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Chapelle Saint-Germain de Querqueville

La chapelle Saint-Germain de Querqueville est un édifice catholique préroman construit en hauteur sur le littoral nord du Cotentin, à proximité de Cherbourg, sur le territoire de l'ancienne commune française de Querqueville, dans le département la Manche, en région Normandie.

Chapelle Saint-Germain de Querqueville
Présentation
Type
Fondation
VIe siècle-XIIe siècle
Style
Religion
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
49° 39′ 53″ N, 1° 41′ 53″ O
Carte

La chapelle, qui est réputé être le plus ancien édifice religieux du département, est classée au titre des monuments historiques.

Localisation

La chapelle Saint-Germain est situĂ©e Ă  six mètres au nord de l'Ă©glise paroissiale Notre-Dame de Querqueville, commune dĂ©lĂ©guĂ©e au sein de la commune nouvelle de Cherbourg-en-Cotentin, dans le dĂ©partement français de la Manche, au milieu des tombes formant un enclos paroissial. Bâtie Ă  48 mètres d'altitude, et Ă  600 mètres du rivage, elle surplombe la cĂ´te nord du Cotentin avec une vue panoramique de 180°, de la Rade de Cherbourg Ă  l'est Ă  Omonville-la-Rogue Ă  l'ouest[1].

Toponymie

Querqueville, qui doit son nom à la chapelle, Kerkevilla sur une charte du XIIe siècle, du norrois kirkja, « église »[2], et du terme ville soit le domaine de l'église.

Historique

La chapelle, construite entre le IXe et le XIe siècle, est dédiée à saint Germain le Scot[3]. D'après les fouilles archéologiques réalisées entre 1975 et 1977 elle est édifiée sur une première église paléochrétienne[4] - [note 1].

Trois fondations paléochrétiennes de lieu de culte datées entre le IVe et le VIe siècle sont attestées par l'archéologie dans le diocèse de Coutances : Saint-Pair-sur-Mer, Portbail et Saint-Germain de Querqueville[5].

Le cimetière est ancien, certaines tombes sont paléochrétiennes, des éléments archéologiques argumentent sa constitution autour du premier édifice. La construction préromane, avec l'ajout des trois absides, se fait partiellement sur ce cimetière. Les sarcophages anciens retrouvés dans l'église sont en dehors de l'édifice primitif, dans la croisée, le transept et le chœur[6].

Dans le pouillé du diocèse de Coutances, rédigé en 1332, il est fait mention de l'église paroissiale Notre-Dame associée à un autre sanctuaire, « chapelle Saint-Germain sise dans le cimetière » (capella Sancti Germani sita in cimiterio)[note 2] - [7].

Le clocher carré actuel, décidé en 1615 et construit en 1655 sur la croisée, surélève le clocher primitif[8]. Il est destiné à abriter les cloches de l'église paroissiale proche, Notre-Dame, en mauvais état[note 3]. C'est de cette époque, XVIIe, que sont datés les moules de cloches dégagés par les fouilles dans la nef et à l'entrée du transept. Des preuves archéologiques d'incendie sont retrouvées sans qu'il soit possible de dater et de dire l'importance de cet évènement[9].

DĂ©dicace

Ce sanctuaire est dédié à saint Germain à la rouelle. L'hagiographie du saint le fait débarquer dans la deuxième moitié du Ve siècle sur sa roue des côtes irlandaises à Diélette où il terrasse un dragon au trou Baligan avant d'intervenir à Saint-Germain-sur-Ay, Carteret et Querqueville de la même manière[5]. Vingt communes ou paroisses du Diocèse de Coutances sont en lien actuel ou ancien avec ce nom. Dans le nord-Cotentin les douze églises sont en hauteur, soit en bord de mer soit sur le versant maritime des collines où elles sont situées[10]. Cette localisation illustre l'hagiographie de l'évangélisateur débarqué sur la côte occidentale du Cotentin et sa présence trois mois avant de rejoindre le Bessin. Certains évoquent une deuxième fonction aux clochers de ces églises romanes, celle d'amer pour la navigation côtière[11].

Description

La chapelle est strictement orientĂ©e[note 4] et de petite taille : 13 m sur 11 m et 3,50 m de hauteur sous les voutes. L'originalitĂ© de la chapelle prĂ©romane rĂ©side en son plan trĂ©flĂ©, assez rare, qui date des environs de l'an mil[12] - [note 5]. Construite en schiste, elle est composĂ©e d'une courte nef rectangulaire lambrissĂ©e Ă  laquelle est adjoint Ă  l'est un ensemble trilobĂ© de trois absides Ă©gales, semi-circulaires, voĂ»tĂ©es d'un berceau et d'un cul-de-four, dont deux forment les bras du transept et celle du milieu le chevet. La croisĂ©e carrĂ©e est surmontĂ©e d'un clocher qui repose sur quatre piles parallĂ©lĂ©pipĂ©diques sĂ©parĂ©es de l'arc qu'elles soutiennent par un simple taloir sans chapiteau. Ce clocher est hĂ©tĂ©rogène, Ă  sa base les murs appareillĂ©s en opus spicatum sont datables de la construction des trois absides, au-dessus la partie moyenne se termine Ă  l'intĂ©rieur par une coupole dont le sommet intĂ©rieur est Ă  onze mètres, la partie supĂ©rieure, caractĂ©risĂ©e par son appareillage d'angle et les bandes encadrant de hautes fenĂŞtres aveugles, correspond aux travaux du XVIIe. Il culmine Ă  dix-sept mètres, certains trouvent qu'il dĂ©pare ce petit Ă©difice roman[14] - [3]. Le clocher ancien, de la fin du Xe siècle, bien prĂ©servĂ© intĂ©rieurement, devait Ă©galement servir d'amer pour les navigateurs comme celui de Vauville et probablement celui de Gatteville[15]. Les murs de 70 cm sont constituĂ©s de plaques de Schiste disposĂ©es horizontalement pour la nef et en opus spicatum pour les trois absides du chevet. Le niveau du sol de la nef est Ă  90 cm au-dessous du seuil actuel de la façade occidentale, l'accès se fait par quelques marches, elle est Ă©clairĂ©e par quatre fenĂŞtres ogivales plus tardives. Un narthex existait contre la façade occidentale au XVIe siècle, des fondations romanes en sont retrouvĂ©es par les fouilles de 1976 et 1977[16] - [8].

L'édifice paléochrétien

Les fouilles archĂ©ologiques, rĂ©alisĂ©es entre 1975 et 1977, permettent de retrouver presque dans son intĂ©gralitĂ© le contour de l'Ă©glise ancienne. Les murs, en bloc assez rĂ©guliers d'arkose brunâtre, ne font que 50 cm d'Ă©paisseur, ils dessinent une nef rectangulaire de mĂŞme largeur mais d'environ un mètre de plus du cĂ´tĂ© occidental. Le tracĂ© d'un chĹ“ur carrĂ© Ă  chevet plat est retrouvĂ© dans la croisĂ©e du transept. L'extrĂ©mitĂ© occidentale est de niveau avec le cimetière dont le sol parait avoir Ă©tĂ© rehaussĂ© au XVIIIe. L'Ă©paisseur des murs Ă©voque un Ă©difice assez lĂ©ger probablement partiellement en bois. Cet ensemble constitue un plan basilical simple avec une nef rectangulaire et une petite abside carrĂ©e emboĂ®tĂ©e, le tout d'une longueur d'environ 10 m[17], partagĂ© par d'autres Ă©glises du haut Moyen Ă‚gefig. 3_23-0">[18]. Le Livre Noir de la cathĂ©drale de Coutances, rĂ©digĂ© au XIIe siècle, prĂ©cise que l'Ă©vĂŞque Robert, revenu en 1024 prendre possession de son siège Ă©piscopal, ne trouva qu'un Ă©difice « rudis et imbecillis », grossier et fragile[17].

Le mobilier

Découvertes archéologiques

De nombreuses sépultures et sarcophages sont dégagés, certains sont antérieurs à la construction de l'édifice roman. Six monnaies de différentes époques, du XIe à la révolution sont retrouvées, les deux plus anciennes sont une obole du comté de Penthièvre, au nom d’Étienne Ier (1093-1138), frappée à Guingamp et un rare denier normand du XIe datant des ducs Richard, ancêtres de Guillaume le Conquérant, frappée à Rouen[16]. Deux morceaux d'outil, une lame de couteau de type mérovingien et un manche en os gravé de très ancienne facture confirment l'antiquité du site[19].

Mobilier et décor actuel

Des éléments de peinture murale sont encore visibles en partie recouverts par un enduit ancien : trois personnages sur le mur sud du choeur et un faux appareil rectangulaire à double trait de couleur brun rose centré sur une fleur à cinq pétales[note 6].

Au moment des fouilles des années 1970 la nef, le carré du transept et une partie du chœur sont dallés, le sol des deux croisillons est en terre battue[8].

Une statue de saint Clair, l'évangélisateur de Cherbourg et du Cotentin au IXe siècle, en bois polychrome du XVIIIe vient de la chapelle Saint-Clair de Nacqueville vendue à la Révolution. Une autre statue en pierre polychrome du XVe représente saint Hélier décapité, ermite céphalophore évangélisateur de Jersey au VIe siècle. Un Crucifix en bois polychrome du XVIe est accroché au mur nord de la nef[16].

Protection aux monuments historiques

La chapelle Saint-Germain est classée par avis de classement du et par liste de 1862[20].

Notes et références

Notes

  1. L'édifice probablement partiellement en bois est supposé détruit par les raids vikings et saxons.
  2. Cette énoncée évoque une possible fonction de chapelle cimétériale à partir de l'édification de Notre-Dame
  3. Elle sera reconstruite au XVIIIe siècle
  4. Axe chevet-façade est-ouest
  5. En Normandie on ne rencontre ce plan qu'Ă  la chapelle Saint-Saturnin de l'abbaye de Saint-Wandrille[13]
  6. La chapelle est ordinairement fermée au public pour les préserver (courriel de d'un responsable patrimoine de Cherbourg en Cotentin).

Références

  1. Dold et Dufournier 1978, p. 96.
  2. René Lepelley, Noms de lieux de Normandie et des îles Anglo-Normandes, Paris, Bonneton, , 223 p. (ISBN 2-86253-247-9), p. 156.
  3. Lucien Musset, Normandie romane, vol. 1 : Basse-Normandie, Paris, Éditions Zodiaque, , 317 p. (ISBN 2-7369-0032-4), p. 38.
  4. Dold et Dufournier 1978.
  5. Mathilde Rouspard, « Du paganisme au christianisme en Normandie occidentale (ive-ve siècles) : premiers éléments de synthèse », Annales de Normandie, no 2,‎ , p. 3-26 (lire en ligne).
  6. Dold et Dufournier 1978, p. 106-108.
  7. Julien Deshayes, « Querqueville chapelle Saint-Germain », Vikland, la revue du Cotentin, no 3,‎ octobre-novembre-décembre 2012, p. 27 (ISSN 0224-7992).
  8. Dold et Dufournier 1978, p. 97.
  9. Dold et Dufournier 1978, p. 102.
  10. Dold et Dufournier 1978, p. 99-100.
  11. Julien Deshayes, « Vauville, église paroissiale Saint-Marin », l’Archéologie, l’histoire et l’anthropologie de la presqu’île de la Hague (Manche), no 5,‎ , p. 42 (lire en ligne).
  12. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 37.
  13. Bernard Beck (photogr. Bernard Pagnon), Quand les Normands bâtissaient les églises : 15 siècles de vie des hommes, d'histoire et d'architecture religieuse dans la Manche, Coutances, Éditions OCEP, , 204 p. (ISBN 2-7134-0053-8), p. 85.
  14. Dold et Dufournier 1978, p. 96-97.
  15. Julien Deshayes, « L'église Saint-Pierre et la chapelle Notre-Dame de Gatteville, un couple de sanctuaires monastiques du haut Moyen-Âge ? », Vikland, la revue du Cotentin, no 6,‎ juillet-août-septembre 2013, p. 16 (ISSN 0224-7992).
  16. « Chapelle Saint-Germain », sur Cherbourg en Cotentin site officiel de la municipalité, (consulté le ).
  17. Bernard Beck (photogr. Bernard Pagnon), Quand les Normands bâtissaient les églises : 15 siècles de vie des hommes, d'histoire et d'architecture religieuse dans la Manche, Coutances, Éditions OCEP, , 204 p. (ISBN 2-7134-0053-8), p. 23.
  18. fig. 3-23" class="mw-reference-text">Dold et Dufournier 1978, p. 108-111 et fig. 3.
  19. Dold et Dufournier 1978, p. 101, 103-104 et 107-108.
  20. « Chapelle Saint-Germain », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Bibliographie

  • Julien Deshayes, La Chapelle Saint-Germain de Querqueville, Caen, SociĂ©tĂ© des antiquaires de Normandie, coll. « Monuments et sites de Normandie » (no 4), , 58 p. (ISBN 978-2-919026-13-5)
  • Robert Dold et Daniel Dufournier, « La chapelle Saint-Germain de Querqueville (Manche) : Les vestiges d’un Ă©difice palĂ©ochrĂ©tien sur le littoral bas-normand », ArchĂ©ologie mĂ©diĂ©vale, no 8,‎ , p. 95-116 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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