AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Cosme de Acuña

Cosme de Acuña[alpha 1] (La Corogne, c. 1758 — Istamboul, ap. 1814 ?) est un peintre espagnol.

Cosme de Acuña
Biographie
Naissance
Vers
DĂ©cĂšs
AprĂšs
Nationalité
Activité

Biographie

Formation

Cosme Acuña Troncoso naßt à La Corogne vers 1758[1]. Selon Manuel Ossorio y Bernard, il serait né en 1760[2], mais des études plus récentes ont permis de préciser la date de 1758[1]. Il existe aussi un doute sur son nom complet : il apparaßt en effet enregistré le à l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando comme Cosme Acuña Varela[1].

Abraham e Isaac camino del sacrificio (1781, Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Madrid).

À l'AcadĂ©mie de San Fernando, on ignore auprĂšs de qui il a Ă©tĂ© formĂ©. Il remporte un prix Ă  l'Ăąge de 18 ans et participe rĂ©guliĂšrement Ă  des concours sans succĂšs notable. Il remporte nĂ©anmoins en 1781 le deuxiĂšme prix du concours de peinture de premiĂšre classe, consistant Ă  peindre pour l'« Ă©preuve de rapiditĂ© » (« prueba de repente ») Teresa EnrĂ­quez (es), une dame d'Isabelle la Catholique, aidant les blessĂ©s lors de la conquĂȘte de Grenade, et pour l'« Ă©preuve de rĂ©flexion » (« prueba de pensado ») une allĂ©gorie de la naissance du prince hĂ©ritier situĂ©e dans la forĂȘt d'El Pardo, selon la proposition dĂ©taillĂ©e formulĂ©e par Francisco Bayeu[1][alpha 2]. En 1785, il prĂ©sente une toile avec l'histoire d'Abraham et d'Isaac (Abraham e Isaac camino del sacrificio, conservĂ© au musĂ©e de l'AcadĂ©mie[4]) pour ĂȘtre admis comme acadĂ©micien de mĂ©rite, ce qui est accordĂ© Ă  l'unanimitĂ©, et dans sa demande, il dĂ©clare avoir dessinĂ© les figures d'aprĂšs nature[5].

Directeur de peinture en Nouvelle-Espagne

En 1786, Cosme de Acuña se porte candidat au poste de directeur de la peinture Ă  l'AcadĂ©mie de San Carlos de Mexico, crĂ©Ă©e en 1783 en Nouvelle-Espagne dans l'actuel musĂ©e national des Cultures (es), avec le soutien de JosĂ© de GĂĄlvez, qu'Acuña a reprĂ©sentĂ© avec d'autres membres de sa famille pour le rĂ©compenser ; il remplace AgustĂ­n Esteve, initialement sĂ©lectionnĂ© aprĂšs un concours organisĂ© Ă  l'AcadĂ©mie de San Fernando, et accompagne GinĂ©s AndrĂ©s de Aguirre (es), avec qui il partage le poste[6]. Acuña et les autres artistes envoyĂ©s d'Espagne[alpha 3] se heurtent immĂ©diatement aux maniĂšres dictatoriales de JerĂłnimo Antonio Gil (es), directeur de la Monnaie mexicaine et promoteur de son acadĂ©mie. En 1788, Acuña et sa femme, Francisca Reggio, accueillent dans leur maison JosĂ© Arias, directeur de la sculpture, qui a perdu la raison Ă  cause de ces disputes et de la duretĂ© de la vie dans le Nouveau Monde[7]. Aguirre, se sentant « prisonnier » de Gil, rentre immĂ©diatement en Espagne ou n'honore pas ses fonctions, ce qui augmente la charge de travail d'Acuña, qui se plaint dans une lettre Ă  Antonio Ponz d'ĂȘtre obligĂ© de travailler matin, midi et soir. Ne pouvant travailler pour des particuliers, Acuña demande en 1790 au roi l'autorisation de rentrer en Espagne[8], menaçant mĂȘme de se suicider s'il n'est pas autorisĂ© Ă  quitter l'AcadĂ©mie mexicaine qu'il qualifie de « Maison de la Confusion et des Imbroglios, ou Maison de Gil » (« Casa de ConfusiĂłn y Enredos o Casa de Gil », en rĂ©fĂ©rence au fait que Gil travaillait pour la Casa de la Moneda de MĂ©xico)[9].

Pendant cette pĂ©riode, il peint nĂ©anmoins de nombreux portraits et laisse un nombre considĂ©rable d'Ɠuvres au Mexique, dont le cycle iconographique aujourd'hui disparu de la coupole de la chapelle du Sagrario Metropolitano (es), oĂč il a reprĂ©sentĂ© le BaptĂȘme du Christ (dans Bautismo de Cristo), Augustin d'Hippone (San AgustĂ­n de Hipona), L'Empereur Constantin (El emperador Constantino) et Philippe de JĂ©sus (San Felipe de JesĂșs)[1]. La peinture mexicaine du tournant du XIXe siĂšcle doit beaucoup Ă  l'art d'Acuña, trĂšs estimĂ© comme portraitiste et qui a formĂ© plusieurs des plus importants peintres de l'Ă©poque, dont JosĂ© MarĂ­a VĂĄzquez, JosĂ© Antonio de Castro et RamĂłn de Torres (d)[10]. Ses Ă©lĂšves Vicente CerdĂĄ et Atanasio EchevarrĂ­a sont restĂ©s au service de la Couronne en tant que dessinateurs scientifiques au Jardin botanique de Mexico et dans diverses expĂ©ditions scientifiques[1].

Retour en Espagne

De retour Ă  Madrid en 1791, il peint trois tableaux pour la Bolivie, qui sont exposĂ©s au public au couvent des Carmelitas Descalzas (es) Ă  Madrid avant d'ĂȘtre exportĂ©s, ainsi que deux autres tableaux, l'un de JosĂ© del Castillo et l'autre de Gregorio Ferro, destinĂ©s au mĂȘme usage. Il s'agit probablement des toiles conservĂ©es dans les autels de l'Ă©glise de Santo TomĂĄs Ă  Cochabamba, avec les thĂšmes de Tobie et l'Ange (TobĂ­as y el ĂĄngel), Saint Joseph (San JosĂ©) et Saint Jean de la Croix (San Juan de la Cruz), qui avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© imitĂ©s Ă  plusieurs reprises en Bolivie, oĂč ils ont jouĂ© un rĂŽle important dans la diffusion des styles nĂ©oclassiques dans toute l'AmĂ©rique[11]. En 1792, on lui confie la direction des Ă©tudiants de l'AcadĂ©mie mexicaine qui avaient obtenu une bourse pour poursuivre leurs Ă©tudes Ă  Madrid[12].

Lorsque Francisco de Goya est nommĂ© directeur de la peinture Ă  l'AcadĂ©mie de San Fernando en 1795, Acuña se voit confier le poste de lieutenant de peinture laissĂ© vacant par le peintre aragonais. Un an plus tard, il se porte candidat et est nommĂ© peintre de chambre[13], mais en 1799, il doit demander Ă  quitter ses classes car il souffre d'une « fluxion oculaire » aggravĂ©e par d'autres affections qui lui donnent un caractĂšre aigri. En , lors d'une rĂ©union du conseil de l'AcadĂ©mie, il se dispute avec Mariano Salvador Maella, qu'il finit par agresser avec un bĂąton, ce qui lui vaut d'ĂȘtre condamnĂ© par Charles IV, Ă  deux ans de bannissement de Madrid et Ă  ĂȘtre dĂ©mis de toutes ses fonctions Ă  l'AcadĂ©mie[14].

Exil Ă  Avila, en France puis en Italie

D'Ávila, il demande l'autorisation de revenir Ă  Madrid, mais, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale, il s'Ă©chappe Ă  Bayonne, en France, d'oĂč il Ă©crit Ă  Manuel Godoy une longue lettre dans laquelle, avec des signes Ă©vidents de troubles mentaux, il lui fait part de la « maladie nerveuse » dont il dit souffrir depuis sept ans et lui demande la permission de se rendre Ă  Paris pour prendre les mesures des sculptures VĂ©nus de MĂ©dicis et du groupe du Laocoon. En 1807, l'ambassade d'Espagne Ă  Rome rapporte que Cosme Acuña y est arrivĂ© « dans l'Ă©tat le plus fatal de folie et de misĂšre »[15].

Un an plus tard, en , alors qu'on essaye de lui trouver une maison de prĂȘtre, il s'Ă©chappe de Rome sans que personne sache oĂč il va, bien qu'on suppose qu'il se dirige vers la Turquie. En , sa femme, qui est trĂšs pauvre, demande au roi de l'aider. De ses informations, on peut dĂ©duire qu'Ă  cette date son mari est encore en vie, dont elle avait reçu des nouvelles de son passage Ă  Bordeaux, Paris et Rome, et « derniĂšrement Ă  Londres toujours contrariĂ© dans les lunes mais se faisant connaĂźtre avec des Ɠuvres dans la classe de Peintre et Sculpteur et niant ĂȘtre un Espagnol »[16].

Notes et références

Notes

  1. Son nom complet pourrait ĂȘtre Cosme Acuña Troncoso — plus gĂ©nĂ©ralement admis — ou Cosme Acuña Varela.
  2. Le premier tableau est perdu (son dessin préparatoire est néanmoins connu) et le second, appartenant aux collection de l'Académie[3], est conservée au musée du Prado, comme ceux de Zacarías Gonzålez Velåzquez, qui a remporté le premier prix du concours[1].
  3. GinĂ©s AndrĂ©s de Aguirre (es), codirecteur du dĂ©partement de peinture ; JosĂ© Arias (sculpture), Antonio Gonzalez Velazquez y Gonzalez — fils d'Alejandro et neveu de son homonyme Antonio GonzĂĄlez VelĂĄzquez — (architecture). Fernando Selma (es), sĂ©lectionner pour diriger le dĂ©partement de gravure n'est finalement jamais parti en AmĂ©rique[7]. Ils perçoivent un salaire de 2 000 pesos annuels, Ă©quivalent au salaire d'un peintre de chambre[6].

Références

  1. Gonzålez Zymla, Diccionario biogråfico español.
  2. Ossorio y Bernard 1883-1884, p. 3.
  3. (es) « Notice de l'Ɠuvre AlegorĂ­a del nacimiento del infante Carlos Eusebio », sur academiacolecciones.com (consultĂ© le ).
  4. (es) « Notice de l'Ɠuvre Abraham e Isaac camino del sacrificio », sur academiacolecciones.com (consultĂ© le ).
  5. ArnĂĄiz 1991, p. 143.
  6. ArnĂĄiz 1991, p. 145.
  7. ArnĂĄiz 1991, p. 146.
  8. ArnĂĄiz 1991, p. 149-150.
  9. Estrada 1988, p. 289.
  10. (es) J. M. Arnaiz, « Cosme Acuña y la influencia de la escuela madrileña de finales del siglo xviii en AmĂ©rica », Academia, Madrid, no 73,‎ , p. 135-177.
  11. ArnĂĄiz 1991, p. 154-155.
  12. Estrada 1988, p. 304.
  13. (es) F. J. SĂĄnchez CantĂłn, « Los pintores de CĂĄmara de los Reyes de España », BoletĂ­n de la Sociedad Española de Excursiones, Madrid, no XXIV,‎ , p. 216-217.
  14. ArnĂĄiz 1991, p. 160 et 164.
  15. ArnĂĄiz 1991, p. 165-166.
  16. ArnĂĄiz 1991, p. 167.

Annexes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • (es) JosĂ© Manuel ArnĂĄiz, « Cosme de Acuña y la influencia de la escuela madrileña de finales del siglo XVIII en AmĂ©rica », Academia. BoletĂ­n de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando, no 73,‎ , p. 135-178 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • C. BĂ©dat, L’Academie des Beaux Arts de Madrid (1744-1808), Toulouse, Universidad, , p. 116-117.
  • (es) Genaro Estrada, Obras completas, MĂ©xico, Siglo XXI, (ISBN 96-8231-440-2). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (es) Herbert GonzĂĄlez Zymla, « Cosme Acuña Troncoso », dans Diccionario biogrĂĄfico español, AcadĂ©mie royale d'histoire, n. d. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (es) Manuel Ossorio y Bernard, GalerĂ­a biogrĂĄfica de artistas españoles del siglo xix, Madrid, Moreno y Rojas, 1883-1884.
  • (es) « Acuña Troncoso, Cosme », dans J. Rogelio Álvarez (dir.), Enciclopedia de MĂ©xico, t. I, MĂ©xico, , p. 64.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.