Chat forestier en Corse
Le chat forestier en Corse fait notamment référence au chat-renard (en corse : ghjattuvolpe) bien que ce dernier se rapproche davantage de la sous-espèce Felis silvestris lybica. La présence du chat-renard en Corse est connue de longue date (arrivée au Néolithique), confirmée en 1988[1], et actuellement menacée.
Du mythe à la réalité
Le ghjattuvolpe est un animal plus ou moins mythique en Corse, évoqué dans les récits des habitants.
Cette population de chats sauvages était traditionnellement reconnue comme distincte des chats ensauvagés[2] - [3], mais pas recensée officiellement, car très discrète et de mœurs nocturnes[4]. Si sa présence historique était attestée, sa survie sur l'île était contestée jusqu'aux années 1980, malgré les données historiques et les témoignages de chasseurs ou de bergers[5]. « Ils racontaient que ces chats forestiers s’attaquaient aux mamelles de leurs brebis et chèvres. C’est à partir de ces récits, transmis de génération en génération, qu’on a commencé nos recherches », expliquait en 2019 à l’AFP Carlu-Antone Cecchini, chargé de mission chat forestier à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), désormais intégré à l’Office français de la biodiversité (OFB).
La population du chat-renard est actuellement menacée[6].
Cependant, à partir de 2008, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) étudie l'animal à la suite de la capture inopinée d'un chat dans un poulailler d'Olcani, dans le Cap Corse[7].
Des captures sont effectuées, assorties de mesures, suivis GPS et prélèvements génétiques confirmant que la population ne se rapporte pas à la population d'Europe continentale (Felis silvestris silvestris) mais de celle d'Afrique du Nord (Felis silvestris lybica).
Le chef-technicien de l'ONCFS obtient en 2019 des moyens conséquents pour lancer un programme de recherche, ce qui lui permet de prétendre révéler l'existence de cette population qu'il étudie depuis plus d'une dizaine d'années[8] - [7]. Un animal vivant est présenté aux médias début 2019. Cette population sauvage de félins corses était déjà connue depuis de nombreuses décennies[9], mais en juin 2019 les données sont encore insuffisantes pour déterminer sa position taxinomique et un garde de l'ONCFS relayé par la presse généraliste, se demande s'il peut s'agir d'une sous-espèce ou même d'une nouvelle espèce de chat[10] - [8] - [11] - [12].
En mars 2023, l’Office Français de la biodiversité (OFB) affirme dans un communiqué, qu'il a fait la « démonstration d’une lignée génétique spécifique de chat sauvage en Corse », qui « permet clairement de séparer les prélèvements de chats sauvages corses des prélèvements de chats forestiers continentaux, de chats domestiques (de Corse et du continent) et de chats de Sardaigne »[13].
Description
Le nom de chat-renard, appelé ghjattuvolpe en langue corse[14], serait dû à la longueur de l'animal et celle de sa queue [15] - [7]. D'après l'ONCFS, l'apparence de l'animal est différente de celle d'autres chats sauvages : 90 cm de la tête au bout de la queue, pavillon des oreilles très larges, courtes moustaches, canines très développées. Tarses des pattes postérieures toujours très noirs, couleur rousse-rouille sur le ventre, densité de poil très importante qui le préserve des puces, poux ou tiques. Queue très fournie avec entre 2 et 4 anneaux et toujours un manchon terminal bien noir, zébrures sur les pattes antérieures très caractéristiques[4] - [16].
Selon le technicien qui a étudié l'animal, il se distingue « par son ADN du chat sauvage européen (la sous-espèce Felis silvestris silvestris). Il se rapproche plus du chat forestier africain (la sous-espèce Felis silvestris lybica), mais son identité exacte reste à déterminer »[4].
Aire de répartition
Le chat-renard n'a pas une aire de répartition limitée à la Corse.
Habitat
En Corse, le chat-renard a été observé aussi bien en plaine qu'en altitude et il a été démontré, grâce aux colliers GPS placés sur plusieurs individus capturés puis relâchés, qu'il est un grand voyageur[8].
Notes et références
- J. Arrighi et M. Salotti, « Le chat sauvage (Felis silvestris Schreber, 1777) en Corse: confirmation de sa présence et approche taxonomique », Mammalia, De Gruyter, vol. 52, no 1,‎ , p. 123-125 (ISSN 0025-1461 et 1864-1547)
- (en) David Abram, Corsica, p.178 Rough Guides Ltd, Penguin Group Ltd, 2003
- Council of Europe, SĂ©minaire sur la biologie et la conservation du chat-sauvage, p.34, Council of Europe press, 1993
- AFP, « Le « chat-renard », une nouvelle espèce de félin en Corse », sur lepoint.fr, (consulté le )
- Mammalia, p.124, Muséum national d'histoire naturelle, 1988
- Marie-Cécile Andrei-Ruiz, Jean-Yves Courtois, Michel Delaugerre, Gérard Feracci, Bernard Roché, Michelle Salotti, Jean-Claude Thibault et Norbert Verneau, Faune de Corse - Les espèces animales de la directive "habitats" et de la directive "oiseaux". Rapport AGENC / PNRC pour la DIREN Corse, , 190 p. (lire en ligne)
- AFP, « "C'est une découverte extraordinaire..." Une nouvelle espèce de félin recensée en Corse », sur varmatin.com, (consulté le )
- Jean Saint-Marc, « Corse: Le «chat-renard», animal mythologique des bergers, existe vraiment (et il est «stupéfiant») », sur 20minutes.fr, (consulté le )
- SĂ©minaire sur la biologie et la conservation du chat-sauvage, p.34
- Pascal Pochard-Casabianca, « Le « chat-renard » corse, un mythe devenu réalité », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le )
- Cécile Breton, « Chat de Corse ou de Schrödinger ? », Espèces, Revue d'histoire naturelle, no 33 « D’où viennent nos chats ? …et le chat de Corse »,‎ , p. 24-29.
- M. Valin, « L'étrange affaire… du “chat-renard” qui n'existe qu'en Corse », Science & Vie, no 1225,‎ , p. 46-47.
- Agence France-Presse, « France: l’intrigant « chat-renard » est bien un félin spécifique de Corse », sur Mediapart (consulté le )
- Définition de ghjattuvolpe dans INFCOR - Banque de données de la langue corse
- Rédaction avec AFP, « Un "chat-renard" découvert dans une forêt en Corse », sur lexpress.fr, (consulté le )
- R. M. avec les agences, « Le chat-renard? «C’était un mythe, c’est devenu une réalité» », Le Matin,‎ (ISSN 1018-3736, lire en ligne, consulté le )