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Ciblage

Le ciblage (en marketing) est une politique consistant Ă  choisir des populations et produits sur lesquels concentrer l'effort de l'entreprise.

Le processus de choix et d'action

Dans la pratique, le ciblage est un processus comportant plusieurs Ă©tapes :

  • Ă©valuer l'attrait relatif de :
    • chaque segment de population oĂą existe une demande potentielle,
    • chaque type de produits et services pouvant ĂŞtre offerts Ă  ces segments
    • chaque canal et support de distribution de produits et services pouvant ĂŞtre offerts Ă  ces segments
  • choisir ceux sur lesquels l'entreprise concentrera ses efforts (cible), en cohĂ©rence avec ses objectifs, ses compĂ©tences et ses ressources.
  • monter les opĂ©rations nĂ©cessaires pour atteindre, conquĂ©rir ou fidĂ©liser chaque cible, et au total en tirer le meilleur parti au niveau des volumes d'affaires, de la part de marchĂ©, et de la rentabilitĂ©, dans le plan marketing

Le ciblage, en protection sociale, est un mécanisme consistant à identifier des ménages pour la mise en œuvre des programmes de protection sociale.

Types de ciblages

Les types de ciblages les plus utilisés, légaux ou profitant de vides juridiques sont :

  • Le ciblage sociodĂ©mographique (selon âge, sexe, gĂ©olocalisation par l'adresse IP (par exemple, selon Eric Aderdor, directeur gĂ©nĂ©ral de la rĂ©gie Horyzon Media, « des logos reprĂ©sentant l'emplacement des concessionnaires Nissan ont ainsi Ă©tĂ© ajoutĂ©s sur les cartes proposĂ©es par Mappy »[1])
  • Le ciblage comportemental : technique adaptĂ©e Ă  la promotion des offres publicitaires en ligne
  • Le ciblage uplift qui permet d'identifier les populations les plus sensibles Ă  un message et canal publicitaire

Les types de ciblage de protection sociale sont :

  • Le ciblage gĂ©ographique : on dĂ©finit des zones d'intervention selon des cartes de pauvretĂ©, de malnutrition ;
  • Le ciblage communautaire : c'est la communautĂ© qui identifie les mĂ©nages dit "vulnĂ©rables" ;
  • Le ciblage catĂ©gorique : les mĂ©nages doivent satisfaire des caractĂ©ristiques prĂ©dĂ©finies ;
  • L'auto-ciblage : les mĂ©nages s'auto-identifient comme possibles bĂ©nĂ©ficiaires ;
  • Le ciblage par estimation des ressources des mĂ©nages : cette mĂ©thode cherche Ă  faire une estimation des revenus des mĂ©nages et n'inclut que ceux qui ont un revenu estimĂ© au-dessous d'un seuil prĂ©dĂ©terminĂ© ;
  • Le ciblage par estimation du bien-ĂŞtre des mĂ©nages:un score est attribuĂ© Ă  chaque mĂ©nage Ă  partir des estimations du niveau de consommation du mĂ©nages, Ă  partir de ses caractĂ©ristiques sociodĂ©mographiques et de biens matĂ©riels ;
  • Le ciblage menĂ© par des travailleurs sociaux : des travailleurs sociaux vont Ă©valuer le niveau de besoin de chaque mĂ©nage.

« Qualités » d'un segment ciblé

L'attrait d'un segment dépend de sa taille, de son taux de croissance, de sa rentabilité, des économies d'échelles, des synergies réalisables et du niveau des risques encourus.

Évaluation de l’attrait relatif de chaque segment

Pour estimer la valeur d’exploitation de chacun des segments, l’entreprise devra prendre en considération :

  • la taille et la croissance du segment : la taille adĂ©quate dĂ©pend de celle de l’entreprise. La croissance attendue du segment est une caractĂ©ristique dĂ©sirable.
  • Les objectifs et les ressources de l’entreprise : certains segments doivent ĂŞtre abandonnĂ©s non parce qu’ils sont intrinsèquement mauvais mais parce qu’ils ne correspondent pas aux objectifs Ă  long terme de l’entreprise.

Publicité politique ciblée ou micro-ciblage

Les hommes et les femmes politiques utilisent de plus en plus le micro-ciblage afin de solliciter le vote d’électeurs ou leur soutien financier . Le micro-ciblage a toujours existé mais il a pris une tout autre dimension grâce aux Big Data. La société de traitement de données The Groundwork semble avoir ouvert le bal avec une version plus industrielle pour la campagne présidentielle d'Hillary Clinton en 2016. Le discours politique est adapté et ajusté en fonction des attentes ou des peurs de chacun, tout en mesurant comment chacun y réagit afin d'améliorer le discours. Il existe ainsi et discrètement plusieurs versions de discours pour le même candidat. Personne ne connaît le discours utilisé pour son voisin par la personnalité politique, de sorte qu'il n'y a maintenant plus de débat possible entre les électeurs[2].

Depuis le scandale Cambridge Analytica, les publicités politiques ciblées sont une préoccupation pour les acteurs du numérique et les pouvoirs publics. Fin 2016, ces publicités ont été utilisées comme vecteur de désinformation pendant la campagne du Brexit et l'élection présidentielle américaine[3]. Depuis, Google, Facebook et Twitter ont pris des mesures pour rendre plus transparentes ces campagnes publicitaires ciblées. Mais à l'approche des élections européennes de 2019, la Commission européenne demande aux géants du numérique d'accélérer ces programmes de lutte contre la désinformation[4].

Problèmes éthiques et moraux

Le ciblage peut permettre selon les entreprises qui le pratiquent ou le promeuvent de ne pas noyer l'Internaute sous des publicités qui ne l'intéresseraient pas. Mais d'un autre point de vue, il fait aussi partie des nouveaux outils d'influence économique visant l'orientation des choix individuels (et collectifs via les groupes d'individus) par le marketing comportemental, il pose en particulier des problèmes émergents tels que :

  • le risque accru de manipulation de groupes et de personnes vulnĂ©rables (dont les enfants, personnes âgĂ©es, handicapĂ©s mentaux, personnes endettĂ©es ou en dĂ©tresse psychologique).
  • le risque accru et croissant d'intrusion dans la vie privĂ©e
  • le risque de dĂ©tournement de donnĂ©es concernant la vie privĂ©e des individus, ou concernant les centres d'intĂ©rĂŞt, achats, etc. d'associations ou groupements pouvant Ă©ventuellement ĂŞtre ainsi surveillĂ©s ou orientĂ©s par des Ă©tats totalitaires, mafias, sectes, concurrents inamicaux, etc.
  • absences d'outils internationaux concrets et gratuits ou transparents de protection de la vie privĂ©e, malgrĂ© le projet de « norme commune internationale de protection des donnĂ©es, notamment sur Internet » soutenu par la « rĂ©solution de Madrid »[5].

Dans un cyberespace relativement virtuel et sans frontières, l'Éthique des affaires et (en France) des outils tels que la CNIL ou des groupes tels que l'Alliance européenne pour l'éthique en publicité (AEEP) rassemblent des organismes d'autodiscipline publicitaire, comme le BVP en France, ne semblent pas en mesure de garantir l'intégrité morale de tous les acteurs ni l'usage éclairé des cookies et autres mouchards qui, discrètement, suivent, mémorisent et analysent le comportement quotidien des internautes et de communautés d'internautes.

Faute d'information éclairée et de droit d'opposition, les groupes d'internautes sont inquiets des risques posés par le ciblage, malgré quelques chartes déontologiques ou éléments de codes[6] ou guides de bonnes pratiques annoncés par certains annonceurs, mais non opposables et peu vérifiables à ce jour.

Conscient de ce problème qui risque de dégrader l'image de la publicité sur Internet, un groupement d'entreprises du marketing et de la communication, le Syndicat National de la Communication Directe, a publié "L'avis du SNCD ; Ciblage on line et respect de la vie privée" (Marketing Direct No 130 2009/06/01) en 2008[7]. Ce résultat du travail d'une dizaine de représentants de sociétés impliquées admet que :

  • Il faut informer les internautes sans Ă©quivoque avec une information lisible et très accessible « en sĂ©parant bien la politique de protection des donnĂ©es et les mentions lĂ©gales classiques ». Les possibilitĂ©s et mĂ©thodes de suppression des cookies ou d'opposition aux cookies devraient ĂŞtre « plus explicites » et simples, et « l'ergonomie des espaces d'information dĂ©diĂ©s » devrait ĂŞtre amĂ©liorĂ©e. Un « opt out par univers » ou une option de « navigation privĂ©e » devrait ĂŞtre possible (certains navigateurs en proposent, mais souvent en enlevant simplement les cookies de l'ordinateur, sans empĂŞcher qu'un tiers extĂ©rieur ait dĂ©jĂ  pu collecter de l'information sur le comportement de l'internaute lors de sa consultation).
  • le rapprochement d'informations de navigation (anonymes) avec des donnĂ©es personnelles devrait ĂŞtre « encadrĂ© », visibles et expliquĂ© Ă  l'internaute, lequel « doit aussi pouvoir s'y opposer Ă  tout moment et simplement ».
  • En France, ces opĂ©rations devraient « ĂŞtre prĂ©vues dans le cadre des « traitements ultĂ©rieurs » dĂ©clarĂ©s Ă  la CNIL. Enfin, pour le SNCD, la plus grande prĂ©caution s'impose lorsque les informations rapprochĂ©es Ă©manent d'un tiers. En effet, il ne semble pas souhaitable que les informations de navigation d'un tiers collecteur, autrement nommĂ© third party cookies, puissent ĂŞtre rapprochĂ©es des donnĂ©es personnelles d'un internaute sans son consentement prĂ©alable ».

La FEDMA a également créé un groupe de travail sur la collecte des données, le ciblage et le profilage[8].

En décembre 2018, Gillian Brockell, journaliste au Washington Post dénonce la publicité ciblée qu'elle reçoit sur les réseaux sociaux ou sur le web depuis qu'elle a accouché d'un enfant mort-né[9]. Sa lettre ouverte aux entreprises du numérique met en avant le manque de respect et les problèmes éthiques du ciblage publicitaire intrusif[10].

À la suite du mouvement Black Lives Matter, diverses organisations non gouvernementales pressent en juin 2020 de nombreuses grandes entreprises américaines : celles-ci sont nombreuses à annoncer cesser leurs dépenses publicitaires avec Facebook, suspecté dans la qualité de son ciblage de laisser la part trop belle aux discours polarisants en particulier ceux incitant à la haine[11].

Notes et références

  1. Gaëlle Renouvel, « L'e-pub à l'ère de l'ultra-ciblage », sur https://www.ecommercemag.fr/, (consulté le )
  2. Cathy O'Neil, Algorithmes, la Bombe à Retardement., Paris, Les Arènes., , 346 p. (ISBN 978-2-352-04980-7), p. 281, 287, 288, 292 et 293.
  3. « Désinformation : la Commission européenne demande « plus d’efforts » aux réseaux sociaux avant les élections européennes », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Elections européennes : le grand casse-tête des publicités politiques ciblées », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Vers une norme internationale de protection de la vie privée », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  6. Fédération des Entreprises de Vente à Distance, « Code de déontologie des professionnels du marketing direct vis-à-vis de la protection des données à caractère personnel », sur https://www.cnil.fr,
  7. « Ciblage on line et respect de la vie privée », sur https://www.ecommercemag.fr/, (consulté le )
  8. « La Fedma a pris un nouveau départ », sur https://www.e-marketing.fr/, (consulté le )
  9. « La lettre poignante de la mère d'un enfant mort-né sur la violence de la publicité ciblée », sur Le Huffington Post, (consulté le )
  10. (en) « Dear tech companies, I don’t want to see pregnancy ads after my child was stillborn », sur washingtonpost.com,
  11. Aurelia End, Laurent Barthélémy et Julie Jammot, « Boycottage des grandes marques: Facebook frappé au cœur de son modèle économique », sur La Presse, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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