Coups de feu dans la Sierra
Coups de feu dans la Sierra (Ride the High Country) est un film américain réalisé par Sam Peckinpah, sorti en 1962.
Titre original | Ride the High Country |
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RĂ©alisation | Sam Peckinpah |
Scénario | N.B. Stone Jr. |
Acteurs principaux | |
Pays de production | États-Unis |
Genre | Western |
Durée | 94 min. |
Sortie | 1962 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Une petite ville de Californie au tout début du XXe siècle : un vieux cow-boy aux cheveux blancs arrive à cheval dans la grand-rue en fête, parmi les baraques foraines, et se fait rabrouer par le policier local. C'est qu'il encombre le trajet d'une course. Stupéfait, il assiste à l'arrivée en trombe des concurrents : c'est un dromadaire qui l'emporte sur les chevaux, et une voiture à pétrole ferme la marche[1]. Le vieux cow-boy est Steve Judd, autrefois law-man redouté des mauvais garçons. Il enchaîne maintenant les petits boulots : videur de bar, employé de sécurité...Il reconnaît dans la rue un de ses vieux amis[2] : déguisé en Buffalo Bill, Gill Westrum tient une baraque de tir. Judd lui propose de travailler ensemble à nouveau, comme au bon vieux temps: son passé de shérif lui a permis d'obtenir un poste de convoyeur d'or pour le compte d'une banque locale. Leur tâche consistera à se rendre dans les mines de la sierra, au fond de la high country, et à en revenir avec le précieux chargement : $ 20 000 en poudre d'or fraîchement extraite[3].
Judd et Westrum partent à cheval dans le wild, accompagnés du jeune Heck, une tête-brûlée, l'associé de Westrum. Les deux acolytes ont bien sûr en tête l'idée de dépouiller Judd du chargement d'or. Heck serait partisan d'employer la manière forte, mais Westrum lui assure qu'il va convaincre son vieil ami, et l'amener à détourner le magot avec eux. Il lui parle donc avec insistance de ses bottes trouées, de son dénuement, de son avenir misérable, lui demande comment il pense assurer ses vieux jours... Mais Judd reste inébranlable : "rien ne compte plus pour un homme, dit-il, que de garder intacte sa self-esteem".
Un soir la petite caravane fait étape à la ferme Knudsen. Le patron, qui vit dans la solitude avec sa grande fille, est un fondamentaliste massif, austère et sûr de lui[4] dont chaque phrase est une citation de la Bible, adaptée à la situation et justifiant son attitude. Lors du repas du soir, pris en commun après invocation du Tout Puissant, Judd retrouve d'ailleurs au fond de sa mémoire quelques citations pour répondre au maître de maison, alors que Westrum, lui, ne sait qu'énoncer "Ce porc au haricots est délicieux... Appétit...". Le père Knudsen veille jalousement sur sa fille Elsa, la rabroue sévèrement et la corrige quand il se rend compte qu'elle se laisse conter fleurette par Heck, et qu'elle lui a même donné rendez-vous la nuit derrière la meule de paille. Au matin, lasse de la tyrannie de son père, Elsa s'enfuit avec les trois cowboys. Elle dit vouloir se marier avec un mineur du camp de la montagne, Bill Hammond : il est jeune, actif, l'a demandée plusieurs fois en mariage, et a bien entendu été éconduit par le père Knudsen.
La caravane arrive enfin au camp de Coarsegold dans la montagne[5], les convoyeurs montent leur balance à poudre d'or, alors qu'Elsa retrouve son "fiancé", et fait la connaissance de sa famille. Les 5 frères Hammond sont des skunks, sales au moral comme au physique, qui se réjouissent ouvertement de voir arriver une jolie jeune femme qui leur servira en commun[6].
À la fin de la journée, les sachets de poudre d'or (la mère maquerelle a naturellement été l'un des plus gros dépositaires...) du camp sont dans une sacoche aux mains des convoyeurs, et la cérémonie de mariage commence au bar. Elsa, couronnée de fleurs blanches, dans la robe de mariée de sa mère (elle a pensé à l'emporter en fuyant la ferme) est à peine mariée à Billy Hammond (le juge Tolliver a consenti à sortir brièvement de son semi-coma éthylique pour consacrer l'union) que les cinq frères Hammond, bien imbibés, commencent à se disputer la mariée au milieu de l'orgie débutante[7]. Attiré par les cris d' Elsa, Heck et Judd interviennent, libèrent la jeune femme, et l'emmènent. Au matin, les mineurs du camp, encore tout embrumés d'alcool, réunissent un "tribunal" pour juger si le mariage d'Elsa était légal, et si elle peut quitter Bill Hammond et sa nouvelle famille, ou non. Heureusement, Westrum[8] a l'idée de menacer le juge ivrogne, et de lui subtiliser son affidavit : le mariage est déclaré nul, et Elsa peut quitter le camp avec les trois cow-boys.
Mais les cinq frères Hammond se lancent sur leur piste...
Fiche technique
- Titre : Coup de feu dans la Sierra
- Titre original : Ride the High Country
- RĂ©alisation : Sam Peckinpah
- Scénario : N.B. Stone Jr.
- Production : Richard E. Lyons
- Société de production : Metro-Goldwyn-Mayer
- Musique : George Bassman
- Photographie : Lucien Ballard
- Montage : Frank Santillo
- DĂ©cors : Henry Grace et Otto Siegel
- Pays d'origine : États-Unis
- Langue : anglais
- Procédé : Couleurs - Metrocolor
- Formats de projection : Cinémascope 2,35:1 - Mono - 35 mm
- Genre : Western
- Durée : 94 minutes
- Date de sortie : (New York)
Distribution
- Randolph Scott (V.F : André Valmy) : Gil Westrum
- Joel McCrea (V.F : Rene Arrieu) : Steve Judd
- Mariette Hartley (V.F : Michele Bardollet) : Elsa Knudsen
- Ron Starr (V.F : Pierre Trabaud) : Heck Todd Longtree
- Edgar Buchanan (V.F : Raymond Rognoni) : Judge Tolliver
- Percy Helton : Luther Sampson
- R.G. Armstrong (V.F : Jean Clarieux) : Joshua Knudsen
- Jenie Jackson (V.F : Lita Recio) : Kate
- James Drury (V.F : Marcel Bozzuffi) : Billy Hammond
- L.Q. Jones (V.F : Michel Gudin) : Sylvus Hammond
- John Anderson : Elder Hammond
- John Davis Chandler (V.F : Claude Mercutio) : Jimmy Hammond
- Warren Oates : Henry Hammond
- Byron Foulger : Abner Samson
- Frank Hagney (non crédité) : un mineur
Voir aussi
Bibliographie
- Madeleine Garrigou-Lagrange, « Coups de feu dans la Sierra », Téléciné no 108, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), -, (ISSN 0049-3287)
Notes et références
- Le thème de la disparition des valeurs traditionnelles de l'Ouest, cher à Peckinpah, est ainsi annoncé dès le début de son deuxième (et premier grand) film. Les dromadaires avaient été introduits dans l'Ouest comme bêtes de somme par les constructeurs des premières lignes ferroviaires. Abandonnés et revenus à l'état sauvage, étaient l'objet d'une haine tenace de la part des westerners, qui les tiraient à vue. L'animal étrange, dont la vue et l'odeur était jugées insupportables, gagne la course d'endurance sur un sprint final, devant les chevaux et un Phaéton automobile, autre objet nouveau, laid, étrange et malodorant...
- Peckinpah réunit deux stars déclinantes du film western (Ride... sera même le dernier film de Randolph Scott), personnalités miroirs à peine différentes. Peckinpah associera ainsi d'autres stars dans nombre de ses futurs films
- Judd avait été attiré par la rumeur qui parlait de $ 250 000...En fait, là -haut, après pesée et décompte, ils se retrouveront avec $ 10 000 seulement de poudre d'or à convoyer : autre mythe de l'Ouest, les filons de la ruée vers l'or sont eux aussi en voie de disparition ...
- Peckinpah ne craint pas de faire transparaitre la tentation d'inceste que le père Knudsen, puissante brute torturée par le démon de la chair, tente d'exorciser par de longues prières à genoux sur la tombe de sa femme. Sur la croix plantée en terre, il a cloué une tablette de bois sur laquelle est gravée un verset de la Bible : Esther, prostituée......
- Alors que jusque-là les extérieurs étaient une somptueuse nature rougeoyante et dorée par l'automne approchant, le camp n'est qu'une cuvette grisâtre dans la montagne, dont le fond est de la boue où piétine la populace qui y trime au coude-à -coude. Pas un arbre, pas un brin d'herbe, rien que des trous, des déblais et des scories entre les tentes crasseuses. La seule construction "en dur" (en planches neuves, en fait), sur un monticule, est le bar-restaurant-bordel, et les seules couleurs vives celles des robes de l'énorme mère-maquerelle et de ses pensionnaires prenant le soleil assises sur le perron, pendant que le Juge Tolliver cuve son alcool à l'intérieur. Le réalisme peu flatteur de cette description du milieu physique et humain d'un camp de chercheurs d'or (et aussi, selon "http;//www.tcm.com/thismonth/article/?cid/133533", le fait que le mogul (producteur) se soit endormi lors de la première projection de Ride......) explique que Ride... ait été très froidement accueilli aux États-Unis, alors qu'il a connu en Europe un succès immédiat
- Le respect de la femme, encore un grand principe de l'Ouest qui part en lambeaux...
- Cette parodie de cérémonie sacrée et cette description d'orgie, avec intention publique de mise en commun de la jeune mariée entre les 5 frères, dut choquer terriblement dans l'Amérique des années 1960.
- Le jeu subtil et le sourire narquois de Scott font merveille dans le film, et soulignent que la personnalité opportuniste de Westrum(loin de celle des personnages loyaux qu'il a incarnés jusque-là ...) est bien différente de celle du psychorigide Judd, dont les principes religieux feront une dernière et forte apparition à la fin du film
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Cinémathèque québécoise
- (en) AllMovie
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :