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Convoyeur de l'air

Un infirmier convoyeur de l'air (CVA), historiquement une convoyeuse de l'air. est historiquement un infirmier diplômé d'État spécialisé dans le rapatriement et l'évacuation sanitaire par voie aérienne sous statut d'officier de l'Armée de l'air en tant que membre du personnel navigant. En 2007, le statut d'infirmier convoyeur de l'armée de l'air (ICvAA) est créé, pour des sous-officiers du service de santé des armées et reprend, héritiers des traditions du métier de convoyeur de l'air.

Éléments d'équipage aéronautique militaire au sein des escadrons de transport de la brigade aérienne d'appui - projection de l'armée de l'air française, les convoyeurs de l'air et infirmiers convoyeurs de l'armée de l'air sont regroupés au sein de l'escadrille aéro sanitaire 06.560 "Étampes", stationnée sur la Base aérienne 107 Villacoublay de Vélizy-Villacoublay ; ainsi que sur la Base aérienne 125 Istres-Le Tubé à Istres dans une antenne de l'escadrille aérosanitaire 07/560, créée depuis septembre 2019.

Histoire

Pionnières

Dessin d'Émile Friant représentant le projet d'aviation ambulance de Marie Marvingt, 1914

Marie Marvingt, pionnière de l'aviation et infirmière expérimentée, est convaincue dès la Première Guerre mondiale du rôle prépondérant que peut jouer une aviation sanitaire pour raccourcir les délais de traitement des grands blessés. Après la tentative infructueuse de construire un avion sanitaire, c'est tout naturellement qu'elle inaugure, dans les années 1930, les secouristes de l’air et devient la première femme infirmière pilote secouriste de l’air (IPSA). Elle reçoit son diplôme des mains de Yolande de Noailles et le maréchal Franchet d’Esperey préside le baptême de la première promotion. Elle est aussi chargée par le médecin général Cadiot, directeur du service de santé de Paris d’établir le premier programme des cours aéronautiques et médicaux pour pilotes et infirmières secouristes de l’air.

Ce personnel est constitué au sein de la section aviation de la Croix-Rouge française[1]. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministère des Prisonniers et Déportés fait appel à ces infirmières spécialisées pour rapatrier les prisonniers et déportés de l'Europe entière[1]. Une équipe de bénévoles est rapidement mise sur pied par Aliette Bréguet assistée de Guite de Guyancourt et Simone Danloux. Puis c'est le ministère des Colonies qui fait appel à leurs compétences[1].

Convoyeuses de l'Air

Charles Tillon, ministre de l'Air, crée en juin 1945 le Groupement des Moyens Militaires de Transport Aérien, dans lequel se met en place en juin 1946 la section des convoyeuses de l'Air, réservées aux jeunes femmes de 25 à 35 ans[1]. D'abord sous statut personnel civil assimilé officier, le décret du 15 octobre 1951 leur donne le statut militaire en 1952[1].

Début 1946, Marie-Thérèse Palu (dite Marithé) remplace Aliette Bréguet à la direction du service des convoyages et obtient le rattachement du service au GMMTA, ce qui permet de faire de ce nouveau métier, une profession à part entière. Pendant leur période au GMMTA, elles deviennent « Assistantes de bord » à bord des Dakotas et Junkers militaires.

Le titre officiel de convoyeuse de l'air est créé en avril 1947, et aura été conféré au total à 107 jeunes femmes à l'issue d'un concours, nécessitant un stage probatoire de trois mois et 300 heures de vol. L'effectif des convoyeuses est alors fixé à 35. La première promotion ne compte que 20 recrues.

Le règlement leur impose un uniforme peu adapté à leur travail : chapeau à larges bords, bas et gants blancs. Les convoyeuses de l'Air sont militaires et font partie du personnel navigant. Elles sont sous les ordres d'une convoyeuse principale, elle-même sous les ordres du général commandant le Groupement des moyens militaires de transport aérien (GMMTA). Les convoyeurs de l'air sont titulaires du brevet de convoyeur de l'air, brevet de l'Armée de l'air.

[réf. nécessaire]

Lors de la guerre d'Indochine, la convoyeuse de l'air Geneviève de Galard est faite prisonnière par le Vietminh lors d'une évacuation sanitaire ; sa libération, le 24 mai 1954, est un évènement médiatique[1]. A cette date, 79 femmes sont devenues convoyeuses de l'air[1].

En septembre 2004, les Convoyeurs de l'Air sont regroupés dans une nouvelle entité de l'armée de l'air, l'escadrille aérosanitaire EAS 6.560 Étampes. Ils sont dotés d'un nouveau statut, mettant fin à la division des convoyeurs de l'air au sein du CFAP. Cette escadrille est depuis lors sous commandement de la brigade aérienne d'appui et de projection (BAAP) au sein du commandement des forces aériennes (CFA) de l'armée de l'air française.

Le concours permettant d'accéder à ce statut a été suspendu en 2005

[réf. nécessaire]

Ces femmes sont le plus souvent issues de familles militaires, et plus particulièrement de familles d'officiers et de familles nobles ; elles évoquent en particulier un sens du devoir et de l'honneur[1]. Le traumatisme de la seconde guerre mondiale est aussi source de motivation : Christine de Lestrade parle ainsi de la destruction de son logement familial ainsi que de la déportation de son père et de son frère comme motivation à son engagement[1].

Une autre motivation est la volonté de partir ; le recrutement insiste sur la forte présence, au cours de la carrière de convoyeuse, de séjours en Indochine, en Afrique du Nord ou en Afrique-Occidentale française ; les récits d'aviateurs et d'espionnage, tels que ceux de Jules Roy ou de Graham Greene, alimente un rêve d'ailleurs, particulièrement en ce qui concerne l'Indochine[1].

Historisation

À partir de 1974, le général Christienne, chef du Service Historique de l’Armée de l’Air, mène une politique de conservation de la mémoire de l'armée, et notamment celle des convoyeuses de l'air ; 15 d'entre elles sont interviewées entre 1982 et 1986, leur parole conservée au fond Histoire Orale[1].

Infirmiers Convoyeurs de l'Air

Depuis 2007, les MITHA brevetés infirmiers convoyeurs de l'armée de l'air remplacent les Convoyeurs de l'Air. Ces infirmiers sous-officiers régis par le statut de MITHA ne bénéficient pas de celui de personnel navigant mais d'un statut d'assimilé navigant.

Le nouveau statut d'infirmier convoyeur de l'armée de l'air (ICvAA) est recruté par prospection depuis 2007 parmi le corps des sous-officiers MITHA du Service de santé des armées. Les infirmiers convoyeurs de l'armée de l'air sont choisis après un minimum de trois années d'expérience de pratique infirmière et de maintien dans l'unité avant le dépôt de candidature à la direction centrale du Service de Santé des Armées (DCSSA). Ils suivent une formation s'étendant sur un peu moins d'un an, nécessitant de réussir diverses qualifications. Leur brevet est réévalué chaque année pour maintenir le niveau opérationnel des convoyeurs.

Un prérequis en langue anglaise est demandé pour l'obtention du statut d'instructeur en cours de carrière au sein de l'unité.

Les missions Medevac d'importance au sein de l'armée de l'air sont armées d'un ou de plusieurs CVA ou ICvAA suivant le niveau de soutien à apporter aux équipages et aux patients évacués.

Les missions des infirmiers convoyeurs de l'armée de l'air

Les missions sont celles de l'escadrille aéro sanitaire 6/560, unité à laquelle ils sont tous affectés. Membres d'équipages de l'Armée de l'air, utilisant des avions ou des hélicoptères, ils sont chargés de l'exploitation des moyens médicaux des aéronefs médicalisés, lors des missions qui leur sont confiées.

Ces missions comportent notamment :

  • les évacuations médicales stratégiques individuelles ou collectives (Plan Morphée)
  • les évacuations médicales tactiques
  • les missions de soutien lors des évacuations de ressortissants français ou au profit de pays alliés ou humanitaire
  • le transport des ressortissants de la défense et de leur famille
  • les missions de soutien médical lors des vols officiels au profit des hautes autorités de l'état français.
  • les exercices interarmées et interalliés
  • Expérimentations et mise au point des versions médicalisées des nouveaux aéronefs (Falcon 2000, A400M).

Les ICVAA et les Convoyeurs de l’Air exercent leurs fonctions à bord des aéronefs des Forces Aériennes :

Ils exercent aussi leurs fonctions à bord des aéronefs de l'EATC.

Dans le futur :

  • Avions tactiques : C-130 version J
  • Avions stratégiques A330 MRTT

Insignes de spécialité

Brevet de convoyeur de l'air (CVA)
Brevet de convoyeur de l'air (CVA)
Brevet d'infirmier convoyeur de l'armée de l'air (ICVA)
Brevet d'infirmier convoyeur de l'armée de l'air (ICvAA)
  • Convoyeur de l'air - CVA - Personnel navigant de l'Armée de l'air - 1946
  • Infirmier convoyeur de l'armée de l'air - ICvAA - Personnel MITHA du Service de santé des armées - 2008

Quelques convoyeuses de l'air célèbres

C'est Marie-Thérèse Palu, qui est désignée en 1946, pour prendre le service des convoyages : elle possédait des qualités de chef et un sens inné de l'organisation. Première chef des convoyeuses, elle organisa le premier recrutement et raconta son épopée dans le livre Convoyeuses de l'air publié en 1957 aux Éditions du Siamois.

Valérie de la Renaudie, auteur du livre Sur les routes du ciel, Nouvelles Éditions latines (ISBN 2-7233-0524-4). Cheville ouvrière de l'organisation, elle est titulaire de la Légion d'honneur, de la Croix de Guerre T.O.E. avec palmes, de la Croix de la Valeur militaire avec étoile, de la médaille de l'Aéronautique, de la médaille du Service de Santé.

Geneviève de Galard, engagée en Indochine, fut (officiellement) la seule femme présente lors de la bataille de Điện Biên Phủ, auteur du livre Une Femme à Dien Bien Phu, Éditions du Rocher (ISBN 2912485541). Son engagement est également mentionné par le Docteur Paul-Henri Grauwin, auteur de J'étais médecin à Dien Bien Phu et Seulement Médecin, et également au travers du livre Merci, Toubib des chirurgiens Thuriès, Hantz et Aulong. À son retour à Paris, elle avait reçu une lettre signée de 6 Officiers parachutistes du 11e Choc. Ils lui écrivaient :Laissez de côté toute propagande et publicité. Nos camarades n'ont point besoin d'articles ni de films. L'Histoire les jugera. Vous étiez avec eux, c'est suffisant.... Dans l'avant-propos de son livre, Geneviève de Haulmes explique comment cette réserve a constitué sa règle de vie.

Paule Bernard (née Dupont, 1920 +1974) ancienne résistante, est recrutée en 1949 par la Croix-Rouge française comme IPSA jusqu'en 1955 ; 130 missions de guerre dont sa participation à l'évacuation de Diên Biên Phû. Elle se tourne ensuite vers le journalisme et publie son autobiographie en 1959.

Les convoyeuses de l'air en mission à Dien Bien Phu, Viêtnam

  • Paule Bernard (dite Carmen)
  • Aimée Clavel (dite Pepita)
  • Yvonne Cozannet (dite Coco)
  • Michaela de Clermont-Tonnerre (dite Boum)
  • Geneviève de Galard
  • Mademoiselle Othnin-Girard
  • Elisabeth Gras (dite Lisbeth)
  • Brigitte de Kergolay (dite La mouche)
  • Arlette de La Loyere
  • Valérie de La Renaudie
  • Christine de Lestrade (1951)
  • Chantal Mees (1951)
  • Yolande Le Loc
  • Michelle Lesueur
  • Marie-Pierre de Montgolfier
  • Solange de Peyrimhoff
  • Alberte Othnin Girard

Convoyeuses de l'air disparues en mission

  • Berthe Finat, dont l'avion s'est écrasé au Maroc. Elle était la sœur de Maurice Finat, qui s'était tué en revenant d'une tentative de record de vitesse à Tananarive avec Paul de Forges.
  • Anne-Marie Rouanet, qui venait juste de s'engager à la T.A.I. et périt en mer le 16 octobre 1947.
  • Geneviève du Breuil Hélion de la Guéronnière.
  • Lucienne Just en 1947.
  • Béatrix de L'Épine, trouve la mort à une heure d'Hanoï, sur le Paris-Saigon, le 2 novembre 1948.
  • Cécile Idrac en 1949.
  • Geneviève Roure (fille du Général Albert Roure), après 4100 heures de vol, trouve la mort à Gao en 1951 alors qu'elle tentait de sauver les passagers de la carcasse de l'avion en feu.
  • Gisèle Pons, en 1951. Âgée de 27 ans, licenciée en droit, infirmière DE, elle n'avait effectué que 250 heures de vol quand son appareil s'est écrasé à l'atterrissage.
  • Jacqueline Domergue, dite Jaïc (1924-1957) tuée lors d’une évacuation sanitaire héliportée le 29 novembre 1957 à L'Arba en Algérie.
  • Chantal Jourdy à Tizi Ouzou, le 8 décembre 1959, tuée au cours d'une évacuation sanitaire à bord d'hélicos H34.

Notes et références

  1. Ramora, J. (2021). Devenir convoyeuse de l’Air : quel engagement pour de jeunes Françaises de l’après-guerre (1946-1954) ?. Les Cahiers Sirice, 27, 51-57. https://www.cairn.info/revue--2021-2-page-51.htm.

Bibliographie

Autobiographies

  • Marie-Thérèse Palu, Convoyeuses de l'air, Paris, Éditions du Siamois, 1957.
  • Paule Bernard, Lotus, Opium et Kimonos, Paris, Robert Laffont, 1959.
  • Valérie de la Renaudie, Sur les routes du ciel. Les Convoyeuses de l’Air, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1996.
  • Geneviève de Galard, Une Femme à Dien Bien Phu, Paris, Éditions des Arènes, 2003.

Liens externes

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