Combat d'Islay
Le combat d'Islay est une bataille navale livrée les 12 et , au large du port d'Islay, au Pérou, pendant les guerres de la Confédération péruvio-bolivienne (1836-1839).
Confédération péruvio-bolivienne | Chili |
capitaine de frégate Juan José Panizo | Capitaine de frégate Robert Winthrop Simpson |
1 corvette 2 brigantins | 1 frégate 1 corvette 2 brigantins |
inconnues | inconnues |
Guerres de la Confédération péruano-bolivienne
Coordonnées | 17° 01′ sud, 72° 01′ ouest |
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La Confédération péruvio-bolivienne
En 1835, le prĂ©sident bolivien AndrĂ©s de Santa Cruz intervient, Ă la demande du prĂ©sident Luis JosĂ© de Orbegoso y Moncada dans les guerres civiles qui ensanglantent le PĂ©rou et rĂ©alise manu militari l'union de cette nation avec la Bolivie. Percevant cette confĂ©dĂ©ration comme une menace, le Chili, qui accuse Santa-Cruz de tenter de renverser le gouvernement de JosĂ© JoaquĂn Prieto, et l'Argentine de Juan Manuel de Rosas, lui dĂ©clarent la guerre. EngluĂ©s dans des guerres civiles sans fin, les Argentins ne sont pas en mesure de s'engager vĂ©ritablement contre la ConfĂ©dĂ©ration et leurs attaques sont repoussĂ©es par les troupes boliviennes commandĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Otto Philipp Braun. Quant aux Chiliens, ils commencent par s'emparer par surprise le , dans le port de Callao, des bâtiments confĂ©dĂ©rĂ©s Arequipeño et Peruviana, et s'Ă©tant assurĂ© pour un temps la maĂ®trise des mers, ils dĂ©barquent Ă Cobija au PĂ©rou une expĂ©dition de 2 840 hommes, composĂ©e de soldats chiliens et d'opposants pĂ©ruviens Ă la ConfĂ©dĂ©ration, et commandĂ©e par l'amiral Manuel Blanco Encalada. Cette expĂ©dition s'enfonce dans les terres, espĂ©rant soulever les populations pĂ©ruviennes en chemin et occupe Arequipa le . Entretemps, Santa Cruz a rĂ©uni une armĂ©e de 5 000 hommes, qu'il manĹ“uvre habilement contre les forces adverses. EncerclĂ©es, ces dernières capitulent au terme d'un traitĂ© dit de Paucarpata qui stipule que le Chili reconnait la ConfĂ©dĂ©ration boliviano-pĂ©ruvienne et s'engage Ă ne plus la combattre. Revenu au Chili, Blanco-Encalada est dĂ©savouĂ© par les autoritĂ©s chiliennes qui soulignent qu'il n'avait aucune autoritĂ© pour signer un tel accord, quand bien mĂŞme il ne l'a fait que pour Ă©viter un dĂ©sastre militaire. Le traitĂ© est donc dĂ©noncĂ© le et les hostilitĂ©s reprennent.
L'Ă©tat-major chilien considère que l'envoi d'une deuxième expĂ©dition est subordonnĂ©e Ă la maĂ®trise de la mer et donc Ă la destruction oĂą la neutralisation de la marine confĂ©dĂ©rĂ©e, composĂ©e exclusivement de bâtiments pĂ©ruviens, la Bolivie, qui disposait pourtant d'un accès Ă la mer (qu'elle perdra Ă l'issue de la guerre du Pacifique), n'ayant pas de flotte. Le 31 dĂ©cembre 1837, l'escadre chilienne (une frĂ©gate, deux brigantins et une corvette) quitte le port de ValparaĂso, sous les ordres du capitaine de frĂ©gate Robert Winthrop Simpson, avec pour mission dans un premier temps, de notifier officiellement la dĂ©nonciation du traitĂ© de Paucarpata, puis dans un second temps de reprendre les opĂ©rations contre les navires confĂ©dĂ©rĂ©s.
Le combat
Le brigantin confédéré Junin (commandant Miguel Saldivar) mouille à Arica lorsqu'il apprend l'arrivée imminente de la flotte chilienne. Il quitte aussitôt Arica et rejoint Islay le 8 janvier 1838 où se trouvent deux autres bâtiments péruviens, sous le commandement du capitaine de frégate Juan José Panizo : la corvette Socabaya et le brigantin Fundador.
Pour se prémunir de toutes surprises, ce dernier appareille et croise au large, surveillant à l'horizon l'apparition des voiles chiliennes. Mais contre toute attente, il ne repère pas l'escadre ennemie, mais il est aperçu par elle le 12 janvier. Étant trop éloigné, il n'est pas identifié par les Chiliens, mais Winthrop Simpson est quasiment sûr qu'il s'agit non pas d'un navire neutre, mais de l'un des bateaux péruviens qu'il recherche. Il décide donc de le rejoindre pour vérifier sa nationalité.
À la tombée de la nuit, le Fundador regagne Islay, entrainant dans son sillage l'escadre chilienne. Les vigies repèrent les deux autres navires confédérés, confirmant ainsi les certitudes de Winthrop Simpson. Ce dernier ignore cependant si la présence de ses navires est connue des Péruviens et il craint que ceux-ci ne profitent de l'obscurité pour s'enfuir. Il détache la corvette Libertad, son bâtiment le plus rapide, pour maintenir une surveillance visuelle des Péruviens, jusqu'aux premières heures de la matinée.
La Libertad se rapproche de l'escadre adverse et arrivée à portée de tir, son commandant Santiago Jorge Bynon, fait ouvrir le feu. Chez les Péruviens, c'est la surprise, les Chiliens n'avaient pas été détectés. Ne voyant qu'un bâtiment, les trois navires confédérés se dirigent vers lui pour l'affronter. Surgissent alors les autres voiles chiliennes ; elles sont cependant encore trop éloignées pour participer au combat qui se prépare et cela laisse le temps aux navires péruviens de virer de bord et de commencer à fuir vers le nord.
La vélocité des navires fuyards est très inégale. Si la Socabaya et le Fundador sont rapides, il n'en est pas du tout de même pour le Junin qui se traine et peu à peu, la distance entre les escadres péruvienne et chilienne s'amenuise. Le matin du 13, elle n'est plus que de 6 milles nautiques et ce n'est plus qu'une question d'heures pour que les adversaires soient à portée de tir.
Analysant la situation, Juan José Panizo comprend que s'il se laisse rattraper par les Chiliens, non seulement le combat est inéluctable mais qu'il va de surcroit s'engager dans des conditions désastreuses pour ses bâtiments. Cependant, il observe que l'escadre adverse est dispersée. Deux navires sont en tête : la corvette Libertad et le brigantin Aquiles qui ont très sérieusement distancés les deux derniers bâtiments (la frégate Monteagudo et le brigantin Arequipeño). Le commandant péruvien intime donc à Miguel Saldivar de poursuivre sa route vers Callao avec son Junin tandis qu'avec le Fundador et la Socabaya, il va livrer un combat retardateur contre les deux navires poursuivants.
Il ne s'engage pas à fond et se contente d'échanger des bordées avec les Chiliens tout en les maintenant à distance. Il lui faut en effet éviter à tout prix à la fois l'abordage, qui donnerait le temps aux autres navires chiliens d'intervenir, et de subir des avaries trop importantes qui réduiraient les qualités manœuvrières et la rapidité de ses propres bâtiments. Le combat dure tant que la frégate et le brigantin chiliens trainards sont encore loin ; dès qu'ils se rapprochent trop dangereusement, Panizo vire au nord et reprend la fuite.
Les Péruviens répètent à trois reprises la même tactique. La manœuvre donne le temps au Junin de se mettre hors de danger et à la tombée de la nuit, la Socabaya et le Fundador faussent définitivement compagnie aux Chiliens.
Conséquences
Stratégiquement, le combat n'a rien résolu puisque les deux escadres sont intactes l'une et l'autre mais l'habileté consommée de Juan José Panizo a sauvé ses bâtiments et frustré l'escadre chilienne de la victoire. Robert Winthrop Simpson devait cependant prendre une revanche éclatante le et infliger à la marine péruvienne, commandée à cette occasion par le corsaire français Jean Blanchet, une défaite décisive lors du combat de Casma qui donna au Chili la maîtrise définitive de la mer.
Bibliographie
- Pierre Razoux, Le Chili en guerre : deux siècles de supériorité navale chilienne en Amérique latine, Paris, Économica, , 174 p. (ISBN 978-2-717-84985-1).
- Agustin Toro Davila, Sintesis historico militar de Chile, Editorial Universitaria, Santiago de Chile, 1977.
- Guy le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'histoire, Rennes, Marines, , 619 p. (ISBN 978-2-357-43077-8)