Pour les articles homonymes, voir cimetière de La Madeleine.
Le cimetière de la Madeleine est un ancien cimetière parisien situé dans l'actuel 8e arrondissement de Paris.
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Sommaire
Historique
Ce cimetière avait, à l'origine, son entrée dans la rue de la Ville-l'Évêque, et dépendait de l'ancienne église de la Madeleine.
Vers la fin du XVe siècle, Charles VIII fit construire, sur l'emplacement d'un oratoire que le temps avait détruit en partie, une chapelle destinée à la confrérie de la Madeleine. Cette chapelle devint église paroissiale en 1639, et fut reconstruite vingt ans après par les soins de Anne-Marie-Louise d'Orléans, et de Nicolas Sévin, coadjuteur de Sarlat, qui en posèrent la première pierre le . Dans les lettres patentes du Roi, à la date du , nous lisons ce qui suit :
- « Louis, à nos amez et féaux conseillers, les gens tenant notre Cour de Parlement et Chambres de nos Comptes à Paris, salut; La protection singulière que nous avons toujours accordée aux établissements destinés pour le culte de la religion et l'utilité de nos sujets, nous a fait prendre en considération les très-humbles remontrances qui nous ont été faites par notre cher et bien aimé le sieur Cathlin, curé de la paroisse de la Madeleine de la Ville-l'Évêque, de notre bonne Ville de Paris sur la nécessité de faire reconstruire une nouvelle église, pour la dite paroisse qui est une des plus considérables de cette ville, soit par le nombre, soit par la qualité de ses habitants, celle actuellement existante, et qui n'a pas plus d'étendue qu'une simple chapelle, étant beaucoup trop petite, eu égard au nombre des paroissiens. à ces causes, voulons et nous plaît : »
- « Article 1er : que tous les ouvrages nécessaires pour la construction d'une nouvelle église paroissiale de la Madeleine de la Ville-l'Évêque, d'un presbytère, place et rues adjacentes, soient fait dans le lieu désigné par nos lettres patentes du . Signé Louis. »
On sait que les travaux de la nouvelle église furent arrêtés pendant la Révolution française. Le Premier Empire voulut faire ensuite de la Madeleine le Temple de la Gloire.
Quant à l'ancienne église, elle fut supprimée. Devenue propriété nationale, on la vendit le 4 pluviôse an V (). Le cimetière qui touchait à l'édifice religieux et dont l'entrée se trouvait dans la rue de la Ville-l'Évêque, à l'angle de la deuxième partie de la rue de la Madeleine, avait été conservé dans le but de l'affecter spécialement à l'inhumation des condamnés exécutés sur la place de la Révolution.
La commune de Paris avait promulgué déjà cet arrêté :
- « Séance du . Le Procureur de la Commune entendu, le Conseil général arrête que la guillotine restera dressée sur la place de la Révolution, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné, à l'exception néanmoins du coutelas que l'exécuteur des hautes oeuvres sera autorisé d'enlever après chaque exécution[1]. »
Mais le couteau de la guillotine fauchait tant de têtes, que le pavé de la rue de la Ville-l'Évêque était constamment rougi de sang. D'ailleurs, ce charnier se trouvait aussi dans le voisinage trop immédiat de la place de la Révolution. Cette double circonstance, mentionnée dans un rapport du commissaire de police de la section du Mont-Blanc, motiva la suppression de l'ancien cimetière de la Madeleine. Sa fermeture n'eut pas lieu pour cause d'encombrement, attendu qu'on s'empressait, dès qu'une tranchée était remplie de cadavres, de les couvrir d'une couche de chaux vive, mais bien pour les raisons indiquées plus haut, et consignées dans le procès-verbal du magistrat qui termine en ces termes son rapport : « D'ailleurs le cimetière de la Madeleine est le sujet des diatribes des aristocrates et des contrerévolutionnaires »[2].
Le cimetière de la Madeleine a donc servi pendant la Révolution française de lieu d'inhumation des personnes guillotinées place de la Révolution, dont Louis XVI et son épouse Marie-Antoinette, avant que leurs dépouilles ne fussent emmenées à la basilique de Saint-Denis lors de la Restauration. Olivier Desclozeaux, avocat royaliste, permit de retrouver les corps.
Louis XVIII pour perpétuer le souvenir de l'exécution de son frère, y fit construire une chapelle expiatoire en 1826, chapelle aujourd'hui incluse dans le square Louis-XVI qui occupe l'espace de l'ancien cimetière.
Avec les cimetières de Picpus, des Errancis et Sainte-Marguerite il était un des quatre cimetières du Paris de la Révolution à avoir reçu des corps suppliciés par la guillotine.
Liste de personnalités inhumées
Cette liste inclut notamment[3],[4]:
- 133 morts pendant les festivités du mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette le 30 mai 1770[5],[6].
- Louis XVI († ). Ses restes sont transportés du cimetière de la Madeleine à la basilique Saint-Denis le [7].
- Marie-Antoinette (16 octobre 1793). Ses restes sont transportés à la basilique Saint-Denis le 21 janvier 1815.
- Charlotte Corday (18 juillet 1793).
- Les vingt-deux Girondins tous guillotinés le 10 Brumaire an II:
- Charles-Louis Antiboul
- Jacques Boilleau
- Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède
- Jacques-Pierre Brissot
- Jean-Louis Carra
- Gaspard-Séverin Duchastel
- Jean-François Ducos
- Charles Éléonor Dufriche-Valazé
- Jean Duprat
- Claude Fauchet
- Jean-François Martin Gardien
- Armand Gensonné
- Jacques Lacaze
- Marc David Lasource
- Claude Romain Lauze de Perret
- Pierre Lehardy
- Benoît Lesterpt-Beauvais
- Jacques Pierre Agricol Mainvielle
- Charles-Alexis Brûlart, marquis de Sillery
- Pierre-Victurnien Vergniaud
- Louis-François-Sébastien Viger
- Madame Roland (8 novembre 1793).
- La comtesse Madame du Barry (favorite de Louis XV) (8 décembre 1793).
- Olympe de Gouges (3 novembre 1793).
- Les gardes suisses tombés au palais des Tuileries le 10 août 1792.
- Clément Charles François de L'Averdy (24 novembre 1793), marquis de Gambais. Il fut magistrat, homme politique français, conseiller au Parlement de Paris et contrôleur général des finances de Louis XV.
- Antoine Charles Augustin d'Allonville tué au palais des Tuileries le 10 août 1792.
- Antoine-Nicolas Collier, général Comte de la Marlière, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 26 novembre 1793 (6 Frimaire an II).
- Charles Henri d'Estaing, amiral de France, condamné par le tribunal révolutionnaire et guillotiné 28 avril 1794 (9 Floréal an III)
Le cimetière après 1793
Pierre-Louis-Olivier Descloseaux, un riverain du cimetière de la Madeleine, acheta le lopin de terre. Ayant été témoin des inhumations qui y furent faites, et ayant dressé la liste des 1343 personnes guillotinées de 1792 à 1794[8], il avait circonscrit l'endroit exact où reposaient les corps et entouré le carré d'une charmille avec des saules pleureurs et des cyprès, dans le souci de sauvegarder les dépouilles du couple royal et des autres victimes qui y étaient inhumées.
Ce cimetière est désaffecté en mars 1794. Sous la Restauration, Louis XVIII fait ériger à cet emplacement la chapelle expiatoire, réalisée par Pierre Fontaine.
Sources
- Monuments Nationaux, « chapelle expiatoire Louis XVI » (consulté le )
- ViaMichelin, « chapelle expiatoire Louis XVI » (consulté le )
Notes et références
- Registre de la Commune, tome 9, page 350
- Louis Lazare : Publications administratives Tome 4, page 139
- « LES CIMETIÈRES DE LA MADELEINE (Paris) dont le révolutionnaire - Tombes sépultures dans les cimetières et autres lieux », sur www.tombes-sepultures.com (consulté le )
- « cimetière de LA MADELEINE (disparu) - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
- Joseph Fr Michaud et Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes: ouvrage entièrement neuf, Michaud frères, (lire en ligne), p. 589
- Jean Baptiste H. R. Capefigue, Louis xv. et la société du xviiie siècle, (lire en ligne), p. 123
- Félix Faure, /books?id=HYCyL92tBHwC&pg=PA265&dq=Louis-XVI+cimet%C3%A8re+Madeleine+saint-denis+21-janvier Dictionnaire historique des rues et monuments de Paris, 2003, p. 265
- Liste Des Personnes Qui ont péri par jugement du Tribunal Révolutionnaire, depuis le 26 août 1792, jusqu'au 13 juin 1794 (25 prairial an 2) Et dont les corps ont été inhumés dans le terrain de l'ancien cimetière de la Madelaine, ..., Lottin, (lire en ligne)