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Claude Le Blanc

Claude Le Blanc ( en Normandie - à Versailles), officier du roi, fut intendant dans plusieurs provinces, membre du Conseil de la guerre et exerça par deux fois la charge de secrétaire d'État de la Guerre. Apprécié du cardinal de Fleury, sa principale réalisation est l'extension des attributions du corps de la gendarmerie, qu'il structura en maréchaussée, avec des compétences de police sur tout le territoire du royaume (1720).

Claude Le Blanc
Claude Le Blanc, Ministre et secrétaire d’État de la Guerre, par Pierre Drevet d'après Adrien Leprieur.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  58 ans)
Versailles
Activité

Biographie

L'intendant

Claude Le Blanc est le fils de Louis Le Blanc, mort en 1707, conseiller à la Cour des Aides de Paris devenu intendant de Rouen, et de Suzanne Bazin de Bezons (1648-1699), fille de Claude Bazin de Bezons, intendant et conseiller d’État[1]. Sa famille n'a été anoblie qu'au XVIIe siècle[2] mais elle est au cœur d'un réseau d'alliances, notamment avec la famille ministérielle des Phélypeaux[1].

Claude Le Blanc acquiert en 1696 la charge de conseiller au Parlement de Metz puis de maître des requêtes. Il épouse en 1697 Madeleine Petit de Passy[1], fille du doyen de cette cour[note 1].

En 1704 il obtient la charge d'intendant d’Auvergne, qu'il conserve jusqu'en 1708[2]. C'est à cette occasion que, chargé de la lutte contre la contrebande et le trafic de monnaies et de métaux précieux, il prend conscience de l’inefficacité de la maréchaussée[2].

En 1708, il est envoyé aux marches du royaume et nommé intendant de Flandre maritime[2], en pleine guerre de Succession d'Espagne. Il y fait la démonstration de ses grandes compétences en matière de protection de la population et de renseignements[3]. En effet, il tisse un réseau d'espionnage qui lui permet de connaître les mouvements des navires marchands ravitaillant les Anglais, facilitant ainsi leur interception. Il reste à ce poste jusqu'en 1715[1]. Même Saint-Simon, pourtant très critique envers les intendants, reconnaît sa compétence[4].

Un homme-clé de la polysynodie

En 1715, il est appelé par Philippe d'Orléans au Conseil de la guerre, présidé par le maréchal de Villars. Le Régent s'appuie en effet, au sein de la polysynodie, système en vigueur lors de la Régence, sur des hommes tels que Le Blanc, ou Fleuriau d'Armenonville pour faire contrepoids à ses adversaires politiques, par exemple le duc du Maine, et aux princes[3].

Au Conseil de la guerre, Le Blanc est sans conteste le conseiller le plus actif. Dès le début, il a des compétences importantes : les finances, les déserteurs, les délits militaires et les enrôlements. Il hérite en février 1716 des attributions (transversales) de Saint-Contest sur l'ensemble des marchés et empiète progressivement sur les compétences du président, le maréchal de Villars, ou sur celles d'autres conseillers, comme Joffreville[3]. C'est Claude Le Blanc qui est à l'origine de l'ordonnance du 2 juillet 1716, qui met en place un système élaboré de lutte contre la désertion[2].

Avec des membres du Conseil de finances (Baudry, Gaumont, Rouillé du Coudray, Lefèvre d'Ormesson, Le Peletier de La Houssaye, Fagon), du Conseil du dedans (Roujault) et Saint-Contest, Le Blanc est un des organisateurs de l'opération du visa de décembre 1715-janvier 1716, qui consiste à vérifier les dettes de l'Etat, dans le but avoué de les réduire[5].

En 1718, le Conseil de la guerre devient, selon le mot de Saint-Simon, "une pétaudière". Villars est déstabilisé à la fois par les querelles de préséance avec le duc de Bourbon et par la concurrence de Le Blanc, qui travaille directement avec le Régent. Au cours de l'année 1718, l'activité du Conseil de la guerre, comme celle des autres conseils de la Polysynodie, décline considérablement, que ce soit en termes de fréquence des réunions ou de volume des affaires traitées[3].

Secrétaire d'État de la Guerre

Le 24 septembre 1718, le Régent met fin à la polysynodie, qui se grippe et est l'objet de critiques de plus en plus fortes. Le Conseil de la guerre est supprimé par une simple lettre du Régent à son président. Le même jour, Le Blanc devient secrétaire d’État de la Guerre[3].

À ce poste, sa principale réforme est celle de la gendarmerie, réorganisée par une ordonnance royale de mars 1720 avec des attributions nouvelles en matière de police territoriale. La vénalité des charges dans ce corps est supprimée, des rapports rédigés sont systématiquement exigés dans le suivi des affaires, et la solde est accrue.

Tirant les conclusions des dernières campagnes de Louis XIV, Le Blanc, sur les conseils du gĂ©nĂ©ral de Vallière, veut faire de l'artillerie une arme scientifique, avec des officiers formĂ©s en consĂ©quence. Dans plusieurs villes de province (La Fère, Châlons-en-Champagne, Strasbourg, Grenoble et Perpignan), il crĂ©e cinq rĂ©giments-Ă©cole pour l'artillerie par l'ordonnance royale du 5 fĂ©vrier 1720. Chacune des cinq villes concernĂ©es abritera un rĂ©giment de 4 000 hommes, avec une Ă©cole d'artillerie Ă  demeure.

Cette mĂŞme annĂ©e, Le Blanc acquiert la terre anoblissante de la seigneurie de Vulaines. Il a aussi un rĂ´le clĂ© lors de la lutte contre la peste en Provence, celle-ci Ă©clatant Ă  Marseille en 1720. Il dirige en effet les premiers mouvements de troupe pour constituer un cordon sanitaire, qui aboutit Ă  la crĂ©ation d'un « mur de la peste Â», et siège au Conseil de santĂ©[2]. FondĂ© sur des lignes circulaires de troupes autour de Marseille, puis entre le DauphinĂ©, le Comtat Venaissin et la Provence, la politique mise en Ĺ“uvre par Le Blanc se fonde, tout comme pour la lutte contre la dĂ©sertion, sur l'identification administrative : des certificats de santĂ© sont exigĂ©s des voyageurs, tandis que l'armĂ©e enregistre avec soin tous les nouveaux enrĂ´lĂ©s[2].

L'affaire La Jonchère

Favorable, comme la plupart des parlementaires issus de la noblesse de robe, aux Jansénistes, il s'oppose au cardinal Dubois sur la bulle Unigenitus. Dubois entend passer outre l’opposition du Parlement de Paris en remplaçant l’enregistrement en cour par une déclaration du Conseil du Roi, et ne pardonne pas au secrétaire d'état sa prise de position.

En 1723, un proche collaborateur de Le Blanc, le trésorier de l’Extraordinaire des guerres, Gérard Michel de La Jonchère, fait banqueroute. Il est accusé de concussion par les frères Paris, en particulier par Antoine Paris, et le secrétaire d'État est éclaboussé par le scandale. Le duc de Bourbon suscite une cabale contre lui (poussé en cela par la marquise de Prie[6]), et l'accuse d’avoir détourné les fonds du ministère de la guerre. Le Blanc ne sera pas soutenu par le premier ministre Dubois, et devra démissionner (1er juillet 1723). Remplacé par François Victor Le Tonnelier de Breteuil, il est emprisonné quelques mois à la Bastille, puis est acquitté par le Parlement.

Retour en grâce

La disgrâce du duc de Bourbon permet au cardinal de Fleury de le rappeler aux affaires (19 juillet 1726), toujours au poste de secrétaire d’État de la Guerre qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1728. Le chancelier d'Aguesseau écrit à ce sujet : Lorsque M. le Blanc fut déplacé et mis à la Bastille, on lui substitua, dans le ministère de la guerre, M. de Breteuil, intendant de Limoges, homme doux et souple. Il se soutint sous M. le duc, par les complaisances infinies qu'il eut pour les personnes en sa faveur ; mais aussitôt que ce prince eut été envoyé à Chantilly, tout changea. M. de Breteuil se retira tout doucement, et M. le Blanc revint en place[7].

Claude Le Blanc eut une fille, Louise Madeleine Le Blanc qui Ă©pousa Constant-Esprit Jouvenel des Ursins d'Harville dont descend Claude-Constant Jouvenel des Ursins d'Harville, marquis de Traisnel[8].

Voir aussi

Notes

  1. Pour l'anecdote, la maîtresse de Le Blanc sous la Régence n'était autre que la mère de Jeanne Antoinette Poisson, la future marquise de Pompadour.

Références

  1. Charles Frostin, Les Pontchartrain ministres de Louis XIV. Alliances et réseau d'influence sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 597 p. (ISBN 2-7535-0289-7)
  2. Vincent Denis, Une histoire de l'identité. France, 1715-1815, Champs-Vallon, 2008, p. 86 sq.
  3. Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN 978-2-87673-547-7)
  4. Annette Smedley-Weill, « Les intendants des Mémoires », Cahiers Saint-Simon, vol. 28, no 1,‎ , p. 17–28 (DOI 10.3406/simon.2000.1307, lire en ligne, consulté le )
  5. Natalia Platonova, « Le visa des papiers royaux en France au dĂ©but du XVIIIe siècle », dans Les modalitĂ©s de paiement de l’État moderne : Adaptation et blocage d’un système comptable, Paris, ComitĂ© d'histoire Ă©conomique et financière de la France, coll. « Histoire Ă©conomique et financière - Ancien RĂ©gime », , 228 p. (ISBN 978-2-11-129416-5, lire en ligne), p. 179–205
  6. La Seigneurie de Courbepine et la Marquise de Prie, par Paul-Émile Lambert - Éditeur Haulard - 1868 (lire en ligne).
  7. Lettres inédites du chancelier d'Aguesseau : publiées sous les auspices…, p. 348.
  8. Statistique archéologique du département du Nord, vol. 1, A. Durand, (lire en ligne), Quand les biens de cette maison furent saisis et vendus le sieur Le Blanc secrétaire d Etat acheta en 1720 Monchecourt avec Fressain Villers au Tertre Bugni court etc c est à dire toutes les seigneuries de cette contrée qui étaient passées des Lalaing aux Sainte Aldegonde La fille de ce Le Blanc Louise Magdeleine mariée à Messire Esprit Juvénal d Harville marquis de Traisnel colonel du régiment d Orléans Dragons porta Monchecourt et les autres biens ci-dessus dans la maison d Harville des Ursins des marquis de Traisnel qui les possédait à la Révolution

Bibliographie

  • Alexandre Dupilet, La RĂ©gence absolue. Philippe d'OrlĂ©ans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « Ă©poques », , 437 p. (ISBN 978-2-87673-547-7)
  • Claude C. Sturgill - « L'organisation et l'administration de la marĂ©chaussĂ©e et de la justice prĂ©vĂ´tale dans la France des Bourbons, 1720-1750 », Vincennes, Service historique de l'ArmĂ©e de terre, 1981. Compte-rendu en ligne.
  • Clive Emsley, « Gendarmes and the State in Nineteenth-Century Europe » (1999), Oxford University Press, 288 pp. (ISBN 0-19-820798-0)
  • duc de Saint-Simon, « MĂ©moires »
  • MarĂ©chal de Richelieu, MĂ©moires du marĂ©chal duc de Richelieu... pour servir Ă  l'histoire des cours de Louis XIV, de la RĂ©gence, de Louis XV, et Ă  celles des quatorze premières annĂ©es du règne de Louis XVI (3 vol. 1790), Ă©d. par Boffe, Mossy et Buisson
  • Charles Pinot Duclos, MĂ©moires secrets sur les rĂ©gimes de Louis XIV et de Louis XV (1791), librairie Buisson, Paris
  • Pierre-Édouard LĂ©montey, Histoire de la RĂ©gence et de la minoritĂ© de Louis XV jusqu'au ministère du cardinal de Fleury (2 vol., 1832), Ă©d. Paulin, Paris
  • Victor de Swarte, Claude Le Blanc : un intendant, secrĂ©taire d'Etat au XVIIIe siècle : sa vie, sa correspondance (1669-1728), Dunkerque, 1900 Texte en ligne disponible sur NordNum. PersĂ©e : Notice sur le livre par J. Finot
  • Victor de Swarte, Claude Le Blanc, intendant d'Auvergne, intendant de la Flandre maritime, secrĂ©taire d'État au dĂ©partement de la guerre (1669-1728), sa vie, sa correspondance, particularitĂ©s administratives], Imprimerie Nationale, 1901. Compte-rendu en ligne.

Articles connexes

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