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Costanzo Beschi

Costanzo Giuseppe Beschi (ou Constant Beschi), connu Ă©galement sous son nom tamoul de Viramamunivar (àź”àŻ€àź°àźźàźŸàźźàŻàź©àźżàź”àź°àŻ), nĂ© le Ă  Castiglione delle Stiviere (DuchĂ© de Milan, Empire espagnol), et dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  Ambazhakad, au Kerala (Inde), est un prĂȘtre jĂ©suite italien, missionnaire en Inde du Sud. Ayant acquis une grande maĂźtrise de la langue tamoule, et ses Ă©crits Ă©tant populaires, il est parfois considĂ©rĂ© comme le pĂšre de la littĂ©rature tamoule moderne.

Costanzo Beschi
Le pĂšre Constant Beschi (gravure ancienne)
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  66 ans)
Thrissur
Pseudonyme
Vīramāmunivar
Formation
Lettres, philosophie et théologie
Activité
Missionnaire, linguiste, Ă©crivain
Autres informations
Ordre religieux
Hommage de sa ville natale

Biographie

Issu de la mĂȘme rĂ©gion que Saint Louis de Gonzague (Castiglione delle Stiviere) pour lequel il a une grande admiration, Beschi fait ses Ă©tudes au CollĂšge jĂ©suite de Mantoue. Admis dans la Compagnie de JĂ©sus le il fait son noviciat Ă  Ravenne et ses Ă©tudes Ă  Bologne. À sa demande auprĂšs du supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral Michelangelo Tamburini, il est orientĂ© vers la Mission du MadurĂ© (en Inde du sud). ArrivĂ© Ă  Goa en , il se trouve dĂ©jĂ  dans la Mission du MadurĂ© en . Il fait son troisiĂšme An au noviciat d'Ambazhakad[1].

Durant les six premiĂšres annĂ©es, il Ɠuvre pastoralement Ă  des postes qui lui permettent de s’initier Ă  la langue tamoule : Tirunelveli, Ramanathapuram, Thanjavur, Madurai et Tiruchirappalli. Il abandonne la soutane noire pour adopter l’habit du ‘pandaraswami’[1]. Cependant son travail se concentre sur Elakkurichi et ses environs (prĂšs de Tiruchirappalli). Il y est confrontĂ©, en 1714-1715, Ă  l’opposition de la part de roitelets hindous dont le pouvoir et l’ascendant sont menacĂ©s par l’influence de Beschi. Cela tourne Ă  la persĂ©cution. À Gurukalpatti sa modeste rĂ©sidence et son Ă©glise sont dĂ©truites, et il est mĂȘme condamnĂ© Ă  mort pour avoir introduit de l’or. La sentence est suspendue lorsqu’un orfĂšvre consultĂ© rĂ©vĂšle que cet or est en fait du cuivre... Il Ă©crit Ă  cette occasion : « le billot Ă©tait prĂȘt. Avec une joie dont j’ai rarement fait l’expĂ©rience j’étais prĂȘt Ă  recevoir la palme du martyre».

Hommage public Ă  Viramamunivar [Beschi] (Tiruchirapalli)

Lorsque les caciques hindous se battent, rendant les sorties pastorales dangereuses, il se consacre Ă  l'Ă©tude de la langue tamoule et y fait de grands progrĂšs. Ainsi il commence Ă  combiner le travail missionnaire traditionnel avec l’apostolat de la plume et l'activitĂ© sociale.

InspirĂ© par ses prĂ©dĂ©cesseurs il adopte la façon externe de vie d'un 'samnyĂąsin' (ascĂšte indien), avec la robe de couleur safran. MĂȘme l’architecture des Ă©glises qu’il construit Ă  Konankupuram et Elakkurichi adopte des lignes rĂ©miniscences des temples hindous. Leur statuaire relĂšve de l’art et sculpture indienne.

Il se lie d’amitiĂ© avec un officier moghol important, Chanda Sahib. GrĂące Ă  son soutien et sa protection, il parvient Ă  dĂ©fendre les chrĂ©tiens du harcĂšlement dont ils sont sujets de la part de soldats musulmans. Il obtient des terrains pour la construction de chapelles. Il est dit qu'il baptisa environ 12 000 personnes. Il Ɠuvre surtout dans la rĂ©gion de Tanjore (Thanjavur) jusqu'en 1738. Lorsque son protecteur meurt, Beschi est transfĂ©rĂ© Ă  Thoothukudi (1740) sur la cĂŽte des pĂȘcheurs (partie mĂ©ridionale de la CĂŽte de Coromandel), oĂč il demeure presque jusqu’à la fin de sa vie.

En 1746, il est visiteur canonique de la Mission de MadurĂ©. Au cours de l'enquĂȘte prĂ©paratoire Ă  la bĂ©atification de Jean de Britto, et en raison de sa bonne connaissance des langues et coutumes de la rĂ©gion il est chargĂ© par l’évĂȘque de Mylapore de recueillir les tĂ©moignages sur les miracles qui se sont produits.

Non seulement doit-il faire face Ă  l’opposition de non-chrĂ©tiens Beschi a Ă©galement des problĂšmes avec les missionnaires luthĂ©riens danois installĂ©s depuis 1706 Ă  Tranquebar. Il utilise son talent d’écrivain pour exposer la position catholique et rĂ©futer auprĂšs du public Tamoul les objections des protestants, ce qui suscita en rĂ©ponse de nombreuses publications protestantes[2].

Vers la fin de sa vie, Beschi s’intĂ©resse Ă©galement Ă  la mĂ©decine tamoule que, Ă  Ambazhakad, il pratique pour soulager les malades. On lui attribue le livre de mĂ©decine ‘Nasa kantam’. Les termes mĂ©dicaux de son dictionnaire de tamoul courant montrent Ă  l’évidence qu’il connaissait la mĂ©decine locale.

La tradition orale locale (parmi les chrĂ©tiens) abonde d’histoires et d'anecdotes tirĂ©es de dĂ©bats entre Beschi et les ascĂštes hindous, avec Viramamunivar l’emportant chaque fois... Cependant son grand poĂšme Ă©pique, le Thembavani est une preuve Ă©vidente de son esprit de dialogue, car il y utilise souvent des phrases, des idĂ©es et des mythes caractĂ©ristiques de l'Hindouisme. Ce mĂȘme esprit de dialogue amical et d’inculturation l'a amenĂ© Ă  traduire en latin, et expliquer, le cĂ©lĂšbre Tirukkural, qui substituait en partie la lecture des anciens VĂ©das. il permit ainsi au monde occidental de dĂ©couvrir des exemples de sagesse, de bontĂ© et de beautĂ© dans une religion et culture non-chrĂ©tienne.

Costanzo Beschi meurt au noviciat jĂ©suite d’Ambazhakad (au Kerala) le . Il est sans doute le JĂ©suite du XVIIIe siĂšcle le mieux connu au Tamil Nadu[2].

Écrits

Thembavani

Thembavani (la guirlande inaltĂ©rable), est une trĂšs cĂ©lĂšbre Ă©popĂ©e chrĂ©tienne, en trente-six chansons et 3.615 strophes, composĂ©e avec un commentaire en tamoul simple. Elle raconte la vie de Saint Joseph, entrelacĂ©e de celles de JĂ©sus et de Marie. La premiĂšre partie retrace des Ă©vĂ©nements de l'Ancien Testament, le deuxiĂšme raconte le Nouveau Testament, et la troisiĂšme couvre des aspects de la thĂ©ologie missionnaire du XVIIIe siĂšcle. L’influence le la grande poĂ©sie latine etitalienne s’y fait sentir, comme celles de Virgile, Dante et Tasso mais Ă©galement des auteurs classiques tamouls tels Tiruvalluvar, Ilango Adigal, Thirutthakka, Thevar et Kambar. Il a Ă©galement Ă©crit une autre Ă©popĂ©e de genre mineur en l'honneur de la sainte martyre lĂ©gendaire Quitterie, en vue de fortifier la foi des chrĂ©tiens persĂ©cutĂ©s[2].

ƒuvres en prose

Ses Ɠuvres en prose incluent des Ă©crits polĂ©miques contre les missionnaires protestants et des Ɠuvres didactiques pour l'instruction des catholiques et de la formation des catĂ©chistes. Il a composĂ© trois dictionnaires (Caturakarati). Le premier fut un dictionnaire Latin-Tamoul. Le deuxiĂšme uniquement en Tamoul contient des particularitĂ©s idiomatiques de la langue et des aspects des mƓurs de l’époque. Le troisiĂšme - Portugais-Latin-Tamoul - fut composĂ© pour venir en aide aux missionnaires dont il fut le vade-mecum dans leur ministĂšre apostolique. Sa grammaire eut de l’influence sur l’évolution de la langue tamoule[2].

Aujourd’hui

Au Tamil Nadu d’aujourd’hui Costanzo Beschi est surtout connu comme un l’un des samnyĂąsins chrĂ©tiens venu d’Italie en Inde, qui est devenu un poĂšte et Ă©rudit tamoul de grande envergure, ayant contribuĂ© Ă  faire connaĂźtre le TirukkuáčŸaáž· Ă  l'Occident. Son nom est Viramamunivar (c’est-Ă -dire : AscĂšte hĂ©roĂŻque). En 1968, une statue est Ă©rigĂ©e en son honneur sur la promenade qui borde le bord de mer Ă  Madras (Chennai), capitale du Tamil Nadu, en reconnaissance pour sa contribution exceptionnelle Ă  la littĂ©rature et Ă  langue tamoule. D’autres honneurs similaires lui furent accordĂ©s Ă  Madurai, la ville sainte.

Écrits

En 1826, paraßt chez J.-S. Merlin à Paris sous la traduction de l'abbé Dubois, les Aventures du gourou Paramarta, conte drÎlatique indien, sans nom d'auteur. Il est aujourd'hui avéré que c'est un texte recueilli à l'origine par Beschi. Le texte fut réédité en 1877 avec des illustrations dans le style grotesque[3].

  • Vulgaris Tamulicae linguae dictionarium, Trichinopoly, 1872.
  • SaduragarĂądi (triple dictionnaire), Pondichery, 1875.
  • TembĂąvani (Guirlande inaltĂ©rable), 3 vol., Pondichery, 1927-1928.
  • KitheriammĂąl AmmĂąney (poĂšme Ă  la gloire de Sainte Quitterie), MadrĂĄs, 1849.
  • Vediar Ollukkam (manuel pour catĂ©chistes), Pondichery, 1898.
  • VĂȘda Vilakkam (explication de la religion), Pondichery, 1898.

Bibliographie

  • Louis Besse, Father Beschi: his Times and his Writings, Trichinopoly, 1918.
  • F. L. Borghi, Da Castiglione all'India, Castiglione, 1969.
  • G. Giachi, L'India divenne la sua terra, Milan, 1981.
  • V. M. Gnanapragasam, Beschi and inculturation, dans Jesuit presence in Indian history, Anand, 1988, p. 171–181.
  • A. Sorrentino, L'altra perla dell'India, Bologne, 1980.
  • Th. Srinivasan, Beschi, the Tamil Scholar and Poet, dans Tamil Culture, vol.3, (1954), p. 297–313.

Notes

  1. K. R. Srinivasa Iyengar, New Catholic encyclopedia., Thomson/Gale, , 339-340 p. (ISBN 0-7876-4004-2, 978-0-7876-4004-0 et 978-1-4144-8086-2, OCLC 50723247, lire en ligne)
  2. Ines G. Zupanov et Joan-Pau Rubiés, Les Jésuites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins éditions, , 495-96 p. (ISBN 978-2-38292-305-4)
  3. Notice du catalogue général, Gallica / BNF.

Liens externes

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