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Cheval de Nangchen

Le cheval de Nangchen est un type de cheval tibétain, découvert puis décrit en 1993 et 1994 par l'ethnologue et explorateur français Michel Peissel. Ni les autorités chinoises, ni l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ne reconnaissent l'existence de ce cheval en tant que race tibétaine séparée, le considérant comme inclus parmi la race du Yushu.

Cheval de Nangchen
RĂ©gion d’origine
RĂ©gion Drapeau du Tibet Tibet
Caractéristiques
Morphologie Cheval de course
Taille Environ 1,33 m
Robe Gris, alezan, noir, bai, gĂšne dun
TĂȘte Petite
Pieds Petits
CaractĂšre Endurant et docile
Autre
Utilisation Équitation de travail et courses

Contrairement au poney tibĂ©tain classique, le cheval de Nangchen est un petit animal dotĂ© d'une morphologie fine, adaptĂ©e Ă  la course, avec une petite tĂȘte, des oreilles courtes et des membres fins. Les nomades tibĂ©tains emploient ces chevaux adaptĂ©s Ă  l'altitude pour le gardiennage du bĂ©tail, et des courses traditionnelles locales.

Statut officiel

La plupart des sources d'autoritĂ©s en zootechnie ne reconnaissent pas l'existence d'une race de chevaux tibĂ©tains spĂ©cifique sous le nom de « cheval de Nangchen Â». Celui-ci ne figure ni dans l'Ă©tude menĂ©e par l'universitĂ© d'Uppsala, publiĂ©e en aoĂ»t 2010 pour la FAO[1], ni dans la base de donnĂ©es DAD-IS gĂ©rĂ©e par la FAO[2], ni dans la seconde Ă©dition de l'ouvrage de l'universitĂ© d'Oklahoma recensant les races de chevaux (2007)[3], ni dans l'Ă©dition de 2016 de l'encyclopĂ©die de CAB International[4]. Le cheval de Nangchen n'est pas non plus reconnu comme race sĂ©parĂ©e par les autoritĂ©s chinoises, qui l'incluent Ă  la race dite « Yushu Â», et n'opĂšrent aucune distinction au sein de celle-ci[5] - [6].

Il est mentionnĂ© dans l'encyclopĂ©die de Delachaux et NiestlĂ© (2014), Tous les chevaux du monde, comme un type possible chez la race Yushu[5]. Il est citĂ© sous le nom de « cheval de Nangchen Â» dans quelques ouvrages de vulgarisation en anglais[7] et de cryptozoologie[8]. Aussi, son statut de race chevaline sĂ©parĂ©e reste purement spĂ©culatif[9].

Histoire

Entre 1992 et 1994, Michel Peissel, un ethnologue et explorateur français, dirige plusieurs expĂ©ditions visant Ă  Ă©tudier les chevaux du Tibet, et les soins qui leur sont prodiguĂ©s[10]. En 1993, son expĂ©dition Ă©tudie une race de chevaux Ă©tablie Ă  plus de 4 000 m d'altitude, vers le sud du Qinghai, dans le xian de NangqĂȘn, traditionnellement nommĂ© Kham par les TibĂ©tains, situĂ© au nord du Tibet[5] - [7] - [9] - [11] - [12] - [13]. La situation lui laisse supposer que ce cheval est Ă©levĂ© depuis au moins le IXe siĂšcle par des nomades tibĂ©tains, sans influence venant de l’extĂ©rieur[14] - [15] - [16]. Ces animaux n’auraient, d'aprĂšs lui, pas d'ascendance provenant des sources communes Ă  la plupart des autres races de poneys tibĂ©tains, ni le cheval mongol, ni l'Arabe, ni le Turkoman[15].

Peissel dĂ©crit cette race de chevaux « inconnue du monde occidental » dans la presse Ă©crite amĂ©ricaine, notamment dans The New York Times du [15] et dans le Time Magazine l'annĂ©e suivante[11]. En 1995, Peissel retourne au Tibet dans l’espoir d'acheter quelques-uns de ces animaux pour les Ă©tudier plus en dĂ©tail, mais ne peut le faire en raison du prix Ă©levĂ© demandĂ© par les habitants autochtones[17]. Au retour, son expĂ©dition prend une route alternative par un secteur Ă©loignĂ©, et dĂ©couvre le cheval de RiwochĂ©[17].

Sur la base de la dĂ©couverte de Peissel, Harry Cannell postule que les troupes de l'empereur Qin Shi Huang auraient connu le cheval de Nangchen, et que celui-ci en a fait le commerce contre de l'or et des objets prĂ©cieux, en grand nombre, si bien que la race aurait pris Ă  cette Ă©poque le nom de « cheval de Qin Â»[18].

Description

Il mesure en moyenne 1,33 m[5]. Le modĂšle est fin, la tĂȘte assez petite et de profil rectiligne ou subconcave, avec de grands yeux bien saillants et de petites oreilles[5]. L'encolure est fine et longue[5]. Le dos est droit[6], la croupe arrondie[5]. Les membres sont fins[6], terminĂ©s par de petits sabots[5] de forme ovale[6]. CriniĂšre et queue sont fournies[5].

Michel Peissel dĂ©crit le cheval de Nangchen comme puissant et rapide, ayant de nombreuses caractĂ©ristiques d’une race de chevaux de course moderne[15] - [17]. Il prĂ©sente des caractĂ©ristiques raffinĂ©es, et est agile[19]. Ces caractĂ©ristiques incluent des adaptations Ă  la trĂšs haute altitude de la rĂ©gion[6] - [14], dont des poumons Ă©largis[17] - [19]. Dans le district de Ghegi, Pleissel dĂ©crit des chevaux plus grands et robustes, surnommĂ©s do-ta, soit « chevaux de pierre Â»[20].

La robe est grise, alezane, noire ou baie sous toutes les nuances, et peut exprimer le gĂšne Dun[5].

Les chevaux de Nangchen sont rĂ©putĂ©s endurants et dociles, et vont l'amble[5]. Ils sont capables de survivre jusqu'Ă  des altitudes de 5 400 mĂštres, mais dĂ©pendent des soins prodiguĂ©s par leurs Ă©leveurs, incluant des couvertures en feutre, des apports de fourrage ou d'autres nourritures, dont du fromage[5] - [21]. D'aprĂšs Peissel, les nomades tibĂ©tains pratiquent un Ă©levage sĂ©lectif, choisissant les chevaux Ă  apparier pour la reproduction[21].

Utilisations

Festival monastique de Dompa Gompa, en 2005, dans le Nangchen : des chevaux sont discernables Ă  l'arriĂšre-plan.

D'aprÚs Peissel, ces chevaux sont employés par les nomades tibétains pour le gardiennage du bétail, et pour des courses de chevaux localement trÚs populaires[15].

Diffusion

Propre à la région de Nangchen, cette race compterait ses meilleurs éléments dans le district de Ghegi, toujours d'aprÚs Peissel[6].

Références

  1. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, .
  2. (en) « Browse by species and country », DAD-IS (consulté en ).
  3. (en) Bonnie Lou Hendricks, International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 2e Ă©d., 486 p. (ISBN 0-8061-3884-X, OCLC 154690199).
  4. (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e Ă©d., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453).
  5. Rousseau 2014, p. 359.
  6. Peissel 2015, p. 82.
  7. Andrea Fitzpatrick et Andrea Fitzpatrick, The Ultimate Guide to Horse Breeds, , 448 p. (ISBN 0-7858-3467-2).
  8. (en) George M. Eberhart, Mysterious Creatures: N-Z, vol. 2 de Mysterious Creatures: A Guide to Cryptozoology, ABC-CLIO, , 722 p. (ISBN 1576072835 et 9781576072837), p. 633.
  9. (en) Matthew A. Bille, Shadows of existence: discoveries and speculations in zoology, Hancock House, , 317 p. (ISBN 0888396120 et 9780888396129), p. 58-59.
  10. (en) Roger Croston, « Michel Georges Francois Peissel (1937-2011) », European Bulletin of Himalayan Research,‎ , p. 171 (lire en ligne).
  11. Dam, Crumley et Gibson 1995.
  12. (en-US) Dana Thomas, « Pack animal ot tibetan valley may be horse of a different era », The Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. (en) Michel Peissel, Tibetan Pilgrimage: Architecture of the Sacred Land, Harry N. Abrams, , 136 p. (ISBN 0810959445 et 9780810959446).
  14. Peissel 1999.
  15. Hilchey 1994, p. 4.
  16. Peissel 2015, p. 128-129.
  17. Lowry 1995.
  18. Cannell 2009.
  19. Peissel 2002, p. 36.
  20. Peissel 2015, p. 83.
  21. Peissel 2015, p. 127.

Annexes

Bibliographie

  • [Peissel 2002] (en) Michel Peissel, Tibet: the secret continent, New York, Macmillan, (ISBN 978-0-312-30953-4 et 0312309538, lire en ligne), p. 36
  • [Peissel 2015] (en) Michel Peissel, The Last Barbarians: The Discovery Of The Source Of The Mekong In Tibet, Henry Holt and Company, , 252 p. (ISBN 1627795685 et 9781627795685)
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et NiestlĂ©, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Le Nangchen, un type de Yushu », p. 359

Articles de presse

  • [Cannell 2009] (en) Harry Cannell, « ChĂĄmă GĆ­daĂČ â€“Tibet and the Tea-Horse Road », Aurlaea,‎ (lire en ligne)
  • [Dam, Crumley et Gibson 1995] (en) Julie K.L. Dam, Bruce Crumley et Helen Gibson, « Ancient Hoofbeats: In Tibet, A Missing Link in Equine Evolution? », Time, vol. 146, no 22,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • [Hilchey 1994] (en) Tim Hilchey, « Purebred Horse Unknown to West Is Reported in Highlands of Tibet », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  • [Lowry 1995] Susan Lowry, « Explorer backs Tibetan dark horse in the history stakes », Fortean Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • [Peissel 1999] (en) Michel Peissel, « Reserve on the roof of the world », Geographical,‎ (lire en ligne)
  • [Simons 1995] (en) Marlise Simons, « A Stone-Age Horse Still Roams a Tibetan Plateau », The New York Times,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

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