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Culture de Samara

La culture de Samara est une culture archéologique qui exista de -5200 à -4800 av. J.-C.[1] dans la région du cours moyen de la Volga, au bord de son affluent la rivière Samara. Cette culture a été découverte après des fouilles réalisées en 1973 près du village de Siezjeïé (Съезжее) en Russie. La culture de Samara est contemporaine à d'autres cultures préhistoriques de la steppe pontique comme la culture de Khvalynsk ou la culture Repin, et antérieure à celle de Yamna (ou Yamnaya). Depuis les travaux de M. Gimbutas, ces cultures sont considérées comme proto-indo-européennes. La culture de Samara serait un des précurseurs de la culture kourgane.

Culture de Samara
Définition
Lieu éponyme Samara
Caractéristiques
Répartition géographique Bassin de la Volga
Période Âge du cuivre
Chronologie de 5200 à 4800 av. J.-C.

La culture de Samara révèle un mode de vie chasseur-pêcheur-cueilleur sans présence d'agriculture ni d'objet métallique, mais avec présence de poterie et d'élevage. Les premiers objets en cuivre apparaissent avec la culture de Khvalynsk. Sa classification comme culture « énéolithique » ou « chalcolithique » est donc problématique, les auteurs soviétiques puis russes utilisant le terme néolithique pour toute culture archéologique avec présence de poterie, même en contexte évident de chasseurs-cueilleurs. Certains auteurs utilisent le terme « subnéolithique ». Il s'agit plus d'une culture de la fin du Mésolithique.

Datation

Carte du cours de la Volga avec le lieu contemporain de Samara.

La culture de Samara est une culture chalcolithique du début du Ve millénaire[1] dans le méandre de Samara de la moyenne-Volga, aux confins septentrionaux de la steppe[2]. On l'a découverte au cours des fouilles archéologiques de 1973 près du village de Siezjeïé (Съезжее) en Russie. D'autres sites ont pu lui être reliés : Varfolomievka sur la Volga (-5500), rattachée auparavant à une culture de Caspienne septentrionale, et Mykol'ske, sur le Dniepr. Les premiers temps de la culture de Samara sont contemporains[2] des débuts de la culture de Khvalynsk (4700-3800 av. J.-Chr.[3] - [1] alors que les vestiges dégagés paraissent liés à ceux de la culture Dniepr-Donets II[2] (entre 5200 et 4200 av. J.-Chr.[4]).

La vallée de la Samara recèle des sites d'autres cultures plus tardives, qualifiées de « cultures de Samara » ou « cultures de la vallée de la Samara. » Certains sites sont toujours en fouille ; mais la « culture de Samara » au singulier est un terme réservé à la culture chalcolithique la plus ancienne de cette région.

Vestiges

Céramique

La céramique consiste surtout en vases ovoïdes aux bord relevés. Ils n'étaient pas faits pour être posés sur une surface plane, de sorte que l'on soupçonne qu'ils étaient plutôt suspendus dans une résille ou portés dans une sacoche, les bords permettant en effet dans ce cas d'empêcher le récipient de glisser.

La décoration est une succession de motifs parallèles : lignes droites, ondulées ou en zigzag, bandes, encoches ou traces de peigne. On saisit mieux la signification de ces motifs en regardant le vase de dessus : il s'agit d'une représentation du soleil et de ses rayons, interprétation confirmée par l'évolution de cette ornementation.

Sacrifices d'animaux

Cette culture se caractérise par l'abondance des restes d'animaux sacrifiés, que l'on retrouve sur la plupart des sites. Il n'y a aucune preuve incontestable de déplacement à cheval, mais on a retrouvé des tombes avec restes de chevaux, les plus vieilles de l'Ancien Monde. Le plus souvent, les sabots et les crânes d'animaux, couverts d'ocre pulvérisé, sont déposés dans un plat posé sur la tombe d'un défunt. Certains ont vu là la preuve des premiers sacrifices de chevaux, mais cette interprétation n'est pour l'instant appuyée par aucune preuve ; et si l'on sait que les Indo-Européens sacrifiaient hommes et animaux, d'autres cultures ont connu ces pratiques.

Sépultures

Les tombes sont des puits individuels peu profonds. Le corps est en général aspergé d'une poudre faite d'ocre rouge puis recouvert de terre pour boucher la tombe. Parfois on trouve inhumés ensemble deux ou trois corps.

Certaines tombes sont recouvertes d'un cairn ou d'un môle de terre, où l'on peut voir une lointaine évocation des kourganes. Toutefois, le véritable kourgane est un tumulus beaucoup plus élevé censé permettre au chef défunt de rejoindre les dieux du ciel. Il est donc difficile de cerner la signification de ces premiers tumulus.

Les offrandes retrouvées dans les tombes sont des bijoux représentant des chevaux. Les tombes contiennent d'ailleurs une grande quantité d'ossements de chevaux ; on ne peut affirmer positivement que ces chevaux étaient déjà domestiqués ou montés, mais on est certain qu'ils servaient de nourriture. Certains os plats d'animaux étaient percés ou gravés pour en faire figurines et pendentifs.

Les tombes contiennent aussi des dagues de silex et d'os de bonne facture, placées au bras ou à la tête du défunt, et on en a retrouvé une dans la tombe d'un jeune garçon. Les armes dans les tombes d'enfants seront plus fréquentes dans les civilisations postérieures. Parmi les autres armes retrouvées, on compte des pointes de lance en os et des pointes de flèche en silex.

Un homme inhumé à Lebyadjinka il y a environ 7 000 ans, que les spécialistes d’archéogénétique appellent volontiers le « chasseur-cueilleur de Samara » (et référencé I0124; SVP44; M340431), était porteur de l'haplogroupe R1b1* (R-L278*) relativement rare[5] du chromosome Y.

Économie et élevage

à partir du début de l'Énéolithique, les populations locales de la culture de Samara pratiquent l'élevage de bétail bovin sans agriculture. La chasse semble jouer un rôle secondaire et la pêche est peu développée. Le bœuf est le principal aliment du régime alimentaire de la population pendant la période énéolithique[6].

Par la suite pendant la phase de la culture Repin, le rôle de l'élevage ovin a été accru et la consommation de viande ovine a prévalu par rapport à la période énéolithique. Cela semble fournir la preuve de la transition vers une forme nomade d'élevage[6].

Possible foyer d'origine des Indo-européens

L'archéologue lituano-américaine Marija Gimbutas (1921-1994) a considéré la culture de Samara comme le « foyer » des premiers Indo-européens. Selon elle, la région du cours moyen de la Volga serait l'Urheimat (lieu d'origine) des langues indo-européennes.

Génétique

Selon les études génétiques, les populations de la culture de Samara et les individus des steppes de l'Âge du cuivre directement au nord du Caucase n'ont initialement pas reçu de flux du gène des fermiers d'Anatolie (généralement liés au processus de néolithisation en Europe). Au lieu de cela, le profil d'ascendance chalcolithique des steppes montre un mélange homogène d'ascendance de chasseurs-cueilleurs est-européens (EHG) et de chasseurs-cueilleurs caucasiens (CHG), suggérant une frontière culturelle et génétique efficace entre les populations chalcolithiques contemporaines, notamment des steppes et du Caucase[7].

Notes

  1. Il existe plusieurs tentatives de datation :
    • Marija Gimbutas la date d'environ -5000 BC.
    • Selon V.A. Dergatchev (О скипетрах, о лошадях, о войне: Этюды в защиту миграционной концепции М. Гимбутас, (ISBN 5-98187-173-3), 2007), la culture de Samara est contemporaine de cal. C-14 5200-4500 BC, avec de possibles prolongements à la première moitié du Ve millénaire, alors que la culture de Khvalynsk ne remonterait qu'à 4600-3900 av. J.-C. Ces datations se fondent sur la synchronisation, et non sur les mesures au carbone 14 ou la dendrochronologie des sites de la culture de Samara elle-même. Cette synchronisation avec les cultures de l'ouest établit que : Samara est contemporaine de la culture de Marioupol, de la Tripolie A, de la Vinča - Turdas (Vinča B, C) ; la Khvalinskaya est contemporaine de Sredni Stog 1, de Tripolie B1, de la culture pré-Cucuteni et de Gumelnita ; la Maykop est contemporaine de la Yamna, de Sredni Stog II, de Tripolie B2, de Cerna Voda I , de Salcuta IV et de Bodrogkeresztur.
    • Mallory et Adams (Encyclopedia of Indo-European Culture) indiquent simplement Ve millénaire av. J.-Chr., alors qu'ils donnent pour la culture de Khvalynsk, qui lui a succédé, 4900-3500 BC.
  2. D'après David W. Anthony, The Horse The Wheel And Language. How Bronze-Age Riders From the Eurasian Steppes Shaped The Modern World, Princeton University Press, , p. 189.
  3. D'après Anthony, op. cit., p. 182
  4. D'après Anthony, op. cit., p. 175
  5. D'après W. Haak, I. Lazaridis, N. Patterson et al., « Massive migration from the steppe was a source for Indo-European languages in Europe », Nature, vol. 522, , p. 207–211 (PMID 25731166, PMCID 5048219, DOI 10.1038/nature14317, Bibcode 2015Natur.522..207H, lire en ligne)
  6. (ru) Nina L. Morgunova, Natalia V. Roslyakova et Marianna A. Kulkova, New Data on the Chronology and Development of Cattle Breading During the Eneolithic and Early Bronze Age in the Southern Ural Region, Science Journal of VolSU. History. Area Studies. International Relations. 2019. Vol. 24. No. 3
  7. (en) Chuan-Chao Wang et al., Ancient human genome-wide data from a 3000-year interval in the Caucasus corresponds with eco-geographic regions, Nature Communications, volume 10, Article numéro: 590, février 2019

Sources

  • David W. Anthony, The Horse The Wheel And Language. How Bronze-Age Riders From the Eurasian Steppes Shaped The Modern World, Princeton University Press,
  • Marija Gimbutas (trad. de l'anglais), Le langage de la déesse, Paris, Editions des Femmes, coll. « Art Luxe », (réimpr. 11 mai 2006), 419 p. (ISBN 2-7210-0537-5)
  • J. P. Mallory, "Samara Culture", Encyclopedia of Indo-European Culture, Fitzroy Dearborn (1997).

Annexes

Articles connexes

Liens externes


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