Convection thermique
La convection (thermique) désigne le transfert d'énergie thermique au sein d'un fluide en mouvement ou entre un fluide en mouvement et une paroi solide. Ce transfert d'énergie est réalisé par deux modes de transfert élémentaire combinés que sont l'advection et la diffusion.
La convection constitue, avec la conduction et le rayonnement, l'un des trois modes d'échange de chaleur entre deux systÚmes, et diffÚre de ces derniers par la méthode de transfert.
Convection forcée
On parle de convection forcée lorsque l'écoulement du fluide est provoquée par un organe « artificiel » (pompe, turbine, ventilateur...).
Voici quelques exemples de convection forcée dans des appareillages : chauffage central avec accélérateur, chauffages électriques avec soufflerie, chauffe-eau solaire et four à convection (four à chaleur tournante). Le corps humain a son propre systÚme de convection forcée, la circulation sanguine.
Convection naturelle
La convection naturelle est un phĂ©nomĂšne de la mĂ©canique des fluides, qui se produit lorsqu'un gradient induit un mouvement dans le fluide. Le gradient peut concerner diffĂ©rentes grandeurs intensives telles que la tempĂ©rature (« convection thermique »), la concentration d'un solutĂ© (« convection solutale ») ou la tension superficielle (« convection thermo-capillaire »). La masse volumique dĂ©pendant de la tempĂ©rature (et, le cas Ă©chĂ©ant, de la concentration), un gradient de tempĂ©rature ou de concentration engendre des diffĂ©rences de masse volumique au sein du fluide, d'oĂč rĂ©sultent des variations latĂ©rales de la poussĂ©e d'ArchimĂšde qui sont Ă l'origine du mouvement. De tels dĂ©placements s'appellent des mouvements de convection. Ils sont Ă l'origine de certains phĂ©nomĂšnes ocĂ©anographiques (courants marins), mĂ©tĂ©orologiques (orages), gĂ©ologiques (remontĂ©es de magma) par exemple.
La convection thermique n'est pas le seul moyen de créer des mouvements verticaux dans des fluides. Ceux-ci vont se stratifier selon leur densité, à température uniforme, par l'effet de la gravité. Cette convection gravitationnelle se déroule comme la convection thermique avec les zones du fluide plus denses descendant et les parties moins denses poussées vers le haut. Cependant, il n'y a pas de variation de températures dans ces échanges. On peut citer la diffusion de la salinité dans une couche isothermale ou le déplacement du sel vers le bas dans une terre humide[1].
Dans un environnement Ă microgravitĂ© comme dans l'espace, la convection naturelle n'est pas possible puisque la poussĂ©e d'ArchimĂšde s'exerce par la diffĂ©rence de force gravitationnelle sur des volumes de densitĂ©s diffĂ©rentes. Ainsi la circulation de la chaleur doit ĂȘtre forcĂ©e dans une capsule spatiale. Une flamme aurait Ă©galement de la difficultĂ© Ă exister car les gaz de combustion resteraient prĂšs de la flamme, la coupant de l'apport d'oxygĂšne. Il faut pour l'entretenir une circulation forcĂ©e pour Ă©loigner ces gaz et amener l'oxygĂšne[2].
Une particule de fluide chauffée à la base devient moins dense du fait de sa dilatation thermique et remonte sous l'action de la poussée d'ArchimÚde. Arrivée au sommet de la couche, le fluide échange sa chaleur, se refroidit et s'alourdit. Il redescend alors et crée un transfert retour de chaleur. La premiÚre approche physique a été mise en place par Henri Bénard, avec l'étude de la convection dans une couche de fluide soumise à un gradient de température vertical. Ces expériences sont connues sous le nom de cellules de Bénard.
Vie courante
- Le mouvement dans une casserole posée sur le feu s'explique par les différences de densité créées par le chauffage. Le fluide se met en mouvement spontanément, par convection naturelle, quand la différence de température entre le haut et le bas de la couche d'eau atteint une valeur critique.
- La fumée de cigarette ou de cheminée monte car la combustion crée une zone trÚs chaude et trÚs peu dense par rapport à l'air environnant. Cette zone de fluide monte sous l'action de la poussée d'ArchimÚde.
- Le chauffage par le sol relĂšve du mĂȘme principe. La couche chaude Ă la base des piĂšces, du fait de la dilatation thermique, devient plus lĂ©gĂšre (relativement) et engendre une circulation dans la maison.
- Le fonctionnement de la lampe Ă lave repose sur ce mĂȘme phĂ©nomĂšne : la cire est chauffĂ©e par le fond jusqu'Ă ce que sa densitĂ© soit infĂ©rieure Ă celle du fluide environnant. Elle s'Ă©lĂšve alors en formant des panaches qui, une fois au sommet de la lampe, refroidissent et retombent au fond du rĂ©cipient.
- Dans le manteau terrestre, des courants de convection mantellique sont à l'origine des contraintes de compression et des contraintes d'expansion (selon leurs mouvements), ce qui cause la déformation des roches.
- Pour l'isolation thermique d'une habitation, l'air enfermé entre la toiture et le plancher des combles, ou entre un mur porteur et un mur intérieur, n'assure aucunement l'isolation à cause du phénomÚne de convection accéléré par une différence de température entre paroi chaude et paroi froide. Pour réaliser l'isolation, il faut ajouter dans cet espace un matériau isolant dans lequel l'air enfermé dans des bulles ou entre des fibres ne peut pas participer à la convection.
Mise en équation du phénomÚne physique
Approche de la physique des milieux continus
Notation :
- désigne la conductivité thermique du fluide ;
- désigne la masse volumique du fluide ;
- désigne la capacité thermique massique du fluide ;
- désigne la température du fluide ;
- désigne la vitesse du fluide ;
- désigne la densité de flux thermique.
HypothĂšses simplificatrices :
- Propriétés (,,) du fluide constantes.
- Pas de changement de phase.
- Milieu stationnaire.
- Fluide incompressible.
La mise en Ă©quation de la diffusion de la chaleur (loi de Fourier) au sein du fluide aboutit Ă :
La mise en Ă©quation de l'advection de la chaleur au sein du fluide aboutit Ă :
La densité de flux de chaleur par convection est la somme de la densité de flux de chaleur par diffusion et par advection, soit :
Le premier principe de la thermodynamique affirme que l'Ă©nergie se conserve, ce qui se traduit en Ă©quation par :
Ce qui permet d'Ă©crire l'Ă©quation d'advection-diffusion de la chaleur :
Puisqu'il a été supposé que le fluide est incompressible. Cela donne :
Les solutions de cette Ă©quation ne peuvent ĂȘtre trouvĂ©es que si le champ de vitesse est connue. Sinon il est nĂ©cessaire de rĂ©soudre, prĂ©alablement ou en parallĂšle, les Ă©quations de Navier-Stokes. C'est, entre autres, l'un des objectifs de la mĂ©canique des fluides numĂ©rique.
Approche phénoménologique
Pour un Ă©coulement Ă tempĂ©rature autour d'une structure Ă tempĂ©rature de surface uniforme et d'aire A, l'expression du flux de chaleur convectif Ï est donnĂ©e par la loi de Newton :
oĂč :
- Ï est exprimĂ© en watts (W) ;
- h est le coefficient de convection thermique, en watts par mĂštre carrĂ© et par kelvin (W/m2/K, Wâ mâ2â Kâ1).
Pour une convection en air calme, dans des conditions normales de tempĂ©rature et de pression, on a typiquement h compris entre 5 et 25 W mâ2 Kâ1
Lâexistence de la fonction est connue, mais pas la fonction elle-mĂȘme. De nombreuses Ă©tudes expĂ©rimentales ont permis dâidentifier des corrĂ©lations empiriques s'approchant de la fonction reliant ces deux nombres. Ces corrĂ©lations sont souvent regroupĂ©es dans des abaques, utiles Ă l'ingĂ©nieur qui pourra ainsi dĂ©duire le coefficient de transfert thermique pour des configurations typiques.
Analyse adimensionnelle de la convection forcée
L'analyse dimensionnelle et l'application du théorÚme de Vaschy-Buckingham à un problÚme (simplifié) de convection forcée permet de montrer que seuls deux nombres adimensionnels suffisent pour décrire le problÚme. Conventionnellement, on utilise le nombre de Reynolds et le nombre de Nusselt :
- , nombre de Reynolds
- , nombre de Nusselt
avec :
- - masse volumique
- - vitesse caractéristique du problÚme
- - longueur caractéristique du problÚme
- - viscosité dynamique
- - conductivité thermique
Le théorÚme de Vaschy-Buckingham affirme qu'il existe une fonction reliant ces deux nombres adimensionnels :
Analyse adimensionnelle de la convection naturelle/libre
L'analyse dimensionnelle et l'application du théorÚme de Vaschy-Buckingham à un problÚme (simplifié) de convection libre permet de montrer que seulement deux nombres adimensionnels suffisent pour décrire le problÚme. Conventionnellement on utilise le nombre de Rayleigh et le nombre de Nusselt :
- , nombre de Nusselt ;
avec :
- g - accélération de la pesanteur
- Lc - longueur caractéristique
- Ts - température de la paroi
- Tâ - tempĂ©rature du fluide loin de la paroi
- Îœ - viscositĂ© cinĂ©matique
- α - Diffusivité thermique
- ÎČ - coefficient de dilatation thermique volumĂ©trique
Le théorÚme de Vaschy-Buckingham affirme qu'il existe une fonction reliant ces deux nombres adimensionnels :
Notes et références
Notes
Références
- (en) P. A. C. Raats, « Steady Gravitational Convection Induced by a Line Source of Salt in a Soil », Soil Science Society of America Journal, no 33,â , p. 483-487 (rĂ©sumĂ©)
- (en) Cecil Adams, « If you lit a match in zero gravity, would it smother in its own smoke? », The Straight Dope (consulté le ).
- (en) Adrian Bejan, Convection Heat Transfer, John Wiley & Sons, , 704 p. (ISBN 978-1-118-33008-1, lire en ligne)
- (en) Oleg G. Martynenko et A. F. Polijakov, « Free Convection », sur Thermopedia
- (en) A. V. Getling, « Rayleigh-Bénard convection », sur Scholarpedia