Charles Ragon de Bange
Charles Ragon de Bange, né le à Balignicourt et décédé le au Chesnay, était un polytechnicien et colonel d'artillerie français, directeur de l'Atelier-de-précision du dépôt central de Paris. Il est le concepteur d'un système d'arme (obturateur de Bange) qui accroît la vitesse de chargement des canons, procédé si efficace qu'il est toujours en utilisation de nos jours.
Charles Ragon de Bange | ||
Naissance | à Balignicourt (Aube) |
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Décès | (à 80 ans) au Chesnay (Yvelines) |
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Origine | France | |
Arme | Artillerie | |
Grade | Colonel | |
Années de service | 1853 – 1882 | |
Commandement | 9e régiment d'artillerie (1867-1868) Directeur adjoint de l'atelier de précision du dépôt général d'artillerie (1870-1882) |
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Conflits | Campagne d'Italie (1859) Guerre franco-prussienne de 1870 |
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Distinctions | Chevalier (1876) puis Commandeur de la Légion d'honneur (1889) | |
Hommages | - Système d'artillerie De Bange - Rues Colonel De Bange (Le Chesnay / Versailles, Troyes, Balignicourt, Issoire ) - École élémentaire publique "Colonel de Bange" (Versailles)[1] |
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Autres fonctions | Directeur des Anciens Établissements Cail (1882 - 1889) | |
Biographie
Carrière militaire
Il entra à École polytechnique en 1853 d'où il sortit pour servir dans l'artillerie. Lieutenant il combattit à la bataille de Solférino et, lorsqu'il rentra en France, il choisit de servir dans les services techniques. Il fut capitaine en 1862, servit au 9e régiment de Besançon (1867-1869), puis entra à l'Atelier de précision au Dépôt Central de Paris (1869-1882). Il passa chef d'escadron en 1874, lieutenant-colonel en 1878 et colonel en 1880. Il reçut la Légion d'honneur en 1876 et en devint commandeur en 1889[2].
Ingénieur
De rapides progrès se firent jour après les années 1870 et rapidement acceptés par l'armée pour relever le défi de la défaite face aux Prussiens. Les canons Gribeauval (en bronze) avaient été modernisés par de Reffye (modèle 1870 avec mise en place d'une culasse) et par Lahitolle (modèle 1875) avec l'utilisation de l'acier pour le tube du canon.
L’apparition de la mélinite et de la « poudre B » augmentèrent les performances des munitions mais en même temps les contraintes sur les systèmes d'armes. Les fusils connaissaient parallèlement une évolution majeure avec la mise en service du Chassepot modèle 1866.
Système d'obturation
En 1872, de Bange dessine le système de Bange, un obturateur à filetage interrompu presque parfaitement étanche aux gaz, même aux pressions élevées[3] - [4].
Jusque-là, les culasses en service n'étaient pas étanches et étaient sujettes aux retours de flammes, dangereux pour les artilleurs, ainsi qu'à une perte de puissance. La culasse coulissante à vis interrompue en forme de champignon est complètement étanche[5], et son système est toujours celui qui est utilisé de nos jours. Le système s'ouvre vers l'arrière avec une partie mobile qui laisse entrer l'obus et la charge (gargousse), permettant un usage rapide et efficace du canon. Cette partie peut ensuite effectuer une rotation qui verrouille la culasse. Cette partie rayée s’emboîtait dans les mêmes rayures sur le canon, lisse en face de rayé pour ouvrir, rayé dans rayé pour maintenir fermé et donc tirer : le tout se réalisait en quelques secondes, à la main et par un seul homme.
Une fois fermée, la culasse devait son étanchéité à la présence d'un champignon central qui, sous la pression de l'explosion, reculait en comprimant un joint (obturateur) s'appuyant sur la chambre ; l'étanchéité était renforcée par une graisse à l'amiante.
Le système de Bange fut rapidement adopté, non seulement par les forces armées françaises, mais aussi dans la Royal Navy et l'United States Navy en raison de leurs gros canons de marine, lesquels ne pouvaient être chargés que par une culasse.
Mais le recul non maîtrisé empêchait un tir réellement rapide : il fallait remettre à la culée après chaque tir, ou avoir un canon sur un affût fixe, comme pour les navires.
Manufacture de canons
En 1873, il devint le directeur des Ateliers de précision au Dépôt Central de Paris avec pour tâche de redessiner tous les canons de l'armée. Il mena cette tâche à bien en concevant :
- le canon de Bange de 80 mm pour l'artillerie de montagne (1878) ;
- le canon de Bange de 90 mm pour l'artillerie de bataille (1878) ;
- le canon de Bange de 120 mm pour l'artillerie de siège (1878) ;
- le canon de Bange de 155 mm long pour l'artillerie de siège (1877) ;
- le canon de Bange de 155 mm court (modèle 1881)
- le mortier de Bange de 220 mm pour l'artillerie de siège (1880) ;
- le canon de Bange de 240 mm pour l'artillerie de siège et côtière (1884) ;
- le mortier de Bange de 270 mm pour l'artillerie de siège et côtière (1885/1889).
Ce système d'arme connut ses heures de gloire lors des guerres coloniales mais a aussi massivement servi lors de la Première Guerre mondiale ; le grand besoin de canons fit qu'ils furent utilisés sur tous les fronts, et il restait encore certains de ces canons en service pendant la Seconde Guerre mondiale.
De 1882 à 1889, de Bange fut le directeur de la Société anonyme des Anciens Établissements Cail[6]; il y travailla comme concepteur d'armes mais aussi à leur commercialisation comme par exemple en Serbie[7].
Hommages
Outre la renommée de son système et les canons associés à son nom, une rue de Versailles, de Troyes et du Chesnay porte son nom, ainsi qu'une école primaire de Versailles
Notes et références
- Fiche détaillée de l'école De Bange sur le site education.gouv.fr
- notice 28RT
- (en) « Ordnance », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [ (en) Lire en ligne sur Wikisource]. « One of the most efficient obturators not liable to damage is the plastic device introduced by Colonel de Bange of the French service. »
- (en) Roland Irvin Curtin et Thomas Lee Johnson, Naval Ordnance: A Text-book Prepared for the Use of the Midshipmen, United States Naval Academy, , 481 p., p. 66 : « The De Bange gas-check, or pad obturator is the type used in the U.S. Navy … It is the invention of Colonel De Bange, of France. »
- Obturators
- L'Encyclopédie internationale éditée par New Daniel Coit Gilman, Harry Thurston Peck, Frank Moore Colby - Encyclopédies et dictionnaires - 1902 Page 429 «De 1882 à 1889, il a été administrateur de la société Cail"
- Donald J. Stocker et Jonathan A. Grant (trad. Ingrid A. Sandole-Staroste), préparation à la bataille [« Girding for battle »], Praeger Publishers Inc, , 256 p. (ISBN 0275973395), p. 58