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Crise politique belge de 2010-2011

La crise politique belge de 2010-2011 a débuté aprÚs les élections législatives fédérales belges du 13 juin 2010.

Carte des régions de Belgique
  • RĂ©gion Bruxelles-Capitale
  • RĂ©gion flamande
  • RĂ©gion wallonne

Durant la crise politique de 2007-2008, la Belgique avait dĂ©jĂ  dĂ» attendre 194 jours pour que soit formĂ© un nouveau gouvernement, issu des Ă©lections de juin 2007. Le Premier ministre sortant et battu aux Ă©lections, Guy Verhofstadt, avait dĂ» gĂ©rer les affaires courantes, puis former un nouveau gouvernement intĂ©rimaire en attendant que son successeur Yves Leterme puisse former son gouvernement, ce qui n'a eu lieu que le . La situation politique issue des Ă©lections de 2010 est encore plus complexe et c'est, cette fois, Yves Leterme qui doit gĂ©rer les affaires courantes en attendant d'avoir un successeur susceptible de prĂ©senter un gouvernement. Le , Elio Di Rupo prĂȘte serment en tant que nouveau Premier ministre. Les 541 jours sĂ©parant la dĂ©mission du gouvernement Leterme II de la formation du gouvernement Di Rupo constituent la plus longue crise politique de l'histoire contemporaine europĂ©enne. Cela dĂ©passe le prĂ©cĂ©dent record de 290 jours sans gouvernement, dĂ©tenu alors par l'Irak et battu le [1] - [2]. Le , ce nombre de jours est dĂ©passĂ© en Irlande du Nord, alors sans gouvernement depuis [3].

Contexte

La Belgique connaĂźt une asymĂ©trie Ă©conomique, idĂ©ologique et politique grandissante entre le Nord et le Sud du pays. Cette crise politique est le rĂ©sultat de plusieurs Ă©vĂ©nements politiques qui se sont succĂ©dĂ© durant les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Les Ă©lections lĂ©gislatives fĂ©dĂ©rales belges du 13 juin 2010 ont encore creusĂ© l'Ă©cart entre les diffĂ©rents partis. En effet, si le PS remporte le scrutin en Wallonie, c'est la N-VA, parti nationaliste de droite, qui effectue une percĂ©e fulgurante en Flandre, notamment grĂące Ă  la popularitĂ© du prĂ©sident du parti Bart De Wever[4]. Le PS est attachĂ© Ă  l'unitĂ© du pays et se situe clairement Ă  la gauche de l'Ă©chiquier politique, la N-VA a pour but la sĂ©paration de la Belgique et la crĂ©ation d'une rĂ©publique flamande et souscrit aux thĂšses nĂ©olibĂ©rales du point de vue socio-Ă©conomique. Ces deux partis que tout oppose sont cependant, de l'avis de tous les observateurs, condamnĂ©s Ă  s'entendre pour former un gouvernement. En effet, les partis flamands, tĂ©tanisĂ©s par l'ampleur de la victoire des nationalistes, et en particulier le CD&V, exigent la prĂ©sence de la N-VA au gouvernement. De mĂȘme, la configuration politique en Wallonie, trĂšs marquĂ©e Ă  gauche, rend extrĂȘmement complexe la formation d'un gouvernement sans les socialistes.

Durant presque deux mois, les nĂ©gociations sont acharnĂ©es. Elio Di Rupo dĂ©pose une proposition de rĂ©forme institutionnelle reprenant de nombreux transferts de compĂ©tence. Cette proposition est acceptĂ©e comme base de travail par l'ensemble des partis autour de la table des nĂ©gociations, Ă  l'exception de la N-VA et du CD&V. À la suite de ces deux refus, Elio Di Rupo remet sa dĂ©mission au roi le 3 septembre.

Depuis le week-end du samedi , les partis francophones n'hésitent plus à parler d'une fin possible pour le pays, tant les négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement sont bloquées[5] - [6]. Pendant ce temps, le gouvernement démissionnaire d'Yves Leterme continue de gérer les affaires courantes.

Le , cette crise devient la plus longue de l'histoire politique belge avec 195 jours sans gouvernement[7] - [8] - [Note 1].

Le , alors que les nĂ©gociations en vue de la formation d'un nouveau gouvernement n'aboutissent pas, le roi demande Ă  Yves Leterme, toujours Premier ministre du gouvernement d'affaires courantes, d'Ă©tablir un budget pour 2011. Bien que la marge de manƓuvre de ce gouvernement soit, en thĂ©orie, rĂ©duite depuis les Ă©lections de , le roi l'encourage Ă  prendre plus de mesures dans les domaines Ă©conomiques, sociaux, financiers et structurels[9].

Le , la Belgique bat le record du monde de la crise politique la plus longue. DĂ©passant l'Irak, la Belgique atteint Ă  cette date les 249 jours de blocage politique[10].

Le , le roi nomme Elio Di Rupo formateur, l'invitant à faire tout son possible pour former un gouvernement[11]. Cependant, bon nombre de journaux flamands comme francophones ont exprimé leur scepticisme dans le succÚs de cette mission[11]. Di Rupo souhaite d'abord trouver un point d'entente entre les différents partis au niveau socio-économique et institutionnel. Cette note formerait alors une base de négociation sur laquelle pourra s'aligner chaque parti[12].

DĂ©roulement de la formation

Bart De Wever informateur

Le , le roi Albert II nomme Bart De Wever informateur, aprÚs avoir reçu successivement les vainqueurs des élections, à savoir le dernier nommé, président de la N-VA, et Elio Di Rupo, président du PS[13]. Du cÎté francophone, le PS se montre positif à cette nomination et partage sa disposition à collaborer, le cdH prÎne une grande discrétion afin de favoriser les négociations, Ecolo, quant à lui, exige l'inclusion de Groen! aux négociations[14]. AprÚs sa nomination, Bart De Wever annonce qu'il s'attaquera aux trois grandes questions suivantes[15] :

  • Comment aborder les problĂšmes financiers du pays ?
  • Comment introduire des rĂ©formes institutionnelles ?
  • Comment renforcer le tissu socio-Ă©conomique ?

Le , Bart De Wever remet son bilan au roi, qui l'a ensuite déchargé de sa mission d'informateur. D'aprÚs De Wever, il était encore trop tÎt pour former un gouvernement, les convergences entre les partis étant insuffisantes[16] - [17].

Elio Di Rupo préformateur

ChĂąteau de Laeken.
Le chĂąteau royal de Laeken.

Le soir du , aprĂšs que le roi a dĂ©chargĂ© De Wever de sa mission, Elio Di Rupo est assignĂ© Ă  la tĂąche de prĂ©formateur. Di Rupo reprend le mĂȘme agenda que son prĂ©dĂ©cesseur, devant trouver des convergences entre les diffĂ©rents partis autour des trois grands problĂšmes dĂ©jĂ  taclĂ©s par le prĂ©sident de la N-VA : l'assainissement des finances publiques, le tissu socio-Ă©conomique et la rĂ©forme institutionnelle[18].

Le , Elio Di Rupo se rend Ă  Laeken pour remettre sa dĂ©mission au roi, qui la refuse et demande au prĂ©sident du PS de trouver un compromis au niveau communautaire, notamment en ce qui concerne BHV et le financement de Bruxelles[19]. À 18 h se rĂ©unissent alors les nĂ©gociateurs pour tenter de trouver finalement une solution. Quelques heures plus tard, Di Rupo propose la scission de BHV, un refinancement de 500 millions par an pour Bruxelles, et 15 milliards de transferts de compĂ©tences aux rĂ©gions. MalgrĂ© l'accord des partis flamands de gauche SP.a et Groen!, la proposition est rejetĂ©e, jugĂ©e insuffisante par la N-VA et le CD&V[20].

André Flahaut et Danny Pieters médiateurs

Le , le roi reçoit AndrĂ© Flahaut, prĂ©sident de la Chambre, et Danny Pieters, prĂ©sident du SĂ©nat. Il les charge d'une mission de mĂ©diation aprĂšs avoir dĂ©chargĂ© Elio Di Rupo de sa mission[21]. Le lendemain de la nomination, Flahaut et Pieters se retrouvent pour mettre au point une mĂ©thode de travail et annoncent qu'ils recevront les sept partis concernĂ©s par les nĂ©gociations[22]. Le , Bart De Wever rompt les nĂ©gociations et dĂ©clare qu'elles ont Ă©chouĂ©. Il invite « tous les partis » Ă  « remettre les compteurs Ă  zĂ©ro », avec confiance, dans les dĂ©bats sur la rĂ©forme de l'État et la formation d'un gouvernement[23] - [24] - [25]. Les partis francophones concernĂ©s par les nĂ©gociations (PS, Ecolo et cdH) estiment pourtant que l'occasion se prĂ©sentait de « transformer en profondeur la Belgique et d'accorder plus d'autonomie aux trois rĂ©gions de notre pays[23] - [26] ». De son cĂŽtĂ©, Bart de Wever dĂ©clare que les concessions faites par les francophones lors des discussions sont « des pas de nains de jardin » aux yeux des flamands[27]. Des observateurs lisent aussi dans cette rupture la volontĂ© du prĂ©sident de la N-VA de faire venir les partis libĂ©raux Ă  la table des nĂ©gociations[24].

Bart De Wever clarificateur

Le , soit 117 jours aprĂšs les derniĂšres Ă©lections en Belgique, le roi Albert II confie une mission de clarification de dix jours Ă  Bart de Wever sur les points difficiles, comme le statut de Bruxelles-Hal-Vilvorde, les transferts financiers vers les rĂ©gions et l'attribution de nouvelles compĂ©tences aux entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es[28] - [Note 2]. Le 17 octobre, ce dernier rend une note qui Ă©tablit les concessions maximales que la N-VA est prĂȘte Ă  faire. Ce rapport est jugĂ© inacceptable, car trop peu consensuel, par les partis francophones[8].

Johan Vande Lanotte conciliateur

Le roi donne, le , une mission de conciliation au socialiste flamand Johan Vande Lanotte. Son but est de restaurer la confiance et de relancer, Ă  terme, les discussions de fond entre les sept partis qui Ă©taient impliquĂ©s dans les nĂ©gociations[29]. Le , aprĂšs dix semaines de discussions avec les diffĂ©rents hommes politiques, Johan Vande Lanotte transmet aux partis une note dĂ©taillĂ©e de soixante pages jetant les bases de nouvelles nĂ©gociations[30]. Cinq partis (le PS, le sp.a, Ecolo, Groen! et le cdH) accueillent favorablement cette synthĂšse[31]. Mais le , le CD&V rĂ©clame des adaptations de cette note et la N-VA de Bart de Wever dit avoir des « rĂ©serves fondamentales » Ă  formuler. Ces deux partis n'envisagent donc pas de reprise immĂ©diate des nĂ©gociations[32] - [33].

Dans les jours qui suivent, le CD&V revient en partie sur sa position et manifeste plus de confiance dans la mission du conciliateur[34] - [35]. La pression des mĂ©dias et des milieux Ă©conomiques se fait aussi plus importante pour qu'un gouvernement soit mis en place et donne un gage de stabilitĂ© aux investisseurs[36] - [37] - [38]. La N-VA se dit prĂȘte Ă  abandonner des revendications sur certains champs de compĂ©tences mais veut aussi des concessions plus importantes dans des domaines plus prĂ©cis comme l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde et la politique socio-Ă©conomique[39] - [40].

Le , le roi demande Ă  Johan Vande Lanotte de poursuivre sa mission avec pour interlocuteurs principaux les deux prĂ©sidents des partis vainqueurs des Ă©lections de juin, Elio Di Rupo et Bart de Wever[41]. Le , Johan Vande Lanotte remet Ă  nouveau sa dĂ©mission au roi, dĂ©clarant qu'« Il n'a pas Ă©tĂ© possible de ramener les 7 partis autour de la table des nĂ©gociations ». Sa dĂ©mission est acceptĂ©e par Albert II qui procĂšde ensuite Ă  de nouvelles consultations[42].

Didier Reynders informateur

Le , le roi demande, en raison de la longueur de la crise, Ă  Yves Leterme, toujours Premier ministre du gouvernement d'affaires courantes, d'Ă©tablir un budget pour 2011. Bien que les compĂ©tences de ce gouvernement soient en thĂ©orie rĂ©duites depuis les Ă©lections de , le roi l'appelle Ă  prendre plus de mesures sur le plan Ă©conomique, social, financier et structurel[Note 3]. ParallĂšlement, Albert II confie au libĂ©ral francophone Didier Reynders (MR) une mission d'information sur les possibilitĂ©s d'arriver Ă  un accord institutionnel. À la suite de leurs dĂ©faites aux Ă©lections, les libĂ©raux Ă©taient jusque-lĂ  absents des discussions[43]. Il remet son rapport au roi le .

Wouter Beke médiateur

Une mission de médiation est cette fois confiée à Wouter Beke, le président du CD&V [44]. Cette mission se prolonge jusqu'au sans que des progrÚs notables ne soient enregistrés.

Elio Di Rupo formateur

Le , le roi nomme Elio Di Rupo formateur, l'invitant à faire tout son possible pour former un gouvernement[11]. Cependant, bon nombre de journaux flamands comme francophones ont exprimé leur scepticisme dans le succÚs de cette mission[11]. Di Rupo souhaite d'abord trouver un point d'entente entre les différents partis au niveau socio-économique et institutionnel. Cette note formerait alors une base de négociation sur laquelle pourra s'aligner chaque parti[12].

Le , le formateur Elio Di Rupo se rend chez le roi pour faire un compte rendu intermédiaire des négociations, car il doit subir une opération des cordes vocales le lendemain, une opération chirurgicale qui le laissera sans voix pendant une semaine[45]. Di Rupo a terminé sa série de rencontres bilatérales avec les présidents des neuf partis participant aux négociations (N-VA, PS, MR, CD&V, Open Vld, sp.a, cdH, Ecolo et Groen!)[45].

Un an aprĂšs les Ă©lections de 2010, le journal De Standaard mĂšne avec la VRT un sondage de popularitĂ© des partis politiques flamands. En tĂȘte vient la N-VA, avec 33,5 %, soit une progression de 5,3 % par rapport Ă  l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, malgrĂ© l'impasse politique. « Groen! » atteint les 9,2 %, marquant une progression significative. Le CD&V maintient les 17,5 % de 2010, tout comme SP.a, qui gagne Ă  peine 1 % et atteint les 14,6 %. Open VLD connaĂźt un record trĂšs mauvais, avec une baisse de 2 %[46].

Le , Elio Di Rupo remet au roi sa note de base, prévue comme point de départ pour la formation du gouvernement fédéral[47]. Voici les points abordés par la note[48] :

  • Assainissement budgĂ©taire de 22 milliards pour 2015, grĂące Ă  37 % de rĂ©duction des dĂ©penses et 27 % d'augmentation des recettes.
  • Scission de BHV, avec des compensations pour les six communes Ă  facilitĂ©s autour de Bruxelles et sans compensation pour les autres communes faisant partie de l'arrondissement.
  • Refinancement de Bruxelles, notamment grĂące au transfert de certaines compĂ©tences Ă  la RĂ©gion bruxelloise.
  • Transfert de compĂ©tences : emploi, soins de santĂ© et allocations familiales.
  • Autonomie fiscale des RĂ©gions.
  • RĂ©forme du marchĂ© du travail visant Ă  faire diminuer le taux de chĂŽmage.
  • CrĂ©ation d'une circonscription fĂ©dĂ©rale unique.
  • SĂ©nat comme organe reprĂ©sentant les RĂ©gions et les CommunautĂ©s.

Trois jours plus tard, Bart De Wever annonce que la N-VA rejette la note Di Rupo[49].

Accords institutionnels

Le , huit partis flamands et wallons se sont finalement entendus sur un projet d'accord sur l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Il y aurait une scission de l'arrondissement électoral et un dédoublement de l'arrondissement judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) ; en revanche, les facilités et l'ensemble des droits électoraux dont bénéficient les habitants francophones des six communes de la périphérie bruxelloise seraient maintenus. Le Sénat fédéral deviendrait une assemblée des régions[50] - [51].

Le , un accord est conclu concernant la rĂ©forme de la loi spĂ©ciale de financement, qui dĂ©termine les montants allouĂ©s aux entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es (RĂ©gions et CommunautĂ©s) de la Belgique. Cet accord prĂ©voit un accroissement substantiel mais encadrĂ© de l'autonomie fiscale des entitĂ©s pour un montant de 10,7 milliards d'euros[52].

Le , les mĂȘmes partis ont annoncĂ© un accord global pour une rĂ©forme institutionnelle, comprenant notamment un rĂ©amĂ©nagement des institutions fĂ©dĂ©rales. La durĂ©e de la lĂ©gislature nationale sera portĂ©e de 4 Ă  5 ans. Dans la pĂ©riphĂ©rie flamande de Bruxelles (en dehors des communes Ă  facilitĂ©s), les droits linguistiques et administratifs spĂ©ciaux des habitants francophones devraient ĂȘtre supprimĂ©s pour la plus grande part. Des vitesses maximales diffĂ©rentes pourront ĂȘtre fixĂ©es sur les routes. La sĂ©curitĂ© civile (pompiers et protection civile), par contre, ne sera pas divisĂ©e[53].

NĂ©gociations socio-Ă©conomiques

À la suite de la conclusion d'un accord institutionnel sur la sixiĂšme rĂ©forme de l'État, il est enfin possible de former un gouvernement proprement dit consacrĂ© aux problĂšmes socio-Ă©conomiques que traverse le pays. À la suite des exigences Ă©manant du parti libĂ©ral flamand, l'Open VLD, les partis Ă©cologistes sont exclus de la suite des nĂ©gociations. La formation du gouvernement consiste Ă  rassembler le point de vue des six partis autour de la table, Ă  savoir les familles politiques traditionnelles : socialistes (PS et sp.a), libĂ©raux (MR et Open VLD) et chrĂ©tien-dĂ©mocrate/humaniste (CD&V et cdH). Étant donnĂ© la situation budgĂ©taire dans le pays Ă  la suite de la crise de la zone euro, notamment au sauvetage des banques qui lui a coĂ»tĂ© 17,6 milliards d’euros[54], la droite souhaite faire des coupes budgĂ©taires Ă  raison de 11 milliards d'euros. L'Ă©pure budgĂ©taire proposĂ©e par le formateur Elio Di Rupo est battue en brĂšche par les libĂ©raux, qui considĂšrent que la proposition fait la part trop belle Ă  de nouvelles recettes et Ă  de nouvelles taxes. AprĂšs plusieurs semaines de nĂ©gociations sous la pression de l'Union europĂ©enne et la menace des marchĂ©s financiers, le formateur revient avec une ultime proposition le , qu'il prĂ©sente comme un ultime effort de compromis. Cette proposition est acceptĂ©e par les partis socialistes, le CD&V et le cdH. Elle est, par contre, refusĂ©e ou considĂ©rĂ©e comme insuffisante par les partis libĂ©raux. Constatant le blocage complet des nĂ©gociations, Elio Di Rupo se prĂ©sente chez le roi pour prĂ©senter sa dĂ©mission en tant que formateur.

Le , Standard & Poor's annonce la dĂ©gradation du rating de la Belgique, qui passe de AA+ Ă  AA. En parallĂšle, les taux d'intĂ©rĂȘt payĂ©s par l'État belge sur les marchĂ©s financiers s'envolent. Le , un accord avec les reprĂ©sentants des six partis qui participent aux nĂ©gociations gouvernementales est trouvĂ©[55] et le roi charge Di Rupo de former un gouvernement le plus rapidement possible[56].

DĂ©nouement

L'accord entre partis acceptant de participer au gouvernement (177 pages) est publiĂ© le [57].

Un gouvernement a été formé le , soit 18 mois aprÚs les élections législatives du [58].

Le , la Chambre des représentants vote la confiance au gouvernement Di Rupo par 89 voix pour, 54 contre et 7 non-votants.

RĂ©actions citoyennes

Le entre dans la scÚne politique la plate-forme « Niet in Onze Naam/Pas en Notre Nom » avec l'accueil de personnalités belges au KVS, invitées à exprimer leur avis au sujet de l'impasse politique[59].

Un an aprĂšs le dĂ©but de la crise politique, 27 citoyens[60] lancent le projet G1000, une initiative de l'ASBL Sommet Citoyen. L'action est, entre autres, menĂ©e par trois personnalitĂ©s flamandes, David Van Reybrouck, Dave Sinardet et Francesca Vanthielen, qui jouent le rĂŽle de porte-paroles du projet. Le G1000 reçoit son appellation d'un Sommet rĂ©unissant mille citoyens prĂ©vu le . Entre-temps, G1000 se propose de recueillir les propositions des citoyens pour sortir de la crise politique[61]. Parmi les 27 citoyens, on trouve des nĂ©erlandophones, des francophones et des germanophones, des artistes, des professeurs d'universitĂ©, des activistes[62]. Ces citoyens prendront le rĂŽle d'intermĂ©diaire entre la population et les politiciens, et pensent pouvoir fournir des solutions concrĂštes dĂšs . Contrairement Ă  la plate-forme « Pas en notre nom », le G1000 prend comme point de dĂ©part le manque de participation dĂ©mocratique[63].

Pour le , juste un an aprĂšs les Ă©lections de 2010, le journal flamand De Standaard demande Ă  plusieurs intellectuels flamands d'Ă©crire une lettre Ă  Elio Di Rupo et Bart De Wever. Parmi eux, le chanteur Daan Ă©crit une protest song contre le nationalisme flamand.

Le journal Spirou (journal belge de bande dessinée) sort un numéro spécial « Sauvez la Belgique » daté du dans lequel les auteurs transcrivent en bande dessinée les problÚmes politiques que traverse le pays.

Notes et références

Notes

  1. AprĂšs les Ă©lections de 1987, le Gouvernement Martens VIII avait Ă©tĂ© formĂ© au bout de 148 jours de nĂ©gociations. Et en 2007, le gouvernement Verhofstadt III prĂȘte serment au bout de 194 jours (Ă©lections le 10 juin 2007, prestation de serment le 21 dĂ©cembre 2007) (La Belgique n'a jamais vĂ©cu aussi longtemps sans gouvernement, Pierre Bouillon, Le Soir en Ligne, 24 dĂ©cembre 2010] ; L'Ă©quipe Verhofstadt-Reynders, V.d.W. et M. Bu., site La Libre Belgique, 20 dĂ©cembre 2007.
  2. « Le Roi a reçu en audience ce soir au chùteau de Laeken Monsieur Bart De Wever, président de la N-VA, et lui a demandé de mener une mission de clarification de dix jours avec les sept partis qui étaient autour de la table pour rapprocher les points de vue sur : a) BHV, b) le refinancement de Bruxelles, c) le transfert de compétences aux entités fédérées, d) la loi de financement en ce compris la clarification de ses conséquences. Monsieur De Wever présentera son rapport au Roi le lundi 18 octobre. » (Communiqué du Palais royal, 8 octobre 2010)
  3. CommuniquĂ© envoyĂ© le mercredi 2 fĂ©vrier 2011 par le Palais royal : « Le Roi a reçu en audience cet aprĂšs-midi au chĂąteau de Laeken Monsieur Yves Leterme, Premier ministre. Vu la longueur de la pĂ©riode d'affaires courantes, le Roi a demandĂ© au Premier ministre que le gouvernement d'affaires courantes prĂ©sente au Parlement le budget 2011 et prenne les dispositions nĂ©cessaires pour rĂ©pondre dans un proche avenir aux exigences europĂ©ennes en matiĂšre de politique budgĂ©taire et de rĂ©formes structurelles pour les prochaines annĂ©es. Le Roi a Ă©galement demandĂ© au Premier ministre que le gouvernement d'affaires courantes prenne toutes les mesures nĂ©cessaires sur le plan Ă©conomique, social et financier pour prĂ©server le bien-ĂȘtre des citoyens. » (Reynders reçoit carte blanche M. Co., V.d.W. et M. Bu. Site La Libre Belgique, 3 fĂ©vrier 2011).

Références

  1. Belgique: 541 jours de crise et enfin un gouvernement, Paris Match, 6 décembre 2011
  2. 541 jours en 19 dates clés, La Libre Belgique, 6 décembre 2011
  3. L’Irlande du Nord en panne de gouvernement depuis 541 jours, La Croix, 25 aoĂ»t 2018
  4. Le parti socialiste obtient prĂšs de 38 % des voix en Wallonie, alors que la N-VA remporte environ 29 % des voix en Flandre. cf. Pascal Delwit, Jean-Benoit Pilet, Emilie van Haute, Les partis politiques en Belgique, Bruxelles : Éditions de l'UniversitĂ© de Bruxelles, 2011.
  5. L'Ă©pouvantail de la fin du pays, sur rtbf.be.
  6. Le scénario d'une Belgique coupée en deux gagne du terrain, sur france-info.com.
  7. La crise politique la plus longue, Francis Van de Woestyne, La Libre Belgique, éd. quotidienne, p. 4-5, 23 décembre 2010.
  8. 2011 en fanfare !, Philippe Walkowiak, site RTBF.be, 23 décembre 2010.
  9. Reynders reçoit carte blanche M. Co., V.d.W. et M. Bu., site La Libre Belgique, 3 février 2011.
  10. Record du monde pour la crise belge, Béatrice Delvaux, David Coppi, site Le Soir, 17 février 2011.
  11. Di Rupo formateur, le scepticisme rĂšgne, VĂ©ronique Lamquin, site Le Soir, 17 mai 2011.
  12. (nl) Opdracht van de laatste kans, site DeMorgen, 17 mai 2011.
  13. Bart De Wever nommé informateur, site Le Soir, 17 juin 2010.
  14. De Wever informateur : « Un signal » pour le positif PS, site Le Soir, 18 juin 2010.
  15. (nl) De verklaring van Bart De Wever, site De Redactie, juin 17 que 2010.
  16. (nl) Informateur Bart De Wever stelt eindrapport voor, site de la N-VA, 8 juillet 2010.
  17. Bart De Wever : « il n'y a pas encore assez de convergences », site du Vif, 8 juillet 2010.
  18. Di Rupo nommé « préformateur », David Coppi, site Le Soir, 9 juillet 2010.
  19. Le Roi refuse la démission du préformateur, site Le Soir, 30 août 2010.
  20. Le préformateur Elio Di Rupo joue les rappels, Martin Buxan, site La Libre, 30 août 2010.
  21. Flahaut et Pieters désignés médiateurs, Di Rupo déchargé, site de la Libre, 4 septembre 2010.
  22. MĂ©diateurs : Flahaut et Pieters recevront les 7 prĂ©sidents dĂšs mardi, site La Libre, 5 septembre 2010.
  23. Belgique : les séparatistes flamands annoncent l'échec des négociations, Lemonde.fr avec Reuters, 4 octobre 2010.
  24. La Belgique « cliniquement morte », rédaction en ligne, Le Soir.be, 5 octobre 2010.
  25. Les francophones préparent leur réplique, Agence Belga et Le Soir.be, 4 octobre 2010.
  26. Pour les francophones, une décision « irresponsable », Rédaction en ligne du Soir.be, 4 octobre 2010.
  27. Les francophones ont fait des « pas de nains de jardin », Rédaction en ligne du Soir.be, 4 octobre 2010
  28. Clarificateur, Une fois de plus, le patron de la N-VA aura eu gain de cause ? Le voilĂ , pour dix jours, maĂźtre officiel, Dirk VANOVERBEKE, Pascal LORENT, David COPPI, VĂ©ronique LAMQUIN, Site LeSoir.be, mis en ligne le 9 octobre 2010.
  29. Johan Vande Lanotte nommé « conciliateur » Rédaction en ligne, Le Soir, 21 octobre 2010.
  30. La note du conciliateur transmise aux présidents des sept partis, Le Soir, Rédaction en ligne, 4 janvier 2011.
  31. CD&V et N-VA ont osé dire « non », Le Soir, Rédaction en ligne, 6 janvier 2011.
  32. La porte du chaos est entrouverte, David Coppi, Le Soir en ligne, 6 janvier 2011.
  33. Les éditorialistes s'en prennent au CD&V et la N-VA, Le Soir, rédaction en ligne, 6 janvier 2011.
  34. Le Roi devrait prolonger la mission de Johan Vande Lanotte, Sud Presse, rédaction en ligne, 6 janvier 2011.
  35. Crise : le CD&V veut que Vande Lanotte continue Ă  rechercher un accord communautaire, Belga et Le Vif.be, 10 janvier 2011.
  36. De Gucht met sévÚrement en garde la classe politique belge, le Soir, Rédaction en ligne, mercredi 12 janvier 2011.
  37. La situation politique belge inquiÚte les investisseurs américains, Le Soir, Rédaction en ligne, 11 janvier 2011.
  38. Crise politique : des Belges en colĂšre appellent Ă  manifester, C. Biourge, RTBF.be, 10 janvier 2011.
  39. Et le calvaire se prolonge, M.Bu. et V.d.W., Site La Libre Belgique, 13/01/2011
  40. La N-VA peut admettre de « rĂ©trĂ©cir » la rĂ©forme de l'État, Le Soir en ligne, 11 janvier 2011.
  41. Vande Lanotte poursuit, en dialogue avec De Wever et Di Rupo, David Coppi, Le Soir en Ligne, 11 janvier 2011.
  42. Démission de Vande Lanotte acceptée : « Aucune perspective réelle de progrÚs », La Libre Belgique en ligne et Belga, 26 janvier 2011.
  43. Reynders reçoit carte blanche M. Co., V.d.W. et M. Bu. Site La Libre Belgique, 3 février 2011.
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