AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Claude C. Matlack

Claude Carson Matlack (1878-1944) est un photographe nord-amĂ©ricain dont l'Ɠuvre se divise en deux pĂ©riodes bien distinctes. D'abord (de 1896 Ă  1916) observateur dĂ©sintĂ©ressĂ© d'une communautĂ© rurale du Kentucky profond touchĂ©e par la "Progressive Era" (Ăšre progressiste amĂ©ricaine), Matlack devient ensuite photographe commercial dans la Floride agitĂ©e des Roaring Twenties ("annĂ©es folles"), puis il est tĂ©moin de la grande dĂ©pression et de L'Entre-deux-guerres amĂ©ricaines.

Claude Carson Matlack
Claude Carson Matlack, aux environs de 1915. Vraisemblablement un autoportrait.
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activité
Formation
DiplĂŽme d’ingĂ©nieur Ă  l’universitĂ© Purdue de West Lafayette (Indiana)
Oneida Baptist Institute (en)

Biographie

Jeunesse

Matlack naĂźt Ă  Louisville (Kentucky) le . Son pĂšre, William Henry Matlack, est maĂźtre-artisan en plomberie : il a achetĂ© en 1877 l’entreprise de plomberie-chauffage dans laquelle il a dĂ©butĂ© comme apprenti, et pendant les quatre dĂ©cades suivantes il fabrique et vend des appareils de chauffage et des sanitaires (en particulier un brĂ»leur Ă  gaz de son invention) et installe l’éclairage au gaz puis Ă  l’électricitĂ© Ă  Louisville et dans les environs. Figure reprĂ©sentative de la plomberie au niveau national, Matlack pĂšre revend son entreprise en 1926, mais il continue jusqu’à sa mort (en 1926) Ă  travailler pour le rĂ©seau sanitaire de Louisville.

Si le pĂšre de Matlack est un autodidacte, sa mĂšre (nĂ©e Minnie Freeman) a reçu une Ă©ducation supĂ©rieure, a suivi des cours d’art Ă  Paris, voyage. Elle est Ă  la fois artiste et technicienne : elle est fĂ©rue de photographie, dessine les plans d’au moins 200 rĂ©sidences. En 1896 elle accompagne comme photographe officiel un groupe de touristes en Palestine, en Égypte et en Europe.

Claude, aĂźnĂ© de trois enfants, fait des Ă©tudes supĂ©rieures, et obtient le diplĂŽme d’ingĂ©nieur Ă  l’UniversitĂ© Purdue de West Lafayette (Indiana). Il est dĂ©jĂ  bon photographe : ses premiers clichĂ©s connus sont des vues du campus de Purdue, ainsi que des photos de ses amis et de sa famille.

L'Oneida Baptist Institute

La photo la plus nette de Claude Matlack est celle sur laquelle il figure assis sous un arbre (autoportrait ?) en été[1] : mince, jeune (25 ans environ), visage ouvert, traits réguliers, front large, cheveux clairs coiffés « la raie au milieu », lunettes à fine monture, un air d'intellectuel timide doué du sens de l'humour.

En 1902 Claude Matlack a 24 ans et travaille comme directeur associĂ© dans l’entreprise familiale. Lors d’un dĂ©placement professionnel il rencontre dans le train un baptiste (la famille Matlack est trĂšs active et connue parmi les baptistes), qui se trouve ĂȘtre un des bienfaiteurs et administrateurs de l’Oneida Baptist Institute.

Cette Ă©cole a Ă©tĂ© fondĂ©e par une figure locale, James Anderson Burns (1865-1945). Ce bĂ»cheron du comtĂ© de Clay (Kentucky) surnommĂ© Burns des Bois a eu une illumination en 1888, a mis un terme Ă  la vendetta (feud) qui opposait les Burns aux Combs, a Ă©tudiĂ© chez les Baptistes, est devenu prĂȘcheur et a fondĂ© Ă  Oneida (Clay County, Kentucky) avec un autre prĂȘcheur baptiste, H. L. McMurrey, une Ă©cole pour les enfants de la rĂ©gion. Elle deviendra le Oneida Baptist Institute (en) (OBI), qui apporte instruction et soins mĂ©dicaux aux habitants du comtĂ© de Clay.

InvitĂ© pour une semaine Ă  Oneida, Claude Matlack deviendra un commensal assidu de l'OBI pendant les 14 annĂ©es suivantes : jusqu’en 1916 (date de son mariage et de son dĂ©part pour la Floride), il travaille Ă  l’institution pendant les vacances d’étĂ©, et photographie les paysages et les habitants du Clay County, ainsi que les mĂ©decins, dirigeants, Ă©coliers et employĂ©s de l’Institut. On peut juger ainsi sur ses photos prises entre 1902 et 1916 de l'Ă©volution de la population qui s'ouvre au progrĂšs et Ă  la modernitĂ© : les enfants en particulier passent de l'Ă©tat de sauvageon en loques traĂźnant dans des cours de ferme insalubres Ă  celui de jeune Ă©tudiant bien habillĂ©, pratiquant le sport, et devenant souvent enseignant de l'OBI aprĂšs en avoir suivi les cours avec succĂšs.

En mĂȘme temps que des photos rĂ©alistes des paysans locaux (et des portraits de ceux de leurs enfants qui font le pas vers la modernitĂ© dans le cadre de la Progressive era) Matlack rĂ©alise aussi Ă  Oneida des vues de ses amis (citadins raffinĂ©s en visite, qui dĂ©notent dans le village, ou bourgeois satellites de l'Institut) - et des Ɠuvres Ă©lĂ©giaques inspirĂ©es par la nature. Le contraste entre les photos de familles pauvres et arriĂ©rĂ©es est typique de cette premiĂšre pĂ©riode de Matlack.

Cependant les photos de Claude Matlack gardent aussi trace de son activitĂ© professionnelle Ă  Louisville (en particulier dans le domaine de l’installation de l’éclairage public Ă  l’électricitĂ©) - ainsi que de sa vie mondaine dans la 2e grande ville de l’État : clichĂ©s de rĂ©unions bourgeoises, repas, sport, pique-niques, fĂȘtes, etc.

Le Sud

En 1915-1916 Claude Matlack Ă©pouse Clara Goode (de Lexington, Kentucky) et dĂ©mĂ©nage Ă  Miami (Floride) : il passe ainsi directement de l'un des États alors les plus ruraux et traditionalistes des États-Unis Ă  la ville qui va connaĂźtre le tourbillon le plus fou (en particulier dans le domaine immobilier) des Roaring Twenties, les "annĂ©es folles" amĂ©ricaines . Tout en continuant Ă  faire de la photo en amateur, Matlack travaille d'abord Ă  l’installation de rĂ©seaux d’eau et d’électricitĂ© Ă  Key West et Ă  Dinner Key.

Mais aprĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale, il abandonne les travaux publics, ouvre Ă  Miami un studio de photographe professionnel, et connaĂźt rapidement le succĂšs dans sa nouvelle activitĂ©. Il illustre en particulier tous les Ă©vĂšnements mondains des Roaring Twenties (les "rugissantes annĂ©es ‘20 ") d’un Ă©tat en plein boom touristique et Ă©conomique, qui de plus est en proie Ă  une fiĂ©vreuse spĂ©culation immobiliĂšre et sert de porte d'entrĂ©e Ă  l'importation illĂ©gale (le Boulevard du Rhum part des Antilles) du flot d'alcool qui entre aux États-Unis malgrĂ© la prohibition (1919-1933).

Il retrouve cependant les travaux publics lorsqu’il suit la crĂ©ation de Miami Beach, la nouvelle plage Ă  la mode lancĂ©e par le promoteur Carl Graham Fisher, qui veut crĂ©er une station balnĂ©aire dĂ©contractĂ©e Ă  proximitĂ© de Miami.

Pour dĂ©fricher la mangrove qui couvrait le cordon littoral et ”assainir” les terrains sur lesquels devaient s’élever les hĂŽtels de luxe et les lotissements de villas style art dĂ©co de Miami Beach, C.G. Fisher utilisa, outre des Ă©quipes de travailleurs noirs venus des plantations d'agrumes de son associĂ© John S. Collins (en), des Ă©lĂ©phants d’Asie. AprĂšs les travaux, il dĂ©cida de garder les pachydermes et d'en faire des supports de publicitĂ©, avec Ă©videmment des photos largement diffusĂ©es de "bathing beauties", ("beautĂ©s au bain") en maillots de bain, maillots qu’il voulait "les plus petits et moulants possible". Matlock fait de nombreuses photos de Rosie et de "bathing beauties", contribuant ainsi faire affluer les foules Ă  Miami Beach : le village de pĂȘcheurs sur son cordon littoral (maintenant reliĂ© Ă  Miami par le Collins Bridge, un pont sur pilotis qui traverse la baie) verra bientĂŽt sa population augmenter de 440 %.

Photographie de Claude Carson Matlack représentant, en arriÚre-plan, un village d'amérindiens séminoles situé dans les Everglades et, sur le devant, un homme attelé à sa pirogue. Tiré d'une série de clichés effectués entre 1928 et 1929 et consacrés aux villages séminoles[2]. Cette image est datée du 13 juin 1928.

Par ailleurs, Matlock (qui a installĂ© son studio Ă  Miami Beach en 1923) photographie (et filme) de nombreux autres aspects de la vie en Floride[2] : les grands hĂŽtels (fleurons de l'industrie touristique locale, qui s'Ă©lĂšvent partout) et leur clientĂšle, l’agriculture, les Everglades, la Big Cypress National Preserve, les Florida Keys, Fort Lauderdale, Fort Jefferson (Dry Tortugas), les amĂ©rindiens Seminoles[2] (sur Musa Isle) et Miccosukee (le long de la Tamiami Trail), la construction de l’autoroute “ Overseas ”, ainsi que des Ă©vĂšnements sportifs (golf, aviation, polo, natation, pĂȘche au gros, rĂ©gates de voiliers et courses de bateaux Ă  moteurs 
), et aussi des catastrophes (tempĂȘtes, ouragans, Ă©chouages) etc. Matlock ramĂšne aussi des documents de ses voyages aux Bahamas, dans les Montagnes Rocheuses et au Texas (son frĂšre Leonard travaille dans l’Ouest) .

Cependant en l'Ă©chouage du trois-mĂąts Prinz Valdemar (en) (qui obture l'accĂšs maritime Ă  Miami alors que les compagnies ferroviaires ont dĂ©jĂ  dĂ©cidĂ© d'en restreindre l'accĂšs par terre) sonne le coup d'arrĂȘt de la surchauffe floridienne. Suivent le Grand Ouragan de Miami (), puis l'Ouragan d'Okeechobee (Floride) (1928), puis l'apparition de la mouche Ă  fruit qui ruine la culture des agrumes : la bulle immobiliĂšre des annĂ©es 1920 en Floride Ă©clate, avant le krach de 1929 et la grande dĂ©pression.

Dans les années 1930, Matlock ouvre une exposition au "Miami Beach Library and Art Center" : A Pictorial History of the Development of Miami Beach.

Cependant la vie conjugale de Matlock connaĂźt des hauts et des bas : il divorce en 1920, se remarie en 1924, a un fils, divorce Ă  nouveau en 1937. Il contracte une maladie cardiaque. Alors qu’il a amĂ©nagĂ© un petit studio-appartement et s’est attelĂ© Ă  la tĂąche de rĂ©pertorier son fonds, Matlack meurt, le , sans avoir terminĂ© le classement de son Ɠuvre. Il est ensuite oubliĂ©[3].

Bibliographie

  • An Inventory of the Claude C. Matlack Photographs. Historical Museum of Southern Florida. Miami, Florida. http://www.hmsf.org/rc/guides/1952-001.htm Accessed June 7, 2007.
  • History of Kentucky, the Blue Grass State, Volume III. Chicago, Ill.: The S.J. Clarke Publishing Company, 1928, p. 862-866.
  • Reno, Doris. "Historic Photographs Shown at Miami Beach." The Miami Herald, Date unavailable.
  • Thomas, Samuel W. Dawn Comes to the Mountains. Louisville, Ky.: George Rogers Clark Press, 1981.
  • Thomas, Samuel W. "The Oneida Albums: Photography, Oral Tradition, and the Appalachian Experience." The Register of the Kentucky Historical Society, 80, no. 4 (Autumn, 1982): 432-443.

Sources

Notes et références

  1. digital.library.louisville.edu
  2. (en) Patsy West, The Enduring Seminoles : From Alligator Wrestling to Ecotourism, Gainesville, University Press of Florida, Winner of the Florida Historical Society's Harry T. & Harriette V. Moore Award, coll. « The Florida history and culture series », , 150 p. (ISBN 0-8130-1633-9 et 9780813016337, lire en ligne), p. 74, 82, 127
    « Miami's top three photographers—Claude C. Matlack, Gleason Waite Romer, and Frank A. Robinson—were on hand to document the ceremony. »
  3. destin assez semblable en somme à celui d'un autre témoin des Roaring Twenties : Francis Scott Fitzgerald
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.