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Château de Mornex

Le château de Mornex (également Mornay) est un ancien château, probablement construit vers le XIIe siècle, situé sur le territoire de la commune de Monnetier-Mornex, dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Entre les XIVe et XVe siècles, il était le siège d'une châtellenie.

Château de Mornex
Image illustrative de l’article Château de Mornex
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle
Propriétaire initial Maison de Genève
Destination actuelle Ruiné
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Faucigny
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Monnetier-Mornex

Localisation

Le château de Mornex est installé sur le hameau de Mornex, dans la commune de Monnetier-Mornex. Il est ainsi situé dans la partie septentrionale du Salève, plus précisément sur le versant sud-est du Petit Salève[1], sur les contreforts du mont Gosse, à une altitude de 628 mètres[2].

Installé sur la rive gauche de l'Arve[2], il contrôle la route nord du comté de Genève menant vers La Roche[3]. Il faisait face au château de Monthoux, situé sur l'autre rive, et dépendant des sires de Faucigny.

Histoire

La première mention du château remonte au lors de sa vente par le seigneur de Gex, Guillaume, au comte de Genève ,Amédée II, pour le prix de 25 000 sols de Genève[4] - [5].

Le château est mentionné dans une transaction au sujet des droits réciproques entre le comte de Genève, Amédée II, et le prieur de Saint-Victor, Guillaume, en juin 1302[6].

En octobre 1304, une signature de convention se déroule au château, entre Amédée II, comte de Genevois, et Hugues, seigneur de Faucigny, fils du Dauphin de Viennois, Humbert Ier, à propos de la construction de château de Gaillard[7] - [8] - [9]. Ce même comte désigne son fils Guillaume comme son successeur et précise que ces autres fils, Amédée et Hugues, hériteront des châteaux « Varey, Mornex, Rumilly-sous-Cornillon, et Cornillon, pour le vidomnat des Bornes, pour les droits sur le marché de La Roche, et pour les terres et rentes qu'il possède en Vaud, le tout sous la condition qu'ils ne pourront aliéner ces châteaux et droits qu'en faveur des héritiers du comte »[10] - [11].

La famille de Compey, bien que se qualifiant de « seigneurs de Mornex et Monnetier » et possédant quelques terres dans la châtellenie, ne semble pas posséder le château[12].

En 1401, le comté de Genève est acheté par le comte Amédée VIII de Savoie. Mornex et son mandement ne font pas partie des biens acquis par le comte de Savoie. Ils reviennent aux héritiers de la maison de Genève. Mathilde de Savoie hérite en 1409 des droits de sa tante, Blanche de Genève, faisant d'elle la dernière héritière de cette maison. Le comte de Savoie opère pour récupérer les derniers droits de cette famille et propose leur rachat[13] - [14] - [15]. Le tuteur de Mathilde, alors mineure et orpheline, son oncle Louis de Savoie-Achaïe, accepte le rachat[14]. Le contrat entre l'héritière et le duc est signé le [13] - [15] - [14].

Le château semble détruit entre 1589-1590, lors de l'invasion bernoise du nord du duché de Savoie[12].

Le château passe dans la famille de famille de Genève-Lullin, à la suite de son achat par la fille de François-Prosper de Lullin à Claude de Marolles, le [12]. Cette branche de la maison de Genève en reste propriétaire jusqu'en 1675[12]. Dans son testament du , la dernière héritière des Genève-Lullin, Marie, lègue l'ensemble de ses droits et possessions, notamment les châteaux du Crédoz, de La Roche, de Monnetier et de Mornex, à la duchesse de Savoie, Christine de France[12] - [16] - [17]. Ces fiefs sont par la suite inféodés et érigés en marquisat, par le duc Victor-Amédée II, le , au président Thomas Granery (Acte du 10 mars 1682[16]), comte de Mercenasque, ministre et surintendant général des finances de Savoie[12] - [18] - [19].

La famille de Graneri a fait construire une maison sur le domaine, qu'elle semble posséder encore en 1792[12], à la veille de l'invasion du duché de Savoie par les troupes révolutionnaires françaises. Il passe ensuite en 1794 au chirurgien Corrajod, puis à Henri-A. Gosse en 1802[12].

Description

Selon l'archéologue suisse, Louis Blondel, on peut encore observer les traces de l'ancienne enceinte, avec au nord un fossé, empêchant l'approche du promontoire sur lequel était édifié le château[12]. Dans la partie sud, on peut également voir le dessin « de murs formant une braie ou barbacane », associé à un fossé[12]. Côté Petit-Salève, il n'y a pas de fossé, les pentes jouant le rôle de défense naturelle[12].

L'observation générale permet de donner le plan suivant : « un quadrilatère irrégulier de 85 mètres environ de longueur sur une largeur moyenne de 36 à 40 mètres »[12].

Châtellenie de Mornex

Organisation

Le château d’Arlod est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[20] - [21]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[22].

Le mandement de Mornex comprend les « sauteries du Sappey, de Mornex proprement dit, et de Mossier »[23].

Villages, paroisses, fortifications de la châtellenie de Mornex[20]
CommuneNomTypeDate (attestation)
MornexChâteau de Mornexchâteau1289 (attesté)
MornexLe Châtelardchâtelet(indice)

Au XVIIe siècle, les armes du mandement de Mornex se blasonnaient ainsi : croix de saint André d’or en champ d’azur[24].

Châtelains

Dans le comté de Genève, le châtelain, nommé par le comte, possède de nombreux pouvoirs[21] - [25]. Avec l’intégration au comté de Savoie, à partir de 1401, celui-ci devient un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[26] - [27]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[28]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[29].

Voir aussi

Bibliographie

  • [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Etienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
  • Guy Gavard (préf. Paul Guichonnet), Histoire d'Annemasse et des communes voisines : les relations avec Genève de l'époque romaine à l'an 2000, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 439 p. (ISBN 978-2-84206-342-9, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe – XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Pierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe-XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN 978-2-8829-5117-5), p. 32-33. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 86, 98, 102, 189. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes

Fonds d'archives

Notes et références

Notes

  1. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[33].

Références

  1. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 511, Table alphabétique générale, « Monthoux » (lire en ligne).
  2. de la Corbière, 2002, p. 56.
  3. Duparc 1978, p. 525 (lire en ligne).
  4. [PDF] André Perret, Raymond Oursel, Jean-Yves Mariotte et Jacqueline Roubert, Trésor des chartes des ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour Archivio di Stato di Torino), Archives départementales de la Savoie, Chambéry, 2005, p. 46.
  5. de la Corbière, 2002, p. 84.
  6. Acte du , Régeste genevois, 1866 (REG 0/0/1/1504).
  7. Acte du , Régeste genevois, 1866 (REG 0/0/1/1532).
  8. Gavard, 2006, p. 61.
  9. Duparc 1978, p. 232 (lire en ligne).
  10. Acte du , Régeste genevois, 1866 (REG 0/0/1/1594).
  11. Duparc 1978, p. 244-247 « Le début du règne de Guillaume III et le rapprochement avec la Savoie » (lire en ligne).
  12. Blondel 1956, p. 95.
  13. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 342-343 (Livres I & II).
  14. Jean Camus, « La cour du duc de Savoie Amédée VIII à Rumilly en Albanais », Revue savoisienne,‎ , p. 295-345 (lire en ligne).
  15. Duparc 1978, p. 343 (lire en ligne).
  16. « La Roche-sur-Foron, Monnetier, Mornex. - Actes d'état concernant le château de Mornex et autres bâtiments du 10 mars 1682 », SA 1034/3/7, sur le site des Archives départementales de la Savoie - enligne.savoie-archives.fr
  17. Louis-Étienne Piccard, L'Université chablaisienne, ou la Sainte-Maison de Thonon, 1915, Page 143.
  18. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 209. (lire en ligne).
  19. Jean Luquet, Dictionnaire du duché de Savoie : M.DCCCXL (1840), publié dans Mémoires et documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, t. 2, La Fontaine de Siloé, coll. « L'Histoire en Savoie » (réimpr. 2005) (1re éd. 1840), 265 p. (ISSN 0046-7510), p. 151.
  20. Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  21. Duparc 1978, p. 415 (lire en ligne).
  22. Duparc 1978, p. 416 (lire en ligne).
  23. Duparc 1978, p. 428-429 (lire en ligne).
  24. J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II,‎ , p. 249 (lire en ligne).
  25. Duparc 1978, p. 413 (lire en ligne).
  26. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  27. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  28. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe-XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  29. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  30. ADS1.
  31. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  32. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 945, « Mornex ».
  33. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.
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