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DĂ©calage du cadre de lecture

En génétique, le décalage du cadre de lecture, parfois également appelé décalage ribosomique, résulte d'un changement du positionnement relatif du ribosome par rapport à la séquence de l'ARN messager d'un nombre de nucléotides non multiple de 3 conduisant à un changement d'interprétation des codons du cadre de lecture lors de la traduction génétique[1]. En effet, le code génétique repose sur la lecture séquentielle par les ribosomes de triplets de nucléotides sur l'ARN messager, chacun de ces triplets, appelés codons, correspondant à un acide aminé déterminé : si l'on décale l'association de ces triplets d'un ou deux nucléotides dans un sens ou dans l'autre, la traduction de la séquence d'ARNm en polypeptide est totalement modifiée sur toute la longueur de la protéine synthétisée ; si l'on décale la lecture de trois nucléotides, en revanche, la protéine résultante ne différera que d'un seul acide aminé, en plus ou en moins par rapport à la protéine normale — elle différera de deux acides aminés si le cadre de lecture est décalé de six nucléotides. Ceci peut être illustré par l'exemple suivant montrant l'effet de l'insertion d'un résidu d'adénine (marqué en rouge) sur la traduction d'un oligopeptide :

5’ AUG CCA UCA GUU UGA CGC UUC CCA UAU AUU AG- 3’
   Met-Pro-Ser-Val Stop
5’ AUG CCA UCA*AGU UUG ACG CUU CCC AUA UAU UAG 3’
   Met-Pro-Ser-Ser-Leu-Thr-Leu-Pro-Ile-Tyr Stop

La séquence protéique produite après insertion du nucléotide supplémentaire est complètement différente de la première : le premier codon-STOP est ignoré par le décalage du cadre de lecture de sorte qu'au lieu d'un tétrapeptide, c'est un oligopeptide de dix acides aminés qui est produit.

Ceci peut survenir lors de la traduction de l'ARN messager par le ribosome et peut ĂŞtre induit par la sĂ©quence nuclĂ©otidique de cet ARN ou ĂŞtre affectĂ© par la structure secondaire ou tertiaire de cet ARN. Ce phĂ©nomène s'observe essentiellement chez les virus (notamment les rĂ©trovirus), les rĂ©trotransposons et les Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©tiques mobiles bactĂ©riens, ainsi que dans certains gènes cellulaires. Le virus Ebola, qui est un virus Ă  ARN monocatĂ©naire Ă  polaritĂ© nĂ©gative, possède ainsi un gène, celui de la glycoprotĂ©ine virale, qui peut ĂŞtre traduit en trois protĂ©ines diffĂ©rentes, dont les 295 rĂ©sidus N-terminaux sont cependant identiques, selon que zĂ©ro, un ou deux rĂ©sidus d'adĂ©nosine sont insĂ©rĂ©s par l'ARN polymĂ©rase ARN-dĂ©pendante au niveau d'une sĂ©quence glissante qui la fait patiner (polymerase stuttering) :

  • une glycoprotĂ©ine sĂ©crĂ©tĂ©e de 364 rĂ©sidus d'acides aminĂ©s[2] ;
  • une grosse glycoprotĂ©ine de 676 rĂ©sidus d'acides aminĂ©s[3] rĂ©sultant de l'insertion d'un rĂ©sidu d'adĂ©nine dans l'ARN messager produit par la polymĂ©rase et responsable de la pĂ©nĂ©tration du virion dans la cellule cible ;
  • une petite glycoprotĂ©ine sĂ©crĂ©tĂ©e de 298 rĂ©sidus d'acides aminĂ©s[4] rĂ©sultant de l'insertion de deux rĂ©sidus d'adĂ©nine dans l'ARN messager produit par la polymĂ©rase.

Notes et références

  1. (en) Mélissa Léger, Dominic Dulude, Sergey V. Steinberg et Léa Brakier-Gingras, « The three transfer RNAs occupying the A, P and E sites on the ribosome are involved in viral programmed -1 ribosomal frameshift », Nucleic Acids Research, vol. 35, no 16,‎ , p. 5581-5592 (PMID 17704133, PMCID 2018615, DOI 10.1093/nar/gkm578, lire en ligne)
  2. (en) « small secreted glycoprotein [Zaire ebolavirus] », sur National Center for Biotechnology Information, (consulté le )
  3. (en) « spike glycoprotein [Zaire ebolavirus] », sur National Center for Biotechnology Information, (consulté le )
  4. (en) « second secreted glycoprotein [Zaire ebolavirus] », sur National Center for Biotechnology Information, (consulté le )
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