Cheval tueur
Un cheval tueur est un cheval connu pour avoir tué un être humain ou plusieurs. De telles mentions, bien que rares, sont constantes dans l'Histoire, et étendues à toutes les régions du monde dans lesquelles des chevaux sont présents, depuis l'Antiquité. Si l'un des chevaux tueurs les plus connus dans la culture occidentale est le légendaire Bucéphale, monture d'Alexandre le Grand, des témoignages plus récents concernent des chevaux de sport et de loisir détenus par des particuliers. Cela tend à montrer que ces récits constituent davantage qu'un mythe ou une légende brodée autour du caractère combatif recherché chez un cheval de guerre.
Le cheval est, statistiquement, l'animal le plus meurtrier d'Australie entre 2000 et 2013.
Mythologie
Les plus anciennes attestations de chevaux tueurs relèvent de récits mythologiques[1]. Les juments de Diomède sont connues pour avoir tué et dévoré Abdère, écuyer et compagnon d'Hercule, qui avait été chargé de les garder[2]. En représailles, Hercule leur livre leur maître moribond, puis elles en dévorent la carcasse[3].
Bucéphale, la monture d'Alexandre le Grand, est réputé descendre d'une des juments de Diomède : d'après Plutarque, il était anthropophage, tuant et dévorant les ennemis de son maître en bataille[4]. Au Japon, la légende du samouraï errant Ogurihangan (1398-1464) relate sa rencontre avec un cheval tueur, Onikage, décrit comme un démon pommelé, qu'il parvient finalement à dompter et à chevaucher[5].
Attestations historiques
En 1389, des annales juridiques françaises rapportent qu'un cheval fut condamné à mort à Dijon, pour avoir tué l'homme qui était son maître[6] - [7].
Selon deux auteurs du XIXe siècle, le roi d'Angleterre George IV a présenté un Pur-sang bai tueur d'hommes au Maharajah de Oude, qui a tué nombre de femmes et d'enfants en combat singulier dans une arène[8].
Durant les guerres napoléoniennes, le général Marbot raconte avoir monté une jument tueuse[9]. Cette jument, nommée Lisette, avait acquis une sinistre réputation après avoir éventré son palefrenier, et était réputée « mordre comme un Bouledogue et se jeter avec furie sur les personnes qui lui déplaisent »[10] - [9]. Lisette était dangereuse au montoir, nécessitant d'après Marbot l'intervention de cinq hommes pour la seller et la brider en lui recouvrant les yeux[11]. Cependant, elle se montrait docile une fois le cavalier en place sur son dos[11]. Durant la Bataille d'Eylau, et toujours selon le récit qu'en fait Marbot, Lisette est blessée par un coup de baïonnette[12]. Lorsque l'officier russe responsable tente de la saisir par la bride, elle l'écrase sous son ventre et ses sabots, en le piétinant à mort, sauvant ainsi la vie de son cavalier[12].
Perception
Dans la culture populaire, notamment les romans et les films d'enfance et de jeunesse, le cheval est présenté comme un animal-proie peureux et fuyard, entièrement herbivore, ce qui tend à diminuer la perception du danger qu'il peut représenter[13]. Il est globalement considéré comme impossible qu'un cheval puisse agresser un être humain volontairement et sans raison apparente, et non uniquement en réaction à une douleur ou à une agression d'origine humaine[14].
Causes
Une maltraitance ancienne d'origine humaine pourrait être une cause fréquente du comportement des chevaux tueurs. Une étude de neurofeedback sur des animaux, publiée fin 2006, a proposé de tester avec des animaux les méthodes couramment appliquée pour le traitement de l'agressivité chez l'être humain, avec un succès partiel[15]. Le cheval tueur testé, Dutch, avait été gravement maltraité durant son jeune âge, et était connu pour écraser les gens contre des murs ou les attaquer avec ses sabots[15].
Statistiques
En Australie, le cheval est l'espèce animale statistiquement responsable du plus grand nombre de décès, avec 74 morts directement imputables à des chevaux entre 2000 et 2013[16]. Cette information vient contrebalancer la croyance commune selon laquelle les animaux venimeux (serpents, araignées...) seraient les plus dangereux de ce pays[16]. Des cas de chevaux tueurs sont répertoriés sur tous les continents, avec un plus grand nombre de cas connus en Europe[17].
Notes et références
- O'Reilly 2011, p. 23.
- (en) Mike Dixon-Kennedy, Encyclopedia of Greco-Roman Mythology, ABC-CLIO, coll. « World Mythology », , 370 p. (ISBN 1-57607-094-8 et 9781576070949, lire en ligne).
- O'Reilly 2011, p. 13-14.
- O'Reilly 2011, p. 17.
- O'Reilly 2011, p. 17-21.
- O'Reilly 2011, p. 24.
- Louis de Gouvenain, Le théâtre à Dijon, 1422-1790, E. Jobard, (lire en ligne), p. 169.
- O'Reilly 2011, p. 35-40.
- O'Reilly 2011, p. 28.
- Jean-Baptiste Antoine Marcelin Marbot, Mémoires du Général Baron de Marbot, Library of Alexandria, (ISBN 1-4655-3949-2 et 9781465539496).
- O'Reilly 2011, p. 29.
- O'Reilly 2011, p. 30-31.
- O'Reilly 2011, p. 5-7.
- O'Reilly 2011, p. 12.
- (en) Stephen Larsen, Robin Larsen, Corydon Hammond, Stephen Sheppard, Len Ochs et Sloan Johnson, Lens : The Low Energy Neurofeedback System, New York, Routledge, , « The LENS Neurofeedback with Animals ».
- « Les chevaux, pires animaux tueurs de l’Australie », sur TVA Nouvelles (consulté le )
- O'Reilly 2011, p. 11.
Annexes
Bibliographie
- [O'Reilly 2011] (en) CuChullaine O'Reilly, Deadly equines : The Shocking True Story of Meat-Eating & Murderous Horses, Long Riders' Guild Press, , 128 p. (ISBN 978-1-59048-003-8 et 1-59048-003-1)