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David Alden

David Alden (né le à New York) est un prolifique metteur en scène de théâtre et réalisateur de films, connu pour ses mises en scène post-modernistes à l'opéra.

David Alden
une illustration sous licence libre serait bienvenue

Il est le frère jumeau de Christopher Alden, également directeur d'opéra, dans le moule révisionniste. Les deux frères ont couvert une grande partie du même répertoire dans leurs longues carrières, mais, alors que les productions d'opéra de Christopher mettent davantage l'accent sur la portée émotionnelle de ses personnages, les protagonistes de David sont plus largement caricaturés et ses productions beaucoup plus chargées politiquement. Autre caractéristique distinctive entre eux : David est plus actif en Europe tout au long de sa carrière, après avoir bénéficié d'un partenariat créatif particulièrement étroit avec Peter Jonas pendant plus de deux décennies, à la fois à l'English National Opera et au Bayerische Staatsoper.

Biographie

David Alden et son jumeau, Christopher, sont nĂ©s dans une famille de l'Industrie du spectacle Ă©troitement liĂ©e Ă  Broadway. Leur père Ă©tait le dramaturge Jerome Alden et leur mère, la danseuse Barbara Gaye, qui a travaillĂ© pour les productions originales d'On the Town et Annie Get Your Gun avec Ethel Merman. Ă€ huit ans, ils Ă©coutent les enregistrements des opĂ©rettes de Gilbert & Sullivan[1], et adolescents, au milieu des annĂ©es 1960, ils achètent souvent des billets de places debout au Metropolitan Opera[2]. Dès leurs 13 ans, tous deux avaient dĂ©cidĂ© qu'ils voulaient faire de la mise en scène Ă  l'opĂ©ra.

David Ă©tudie Ă  l'UniversitĂ© de Pennsylvanie et, comme son frère, lance sa carrière de rĂ©alisateur avec l'OpĂ©ra d'Omaha dans les annĂ©es 1970. En 1976, il visite l'Europe, se plongeant dans le courant culturel des directeurs d'opĂ©ra contemporains tels que Giorgio Strehler, Harry Kupfer, Hans Neuenfels et Ruth Berghaus. GĂ©nĂ©ration d'hĂ©ritiers directs au mouvement expressionniste et, en particulier, de Bertolt Brecht. Pour Alden, ces rencontres ont Ă©tĂ© une rĂ©vĂ©lation, qui lui a permis d'ouvrir l'intense passion qu'il cherchait Ă  exprimer dans le théâtre musical. Sa première production europĂ©enne Ă  la fin des annĂ©es 1970 est un Rigoletto pour le Scottish Opera qui, dit-il, est Ă©reintĂ© par les critiques, car « en Angleterre, il Ă©tait encore trop tĂ´t pour parler directement au public avec le style que je tentais et lieu passion et la schizophrĂ©nie sur la scène[3]. »

En 1980, Alden est engagĂ© par le Metropolitan Opera pour remplacer Herbert Graf pour la reprise de Wozzeck ainsi qu'en 1985 et 1988. Ainsi que John Rockwell l'a notĂ© dans le The New York Times, « La mise en scène d'Alden… est influencĂ©e par les films de l’expressionnisme comme Le Cabinet du docteur Caligari, plein de silhouettes Ă©trange et de zombies titubants[4]. »

Opéra national anglais

En 1984, Peter Jonas (en) – ancien directeur artistique du Chicago Symphony Orchestra – est nommĂ© successeur de George Lascelles comme directeur gĂ©nĂ©ral de l'English National Opera. Avec le directeur musical Mark Elder et metteur en scène David Pountney, ils deviennent le triumvirat intitulĂ© « Power House » qui a revigorĂ© la direction artistique de l'English National Opera (ENO) avec une sĂ©rie d'interprĂ©tations modernistes d'opĂ©ras classiques ainsi que des productions de nouveautĂ©s. Cette annĂ©e-lĂ , David Alden met en scène une production de l'ENO du Mazeppa de TchaĂŻkovski devenu emblĂ©matique de la nouvelle ère. Ă€ la fin de l'acte II, lorsque le hĂ©ros Kochubey et son ami Iskra sont traĂ®nĂ©s au billot, Alden choque le public avec un horrible massacre Ă  la tronçonneuse, qui donne le ton pour la scène de la folie sanglante de l'acte III, et pour toujours consacrĂ© sa production dans l'esprit des amateurs d'opĂ©ra de Londres comme « le Mazeppa tronçonneuse » qui « est devenu une sorte de raccourci pour l'ensemble du projet Jonas – brutal, sans concession, intransigeant, l'ultime succès de scandale[2]. » Ni Mazeppa, ni Simon Boccanegra, ni Un ballo in maschera â€“ ou l'une des autres productions de la « Power House » n'a Ă©tĂ© conservĂ©s sur bande vidĂ©o.

Au cours dĂ©cennie suivante, Alden continue dans son rĂ´le de provocateur et collaborateur clĂ© de l'ENO « Power House » dans Giuseppe Verdi (Simon Boccanegra et Un ballo in maschera), George Frideric Handel (Ariodante), Hector Berlioz (La Damnation de Faust), Richard Wagner (Tristan und Isolde) et plus rĂ©cemment, la production 2006 du JenĹŻfa de Leoš Janáček qui a remportĂ© le Laurence Olivier Awards pour la meilleure nouvelle production d'opĂ©ra.

Opéra de Bavière

En 1993, Peter Jonas devient intendant du Bayerische Staatsoper, et jusqu'Ă  son dĂ©part en 2006, il fait des productions de David Alden un des piliers de son mandat. Notamment une sĂ©rie Haendel, avec Ariodante, Orlando, Rinaldo et Rodelinda ; Claudio Monteverdi avec L'incoronazione di Poppea et Il ritorno d'Ulisse in patria ; Richard Wagner avec Tannhäuser et Der Ring des Nibelungen ; La Calisto de Francesco Cavalli, La forza del destino de Verdi, La Dame de pique de Tchaikovski et le Lulu d'Alban Berg.

Au Festival d'opĂ©ra de Munich en 2006, le Staatsoper pour cĂ©lĂ©brer son association avec Alden, relance huit de ses productions. En outre, il reçoit le prix spĂ©cial du théâtre bavarois pour son Ĺ“uvre artistique, en reconnaissance de ses contributions artistiques Ă  l'OpĂ©ra d'État de Bavière.

Carrière en Europe

En Europe, Alden a Ă©galement produit des opĂ©ras pour l'OpĂ©ra national du Pays de Galles, le Volksoper de Vienne et l'OpĂ©ra comique de Berlin. Il met en scène une nouvelle production de Thomas Adès, Â« Powder Her Face » pour le Festival d'Aldeburgh et monte des opĂ©ras Ă  Cologne, Francfort, Anvers et Graz. En 1995 il dirige Ă  Tel Aviv la première mondiale du Joseph de Josef Tal â€“ une histoire kafkaĂŻenne sur les normes et les illusions de la sociĂ©tĂ© moderne.

En 2009 Alden dirige Ercole Amante de Francesco Cavalli pour l'OpĂ©ra national des Pays-Bas d'Amsterdam (De Nederlandse Opera) qui a reçu beaucoup de critiques Ă©logieuses et de retour avec la mĂŞme Ă©quipe artistique pour mettre en scène Deidamia de Haendel en .

Aux États-Unis

Les collaborations avec des opĂ©ras amĂ©ricains d'Alden comprennent l'OpĂ©ra lyrique de Chicago, le Metropolitan Opera, le Houston Grand Opera et le Festival amĂ©ricain de Spoleto. Il a crĂ©Ă© les première amĂ©ricaines de Judith de Siegfried Matthus pour l'OpĂ©ra de Santa Fe (en) et Le Roi Roger de Karol Szymanowski pour l'OpĂ©ra de Long Beach, une production très dĂ©constructionniste comme le rapporte The New York Times : « l'opĂ©ra attend toujours une vĂ©ritable première amĂ©ricaine[5]. » En 1990, il monte la crĂ©ation mondiale de l'opĂ©ra cabaret de William BolcomCasino Paradise au Festival amĂ©ricain de musique de théâtre de Philadelphie et en 1992, il codirige â€“ avec son frère Christopher – les trois opĂ©ras de Mozart/Da Ponte dans une production pour le Chicago Symphony Orchestra sous la direction de Daniel Barenboim.

Pour le film et la tĂ©lĂ©vision, Alden dirige en 1997, le Die Winterreise de Franz Schubert avec le tĂ©nor Ian Bostridge accompagnĂ© par Julius Drake ; le Die sieben TodsĂĽnden de Kurt Weill ainsi qu'un documentaire pour la BBC sur la vie de Verdi. Plusieurs de ses productions scĂ©niques ont Ă©tĂ© filmĂ©s pour une plus large diffusion.

Opéra, théâtre politique

Les mises en scènes des opĂ©ras de David Alden sont connues pour leur expression de la rage de la condition humaine. Il a Ă©galement Ă©tĂ© Ă  la pointe pour prĂ©senter l'opĂ©ra comme un commentaire sur les affaires historiques en cours et les politiques actuelles. Sa production du Wozzeck de Berg en pour l'OpĂ©ra de Los Angeles a Ă©tĂ© remaniĂ©e comme un conte de l'ère Guerre du ViĂŞt Nam et de la corruption morale oĂą « Wozzeck et ses acolytes sont un peloton de bĂ©rets verts Ă  machettes et M-16 », oĂą « le Capitaine est un skinhead mâchouillant son cigare, en treillis et sac Ă  dos » et fait d’« Ă©vasions oniriques de la rĂ©alitĂ©... Wozzeck rentre chez sa petite amie Marie, après une dure journĂ©e de dĂ©foliation des forĂŞts et de chasse aux Viet Cong. De toute Ă©vidence, l'apocalypse d'Alden est ici et maintenant[6]. »

Sa première production de Salome de Richard Strauss en 2006, prĂ©sentĂ© en Lituanie, Ă©vite le temps biblique original d'Oscar Wilde, pour y substituer le cadre de l'ère soviĂ©tique plus contemporaine, exposant « cinquante ans d'occupation, de rĂ©pression et de persĂ©cution » avec HĂ©rode dĂ©peint comme un dĂ©bauchĂ© « dictateur qui ressent l'approche de la fin de son rĂ©gime[7]. »

Et si la mise en scène d'Alden de Rinaldo Ă  Munich en 2000, est prĂ©-11 septembre et avant la Guerre d'Irak de George W. Bush, il a l'intuition en temps opportun, de dĂ©placer l'action de l'opĂ©ra de l'Ă©poque mĂ©diĂ©vale des CroisĂ©s de la Gerusalemme liberata du Tasso, pour le Moyen-Orient de l'Ă©poque moderne et Ă  « [faire] ce quelque chose d'une croisade religieuse d'un amĂ©ricain de la droite radical... [mettant] au centre de la scène l'auto-promotion d'un chrĂ©tien protestant Ă©vangĂ©liste contemporain[8]. »

Notes et références

  1. (en) Rupert Christiansen, « Will Orfeo go to the Disco? », Telegraph,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Stephen Moss, « Twin Powers », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  3. (en) General Director Peter Jonas talks to stage director David Alden (1994)
  4. (en) John Rockwell, « A 'Wozzeck' With Staying Power », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Will Crutchfield, « Szymanowski's 'King Roger' in California », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  6. (en) David Buendler, « Alden's grotesque 'Wozzeck' », Pasadena Star-News,‎
  7. (en) A Long Fuse et Salome sur www.opera.lt
  8. (en) David Alden's Post-Modernist 'Rinaldo' (2003) sur nytheatre-wire.com

Liens externes

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