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Col d'Izoard

Le col d'Izoard, ou col de l'Izoard[2], est situĂ© dans les Hautes-Alpes, au nord-ouest du massif du Queyras, Ă  une altitude de 2 362 m. Il relie Briançon, au nord-ouest, Ă  Château-Ville-Vieille, au sud-est. La route D 902 qui le franchit est fermĂ©e Ă  la circulation automobile de novembre Ă  mai-juin entre les hameaux de Brunissard sur la commune d'Arvieux, et Le Laus sur la commune de Cervières.

Col d'Izoard
Image illustrative de l’article Col d'Izoard
Altitude 2 362 m[1]
Massif Massif du Queyras (Alpes)
CoordonnĂ©es 44° 49′ 11″ nord, 6° 44′ 07″ est[1]
PaysDrapeau de la France France
ValléeQueyras
(sud)
Briançonnais
(nord)
Ascension depuisChâteau-Ville-Vieille Briançon
Déclivité moy.6,9 % 6 %
Déclivité max.11,3 % 9,2 %
Kilométrage15,9 km 19,1 km
AccèsD 902 D 902
Fermeture hivernale octobre-juin
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Col d'Izoard
GĂ©olocalisation sur la carte : Hautes-Alpes
(Voir situation sur carte : Hautes-Alpes)
Col d'Izoard

Il est fréquemment emprunté par le Tour de France cycliste et est réputé pour le lieu appelé Casse déserte[3] sur le versant méridional. Il s'agit d'une zone extrêmement rocailleuse (pitons de cargneules), que certains décrivent comme lunaire.

Toponymie

L'étymologie de l'oronyme Izoard est discutée (grammatici certant). Ce toponyme est peut-être un nom de personne d'origine germanique, Isoward, composé de isan, « fer », et ward, « gardien », un nom de guerrier[4].

GĂ©ologie

La Casse déserte.

Cet environnement minĂ©ral très atypique rĂ©sulte de la nature des roches prĂ©sentes : des cargneules. Au cours de la formation des Alpes, les couches calcaires reposant au fond de la TĂ©thys et datant du Trias (250 millions d'annĂ©es) et du CrĂ©tacĂ© (140 millions d'annĂ©es) se sont inversĂ©es. En glissant l'une sur l'autre il y a 40 millions d'annĂ©es, les calcaires ont Ă©tĂ© broyĂ©s donnant naissance Ă  ces roches peu compactĂ©es et friables. Les eaux riches en sulfate ont ensuite dissous les calcaires triasiques et les ions en solution ont prĂ©cipitĂ© pour former un ciment qui consolide ces roches. Au niveau du site de la Casse dĂ©serte, un cirque quasiment lunaire aux pentes nues et dĂ©solĂ©es, montre un relief ruiniforme constituĂ© de pinacles cargneulo-dolomitiques, cheminĂ©es pierreuses Ă  2 220 m d’altitude qui Ă©mergent de longs Ă©boulis cryoclastiques faits de dĂ©bris dolomitiques bien calibrĂ©s (ce calibre Ă©tant donnĂ© par la maille du système de diaclases)[5]. Cette accumulation de cargneules y est dĂ©coupĂ©e en paquets sans doute en partie glissĂ©s que sĂ©parent des ravins noyĂ©s par les Ă©boulis descendant de la crĂŞte de Coste Belle. Ces pentes d'Ă©boulis sont appelĂ©s « casses » dans les Alpes[6].

Le col de l'Izoard est caractérisé par la présence d'éboulis et de crêtes rocheuses qui résultent de l'érosion différentielle affectant les roches.

Histoire

MĂ©morial du col d'Izoard.

La route a été construite en 1893-1897 par le général baron Berge[7] ; un mémorial est élevé en sa mémoire au col en 1934. Au sommet, il est possible de profiter d'un relais cyclotouristique et de visiter le musée ouvert en juillet 1989 et géré par le parc naturel régional du Queyras[8].

Activités

Le col, fréquemment franchi par le Tour de France, est aussi depuis 1990 sur le tracé du triathlon de l'Embrunman, qui lui doit en partie d'être considéré comme un des plus durs au monde.

Profil

L’ascension du col d’Izoard par le versant nord totalise 19,1 km Ă  6 % Ă  partir du rond-point du Queyras (1 208 m) Ă  Briançon. Les pourcentages des trois premiers kilomètres Ă  travers le quartier de Fontchristiane, sont proches de 6 %. Mais ils sont suivis d’un replat et d'une courte descente[9]. La route grimpe ensuite, Ă  partir de Terre Rouge, jusqu’à Cervières, village atteint après environ km d'ascension. Pour encore deux kilomètres, la pente oscille entre 5 et 8 %. La pente, Ă  partir du Laus, au km 11,4, vers 1 745 m d'altitude[10], est nettement plus difficile. Les derniers kilomètres, sur une route en lacets dans une forĂŞt de mĂ©lèzes[11], prĂ©sentent frĂ©quemment des pourcentages voisins de 8 %[9] (avec rampe maximum Ă  11 %). Ce n’est qu’à partir du refuge NapolĂ©on (2 282 m) — oĂą la pente faiblit un peu —, Ă  un kilomètre du sommet que l’on sort de la forĂŞt pour rentrer dans le dĂ©cor rocailleux typique du col d’Izoard.

  • Cervières.
  • Plus bas le refuge NapolĂ©on et les derniers kilomètres de l'ascension par le versant nord.
    Plus bas le refuge Napoléon et les derniers kilomètres de l'ascension par le versant nord.

Le versant sud, depuis Guillestre, est considĂ©rĂ© comme le plus mythique et totalise 31,6 km Ă  4,4 % Ă  partir du rond-point au carrefour des routes D 902A et D 86 (971 m). Ce n'est qu'après 1,5 km que la route quitte Guillestre, au rond-point face Ă  la gendarmerie (1 054 m). Mais les 17,4 premiers kilomètres qui suivent la rivière du Guil prĂ©sentent peu de difficultĂ©s[12] si ce n’est une Ă©pingle Ă  5 % au niveau d’un monument aux morts des deux guerres mondiales, au km 16,7, peu avant la jonction de la D 902 et de la D 947. Ă€ partir de ce carrefour (1 355 m)[13] oĂą on aperçoit Château-Queyras, il reste 14,1 km Ă  7,1 % nettement plus difficiles. Après avoir passĂ© Arvieux (1 547 m face Ă  une chapelle) et 3,7 km de route depuis le carrefour prĂ©cĂ©dent, la montĂ©e devient rectiligne avec quelques portions difficiles comme une ligne droite Ă  8 % Ă  La Chalp puis une autre Ă  10 % dans la traversĂ©e du hameau de Brunissard, l’un des passages les plus raides de ce col[12]. Ă€ la sortie de Brunissard, la route grimpe ensuite en lacets dans une forĂŞt de conifères comme sur l’autre versant, sur environ quatre kilomètres, avec quelques points de vue sur la vallĂ©e. Les pentes de ce secteur forestier avoisinent les 9 % avec quelques passages frĂ´lant les 11 %. C’est alors que se prĂ©sente la Casse dĂ©serte. Ă€ partir de ce lieu, les cyclistes sont souvent exposĂ©s au vent[12], Ă  cause de l’absence de vĂ©gĂ©tation. C’est Ă  la sortie de la Casse dĂ©serte, après une courte descente[9], que se situe la stèle dĂ©diĂ©e Ă  Louison Bobet et Fausto Coppi, dont les plaques sont apposĂ©es sur un rocher monolithique. Cette stèle rappelle que, de 1949 Ă  1954, Coppi a franchi en tĂŞte le col Ă  deux reprises. En 1953, Coppi, qui ne participe pas au tour de France (le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration sportive de cyclisme italien ayant refusĂ© son chantage de choisir lui-mĂŞme ses Ă©quipiers), est postĂ© Ă  la Casse dĂ©serte et, en voyant Bobet passer, se tourne vers sa compagne, la « Dame blanche » et s'exclame « Il est beau Louison », le champion français lui adressant un petit signe amical[14]. Ă€ partir de cette Casse dĂ©serte, il reste environ deux kilomètres avec une pente proche de 9 %.

  • Les 18 premiers kilomètres longent le Guil et la combe du Queyras.
    Les 18 premiers kilomètres longent le Guil et la combe du Queyras.
  • Épingle au niveau d'un monument aux morts (vers 1 330 m).
    Épingle au niveau d'un monument aux morts (vers 1 330 m).
  • Plus bas Brunissard, au fond Arvieux.
    Plus bas Brunissard, au fond Arvieux.
  • Le versant sud traverse la Casse dĂ©serte.
    Le versant sud traverse la Casse déserte.
  • Vue sur les ultimes kilomètres de l'ascension.
    Vue sur les ultimes kilomètres de l'ascension.

Tour de France

Le col d'Izoard a été franchi au total à 36 reprises par le Tour de France, dont 26 depuis 1947, et il a été classé hors catégorie lors de ses 7 derniers passages[15]. Sur le Tour de France 2017, Warren Barguil a battu le record de l'ascension sur son versant sud avec un temps de 38 minutes 15 secondes[16]. Voici les coureurs qui ont franchi les premiers le col[17] :

Le col d'Izoard escaladé sur le Tour 1936.

Tour d'Italie

L'ascension de ce col, au départ de Château-Queyras, était prévue lors de la 20e étape du Giro 2020 mais ce fut annulé du fait des nouvelles mesures contre le COVID-19, interdisant le passage en France[18].

Notes et références

  1. « Col d'Izoard » sur Géoportail.
  2. « Cervières - Col de l'Izoard - Le Guide Vert Michelin », sur michelin.fr (consulté le ).
  3. « La Casse Déserte, haut lieu du cyclotourisme et du Tour de France (Arvieux, Queyras, Hautes-Alpes) - Envie de Queyras », sur envie-de-queyras.com, (consulté le ).
  4. Denis Cheissoux, « Nouvelle étape : Briançon-Izoard », sur franceinter.fr, .
  5. Jacques Debelmas, Les Alpes : la géologie, les milieux, la faune et la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 61.
  6. Jacques Debelmas, Les Alpes : la géologie, les milieux, la faune et la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 261.
  7. Écomusée du pays de la Roudoule, La Route des Grandes Alpes, Édition de l’écomusée du pays de la Roudoule, Puget-Rostang (ISSN 1246-1938), p. 33.
  8. Communauté de travail des Alpes occidentales, Pour un parcours à travers la documentation régionale des Alpes occidentales, COTRAO, , p. 100.
  9. « Col de l’Izoard. Sous le regard de Coppi », magazine Le Cycle hors-série no 506H, juillet 2005, p. 50-53
  10. « Le Laus- Cervières » sur Géoportail (consulté le 24 juillet 2017).
  11. Sport-passion – L’ascension du col d’Izoard
  12. « Col de l’Izoard. L’imposante légende », magazine Le Cycle no 339, mai 2005, p. 70-74
  13. « Champ Rient D947/D902 » sur Géoportail.
  14. Jacques Augendre, Souvenirs ou l'épopée du Tour de France, Ed. de la Maison du boulanger, , p. 113.
  15. « Le col d'Izoard dans le Tour de France », sur Le dico du Tour (consulté le )
  16. « Tour de France: Warren Barguil, une ascension de l'Izoard record », sur lequipe.fr, L'équipe, (consulté le )
  17. « Le col de l'Izoard », sur Mémoire du cyclisme, (consulté le )
  18. « Giro : Le parcours et le profil de la 20e étape à Sestrières », sur 3bikes.fr,

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel Friebe et Pete Golding, Sommets mythiques : Cyclisme, les 50 cols incontournables d'Europe, GEO, , 224 p. (ISBN 978-2-8104-0296-0), p. 172-177

Liens externes

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