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Contes de mon hĂ´te

Contes de mon hôte (en anglais Tales of My Landlord) est un ensemble de sept romans publiés de 1816 à 1831 par l'auteur écossais Walter Scott, sous le pseudonyme de Jedediah Cleishbotham, qui leur est réservé. Deux de ces romans, Les Puritains d'Écosse et Le Cœur du Midlothian sont considérés comme deux des chefs-d'œuvre de Scott.

Page de titre en anglais. En exergue, quatre vers de Robert Burns.
Première édition de la première série.

Historique

Projet initial

En 1816, Walter Scott a déjà publié trois romans : Waverley (1814), Guy Mannering (1815) et L'Antiquaire (1816). Il voit en eux une trilogie évoquant les mœurs de l'Écosse en trois époques récentes[1] : 1745, 1783 et 1794. Dans la préface de L'Antiquaire, il estime en avoir fini avec ce passé récent. Il prend congé de ses lecteurs[2].

Il entame alors une série qu'il nomme Tales of My Landlord (Contes de mon hôte), destinée « à faire connaître les anciennes mœurs écossaises[3] ». Le projet initial est bien d'une seule série, comprenant quatre courts romans d'un volume chacun. Chacun de ces romans doit évoquer les traditions d'une région différente d'Écosse[4].

Scott respecte en partie son idée première. Il transporte le lecteur dans des périodes antérieures à 1745 et dans des régions différentes d'Écosse (si l'on excepte Robert, comte de Paris, dont le théâtre est Constantinople) :

Évolution du projet

Le Nain noir est le premier roman des Contes de mon hôte. Il est le seul qui va rester dans le dessein initial d'une histoire en un volume[1]. Car le projet change de visage. Emporté par son inspiration, Scott a tôt fait d'étendre le deuxième roman, Les Puritains d'Écosse, à trois volumes, ce qui correspond à la longueur habituelle de ses romans. Et les Contes de mon hôte vont se composer non pas d'une série unique, mais de quatre ; et non pas de quatre romans, mais de sept.

Trois séries paraissent de 1816 à 1819. La quatrième vient bien plus tard, en 1831, année précédant la mort de l'auteur.

Chaque série comprend deux romans, à l'exception de la deuxième qui en comporte un seul, Le Cœur du Midlothian. Ces romans se répartissent de façon très inégale sur les quatre volumes de chaque série.

SérieParutionÉditeur
Ă©cossais
Éditeur
anglais
TitreTitre originalNombre de
volumes
1reBlackwoodMurrayLe Nain noirThe Black Dwarf1
Les Puritains d'ÉcosseOld Mortality3
2eConstableLongmanLe CĹ“ur du MidlothianThe Heart of Midlothian4
3eConstableLongmanLa Fiancée de LammermoorThe Bride of Lammermoor2 ½
Une légende de MontroseA Legend of Montrose1 ½
4eCadell (en)WhittakerRobert, comte de ParisCount Robert of Paris2 ½
Le Château périlleuxCastle Dangerous1 ½

Pseudonyme

Walter Scott signait jusque-là ses romans « l'auteur de Waverley ». Changeant d'éditeur pour les Contes de mon hôte, il adopte une nouvelle signature : Jedediah Cleishbotham. L'auteur censé porter ce nom extravagant fait donc figure de rival de « l'auteur de Waverley »[4].

Le premier roman de la première série, Le Nain noir, est précédé d'une introduction générale[5] où le fat Jedediah Cleishbotham se présente et fait découvrir son petit univers dérisoire. Il entretient ce contact avec le lecteur au fil de préambules, péroraisons et envois qui encadrent les Contes.

Il s'attribue les droits de publication des Contes de mon hôte, bien qu'il n'en ait pas écrit une ligne[6]. Il s'est contenté de trouver les manuscrits dans le tiroir d'un mort. Il avoue en effet que les contes ont été compilés et rédigés par son défunt collègue Peter Pattieson[7]. Celui-ci, dans le chapitre premier de la plupart des romans, se met en scène pour expliquer où, quand et comment il a recueilli les informations dont il tire son récit.

Quant à « mon hôte », les contes qui portent son nom ne sont pas de lui non plus. « Ce ne sont pas les contes de l'hôte, et il n'est pas facile de savoir à qui les attribuer », fait remarquer Scott dans un article qu'il publie anonymement dans la Quaterly Review[8]. « Mon hôte » met simplement son auberge à la disposition des voyageurs, et c'est là que se racontent et se collectent les histoires. Alain Jumeau voit donc dans le titre de la série un hommage au véritable auteur de ces contes : la tradition populaire[9].

Publication

Première série

La première série comprend Le Nain noir (un volume) et Les Puritains d'Écosse (trois volumes). Elle n'est pas publiée chez l'Écossais Constable ni chez l'Anglais Longman, qui éditaient jusque-là les romans de Scott. Ne voulant pas être dans la dépendance de Constable[10], Scott confie la série à un concurrent anglais, John Murray, qui a un correspondant en Écosse, William Blackwood. Elle paraît le [4].

Deuxième série

La deuxième série paraît le . Scott préfère revenir chez ses éditeurs habituels, Constable à Édimbourg[11] et Longman à Londres[12]. Il garde néanmoins le pseudonyme de Jedediah Cleishbotham, qu'il va réserver aux Contes de mon hôte. La série comporte un seul roman, en quatre volumes, Le Cœur du Midlothian. Cette longueur est inhabituelle chez Scott. La plupart de ses romans s'étendent sur trois volumes[13].

Troisième série

La troisième série paraît le chez Constable, et le 26 chez Longman[14]. Elle comprend La Fiancée de Lammermoor (deux volumes et demi) et Une légende de Montrose (un volume et demi). À la fin du dernier volume, Scott considère les Contes de mon hôte comme finis. Il annonce que Cleishbotham s'est « évanoui dans les airs[15] ».

Quatrième série

Douze ans plus tard, le [16], une inattendue quatrième série vient compléter les Contes de mon hôte. Elle comprend Robert, comte de Paris (deux volumes et demi) et Le Château périlleux (un volume et demi). Ce sont les deux derniers romans de Scott parus de son vivant. Constable ayant fait faillite en 1826[17], cette quatrième série est confiée au nouvel éditeur écossais de Scott, Robert Cadell (en). L'éditeur anglais est Whittaker. Cleishbotham ressurgit, et consacre une introduction commune à ces deux romans. Ils sont dépourvus de l'habituel chapitre introductif où Peter Pattieson se mettait en scène.

Accueil

Les Puritains d'Écosse reçoit un accueil enthousiaste[18] qui fait de l'ombre au Nain noir, paru en même temps[4].

Le Cœur du Midlothian connaît un succès triomphal. Les Puritains d'Écosse et Le Cœur du Midlothian sont considérés de nos jours par la critique comme deux des meilleurs romans de Scott[19] - [11].

La Fiancée de Lammermoor met plus de temps à trouver son public[14], mais le succès va être durable. À l'exemple de ce qui s'est produit dans la première série, Une légende de Montrose est éclipsé par La Fiancée de Lammermoor[20].

Robert, comte de Paris et Le Château périlleux ont beaucoup de succès auprès du public, en dépit de critiques défavorables[21] - [16].

Notes et références

  1. (en) « Scott the Novelist Â», sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 23 janvier 2007.
  2. Alain Jumeau, notice du Nain noir, dans Walter Scott, Waverley et autres romans, coll. « Bibliothèque de la PlĂ©iade Â», Paris, Gallimard, 2003, p. 1411.
  3. DĂ©dicace des Contes de mon hĂ´te, dans Ĺ’uvres de Walter Scott, Paris, Furne, 1830, t. VII, p. 3.
  4. (en) « The Black Dwarf », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011.
  5. L'ordre de parution n'est pas toujours respectĂ© dans les Ă©ditions des Ĺ“uvres complètes de Scott. Ainsi, dans l'Ă©dition Furne de 1830, l'« Introduction aux Contes de mon hĂ´te » se trouve-t-elle dans le tome VII, prĂ©cĂ©dant Les Puritains d'Écosse ; tandis que Le Nain se trouve dans le tome X. On trouve cette introduction en appendice dans Walter Scott, Waverley et autres romans, op. cit., p. 1345-1350. Dans l'Ă©dition en langue anglaise Magnum Opus de 1830, elle est suivie de l'« Introduction au Nain noir Â», qui n'est pas signĂ©e de Jedediah Cleishbotham.
  6. « Introduction aux Contes de mon hôte », Œuvres de Walter Scott, éd. cit., t. VII, p. 7.
  7. « Introduction aux Contes de mon hôte », Œuvres de Walter Scott, éd. cit., t. VII, p. 10.
  8. Quaterly Review, datĂ©e de janvier 1817, publiĂ©e en avril. CitĂ© par Alain Jumeau, notice du Nain noir, dans Walter Scott, Waverley et autres romans, coll. « Bibliothèque de la PlĂ©iade Â», Gallimard, 2003, p. 1411.
  9. Alain Jumeau, op. cit., p. 1411 et 1412.
  10. Michel Crouzet, « Sir Walter Scott baronet Â», dans Walter Scott, Waverley, Rob Roy, La FiancĂ©e de Lammermoor, coll. « Bouquins », Paris, Laffont, 1981, p. 925.
  11. (en) « The Heart of Midlothian », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011 (consulté le 30 août 2018).
  12. Mentionné sur l'édition originale.
  13. Cinq ans plus tard, il produira un autre roman en quatre volumes : Peveril du Pic (qui n'est pas un Conte de mon hĂ´te).
  14. (en) « The Bride of Lammermoor », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011 (consulté le 30 août 2018).
  15. « Au lecteur », L'Officier de fortune, dans Œuvres de Walter Scott, éd. cit, t. X, p. 455.
  16. (en) « Count Robert of Paris Â», sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 dĂ©cembre 2011 (consultĂ© le 30 aoĂ»t 2018).
  17. « Archibald Constable (1774-1827) », sur encyclopedia.jrank.org, Online Encyclopedia, transféré depuis Encyclopedia Britannica, 1911, t. VI, p. 982 (consulté le 30 août 2018).
  18. Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Paris, Fallois, 1993, p. 252.
  19. Henri Suhamy, op. cit., p. 239.
  20. (en) « A Legend of Montrose », sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 décembre 2011 (consulté le 30 août 2018).
  21. Henri Suhamy, op. cit., p. 414. — (en) « Castle Dangerous Â», sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 dĂ©cembre 2011 (consultĂ© le 30 aoĂ»t 2018).
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