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Courant lambertiste

Le courant dit « lambertiste » est un courant trotskiste lancé par Pierre Boussel, alias « Pierre Lambert », représenté par la Quatrième Internationale Lambertiste et présent dans plusieurs pays du monde.

Pierre Boussel alias « Lambert » (à gauche) lors d'une réunion publique à Montpellier en 1988[1].

L'appellation « lambertiste » est un qualificatif donné par ses adversaires, et non une dénomination que ce courant utiliserait de manière officielle[2].

La majorité des futurs "lambertistes" sont exclus du Parti communiste internationaliste (PCI) en 1953 pour leur opposition à la stratégie dite "pabliste" d'entrisme dans les partis communistes staliniens prônée par la majorité de la direction de la IVe Internationale alors dirigée par Michel Raptis alias Michel Pablo.

Les lambertistes fondent alors l'Organisation communiste internationaliste (OCI) et Pierre Boussel devient l'un des principaux dirigeants de cette tendance du mouvement trotskiste international.

En 1981, ils se réapproprient le sigle de Parti communiste internationaliste (PCI). La même année, ils participent à la création d'un nouveau syndicat étudiant indépendant du Parti communiste français : l'UNEF-ID.

En 1985, les lambertistes fondent le Mouvement pour un parti des travailleurs (MPPT), qui devient en 1991 le Parti des travailleurs (PT) dont ils animent le courant principal, le Courant communiste internationaliste (CCI).

Pierre Boussel, Daniel Gluckstein et Gérard Schivardi sont respectivement candidats aux élections présidentielles de 1988, 2002 et 2007. Ils obtiennent chacun moins de 0,50 % des suffrages.

Les lambertistes fondent par la suite, en 2008, le Parti ouvrier indépendant (POI), qui connait en 2015 une scission — y compris au sein du CCI — vers le Parti ouvrier indépendant démocratique (POID).

Certains dirigeants du Parti socialiste sont d'anciens lambertistes. Parmi eux, Lionel Jospin, les frères David et Daniel Assouline, Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Luc Mélenchon[1].

Chronologie

  • : Pierre Boussel, alors soldat de deuxième classe, est arrĂŞtĂ© avec seize militants se rĂ©clamant de la Quatrième internationale. L'inculpation mentionne le chef d'accusation suivant : « infraction au dĂ©cret du sur la publication de textes de nature Ă  nuire au moral de l'armĂ©e et de la population. » Le rapport de police se termine ainsi « … se rĂ©clame ouvertement du marxisme-lĂ©ninisme intĂ©gral, du dĂ©faitisme rĂ©volutionnaire et de l'antimilitarisme. »
Il est condamné à trois ans de prison, mais s'évade lors de l'invasion allemande.
  • Durant la guerre et sous l'occupation, les trotskistes sont Ă©miettĂ©s, dĂ©sorientĂ©s, perdus. Le principal dirigeant du Parti communiste internationaliste (PCI), Henri Molinier alias « Testu » ne « voit de solution que dans les organisations fascistes et staliniennes qui naĂ®tront du triomphe du pacte germano-soviĂ©tique. » Henri Molinier prĂ©conise jusqu'en 1941 de poursuivre le travail d'entrisme, mais aussi dorĂ©navant dans certains mouvements collaborationnistes. Une petite fraction clandestine pĂ©nètre le Rassemblement national populaire de Marcel DĂ©at (Henri Molinier y aurait mĂŞme pris, selon certaines sources, la parole lors d'un meeting).
  • En 1940-1941 : Lambert s'oppose clairement et nettement Ă  l'orientation de Henri Molinier et milite sur des positions internationalistes. Il est l'auteur notamment, sous pseudonyme, d'articles sur les processus militaires de la guerre en cours.
  • En 1943 : Pierre Boussel, dit « Lambert », est exclu du Parti communiste internationaliste (PCI) avec sa compagne pour avoir tentĂ© d'organiser des jeunes stagiaires pour le compte de l'opposition interne. Il demande alors son adhĂ©sion, en , Ă  un autre groupe : le Parti ouvrier internationaliste (POI) qui dĂ©veloppe surtout une action de reconstruction des syndicats ouvriers clandestins et de fraternisation avec les travailleurs allemands sous l'uniforme, ainsi que contre la collaboration en France, le rĂ©gime de Vichy, le patronat et les nazis. D'autres membres du POI et des militants trotskistes participent activement aux maquis de la rĂ©sistance intĂ©rieure française.
« Derrière un soldat "nazi" se cache un travailleur allemand ! » explique la thèse de ralliement. Le POI est en effet le seul parti politique qui essaie, durant cette guerre, de favoriser la fraternisation internationaliste contre les nazis et le régime de Vichy. Il paie cette action de la mort par la hache de nombreux militants, tant allemands que français, dont le groupe dit Widelin qui publiait le journal en langue allemande Arbeiter und Soldat(« Ouvrier et Soldat ».
Deux militants trotskistes en Bretagne — Gueguen et Bourhis — sont parmi les otages de Châteaubriant en 1941. D'autres militants sont pris pour le service du travail obligatoire, d'autres sont victimes de la fureur de la Gestapo (surtout les militants trotskistes allemands, soldats et marins), d'autres encore meurent en camp de concentration[3].
  • Janvier 1944 : les groupes trotskistes français s'unifient dans le Parti communiste internationaliste (PCI), section française de la Quatrième Internationale, dont l'organe est La VĂ©ritĂ©, pour qui « le fascisme est le fruit naturel du capitalisme, et on ne peut le finir qu'en abattant le capitalisme. » Le PCI se dĂ©marque notamment en se prononçant contre l'union sacrĂ©e aussi bien extĂ©rieure (les AlliĂ©s et l'URSS) qu'intĂ©rieure (De Gaulle et le PCF). Cette attitude leur vaudra l'inimitiĂ© farouche du PCF qui les qualifie d'« hitlĂ©ro-trotskistes » dans sa presse et ses tracts.
Le PCI est fort actif dans de nombreuses actions populaires et dans les usines, surtout Ă  Paris et sa banlieue, entre fin 1944 et 1947.

Notes et références

  1. Abel Mestre, « Le lambertisme, une histoire clandestine de la gauche française », Le Monde, le .
  2. « L'année 2001 aura connue en France la "percée médiatique" du "lambertisme". Bien que nous contestions cette appellation, nous pourrions nous en réjouir… s'il s'agissait d'informer honnêtement l'opinion publique sur une organisation, jusque-là ignorée par la presse écrite, orale, et télévisuelle. »
    Daniel Gluckstein et Pierre Lambert, Itinéraires, éd. du Rocher, p. 9.
  3. Source : Quelques enseignements de notre Histoire, Ă©ditions Selio.
  4. Source : france-politique.fr.

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel LequenneLe Trotskysme, une histoire sans fard, Paris, Syllepse, 2005
  • Jean-Jacques Marie, Le Trotskysme et les trotskystes, Paris, Armand Colin, 2004
  • Jacques Roussel, Les Enfants du prophète, histoire du mouvement trotskiste en France, Paris, Spartacus, 1972
  • Benjamin Stora, La Dernière GĂ©nĂ©ration d'octobre, Paris, Pluriel, 2003

Articles connexes

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