 ans, Lefèvre reste inerte et muet, avouant qu’il accepterait sa condamnation et qu’il ne mériterait aucun soutien de ses amis et de ses proches ; ces derniers essayant néanmoins d’aider l’accusé, bien que ce dernier ne se défende pas.
David Lefèvre est l'un des derniers tueurs en série en France en date ; précédant Yoni Palmier à quelques mois d'intervalle (ce dernier sera condamné à perpétuité en et en appel)[10] - [11].
Le , David Lefèvre est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans[10].
Libération envisageable
N’ayant pas fait appel de sa condamnation, David Lefèvre pourra formuler une demande de liberté conditionnelle en .
Notes et références
- « Faites entrer l'accusé - lundi 3 février 2020 - page 22 sur 26 », sur www.telescoop.tv (consulté le )
- « Double meurtre près d'Amiens: l'accusé condamné à la perpétuité », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- « Juridictions pénales », sur www.service-public.fr (consulté le )
- Le Point magazine, « Double meurtre sans mobile: l'assassin présumé jugé à Amiens », sur Le Point, (consulté le )
- Gauthier Lecardonnel, Affaire Alexandre MICHAUD : «Nous voulons qu'il dise la vérité», Amiens, Hubert Delarue, , 1 p. (lire en ligne), p. 1
- TONY POULAINavec GAUTIER LECARDONNEL, « Lefèvre va-t-il enfin s'expliquer ? », sur Courrier picard (consulté le )
- « Le meurtrier présumé d'Alexandre Michaud est jugé dans la Somme », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
- « Double meurtre sans mobile à Amiens: la personnalité de l'accusé reste », sur Paris-Normandie (consulté le )
- « J.Guérin et A.Michaud : les meurtres reconstitués », sur France 3 Hauts-de-France (consulté le )
- « Assises de la Somme: David Lefèvre condamné à la prison à perpétuité », sur France 3 Hauts-de-France (consulté le )
- « Meurtres de l’Essonne : Yoni Palmier de nouveau condamné à la perpétuité en appel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
Annexes
Documentaire télévisé
- « David Lefèvre, le tueur des Marais » le dans Faites entrer l'accusé présenté par Frédérique Lantieri sur France 2.